ENGAGEMENT ET COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR

ENGAGEMENT ET COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR

Nous décrirons dans ce chapitre les principales conséquences de l’engagement. Nous établirons une distinction entre ses conséquences sur les attitudes du consommateur (conséquences de premier ordre) et les conséquences ultimes qui modifient les comportements et l’acte d’achat. Une des principales conséquences de l’engagement est de geler l’évolution du comportement du consommateur. Le consommateur engagé attache une grande importance à poursuite de la relation. La marque choisie n’est pas substituable : le consommateur est réticent face à un changement et opposera une résistance à toute évolution et notamment aux attaques de la concurrence (Richards, 1998). Ce refus du changement s’observe également lorsque l’on étudie l’impact de la communication publicitaire (Ahluwalia et al. 2000, 2001). L’engagement du consommateur a pour caractéristique de modérer l’impact de la communication négative sur la marque. Là encore, on constate cette capacité de résistance du consommateur engagé. Dans un registre comparable, Raju et Rao Unnava (2002) montrent que les consommateurs engagés envers une marque se forment une opinion plus défavorable envers les marques concurrentes que les consommateurs non engagés. : il acceptera un effort pour poursuivre la relation avec la marque. Cette conséquence est régulièrement citée dans la littérature. L’examen des items couramment utilisés pour la mesure de l’engagement nous en donne plusieurs exemples : le consommateur engagé accepte de payer plus cher pour se procurer sa marque favorite et sa tolérance au prix augmente (Aaker, 1996; Krishnamurthi and Raj, 1991; Samuelsen et Sandvik, 1997). Il peut également décider de différer son achat si la marque n’est pas disponible ou de visiter d’autres magasins, plutôt que de se rabattre sur une marque concurrente…

La conséquence la plus directe de l’engagement est le rachat de la marque. L’enchaînement entre la volonté de poursuivre la relation avec la marque et son rachat est logique et admis par tous les auteurs. C’est une des raisons pour lesquelles l’engagement est généralement considéré comme l’antécédent attitudinal le plus direct de la fidélité. L’engagement conduit donc au rachat, notamment parce qu’il réduit la propension à changer de fournisseur (Morgan et Hunt, 1994) ou de marque. Plus l’engagement du consommateur est fort, plus son choix se fixe fortement sur la marque (Traylor, 1981), quelles que puissent être les influences situationnelles ou les efforts marketing d’autres marques (Oliver, 1999). A l’extrême, l’engagement du consommateur pourra le conduire à un choix exclusif en faveur de la marque (Traylor, 1981). La force du lien entre engagement et rachat s’explique également par l’atténuation de certaines tendances du consommateur, comme la sensibilité au prix (Aaker, 1991) ou la recherche de variété.

La moindre sensibilité au prix des consommateurs engagés découle de la définition de l’engagement : le consommateur engagé est disposé à consentir des efforts, notamment financiers, pour se procurer la marque. La recherche de variété semble également incompatible avec l’engagement. Cette attitude consiste en l’achat successif d’un grand nombre de marques pour une même classe de produits sans que l’insatisfaction à l’égard d’une marque en soit la cause (Filser, 1994). La relation théorique entre l’engagement et le rachat semble unanimement supportée par la littérature. Sa traduction dans le comportement réel des consommateurs est parfois plus problématique. Lacœuilhe (2000) éprouve des difficultés à valider empiriquement cette relation entre engagement et rachat. Les tests qu’il effectue montrent un lien moins important que prévu entre engagement et comportement de rachat, que l’auteur explique par « une certaine distorsion entre des comportements déclarés et effectifs ». Simon (2004) nous incite également à la prudence en montrant que le lien entre l’engagement et le comportement répétitif d’achat est faiblement significatif et il montre que la force de l’attitude envers la marque joue un rôle modérateur. Ces deux derniers résultats s’expliquent peut être aussi par une correspondance limitée entre les comportements déclarés et effectifs (Dubois et Qaghebeur, 1987) ou par la faible stabilité des attitudes des consommateurs (Dall’Olmo et al., 1997). Warrington et Shim. (2001) remarquent que si l’engagement a comme conséquence la fidélité, la relation inverse n’est pas forcément vraie. C’est également la position de Traylor (1981) pour qui c’est l’engagement qui conduit à la fidélité et non le contraire : le rachat d’une marque peut être le reflet du besoin du consommateur de simplifier son processus de choix. En cas d’absence de sa marque préférée, le consommateur peu engagé changera de marque. L’antériorité de l’engagement sur le comportement semble clairement établie et on se trouve en présence d’un enchaînement d’attitude puis de comportement et non l’inverse.

 

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