ETUDE DE L’HETEROGENEITE DE LA CROISSANCE DE JUVENILES CHEZ LE POISSON CHAT-AFRICAIN

ETUDE DE L’HETEROGENEITE DE LA CROISSANCE DE JUVENILES CHEZ LE POISSON CHAT-AFRICAIN

Distribution géographique et Habitat

Les caractères morphologiques tels que la morphométrie et la méristique ont été communément utilisés pour identifier les stocks de poissons (Teugels 1982, Turan et al. 2004, Turan 2004). Cette espèce distribuée presque partout en Afrique, serait absente dans la partie maghrébine, dans la haute et basse Guinée ainsi que dans la Province du Cap. A part cette distribution panafricaine, C. gariepinus est présent en Asie mineure (Jordanie, Israël, Syrie et le sud de la Turquie) (Teugels, 1986). Dans le nord et le centre de l’Afrique, Clarias a été décrit sous le nom de C. lazera, dans la région orientale sous celui de Clarias mossambicus, dans la partie occidentale sous celui de Clarias senegalensis, et dans la partie méridionale comme Clarias gariepinus (Teugels, 1982). Selon Teugels (1986) ces différents noms ne sont que des synonymes de Clarias gariepinus et désignent la même espèce. C.gariepinus vit dans une variété d’environnements d’eau douce, en incluant les eaux calmes comme les lacs, les étangs et les piscines. Il est aussi très fréquent dans les fleuves coulants, rapides et autour des digues. Il s’adapte aux conditions extrêmes de l’environnement et peut vivre dans la gamme de pH de 6,5-8,0. Il est capable de vivre dans les eaux très turbides et peut tolérer des températures de 12 à 35 °C, la température optimale pour la croissance est 28-30°C (Teugels 1986). Cette espèce est bentho-pélagique (4 à 80 m de profondeur), elle peut vivre dans les eaux très pauvres en oxygène grâce à son organe supra-branchial et se trouve parmi les dernières espèces à survivre dans ces conditions extrêmes (Pienaar ,1968). Elle peut secréter du mucus pour se protéger, creuser un terrier dans la boue quand le milieu s’assèche. (Pienaar ,1968 ; Skelton, 1993 ; Teugels, 1986).

Biologie de la reproduction

Clarias gariepinus se reproduit en saison des pluies dans les zones inondées (Bruton, 1979), mais elle ne se reproduit pas spontanément en captivité d’où la nécessité d’un contrôle artificiel de la ponte. En condition naturelle, la maturité sexuelle intervient à partir de deux ans (Richter, 1976) alors qu’en milieu artificiel, Clarias gariepinus est sexuellement mûr 7 après 8 à 12 mois pour un poids d’environ 200 g (De Graaf et Janssen, 1996). La spermatogenèse se déroule dans la partie antérieure du testicule, la partie postérieure est transformée en vésicule séminale qui joue un rôle important dans la production de phéromones sexuelles (Resink et al 1987). Chez la femelle, l’ovogénèse conduit à la production d’un nombre important d’ovocytes d’environ 1,5 mm de diamètre moyen. Dans le milieu naturel, le frai a surtout lieu la nuit dans les zones inondées peu profondes des lacs, des rivières et des ruisseaux. La cour est précédée par des rencontres très agressives entre les mâles. La parade nuptiale et l’accouplement ont lieu dans les eaux peu profondes entre les paires isolées des mâles et des femelles. La posture de l’accouplement, une forme d’amplexus (le mâle se trouve dans une courbe en U autour de la tête de la femelle) est détenue pendant plusieurs secondes. Un lot de laitance et les œufs sont libérés suivi d’un bruissement vigoureux de la queue de la femelle ce qui permet de disperser les œufs. La femelle pond et pose ses œufs dans la végétation. Les œufs présentent la particularité de posséder un large disque adhésif leur permettant de se fixer au substrat (Greenwood, 1955 ; Van Der Waal, 1974 ; Bruton, 1979). Ils éclosent au bout de 25-40 heures. Les larves sont capables de nager et de manger au bout de 2 ou 3 jours. Chez Clarias gariepinus, la ponte ne se produit que lorsque la température de l’eau est supérieure à 18 °C, et généralement à 22 °C (Bruton, 1979). Dans le milieu naturel, les Clarias n’effectuent qu’une seule ponte annuelle. Cependant, Clay (1979) indique que, compte tenu de la distribution bimodale des ovocytes dans l’ovaire et de leur développement rapide, plusieurs pontes pourraient se produire chaque année lorsque l’environnement est favorable. En pisciculture, la simulation de crue dans des étangs préalablement asséchés ou peu profonds est une méthode répandue pour provoquer la ponte (De Kimpe et Micha, 1974 ; Van Der Waal, 1974 ; Micha, 1975 ; Richter) mais avec un rendement très faible (1 à 2 alevins /m 2). En effet, c’est la combinaison de divers facteurs (variations du niveau et des caractéristiques physico-chimiques de l’eau, force du courant, accès à des sites de ponte favorables, etc.) qui serait responsable des migrations vers les sites de ponte et du déclenchement de la ponte (Bruton, 1979). Les mâles grandissent plus vite que les femelles (Skelton 1993). L’hypophyse joue un rôle important dans la reproduction. En effet, chez les Clariidae, comme chez les autres téléostéens, l’hypophyse est directement 8 impliquée dans le control de l’activité des gonades (Joy et Sathyanesan, 1979). Les œufs de C.gariepinus peuvent être caractérisés comme ayant des quantités modérées de lipides (environ 5 %) de nature très polaire (80 % des lipides), avec la phosphatidylcholine comme la classe la plus dominante en lipides (environ 70-75 % des lipides totaux).

Régime alimentaire

C.gariepinus est un omnivore non spécifique dans ses exigences alimentaires. On sait qu’il se nourrit d’insectes, de plancton, d’escargots, de crabes, de crevettes et d’autres invertébrés. Il est aussi capable de manger des oiseaux, des reptiles, des amphibiens. Comme beaucoup d’autres espèces de poissons, les larves du poisson-chat africain postéclosion n’ont pas l’estomac, celui-ci se développent plus tard. Les larves Clarias gariepinus préfèrent les organismes vivants comme aliments pour maximiser les taux de croissance. Pour des expériences nutritionnelles, Artémia a été suggéré comme un régime de référence. En effet, chez les larves de Clarias gariepinus les meilleurs taux de croissance ont été obtenus avec nauplius et des cystes d’artémia chauffé à 40 ° C. La phase de sevrage est alors plus courte voire inexistante si l’aliment est de très haute qualité (ex : Gemma micro). La demande nutritionnelle en protéine est d’environ 40 % et celle en énergie est de 13 à 17 kJ g-1. Les juvéniles se nourrissent dans l’ordre de préférence décroissant d’insectes, de crustacés, de mollusques, de détritus et de plancton. (Bruton, 1979; Van Weerd, 1995). Comme chez les autres poissons d’eau douce C. gariepinus possède une grande capacité de bioconvertir les acides gras néosynthétisés ou apportés par l’alimentation en acides gras à chaîne plus longue ou plus insaturée. Les carences en vitamine C chez le poisson peuvent provoquer une réduction des taux de croissance, la déformation du squelette et les tissus cartilagineux, un taux accru de mortalité, de la pigmentation anormale.

Croissance

Clarias gariepinus présente de bonnes performances de croissance, en termes de taux de croissance et de taux de conversion alimentaire en comparaison aux autres espèces (C. isheriensis, C. batrachus, C. fuscus). Le taux de croissance varie en fonction de la qualité et de la quantité d’aliment, de la densité d’élevage ainsi que de la qualité physico-chimique de l’eau, surtout de la température qui n’est pas toujours optimale (Hogendoorn, 1979; Hogendoorn, 1983; Huet, 1986; Degani et al. 1989 in Diallo, 2009). La variation cumulée des différents paramètres 9 morphologiques et physiologiques indiquent que la période larvaire chez les C. gariepinus se termine à un poids d’environ 20 mg. (Verreth, 1994). La production totale dans les bassins de poisson-chat augmente considérablement avec l’augmentation de la densité d’élevage et peut atteindre 500-1500 kg/ha (Bok et Jongbloed 1984). En monoculture intensive, les meilleurs taux de croissance et de conversion alimentaire sont enregistrés avec un aliment contenant entre 35 et 42 % de protéines brutes et 12 kJ g-1 d’énergie digestible (ADCP, 1983). Les besoins en énergie digestible chez C. gariepinus varient entre 10,5 et 18,5 kJ g-1 d’aliment (Hecht et al. 1988 ; Stickney, 1991 ; Van Weerd, 1995). Les poids demandés pour la commercialisation varient entre 800 et 1500 g. L’élevage de C. gariepinus en séparant mâles et femelles ou l’élevage d’individus triploïdes (chez C. gariepinus et C. batrachus) ne semblent pas ouvrir de larges perspectives pour améliorer la croissance et l’utilisation nutritionnelle, contrairement à l’élevage d’hybrides. La sélection pour améliorer la croissance pourrait provoquer des inconvénients tels que l’augmentation du niveau d’agressivité. (Van Weerd, 1995). 2. 5. Cannibalisme : Le cannibalisme est un phénomène fréquent chez les poissons, en particulier ceux qui sont élevés du fait qu’ils soient incapables d’échapper à la prédation par la ségrégation de l’habitat ou de la migration. (Baras et Jobling 2002). Chez Clarias gariepinus le cannibalisme commence à une longueur totale moyenne de 8 mm, trois jours et demi après le début de l’alimentation et cesse d’être important à environ 80 mm, 47 jours après le début de l’alimentation. Il existe deux types distincts de cannibalisme chez Clarias gariepinus, qui sont tous deux fonctions principales des relations entre la largeur de la bouche des prédateurs et la largeur de la tête des proies. (Hecht. et Appelbaum, 1988). Au cours de la phase larvaire et après la métamorphose, le phénomène de cannibalisme partiel ou complet, intrafratrie est parfois intense. Cette forme de cannibalisme, qui peut se poursuivre assez tard au cours du stade juvénile, est particulièrement importante en conditions d’élevage principalement pendant la phase larvaire et de sevrage. Le cannibalisme intra-fratrie, qui revêt diverses formes (cannibalisme partiel I ou complet II), peut apparaître très tôt chez C .gariepinus, s’amplifier rapidement et être responsable de mortalités parfois importantes. Le cannibalisme de type I, se produit dans la gamme de longueur de 8 à 45 mm. Son taux élevé augmente le taux différentiel de croissance naturelle des poissons qui mène au cannibalisme de Type II. (Hecht. et Appelbaum, 1987).

 

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