Etude de quelques aspects de la biologie des vecteurs du paludisme (Diptera : Culicidae)

Etude de quelques aspects de la biologie des vecteurs du paludisme (Diptera : Culicidae)

Généralités sur les anophèles

Les anophèles constituent un genre de l’ordre des Diptères, de la famille des Culicidés. En Afrique, ils appartiennent à la sous-famille des Anophélinés. Ils forment un groupe très important en médecine humaine car comportent toutes les espèces vectrices du paludisme et d’autres maladies comme la filariose. Parmi ces espèces, certaines sévissent en Afrique subsaharienne et transmettent les parasites du genre Plasmodium à l’homme. Le cycle de vie des anophèles comme celui de tous les moustiques se déroule dans deux milieux (Figure 1). En milieu aquatique, le développement se fait en trois étapes qui se succèdent: œuf, larve et nymphe. La partie la plus intéressante du point de vue épidémiologique débute dès l’émergence de l’adulte en milieu aérien et s’achève entre 6 jours et 1mois et même plus selon l’espèce et le sexe. Par exemple au Soudan la femelle d’An. arabiensis a une capacité extraordinaire de survivre en état d’estivation jusqu’au moins 3 mois pendant les périodes de sècheresse intenses (Omer & CloudsleyThomson, 1970). Les phénomènes de diapause sont également connus chez des moustiques au Japon (Mogi, 1996). Figure 1 : Cycle biologique d’un Anophelinae (d’après Vincent Robert) L’adulte a un corps segmenté en trois parties (Figure 2) : – La tête: elle porte les yeux, une paire d’antennes et les pièces buccales. Elle est spécialisée dans l’acquisition de l’information sensorielle et la nutrition. 5 – Le thorax : il comprend trois segments (pro, méso et métathorax) et correspond à la partie centrale du corps à laquelle sont rattachées les pattes et ailes. Il joue le rôle de locomotion. – L’abdomen: il comporte 10 segments dont 8 sont visibles. La plupart des organes (ex. organe de reproduction) est contenue dans cette partie postérieure du corps. Figure 2 : Morphologie de la femelle d’An. funestus (photo Jacques Brunhes) Il s’accouple 24 h après l’émergence et le reste de sa vie est marqué par un cycle gonotrophique qui se résume en trois phases : prise de repas de sang, maturation des œufs et ponte. Certaines espèces sont endophiles telles qu’An. arabiensis. Par contre d’autres sont exophiles comme An. nili (Dia et al., 2003). Le comportement trophique des anophèles varie aussi en fonction des espèces. An. quadriannulatus est une espèce zoophage car pique strictement les animaux. 

Les vecteurs du paludisme au Sénégal

Au Sénégal, une vingtaine d’espèces anophéliennes ont été décrites (Diagne et al., 1994). Parmi ces espèces, une demi douzaine (An. gambiae s.s., An. arabiensis, An. funestus, An. melas, An. nili et An. pharoensis) sont connues pour leur implication dans la transmission du paludisme. An. gambiae, An. arabiensis, et An. funestus ont une large distribution et un rôle prépondérant tandis qu’An. melas, An. nili, An. pharoensis sont confinés à certaines zones géographiques et ont un rôle vectoriel moindre. An. gambiae et An. arabiensis sont sympatriques dans presque tout le territoire et leurs fréquences relatives varient en fonction des conditions climatiques. An. arabiensis est plus abondant en zones sahéliennes et soudano-sahéliennes alors qu’An. gambiae est 6 prédominant dans les zones de savane humide (Vercruysse et al., 1981 ; Vercruysse, 1985 ; Petrarca et al., 1987, Dia et al., 2008 ; Lemasson et al., 1997 ; Fontenille et al., 1997 ; Robert et al., 1998). An. melas du fait de ses affinités aux eaux saumâtres, est localisé le long du littoral mais également à l’intérieur des terres le long des cours d’eau du Sine-Saloum et de la Casamance jusqu’aux limites de la remontée des eaux marines. Il est également présent dans les zones de mangrove du Sine-Saloum, de basse Casamance et de Saint-Louis (Diop et al., 2002). An. funestus, absent auparavant des zones sahéliennes suite aux sécheresses récurrentes des années 70, est actuellement présent dans toutes les zones biogéographiques du Sénégal notamment dans les localités à proximité de zones marécageuses ou de cours d’eau (Dia et al., 2003, 2008). An. pharoensis est présent également dans toutes les zones bio-géographiques mais est prédominant surtout dans les zones de rizières de la vallée du fleuve Sénégal et de Casamance (Faye et al., 1995). La présence d’An. nili est signalée uniquement dans la zone du Sénégal oriental et de Casamance (Dia et al., 2003, 2005). I.3. Influence des facteurs climatiques et environnementaux Le développement des moustiques est contrôlé par plusieurs facteurs dont les facteurs climatiques restent les plus déterminants. C’est le cas notamment de la température, de la pluviométrie et de l’humidité relative. D’une manière générale, ces facteurs extrinsèques jouent un rôle important sur le développement larvaire. En effet, ces stades immatures de certaines espèces comme celles d’An. funestus, d’An. darlingi et même celles du complexe An. gambiae, sont très sensibles aux fluctuations thermiques. Si la température de l’eau augmente, ces stades accélèrent leur maturité (Rueda et al., 1990) et produisent une descendance abondante. Cet effet est aussi noté chez les femelles adultes. Celles-ci digèrent plus rapidement le sang et s’alimentent d’une manière fréquente (Gillies, 1953), ce qui peut conduire à une augmentation de l’intensité de la transmission. Cette élévation de la température ne laisse nullement les œufs. Ces derniers éclosent d’une manière rapide en climat tropical (2 à 3 jours) qu’en climat tempéré. Par rapport à la pluviométrie, des études ont montré que les changements de ce facteur est d’une grande importance dans la mesure où une espèce peut être abondante pendant l’hivernage et se retrouver avec une faible densité pendant la saison sèche. Ce phénomène est lié à la présence ou à l’absence de ses gîtes larvaires préférentiels. 7 D’ailleurs, l’abondance des larves d’An. melas était liée à la salinité du milieu et celle ci dépendait de la pluviométrie (Diop et al., 2002). Ainsi lors de la sècheresse des années 1970 due à une diminution des précipitations, An. funestus avait disparu du bassin du fleuve Sénégal comme d’ailleurs dans la plupart des régions sahéliennes (Mouchet et al., 1996). Actuellement, on note une réapparition de l’espèce dans la zone sahélienne où son implication dans la transmission est réelle (Labbo et al., 2004 ; Dia et al., 2008). Dans la partie Nord de l’Amérique du Sud, il a été démontré que des conditions exceptionnellement sèches associées au phénomène El Niño de 1997-1998 sont accompagnées d’une augmentation de l’incidence de la maladie. L’humidité relative influe aussi sur l’écologie de ces vecteurs particulièrement dans l’accroissement de la longévité des vecteurs. Par ailleurs, le réchauffement accru de l’atmosphère et de la surface de la terre provoqué par l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dont le dioxyde de carbone, le méthane et l’oxyde nitrique (Githeko et al.,2000), présente des risques sur la transmission des maladies car susceptible de modifier le climat et par conséquent la vie des vecteurs. Ceci peut favoriser un raccourcissement de la période d’incubation extrinsèque du parasite, une augmentation de la capacité vectorielle, un accroissement de la longévité du vecteur, une maturation rapide des œufs par une diminution du temps de digestion des repas sanguins (Gillies, 1953). Par contre un réchauffement au-delà de 34°C en général a un impact négatif sur la survie des vecteurs et des parasites (Rueda et al,. 1990). 

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I: SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1. Généralités sur les anophèles
I.2. Les vecteurs du paludisme au Sénégal
I.3. Influence des facteurs climatiques et environnementaux
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
II.1. Techniques d’échantillonnage
II.1.1. Récolte de la faune résiduelle
II.1.1.1. Origine du matériel biologique
II.1.1.2. Méthodologie
II.1.1.3. Traitement et conservation du matériel récolté
II.1.1.4. Méthodes de mesure des paramètres environnementaux
II.1.1.4.1. Collecte des données climatiques
II.1.1.4.2. Collecte des données environnementales
II.2. Techniques de laboratoire
II.2.1. Détermination de la source du repas de sang
II.2.1.1. Principe
II.2.1.2. Protocole
II.2.2. Détection des anophèles infestants
II.2.2.1. Principe
II.2.2.2. Protocole
II.2.3. Identification des espèces du complexe Anopheles gambiae par PCR
II.2.3.1. Extraction d’ADN
II.2.3.2. L’amplification de l’ADN
II.2.3.3. La migration
II.3. Analyse des résultats
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
III.1. Résultats
III.1.1. Faune anophélienne
III.1.1.1. Résultats globaux
III.1.1.2. Fréquences relatives des espèces du complexe An. gambiae
III.1.1.2.1. Variations locales
III.1.1.2.2. Variations temporelles
III.1.1.2.3. Influence des facteurs climatiques
III.1.2. Densités vectorielles
III.1.2.1. Variations locale
III.1.2.2. Variations temporelles
III.1.2.3. Influence des facteurs climatiques
III.1.3. Taux d’infestation
III.1.4. Taux d’anthropophilie
III.2. Discussion

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