Étude étiologique du contrôle postural chez le sujet fibromyalgique

Étude étiologique du contrôle postural chez le sujet
fibromyalgique

Fibromyalgie

 L’Académie nationale de médecine française définit la fibromyalgie (FM), ou syndrome fibromyalgique (SFM), comme une « affection qui associe des douleurs diffuses musculaires, articulaires et surtout tendineuses, à une fatigue intense surtout matinale, des altérations du sommeil et de l’humeur et des troubles cognitifs mineurs » [1]. Dans la sixième édition de Principles of Neurology, la FM est définie en tant que « syndrome rhumatismal non articulaire courant caractérisé par une myalgie et de multiples points de sensibilité musculaire à la palpation […] souvent associé à des symptômes généraux, tels que des troubles du sommeil, de la fatigue, une raideur, des maux de tête et parfois une dépression » [2]. L’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) donne encore une autre définition : « syndrome constitué de symptômes chroniques d’intensité modérée à sévère incluant des douleurs chroniques diffuses sans cause apparente et une sensibilité à la pression, associées à de la fatigue, des troubles cognitifs et du sommeil et de nombreuses plaintes somatiques » [3]. Les principaux symptômes sont les douleurs diffuses, la fatigue et les troubles du sommeil. Néanmoins, les différences entre ces trois définitions démontrent la complexité du syndrome. Le SFM a été évoqué pour la première fois en 1976 par Hench. En 1977, il est détaillé par deux médecins canadiens, Smythe et Moldofsky . Mais il n’a été reconnu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qu’en 1992. Les connaissances et les découvertes sont récentes. Ainsi, une définition précise, exacte et universelle n’est pas présente à l’heure actuelle. Prévalence Une revue datant de 2017 [5] présente une prévalence mondiale moyenne de 2,1%. Elle est plus élevée chez les femmes (4,3%) que chez les hommes (0,95%). Une étude basée sur un questionnaire qui regroupe plus de 2500 réponses [6] a montré que la FM concerne principalement des femmes caucasiennes d’âge moyen. Classification et physiopathologie La fibromyalgie est une douleur chronique primaire classée dans la catégorie des douleurs chroniques généralisées (ou diffuses). Une douleur chronique primaire est une maladie, à la différence de la douleur chronique secondaire qui est un symptôme d’une maladie sous-jacente. Il s’agit comme toute douleur  chronique d’une douleur d’une durée supérieure à 3 mois. Elle est définie par une incapacité ou une détresse émotionnelle et ne peut s’expliquer par un autre diagnostic de douleur chronique. Cette classification est très récente puisqu’elle provient de la 11ème révision de la Classification Internationale des Maladies par l’OMS et date du 25 mai 2019. La douleur chronique généralisée se caractérise par des douleurs musculosquelettiques supérieures à trois mois associées à une détresse émotionnelle et un handicap fonctionnel. La fibromyalgie n’est donc pas le seul syndrome faisant partie des douleurs chroniques généralisées. Le bon diagnostic de la FM est nécessaire. Le mécanisme de la douleur chronique primaire est la douleur nociplastique. Les dysfonctions proviennent du système nerveux central (SNC). Cette douleur « est liée à une altération de la nociception malgré l’absence de preuve d’une lésion tissulaire activant les nocicepteurs ou d’une maladie ou lésion affectant le système somatosensoriel ». Le système somatosensoriel est le système qui intègre toutes les informations sensorielles provenant du corps. Parmi celles-ci, il y a la nociception. C’est l’ensemble des mécanismes permettant l’assimilation au niveau du SNC d’un stimulus douloureux via l’activation de récepteurs appelés nocicepteurs. Le mécanisme de la douleur est sollicité sans raison. Puisqu’aucune lésion tissulaire n’est présente, c’est le phénomène de sensibilisation centrale qui est proposé comme le plus pertinent pour expliquer le mécanisme douloureux [7]. Le SNC subit une dérégulation qui entraine une hyperexcitabilité neuronale amplifiant la douleur. Une activation accrue des centres de la douleur et un niveau inférieur des seuils de douleur sont identifiés chez des sujets atteints de FM. De plus, des taux anormaux de neurotransmetteurs clés ont été mis en évidence chez des patients fibromyalgiques [8]. Une étude de 2019 [9] a découvert une association entre le polymorphisme du gène HTR2A (5-hydroxy-tryptamine 2A) et le syndrome, démontrant que les porteurs du génotype auraient 24,39 fois plus de probabilités de le développer. Le récepteur HTR2A appartient à la famille des récepteurs de la sérotonine. La sérotonine est un neurotransmetteur important qui remplit plusieurs fonctions dans le SNC telles que la régulation du sommeil, la température corporelle, l’appétit, l’humour, l’activité motrice ou encore la perception de la douleur. En résumé, le traitement de la douleur est perturbé et cela se traduit notamment par : – Une douleur amplifiée (hyperalgésie) – Une douleur répondant à un stimuli normalement non douloureux (allodynie) – Une douleur qui s’étend au-delà de la zone concernée – Une douleur prolongée après le retrait d’un stimuli Cependant, les mécanismes sous-jacents exacts de la sensibilisation centrale propres à la FM restent inconnus [10]. Des études sont donc nécessaires pour rechercher des facteurs génétiques ainsi que des facteurs environnementaux supplémentaires favorisant l’apparition du syndrome. DI MATTEO DEMK 2021 3 Critères diagnostiques Comme évoqué précédemment, un bon diagnostic est primordial. Tout d’abord, il permet de distinguer la FM d’autres diagnostics différentiels. Il apporte également des précisions qui ne sont pas présentes dans les différentes définitions du SFM.

Fibromyalgie et risques de chute

 La chute est un événement auquel le patient fibromyalgique n’échappe pas. Seulement, il est sans doute plus exposé qu’un sujet non pathologique. Une étude datant de 2014 a étudié la prévalence des chutes chez les patients atteints de FM en les comparant avec un groupe composé de sujets atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) et un autre groupe contrôle de sujets sains. Les trois groupes sont composés essentiellement de femmes d’âge moyen. Il a été demandé à tous les participants de donner le nombre de chutes dans la semaine, le mois, les six derniers mois et l’année précédente. Chuter est défini, dans l’article, comme atteindre involontairement le sol ou toute autre surface intérieure. Les résultats démontrent que les patients atteints du SFM ont un taux moyen de chutes plus élevé que les patients atteints de PR ainsi que les patients sains. La prévalence des chutes à six mois est de 1,75 et à un an de 2,5 (contre 0,25 et 0,5 pour le groupe contrôle). Une seconde étude [24] décrit, sur une période de six mois, les circonstances des chutes des patients fibromyalgiques. Dans 56% des cas, des problèmes d’équilibre ont été signalés lors des chutes. Les auteurs de cet article suggèrent que des conditions neurologiques, y compris un mauvais équilibre, peuvent être présentes chez le sujet fibromyalgique et doivent être évaluées. 

 Contrôle postural 

Avant de s’intéresser à l’évaluation de l’équilibre, il est essentiel de le définir. Définitions Il est impossible de dissocier l’équilibre du contrôle postural. Il faut d’abord se pencher sur celui-ci afin d’arriver à une définition de l’équilibre. Le contrôle postural a deux fonctions : l’orientation et la stabilisation [25]. Ces deux fonctions sont indissociables car il faut considérer le contrôle postural comme un système à part entière avec des relations constantes entre ces deux fonctions. Orientation Pour interagir correctement avec son environnement, le corps humain a besoin de s’orienter de manière optimale. Il doit être conscient de la position de chaque segment corporel par rapport à l’environnement, la gravité et lui-même pour adopter une position globale idéale selon le contexte. Le système postural fait donc appel à trois types de référentiels spatiaux : exocentré, géocentré et égocentré. Il va combiner en permanence les informations résultantes de ceux-ci pour s’orienter parfaitement. Le référentiel exocentré est l’espace qui entoure l’individu. Des éléments de l’environnement vont servir de points de repères, pour la verticale ou l’horizontale par exemple. Il est en grande partie renseigné par la vision. Le référentiel géocentré, renseigné surtout par le système vestibulaire, sert de référence pour la verticale gravitaire. Le référentiel égocentré est propre à chacun. Il est majoritairement construit à partir du système somatosensoriel : afférences proprioceptives, tactiles, etc. La proprioception est la capacité à connaître la position de son corps dans l’espace, la position de chacun des membres les uns par rapport aux autres et à évaluer la résistance contre laquelle une tâche motrice est réalisée. Cette connaissance est permise par la collecte d’informations par des récepteurs appelés mécanorécepteurs localisés dans les muscles, les tendons et les articulations.

Table des matières

1) Introduction
1.1) Fibromyalgie
Définitions et prévalence
Classification et physiopathologie
Critères diagnostiques
Questionnaires
1.2) Fibromyalgie et risques de chute
1.3) Contrôle postural
Définitions
Evaluations
1.4) Hypothèses théoriques
1.5) Intérêts de cette revue de littérature
1.6) Objectif(s) de la revue de littérature (modèle PICO)
2) Méthode
2.1) Critères d’éligibilité des études pour cette revue
Population étudiée
Facteur de risque
Evènement causé par le facteur de risque
2.2) Méthodologie de recherche des études
Sources documentaires investiguées
Equation de recherche utilisée
2.3) Méthode d’extraction et d’analyse des données
Méthode de sélection des étude
Evaluation de la qualité méthodologique des études sélectionnées
Méthode de synthèse des résultats
3) Résultats
3.1) Description des études
Diagramme de flux et études incluses
3.2) Risques de biais des études incluses
Grille de lecture utilisée
Synthèse des risques de biais
3.3) Effets de l’intervention sur le(s) critère(s) de jugement(s)
Collado-Mateo
Pérez-de-Heredia-Torres 2017
Costa 2017
Sempere-Rubio 2018
Cerón-Lorente 2018
Toprak Celenay 2019
4) Discussion
4.1) Analyse des principaux résultats
Mini-BESTest
Berg
Timed Up and Go
Posturographie – Analyse du déplacement du centre de pression
Sensory Organization Test
Equilibre unipodal
Force musculaire
Evaluation de la qualité de vie chez le sujet fibromyalgique
Synthèse des analyses
4.2) Applicabilité des résultats en pratique clinique
Intérêt préventif
Choix des tests d’équilibre pour un patient fibromyalgique
Intérêt curatif
4.3) Qualité des preuves
4.4) Biais potentiels de la revue
5) Conclusion
Implication pour la pratique clinique
Implication pour la recherche
6) Bibliographie

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