Impact de la migration des pêcheurs

Corps de métiers de la pêche

Différents corps de métiers caractérisent le secteur de la pêche artisanale. De la capture du poisson jusqu’à sa consommation, on peut distinguer : les pêcheurs, les mareyeurs, les transformateurs et les prestataires de service.
Pêche : Mbour est le premier département de pêche artisanale maritime au Sénégal. La pêche constitue l’une des principales activités des populations du département de Mbour. Vue des sites de débarquement du département de Mbour.
Le parc piroguier est estimé à quatre mille sept cent vingt-sept (4727) unités au mois d’août 2014 (Base de données PNI) dont deux mille cinq cent cinquante-deux (2552) sont actives (SDPS, 2014b).
Le dernier recensement effectué par les relais d’USAID/COMFISH fait état de quinze mille soixante-huit (15 068) pêcheurs identifiés (SDPS/Mbour, 2012a, 2012b,2012c).
Les débarquements sont estimés à plus de 168 000 tonnes en moyenne par an pour une valeur commerciale de 33 milliards de FCFA (SDPS/Mbour, 2014b).
L’importance des débarquements a fait naître différents corps de métiers à savoir, le mareyage, la transformation et d’autres métiers connexes connus sous le vocable de prestataire de service. Transformation artisanale : Elle occupe une place très importante dans l’économie locale. Environ, cinquante mille quatre cent (50 400) tonnes de produits frais sont transformés chaque année représentant 30% des débarquements (SDPS/Mbour, 2014b). C’est un métier qui est marqué par la prédominance des femmes mais aussi par une forte colonie des communautés des pays de la sous-région (Guinée-Bissau, Mali, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, etc.).
Les enquêtes du projet USAID/COMFISH ont identifié mille neuf cent quatre vingt seize (1996) personnes réparties en plusieurs collèges (SDPS/Mbour, 2012a, 2012b, 2012c). Selon la localité, nous distinguons des collèges de transformateurs des produits halieutiques liés au site ou aux techniques de transformation.
Ainsi à Joal, il y a le collège des transformateurs de « Tann » et de « Khelcom », tandis qu’à Mbour, il existe le collège des transformateurs du fumage/braisage « Kétiah », du salage (sali), du saumurage/séchage «Guedj» et de la fermentation/séchage « Tambadiang, Métorah et Yétt ». Mareyage : Le mareyage constitue une étape importante dans le circuit de distribution des produits halieutiques. La quantité de produit frais destinée au mareyage représente 65% des débarquements soit en moyenne cent neuf mille deux cent (109 200) tonnes par an (SDPS/Mbour, 2014b). Environ, mille quatre cent quarante-quatre (1444) personnes ont été identifiées avec une prédominance des hommes selon des enquêtes réalisées par les relais du projet USAID/ COMFISH en 2012. Les mareyeurs se sont généralement organisés selon le marché et le volume des ventes. C’est ainsi qu’on retrouve le collège des mareyeurs du marché national, des mareyeurs industriels qui approvisionnent les usines industrielles et des micro-mareyeurs ou «lague-laguale». Prestataires de service : C’est le métier qui emploie plus de personnes après la pêche. Les enquêtes réalisées par les relais du projet USAID/COMFISH ont permis d’identifier deux mille trois cents trente-cinq (2335) personnes (SDPS/Mbour, 2012a, 2012b, 2012c). Les prestataires de service regroupent le collège des charretiers, des porteurs, des haleurs, des charpentiers, des écailleuses, des mécaniciens de moteurs hors-bords, du personnel des industries (usines de fabrique de glace et de traitement des produits halieutiques) et des pompistes.

Migrations des pêcheurs

Les pêcheurs migrants sont des individus ou des communautés qui se déplacent pour pêcher ; ils effectuent des migrations avec pour stratégie de se trouver à chaque saison dans les zones où le poisson peut être capturé en abondance et de façon aisée (Kodio, 2007).
D’après Larousse, un migrant est un individu qui quitte sa localité d’origine quotidiennement, saisonnièrement ou définitivement en accomplissant un trajet relativement long avec un ou plusieurs moyens de transport, vers une autre localité pour y exercer ses activités.
Les migrations se présentent sous de nombreuses formes, depuis les mouvements à court terme sur des distances moyennes à l’intérieur même du pays jusqu’aux « installations » à long terme dans des pays bien éloignés du pays d’origine.
D’autres migrations prennent plus la forme de nomadisme avec des déplacements constants mais pas forcément réguliers entre plusieurs lieux : il est donc important d’identifier et de distinguer les modes de déplacements souvent considérablement différents (Haakonsen et Diaw, 1991).

Fréquence des conflits

Les déplacements des pêcheurs déclenchent très souvent de conflits entre les migrants et les autochtones. Avec la migration des pêcheurs, les zones qui les accueillent sont souvent le théâtre de heurts entre populations locales et les populations qualifiées d’étrangères (Samudra, 2009). Si dans les autres départements, les conflits sont accentués par l’utilisation d’engins et de méthodes de pêche différents, au niveau du département de Mbour, les sources de conflits les plus fréquentes et énumérées par les acteurs enquêtés sont : le vol des engins de pêche ; la destruction des engins de pêche ; la rivalité entre les acteurs ; le non-respect des mesures de gestion locale. Il faut noter que les sources de conflits varient selon les sites et elles sont plus fréquentes en période de forte migration que celle de faible migration.
Le vol des engins de pêche et la rivalité entre les acteurs sont plus fréquents dans les grands sites (Joal et Mbour). Cette situation s’explique par le fait que les grands sites reçoivent surtout pendant la période de la campagne des poulpes, un nombre impressionnant de pêcheurs migrants et d’autres individus qui s’activent dans des métiers connexes à la pêche. Ce phénomène suscite de la part des autorités et de leurs partenaires d’intenses réflexions, estimant que ces migrations massives étaient responsables du développement du parc piroguier, donc d’un effort de pêche accru et, par contrecoup, d’une diminution des ressources (Fontana & Samba, 2013). Donc, la nature cosmopolite de ces sites pendant les périodes de grande affluence, rend difficile l’application des mesures de gestion, mais aussi favorise les cas de vol et de désaccords entre les acteurs. Ce sont les pêcheurs des filets dormants qui se lamentent le plus des cas de vol d’engins de pêche.

Efficacité de la surveillance

Dans l’ensemble des sites d’étude, la quasi-totalité des acteurs enquêtés estiment que la surveillance est peu efficace voire pas efficace. L’inefficacité de la surveillance est aussi prouvée par la forte baisse des infractions constatée avec aucun cas d’infraction enregistré en 2010. Cette situation est due au manque d’engagement des surveillants dont les causes sont multiples. Ainsi, les causes les plus citées par les acteurs enquêtés en plus de la non-implication du comité de gestion du quai de pêche de Joal à l’interdiction de la pêche des juvéniles, sont :
le manque de moyens logistiques et financiers ; le manque de motivation des membres de l’équipe de surveillance ; les agressions répétées des surveillants par les allochtones ; le suivi inefficace des infractions ; la corruption de certains des surveillants.
Le problème le plus cité par la quasi-totalité des acteurs enquêtés est le manque de moyens logistiques et financiers. Les sources de financement (subventions, appuis des ONG ou projets, AGR et cotisations) des structures (CLPA et CLP) qui ont mis en œuvre les mesures de gestion ne sont pas fonctionnelles dans la plupart des sites d’étude.
Face à cette situation, les équipes de surveillance ne disposent pas d’équipements de protection appropriés contre les agressions répétées à coups de pierres par les allochtones. La puissance des moteurs des vedettes de la surveillance (40 Ch.) est inadaptée à la situation car elle est très faible par rapport à celle que les pêcheurs pillards utilisent actuellement (60 Ch.). Ainsi, s’ils perçoivent la vedette de surveillance de loin, ils peuvent prendre la fuite sans être identifiés. En dehors, de la brigade de l’AMP de Joal, les agents des autres brigades ne disposent pas de moyens matériels pour assurer la sécurité des pêcheurs qui les accompagnent en mer. Le manque de moyens humains, logistiques et financiers contribue à l’inefficacité et à l’irrégularité des sorties de surveillance.

Table des matières

INTRODUCTION
1. PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE 
1.1. Situation géographique
1.2. Corps de métiers de la pêche
1.2.1. Pêche
1.2.2. Transformation artisanale
1.2.3. Mareyage
1.2.4. Prestataires de service
1.3. Sites de pêche 
1.4. Migrations des pêcheurs
1.4.1. Migrations internes
1.4.2. Migrations externes
1.5. Gouvernance des ressources halieutiques
1.5.1. Initiatives communautaires
1.5.2. Mesures réglementaires nationales
2. MATERIEL ET METHODES
2.1. Matériel
2.2. Méthodes 
2.2.1. Choix des sites d’étude
2.2.2. Acteurs cibles
2.2.3. Revue documentaire
2.2.4. Collecte des données
2.2.5. Analyse et traitement des données
3. RESULTATS 
3.1. Connaissance des mesures de gestion locale
3.2. Adhésion des migrants aux mesures de gestion locale
3.2.1. Adhésion des migrants à l’interdiction de la pêche des juvéniles
3.2.2. Adhésion des migrants à la création d’AMP ou ZPP
3.2.3. Adhésion des migrants à l’interdiction de la pêche nocturne
3.2.4. Adhésion au repos biologique du poulpe
3.3. Instances de prise de décision
3.3.1. Connaissance des organes de prise de décision par les migrants
3.3.2. Place des migrants dans les instances de prise de décision
3.3.3. Implication des migrants aux instances
3.3.4. Modes de prise de décision dans les instances
3.3.5. Mécanismes de financement des instances
3.3.6. Fonctionnalité des financements
3.4. Sources de conflits
3.4.1. Fréquence des conflits en période de forte migration
3.4.2. Fréquence des conflits en période de faible migration
3.4.3. Acteurs impliqués
3.5. Respect des mesures de gestion locale par les migrants
3.5.1. Facteurs à la base du respect
3.5.2. Causes du non-respect de ces mesures
3.6. Participation aux activités de mise en œuvre des mesures de gestion
3.7. Infractions commises par les professionnels
3.7.1. Perception des infractions par les acteurs
3.7.2. Données des infractions enregistrées
3.7.3. Difficultés soulevées par le mode de surveillance et de contrôle
3.7.4. Solutions proposées pour résoudre les difficultés
4. DISCUSSION
4.1. Adhésion aux mesures de gestion locale 
4.2. Fréquence des conflits
4.3. Respect des mesures de gestion locale 
4.4. Efficacité de la surveillance
5. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
Bibliographie
Annexes

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