Impact des perturbations de la strate arborescente sur la structure des strates inférieures

IMPACT DES PERTURBATIONS DE LA STRATE ARBORESCENTE SUR LA STRUCTURE DES STRATES INFÉRIEURES 

La succession apparaît linéaire en fonction du temps 58 pour la période de 26 à 74 ans après feu. La fermeture du couvert forestier, de même que le remplacement progressif des feuillus par les conifères semblent responsables de cette situation. Par contre, pour la période de 120 ans à 174 ans après feu, à l’exception du site du feu de 143 ans, on observe un regain d’abondance pour certaines espèces pionnières, de même qu’une augmentation importante de la richesse et de la diversité. Deux facteurs peuvent expliquer cette situation. Dans un premier temps, selon Bergeron et Dubuc (1989), on observe une diminution de l’abondance de Populus tremuloides environ 150 ans après feu. La mortalité de quelques arbres de cette espèce crée des ouvertures dans le couvert forestier et permet le retour à de fortes abondances pour certaines espèces pionnières et des augmentations de la diversité. Cependant, ces ouvertures sont de courte durée, car Abies balsamea profitera de la lumière disponible pour augmenter sa croissance et fermer à nouveau le couvert forestier. Bormann et Likens (1979) ont émis l’hypothèse que la supression de la croissance et la mortalité d’espèces arborescentes pionnières créent de petites ouvertures dans le couvert favoriseraient une augmentation de forestier, ce qui la croissance des espèces tolérantes présentes sous le couvert. Peet 59 (1981) a observé ce phénomène d’accélération de la succession dans des forêts de Pinus contorta. où des arbres sont déracinés par le vent et rapidement remplacés par des espèces plus tolérantes à l’ombre, qui profitent de ces ouvertures pour croître rapidement. On souligne un phénomène semblable dans des forêts mésiques du sud-est des Etats-Unis, où les feuillus tolérants sous couvert forestier, profitent de petites perturbations qui entraînent la mort de conifères de début de succession (Pinus spp.) pour accélérer leur croissance (Quatermain et Keever, 1962; Blair et Brunett, 1976). De plus, une épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette (Choristoneura fumiferana) a fait rage dans la région vers la fin des années soixante-dix (H. Morin, communication considérables personnelle) dans le et a couvert crée des forestier principalement pour le site du feu de 174 ans. ouvertures et ce La réaction des espèces des strates de sous-bois à ces ouvertures dans le couvert forestier a été t rès différente selon les sites. L’age du feu, la composition floristique avant le feu et la proximité d’espèces qui pouvaient potentiellement envahir les endroits brQlés semblent expliquer les différences observées entre les sites.

CHANGEMENT DU CYCLE DES FEUX 

Une étude récente de Bergeron (1991) démontre que depuis la fin du Petit Age glaciaire, le cycle des feux pour la région de l’Abitibi a été modifié. D’une longueur moyenne de 63 ans avant 1870, il est passé à au 64 moins 99 cycle de ans après feu a 1870. Ce changement de longueur du des implications directes sur la succession arborescente et implicitement sur les strates inférieures. Le cycle plus long permet une succession directionelle et 1 ‘établissement de communautés successionnelles stables, principalement dominées par Abies balsamea et Thuja occidentalis. Une étude en cours sur l’historique des épidémies de tordeuse des bourgeons de l’épinette dans la région du lac Duparquet révèle que quatre épidémies ont fait rage au 20e siècle, comparativement à aucune pour le 19e siècle CH. Morin. communication personnelle). Le changement du cycle des feux semble avoir eu comme conséquence d’augmenter d’insectes. Nos résultats l’incidence des épidémies montrent que les épidémies d’insectes ont pour effet d’augmenter sensiblement la diversité et le recouvrement des espèces de sous-bois. On peut aussi penser que si un feu survenait dans un site qui a été affecté par la tordeuse des bourgeons de l’épinette, un plus grand nombre d’espèces de sousbois pourraient survivre et recoloniser rapidement ce dernier. que si un feu survenait dans un site peu ou pas affecté , comme celui de 1760 (tableau 7). Si on prend l’exemple des sites de 1823 et de 1760, on remarque que 65 près de 70% des espèces du site de 1823 peuvent survivre au feu et recoloniser de façon végétative ou par des propagules enfouies, contrairement à 60% des espèces du site de 1760. Si en plus on tient compte de la fréquence et du recouvrement de ces espèces dans chacun des sites, on peut penser que le taux de recolonisation du site de feu de 1760 sera grandement réduit en comparaison à celui de 1823. Connell (1978) a émis l’hypothèse que des perturbations de niveau intermédiaire (superficie, fréquence et intensité) conduisent à un maximum de diversité végétale, à cause de la présence conjointe des espèces successionnelles et climatiques. Selon Shuffling et ~· (1988) et Dix et Swan (1971), la diversité végétale au niveau du paysage est plus faible sous un régime de perturbation à forte récurrence. Il semble ainsi probable que la diversité arbustive et herbacée soit supérieure à ce qu’elle était avant la modification du cycle des feux.

CONCLUSION

On remarque qu’en général en forêt boréale, suite à une perturbation. la recolonisation d’un site se fait rapidement, car la majorité des espèces présentes avant le feu se régénèrent végétativement ou envahissent par graines à partir de sites à proximité. La variabilité observée au début de la succession entre les stations d’une même date de feu semble étroitement liée à la composition du site avant le feu et à des différences locales d’intensité. Avec la fermeture du couvert forestier, on observe cependant que la variabilité diminue à mesure que la strate arborescente converge vers une forêt dominée par Abies balsamea et Thuja occidentalis. Le remplacement des conifères et les épidémies d’insectes feuillus par les viennent par la suite boulverser le patron successionnel chez les strates inférieures. La réaction de celles-ci est très différente selon la composition végétale des sites. On remarque cependant que la richesse et la diversité augmentent généralement pour ces sites. Enfin, avec la dominance croissante de Thuja occidentalis sur les plus vieux sites, on observe à nouveau une diminution de l’abondance et de la diversité des strates arbustive et herbacée. Il apparaît probable que si ces vieilles communautés ne sont pas perturbées dans un court laps de temps, que la diversité diminuera encore, car plusieurs espèces herbacées n’étaient que très faiblement représentées dans les quadrats du feu de 230 ans. Thuja occidentalis pouvant pousser très densément, réduira de plus en plus la quantité de lumière parvenant au sol. L’accumulation de la litière de cette espèce pourrait aussi avoir des conséquences sur les espèces de sous-bois. Le changement du cycle des feux depuis la fin du Petit Age Glaciaire a entrainé des modifications importantes au niveau des communautés végétales. L’apparition des épidémies de la tordeuse des bourgeons de l’épinette depuis le début du 20e siècle semble avoir contribué à l’augmentation de la richesse, de la diversité et du recouvrement des plantes vasculaires . L’augmentation de la richesse semble attribuable au fait que dans des sites d’âge intermédiaire, affectés par la tordeuse des bourgeons de l’épinette, on observe la présence à la fois des espèces pionnières et de fin de succession. Dans une perspective de modification du cycle des feux, il serait intéressant de faire une étude sur la dynamique des populations de certaines espèces pionnières 68 et de fin de succession du sous-bois. Ces études pourraient permettre de mieux comprendre l’effet des types de perturbations (feu et épidémies d’insectes), de la fréquence de celles-ci et de la période successionnelle à laquelle elles surviennent, sur les réactions des espèces telles que décrites dans ce mémoire.

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