IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR L*AGRICULTURE

IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR
L*AGRICULTURE

Les aspects physiques du Sénégal

L’Afrique Occidentale correspond â de vieilles plates-formes rigides et indurées, remontant souvent à l’Antécambrien. Les ensembles cristallins sont disloqués par des failles et d’importantes manifestations de volcanisme accompagnent ces accidents tectoniques (P. Birot, 1967 ; R. Coque, 1977). Ces reliefs volcaniques constituent les plus importants éléments perturbateurs même s’ils ne peuvent pas modifier la circulation générale comme c’est le cas en Asie. De nombreuses formes de reliefs sont cependant héritées d’une période plus hum.ide qu’aujourd’hui (M. Derruau, 1989). Ces reliefs ont le plus souvent des influences climatologiques locales. Avec la presqu’île du Cap-Vert, le Sénégal occupe la position la plus avancée de l’Afrique de l’ouest dans l’Océan Atlantique. Le Sénégal est situé à l’extrémité ouest du continent africain, entre )2°30 et 16°30 de latitude nord, d’une part, et 11 °30 et 17°30 de longitude ouest, d’autre part. II couvre une superficie de 196722 km-. rI est limité à l’ouest par l’Océan Atlantique, au nord et au nord-est par la Mauritanie, à l’est par le Mali, au sud-ouest par la Guinée-Bissau et au sud-est par la république de Guinée. La Gambie constitue une enclave de 10300 km2 à l’intérieur du territoire sénégalais el sépare la Casamance du reste du territoire. Le Sénégal est un pays plat ne s’élevant pas au-dessus de 130 mètres à l’exception de la région sud-est où le relief ne dépasse pas 5,81 mètres au point culminant des contreforts du Fouta Djallon. En effet le pays s’étend dans le bassin sénégalo-mauritanien d’âge secondaire tertiaire s’inclinant vers l’ouest avec des reliefs peu élevés sur le grand bassin sédimentaire. Le climat est soumis à la fois à des facteurs géographiques avec une façade marilime de 700 km el à des influences atmosphériques, avec les effets de l’alizé maritime, de l’hannattan et de la mousson. Les précipitations annuelles qui augmentent du nord au sud, la densité du réseau hydrographique et la végétation qui leur sont liés, montrent des paysages naturels très diversifiés. 

Le relief et les sols 

Les grands types de sols

Le relief est plat, à l’exception des plateaux au sud-est. Les sols sont peu évolués, ferrugineux tropicaux et ferralitiques, à texture sableuse et pauvre (carte 3). La formation des sols dépend de l’importance des pluies, de la roche-mère et du modelé (P. Michel, M.M. Sail, 2000). Les profils de ces sols ont ~té détaillés dans les travaux de A. Chauvel (1967), R Kaloga (1966), R. Maignien (1965). Selon M. Khouma (2000) les grands types de sol, leur représentation en pourcentage et leur répartition sont: – les sols minéraux bruts sur cuirasse schisteuse (2,4%) sont localisés dans le périmètre constitué par le fleuve Gambie, la rivière Kou/oun/ou et la frontière avec la République de Guinée. Des plateaux tabulaires de grès avec des sols caillouteux s’étendent le long des contreforts du Fauta Djallon ; 32 1 1 j 11 ~­ ~I ) 1 1 ~,! 11l 368000 –‘-11 368000 o Carte 3 : Grands types de sol au Sénégal S52000 200 552000 738000 A ,—– 736000 Il11 rg1 81 :;:: … 8 C> 1J Légende .6. Chef lieu de région • Chef lieu de département o Zone ag~logiQue 1 FleuYe: Nom lM zone agro-éçologlque Type de sol OC(S Autres W Dunes littorales _Eaux Lilhosols _ Regosols Sols brun rouge Sols bruns stlbarides * Sols ferrallltiques _ Sols ferrugineux tropicaux Sols halomorphes Sols hydromorphes .,. Sols peu evolues mSols vertiques :wVasleres Soun:lo PNAT. 1 33 – les sols minéraux bruts de cuirasses sur grés argileux (8,1 %) sont situés à l’ouest de la vallée du fleuve Sénégal et s’étendent du sud·ouest de Bakel au nord-ouest de Matam ; – les sols gravillonnaires sur cuirasse (lI,6%) font suite aux sols ferrugineux tropicaux peu lessivés sud avec la même orientation sur la moitié ouest; – les sols brun- rouge subarides sur sable (14,2%) sont adossés à la basse et moyenne vallée du fleuve Sénégal et s’étendent vers le centre; – les sols ferrugineux tropicaux faiblement lessivés sur sable (dior, 20%) s’étendent d’ouest en est sur une large bande; – les sols ferrugineux tropicaux lessivés sur grès sabla-argileux (}7,2%) bordent les 2/3 de la frontière sud avec la Gambie en Moyenne et en Haute Casamance; – les sols ferrugineux tropicaux lessivés cuirassés sur schiste (]2,4%) sont situés à l’est et au nord des sols minéraux bruts sur cuirasse schisteuse, fonnant un triangle dont le sommet nord se situe aux environs de Bakel ; – les sols faiblement ferralitiques sur grès sabla-argileux (6,2%) sont situés à l’ouest, de part et d’autre de la frontière gambienne; – les sols halomorphes sur alluvions argileuses (1,9%) couvrent le delta du fleuve Sénégal ; – les sols hydromorphes sur argile de décantation (0,2%) sont localisés dans les moyennes vallées des fleuves Sénégal et Gambie, le long du Kou/Dun/ou et dans la grande dépression de la vallée de l’Anambé au sud. Les sols sulfatés acides sont de part et d’autre de l’estuaire de la Casamance et dans toutes les basses vallées subissant l’influence de la marée. Dans ces estuaires on retrouve également les tannes qui constituent une zonation des milieux de mangrove caractérisée par l’absence totale de végétation et de la micro-topographie. Son eXfension est fonction de Ja dynarnjque tidale, de la topographie et des formations végétales adjacentes. Le terme tanne a fait l’objet de nombreuses définitions. Parmi celles-ci, nous retenons celle de A.T. Diaw et al. (1993) qui le considèrent comme un espace qui « s’étend, en arrière des vasières à mangrove, dans la zone inondable par les marées de vives eaux; il est caractérisé par des sédiments sabla-limoneux, une forte salinité et une absence totale de végétation » 

Valeur agricole des sols

Les terres arables qui ne représentent que 19% de la superficie du pays sont inégalement réparties dans les zones agro-écologiques (carte 4) (57% au bassin arachidier, 20% en Casamance, 10% au Sénégal oriental, 8% au Fleuve Sénégal, 4% dans la zone Sylvo-pastorale et 1% dans les naay Les surfaces moyennes cuhivées annuellement sont de l’ordre de 2,5 millions d’hectares (65% des terres arables). Les taux d’exploitation les plus élevés se rencontrent dans Je bassin arachidier (81 %), les naay (65%), contre seulement 40% en Casamance et au Sénégal Oriental. Les forêts, savanes et parcours classés représentent 32% de la superficie du pays (6324000 ha) et les zones non classées et les terres non cullivables 49% (9542000 ha) (A. Badiane, 1999 cité par M. Khouma, 2000). 34 La même étude de M. Khouma (2000) décrit également les sols du point de vue de leur valeur agricole et des contraintes de mise en valeur. Les conclusions qui en découlent sont que: – les sols minéraux bruts sur cuirasse n’ont aucune valeur agricole. TOUl au plus une certaine vocation pastorale peul exister à ]a faveur des fonnations herbeuses qui y poussent; – les sols ferrugineux tropicaux lessivés cuirassés sur schiste ont une faible valeur agronomique, mais conviennent surtout au pâturage; -les sols gravillonnaires, en dépit d’une faible capacité pour l’eau, présentent une bonne aération et contribuent de manière plus ou moins importante à la nutrition des plantes en fonction de leur teneur en éléments fins et de leur profondeur qui constituent souvent des facteurs limitant. Hormis la culture de l’arachide et du mil, ce sont des sols qui peuvent convenir pour le reboisement; – les sols brun-rouge subarides ont une fertilité relativement faible mais c’est surtout l’aridité du climat qui constitue la principale contrainte ne permettant pas aux principales cultures pluviales d’y boucler leur cycle par manque d’eau; – les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés sont les sols à arachide par excellence, en rotation avec le mil. Ils sont également cultivés en niébé. L’arboriculture et le maraîchage réussissent bien sur ce type de sols. Du fait de leur texture sableuse et de leur faible teneur en matière organique, ils sont chimiquement pauvres et se sont pratiquement tous acidifiés sous les effets d’une mise en culture continue; – les sols ferrugineux tropicaux lessivés conviennent à une gamme plus large de cultures du fait de leur plus grande richesse minérale mais aussi du fait qu’ils sont Jocalisés dans des zones relativement mieux pourvues en eau. Ils conviennent à J’arachide, au mil, au maïs, au riz pluvial, au sorgho, au coton, à l’arboriculture et au maraîchage; – les sols halomorphes sur alluvions argileuses sont chimiquement riches et conviennent à la riziculture intensive, au coton et à la culture de la canne à sucre en conditions de maîtrise complète de J’eau. Mais leur salinité excessive et les difficultés de travail du sol y constituent les principales contraintes; – les sols ayant la plus large gamme d’aptitudes sont en majorité les sols alluviaux hydromorphes qui ont l’avantage de posséder une grande profondeur, une texture équilibrée, une capacité pour l’eau importante, une fertilité naturelle relativement bonne. Ils conviennent au riz de bas·fond, au maïs, au sorgho et au maraîchage. Pour les sols alluviaux hydromorphes, les mesures qu’on peut envisager pour mieux les utiliser vont dans le sens d’une meilleure protection contre l’excès d’eau provenant principalement des inondations. Il peul s’agir de digues de ceinture et de drains fi ciel ouvert ; 35 – les sols sulfatés acides conviennent bien à la riziculture traditionnelle. Ils ne doivent pas être brutalement drainés lorsqu’ils sonl immatures au risque de conduire à des sols extrêmement acides avec des toxicités alumino-ferriques les rendant stériles. La salinité, l’acidité, la toxicité ferreuse et la déficience en phosphore constituent les principales contraintes de ces sols. Le déficit pluviométrique de ces trois dernières décennies a accentué la remontée saline, entraînant des effets néfastes, notamment dans les estuaires du Saloum et en Casamance, zones de riziculture pluviale traditionnelle, où l’on a observé une réduction d’environ 60% des forêts de paléruviers et l’abandon de plusieurs rizières.

Table des matières

Introduction générale
1- Contexte général de l’étude
II- Problématique et objectifs
III- Méthodologie
Première partie: description physique et humaine de l’espace d’étude
CHAPITRE 1 : LES ASPECTS PHYSIQUES DU SENEGAL
1- Le relief et les sols
II- L’hydrologie
III- La circulation tropicale et les caractéristiques du climat du Sénégal
IV- La végétation
CHAPITRE II : PEUPLEMENT ET POPULATION DU SENEGAL
1- Le peuplement
II- La population
CHAPITRE III : LES ASPECTS SOCIO-ECONOMIQUES RURAUX DU SENEGAL
1- L’agriculture
11- L’élevage
IIl- La pêche
Deuxième partie: Evolution du climat au Sénégal
CHAPITRE PRELIMINAIRE: DECOUPAGE DE LA ZONE D’ETUDE EN REGIONS CLIMATIQUES
1- L’analyse hiérarchique ascendante
II- La classification hiérarchique ascendante selon la pluviométrie
II1- La classification hiérarchique ascendante selon la température
CHAPITRE 1 : ANALYSE DES TEMPERATURES ET DE L’INSOLATION
1- Analyse des températures
11- Analyse de l’insolation
CHAPITRE II : ANALYSE DES PRECIPITATIONS
1- Analyse de la pluviométrie mensuelle
11- Les précipitations annuelles
CHAPITRE III : ANALYSE DE L’HUMIDITE RELATIVE
1- L’humidité relative de la région 1
II- L’humidité relative de la région 2
IIl- L’humidité relative de la région 3
CHAPITRE IV : ANALYSE DES VENTS
I~ La variation des directions du vent.
Il- La variation de la vitesse du vent
CHAPITRE V : CHANGEMENT OU VARIABILITE CLIMATIQUE?
1- Les périodes de ruptures pluviométriques
II- La paléoclimatologie
Troisième partie: Impacts des changements climatiques sur l’agriculture et adaptations paysannes
CHAPITRE 1 : LA SENSIBILITE DE L’AGRICULTURE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
1- Le modèle d’évaluation intégrée
II- L’approche transversale ou Méthode Ricardian
III- La méthode agro-économique
IV. Méthode des zones agro écologiques (ZAE) 2IO
V- La sensibilité globale au climat
CHAPITRE II : L’ANALYSE RICARDIAN APPLIQUEE AU CAS DE L’AGRICULTURE SENEGALAISE
CHAPITRE III : MODELISATION DE L’UTILISATION DE L’EAU PAR LES CULTURES
1- Etat de la question au Sénégal
II- La circulation de l’eau dans la plante et dans le 501
III- L’évapotranspiration
IV- Le modèle CROPWAT
CHAPITRE IV : LES ADAPTATIONS LIEES AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
1- Les adaptations: potentiels et politiques
II- Les options technologiques des adaptations et capacité socio-économiques
III-La perception du changement climatique des agriculteurs
IV- Les adaptations aux changements climatiques
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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