Influence des infrastructures et de l’aménagement urbain sur le suicide

La thématique de recherche comprend les cas de morts suspectes survenant dans la ville de Liège, l’intérêt sera porté sur le nombre, la fréquence d’occurrence, la localisation ainsi que la cause de ces morts suspectes. Ces données seront récoltées dans les dossiers des différents médecins légistes ayant travaillé au sein de l’institut médico-légal de ville de Liège entre le premier janvier 2013 et le 31 décembre 2017. Ce travail a pour ambition de localiser les morts suspectes survenant sur la zone de police de Liège et de différentier les zones selon le type et le nombre de faits qui y sont constatés.

Prenons les faits liés aux stupéfiants qui seront analysés ci-dessous en lien avec les cas d’overdoses. Ils attirent l’attention dans le sens où lorsqu’il y a de la petite criminalité et peu de lien social, il y a une certaine forme d’anonymat qui s’installe, ce qui peut réduire les risques d’être détecté en cas de passage à l’acte. Le manque de lien social induit le manque de contrôle social ce qui peut aboutir sur l’adoption de toute une série de conduites déviantes voire délinquantes, en ce compris la consommation de drogue, cette consommation peut être vue comme une échappatoire, pour sortir de son environnement quotidien mais dans certains cas cela génère des dépendances pouvant aller jusqu’à la prise excessive conduisant à la mort par overdose.

Ensuite, le nombre de faits liés aux stupéfiants seront étudiés en regard du nombre d’overdose constaté. Enfin, les indicateurs du lien social de certains commissariats seront étudiés par rapport au nombre de suicide et de faits de stupéfiants afin d’observer s’il existe des corrélations entre ces différentes variables. Les recherches vont porter sur une analyse quantitative du nombre, de la fréquence d’occurrence, de la localisation ainsi que la cause des cas de morts suspectes. Une analyse quantitative des faits de consommation et de vente de stupéfiants de la zone de police de Liège sur base des procès-verbaux dressés par la police. Cette analyse sera loin d’être exhaustive suite à l’important chiffre noir en cette matière.

Lien entre faits liés aux stupéfiants constatés par la police et overdose 

Rappelons que l’hypothèse de base était qu’il y avait potentiellement plus de décès par overdose dans les lieux où il y avait plus de faits constatés liés aux stupéfiants. Pour tenter d’apporter une piste de réponse à cette question, nous allons mettre en perspective les données de l’institut médico-légale concernant ce type de morts suspectes et les chiffres de la police de Liège concernant les faits constatés en matière de stupéfiants, tant la détention / consommation que le commerce.

Pour la réalisation de cette étude, l’observatoire de la criminalité de la police de Liège nous a transmis le détail de l’évolution des faits de stupéfiants par commissariat de la zone de police de Liège pour la période 2015-2017 donc pour ce qui est des overdoses la période d’analyse sera réduite par rapport aux autres causes de décès pour ce qui est de l’explication d’un lien hypothétique entre overdose et lieux de commissions de faits liés aux stupéfiants et plus précisément la détention, la consommation et le commerce de stupéfiants.

Tant pour la détention et la consommation de produits stupéfiants que pour leur commerce le quartier où le plus de faits ont été détecté par les services de police lors des années 2015, 2016 et 2017 est Walonie – Liège-centre. Ensuite, on retrouve le quartier de Saint-Léonard – Thier à Liège pour ce qui est de la détention et de la consommation alors que pour le commerce c’est le quartier d’Outremeuse que l’on retrouve en deuxième position de faits détectés. La variabilité entre les années est plus importante pour ce qui est de la suite du classement. En effet, à partir de la troisième place en matière du nombre de faits détectés par la police on ne retrouve plus toujours le même quartier et ce tant en ce qui concerne les faits de détention : consommation que les faits de commerce. C’est ainsi que pour 2015 et 2016, en matière de détention et de consommation nous retrouvons le quartier Avroy – Laveu en troisième lieu alors que pour l’année 2017, c’est le quartier d’Outremeuse. Lorsque nous changeons de registre pour se pencher sur le commerce de stupéfiants, cette troisième position est occupée par le quartier de Saint-Léonard – Thier-à-Liège pour les années 2015 et 2017 alors qu’en 2016 c’était la zone couverte par le commissariat Guillemins – Sclessin qui occupait cette troisième position.

En 2016, dans la zone couverte par le commissariat d’Avroy – Laveu, on comptait toujours 3 décès par overdose alors que pour Longdoz – Vennes – Fétinnes et pour Wallonie – Liège-centre on tombe à deux décès de ce type. On observe également 2 overdoses dans le territoire du commissariat de SainteMargueritte – Glain.

Pour l’année 2017, c’est bien différent. En effet les décès par overdoses sont éclatés dans l’ensemble de la zone de police de Liège. Le quartier le plus touché avec 2 overdoses est celui de Sainte-Walburge – Rocourt, ensuite suivent les quartiers d’Angleur, Avroy-Laveu, Chênée – Grivegnée-bas, Droixhe – Bressoux et Wallonie – Liège-centre avec un cas.

Les données étant présentées tant pour les cas de stupéfiants que pour les décès identifiés comme dû à une overdose par l’institut médico-légal de Liège nous allons à présent réaliser une analyse croisée de ces données.

Les suicides par prise excessive de médicaments : autre type d’overdose 

Nous pouvons conclure de celui-ci que sur la période envisagées, 22% des suicides correspondent à ce type de comportement. Cependant, nous ne les avons pas assimilés aux overdoses au sens classique du terme car ici, il s’agit de la prise de médicaments qui ont été prescrits par un médecin, nous ne sommes pas dans le cadre d’une prise de substance illicite. Il est question ici d’une mauvaise utilisation ou d’une surutilisation volontaire d’une substance licite dont les doses ont été prédéfinies avec le médecin ayant prescrit ledit médicament.

La différence entre ces deux types de décès se marque également par des lieux et fréquence d’occurrence différentes. En effet, si nous envisageons le quartier Avroy – Laveu par exemple, nous pouvons souligner que nous l’avions identifié comme le lieux numéro un d’occurrence de décès par overdose pour les années 2015 et 2016 alors qu’il n’y a pas eu de suicide par prise de médicaments dans cette zone pour l’ensemble de la période 2013 – 2017. Ce qui marque bien la différence entre ces deux types d’overdoses, celles liées aux stupéfiants étant plus dues à la dépendance et à la perte de contrôle liées à ces produits.

Table des matières

Introduction
Partie théorique
Méthodologie
La population d’étude
Analyse des résultats
Lien entre faits liés aux stupéfiants constatés par la police et overdose
Les suicides par prise excessive de médicaments : autre type d’overdose
Influence des infrastructures et de l’aménagement urbain sur le suicide
Les autres causes de décès
La particularité des cas de noyades
Distinction entre meurtre et mort suspecte pas toujours établie sur le terrain
Forces, limites et implication de la présente étude
Conclusion

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