LA FETE SED ET LE PROCESSUS DE REGENERATION DE LA FORCE DU ROI

LA FETE SED ET LE PROCESSUS DE REGENERATION DE LA FORCE DU ROI

Les sources égyptiennes 

Iconographie 

La palette de Narmer RECTO VERSO Figure 1: la palette du roi Narmer un objet en schiste de 64 cm qui provient de Nékhen ancienne capitale de la haute Egypte (Hieraconpolis) 3100 av-JC. Elle a été découverte en 1898 par l’archéologue anglais James Quibell. L’état de conservation est bon et les dessins sont visibles et peuvent être interprétés. Cette palette comprend deux parties : l’image de droite est partie recto et celle de gauche est la partie verso. (PIRENNE, J., Histoire de la civilisation d’Egypte ancienne, tome2, Suisse, la Baconnière, 1961, p. 28.) Cette palette constitue une source archéologique très importante, elle permet de reconstituer l’histoire politique de l’Egypte. Elle relate la lutte entre la Haute Egypte et la Basse-Egypte. En d’autres termes, la réunification de l’Egypte en un seul royaume, elle comprend deux parties. Au recto, on voit une scène du souverain Narmer frappant son ennemi, le verso comprend une scène qu’on peut interpréter comme étant un signe de la fête-Sed. D’abord, le roi Narmer et un accompagnant sont précédés par un groupe de quatre hommes brandissant chacun des statuettes appartenant à des divinités égyptiennes. Parmi ces dieux égyptiens il y a 9 Horus le dieu faucon et le dieu chacal Oupouaout. Enfin, vient le roi Narmer et l’accompagnant ferment la marche de cette procession. Le roi, portant la double couronne est vêtu d’un pagne court et tenant à sa main gauche un fouet et celle de sa droite une massue. Cette procession pourrait être considérée comme signe de la fête-Sed. Parce que ce même geste est répété par les pharaons lors des célébrations de cette fête jubilaire. En plus, les prêtres qui portent les statuettes des divinités lors de cette procession font ce même rite dans les phases de la fête-Sed. Donc nous pouvons dire que cette palette, en plus d’être une source sur l’histoire de la réunification de l’Egypte, comprend quelques épisodes de la fête-Sed du roi Narmer. Plusieurs auteurs confirment que c’est le roi Narmer qui fut le premier roi à célébrer le jubilé royal. Nous pouvons citer GUY RACHET15 , MARIE ANGE DE BOHEME et ANNIE FORGEAU. Cependant, malgré son apport, la palette ne fournit qu’une partie de cérémonie. Elle ne décrit pas toutes phases de la fête, comme le couronnement, la course rituelle, l’érection du pilier djed. L’étiquette du roi Den : Figure 2: Etiquette en ivoire du pharaon DEN trouvée à Abydos elle était perdue pendant des années. Mais elle a été finalement redécouverte en 1951. Elle se trouve au British Museum à Londres (32.650). L’état de conservation est satisfaisant avec des dessins qui sont visibles, elle comprend quatre registres. (IBRAHIM, M., R., TALLET P., « Trois bas- reliefs de l’époque thinite au Ouadi el Humur: aux origines de l’exploitation du Sud de Sinaï par les Egyptiens » Cette étiquette présente une scène dont l’interprétation reste très difficile: d’abord dans le registre1 : à droite nous décrit la fête sed du roi Den où on voit deux parties. La partie droite, le roi est assis sur une estrade avec des escaliers, tenant un fouet. Dans la deuxième image le pharaon Den exécute une course rituelle ou course de fondation. Cette scène est présente lors de cérémonie de la fête sed. Dans le registre : à gauche la prise d’une cité nommée Aa-An (la belle porte). Dans le registre3 : le roi est représenté debout avec un harpon en main, il est coiffé de longues plumes et il est précédé d’un personnage accroupi. Ce dernier semble être la divinité responsable de cette localité où le roi a effectué sa campagne militaire. Dans le registre 3 : il est composé de signes hiéroglyphiques nous pouvons lire le mot : d3r hswt ce mot est accompagné de l’idéogramme qui traduit « les habitants du désert ». Cette étiquette comme nous pouvons le constater est sous forme de fragments. Elle contient des parties qui sont endommagées et incomplètes comme la plupart des documents qui sont relatifs à la fête-sed. Figure 3 : chapelle blanche du roi Sésostris III : le roi assis sur estrade sur une double estrade coiffé de la couronne rouge sur l’une et sur l’autre estrade il est coiffé de couronne blanche. (Bohême, M., Forgeau, A., Pharaon les secrets du pouvoir, Paris, Armand, 1988, p.303)  Cette image met en scène une des étapes de la cérémonie du jubilé royal. Le pharaon est assis sur une double estrade symbolisant la réunification de la Haute et de la Basse Egypte. Ceci n’est qu’une partie des phases de cette cérémonie jubilaire. Cependant il existe d’autres scènes comme la course rituelle etc… B -Les sources écrites Les sources écrites qui sont d’un apport capital par rapport à notre travail. Quand on évoque de sources écrites, on fait allusion aux sources hiéroglyphiques, hiératiques et démotiques qui informent sur la vie, la religion, les dieux de l’Egypte ancienne etc. En un mot la vie quotidienne des anciens Egyptiens. Nous avons ici comme exemple, les Urkunden de KURT SETHE. En effet, le travail de ce dernier a consisté à recopier les textes iconographiques qu’il avait découverts dans les tombeaux et les monuments égyptiens. Ici nous avons étudié l’un de ses recueils de texte il s’agit de Urkunden des Altes Reichs qui signifie « le recueil de texte de l’Ancien Empire ». SETHE nous rapporte la célébration de la fête-Sed de quelques pharaons. Nous pouvons citer l’exemple d’un des pharaons de la sixième dynastie, Pépi I. Ce dernier a célébré son jubilé royal d’après les inscriptions reprises par SETHE dans ses travaux. Malheureusement, ces textes épigraphiques et iconographiques se résument qu’à de simples dessins. Le travail de SETHE se résume seulement à recopier textuellement les informations qu’il a recueillies dans les tombes et des monuments égyptiens. Il n’a pas fait une interprétation des scènes dans son recueil de texte. JAMES HENRY BREASTED dans son ouvrage intitulé, Ancients Records of Egypt traduit en anglais les inscriptions gravées par les pharaons et certains fonctionnaires lors de leurs expéditions dans le Sinaï ou dans d’autres pays étranger. Le livre, Ancients Records of Egypt était composé de récits de voyage et d’œuvres autobiographiques des pharaons et des fonctionnaires de l’Egypte ancienne. L’auteur nous livre le nom de certains pharaons gravant dans leur biographie, la célébration de leur jubilé. Nous avons comme exemple le cas de Pépi I et de Mentouhotep III. D’abord, Pépi I nous donne la date précise de la première célébration de son premier jubilé. Ainsi, BREASTED le traduit comme suit, « third month of the third season (twelfth month), day 27 of the King of Upper and Lowe Egypt, Merire (Pepi I), who lives forever; first occurrence of the Sed Jubilée”18 . La traduction française nous donne: « troisième mois de la troisième saison (onzième mois), vingtième septième jour, le roi de la  Haute et de le Basse-Egypte, Merire (Pepi I), vit éternellement, première fête-Sed ». Nous pouvons en déduire que Pepi I célébra son jubilé en Mai durait la saison de Shemou (MarsJuin). En effet, cette période était désignée par les Egyptiens comme étant la période des récoltes, des expéditions ainsi que des fêtes. Donc le roi Pepi I avait choisi le moment opportun pour célébrer son jubilé, c’est-à-dire dans la saison des fêtes en Egypte (Shemou). Enfin, vient la célébration de la fête-Sed du pharaon Mentouhotep III, celui-ci comme Pepi I, donne aussi le jour, le mois ainsi que la saison de la célébration de sa fête-sed, le texte est aussi présente anglais en « »First occurrence of the Sed Jubilé; Year 2, a second month of the first season (second month), day 3 19 », la traduction française nous donne : « première célébration de la fête-Sed deuxième année, second mois de la première saison (second mois) au troisième jour ». Le roi Mentouhotep III commémora son Jubilé pendant la saison des inondations qui correspond en Egypte à la période Akhet plus particulièrement le 03 Août dans le calendrier grégorien. En réalité, cette période des inondations dure de Juillet à Octobre. Nous constatons que ces deux pharaons ont célébré leur jubilé à des moments différents. L’un (Pepi I) a choisi la saison des fêtes et expéditions (Shemou) et l’autre c’est-à-dire Mentouhotep III a choisi la saison des inondations (Akhet). Mais nous notons un silence sur la cérémonie jubilaire des deux pharaons cités. En effet, BREASTED avait seulement traduit en anglais les travaux de Kurt SETHE. Et ce dernier n’a pas interprété les scènes qu’il avait reprises dans son recueil de textes Urkunden des Altes Reich. C- Les sources Grecques DIODORE DE SICILE dans son ouvrage, Histoire Universelle nous informe que cette pratique à savoir la mise à mort du roi n’était pas seulement en vigueur en Egypte ancienne . En réalité, chez les Ethiopiens il « y avait une chose encore plus extraordinaire dans ce qui regardait la mort des rois. Les prêtres de Méroé y ont acquis un très grand pouvoir. Ceux-ci quand il leur en prenait fantaisie, dépêchaient un courrier au Roi pour lui ordonner de mourir. Ils lui faisaient dire les Dieux l’avaient ainsi réglé, et qui n’avaient pas assez de force d’esprit pour réfuter à ces commandements injustes. En effet les premiers Rois se sont soumis à ces cruelles ordonnances, sans aucune autre contrainte que celle de leur superstition ». Donc les Ethiopiens mettaient leur roi en mort, cette pratique comme l’a expliqué DIODORE, est confirmée aussi par Strabon. L’œuvre de DIODORE DE SICILE contient de riches informations en relation avec à notre thème, toutefois, il n’a pas donné de détails sur ce rituel de régicide. 

La littérature existante 

ALEXANDRE MORET évoque l’absence de document qui explique les différentes phases du jubilé royal. A son avis, la signification du mot Sed demeure une incertitude. Pour lui, « Sed signifie queue : est-ce une allusion au pays royal, ceint d’une queue. Faut-il entendre avec Petrie, le mot queue au sens figuré : fin, partie terminale, ici ; « fin » d’une période de la vie du roi ? Aucune réponse décisive ne peut être donnée 23». Pour l’auteur, il n’y a pas encore une définition consensuelle pour le sens du mot Sed. En plus, dans son autre livre, Du Caractère Religieux de la Royauté Pharaonique il défend l’idée selon laquelle, le jubilé royal correspond à l’inauguration d’un édifice achevé. En effet « si la célébration d’une première fête-Sed par le roi est liée à l’inauguration d’un temple ou d’une partie de temple, on ne s’étonnera plus de constater des variations de dates pour la célébration. Nous avons vu que dès son intronisation le roi devait le service du culte divin à ses pères les dieux : pendant les premières années du règne, le Pharaon utilisait les temples déjà existants, mais il ne lui était pas indifférent d’officier dans un édifice construit par lui-même 24 ». Enfin, plus loin il ajoute que « dès son intronisation, chaque Pharaon faisait commencer les travaux pour un ou plusieurs temples édifiés en son nom. Suivant les dimensions de l’édifice, les ressources du trésor, les incidents de la politique intérieure ou extérieure, la construction du temple était plus ou moins rapide. L’édifice une fois terminé, l’an 2, l’an 18, 23, 30 ou 31 de son règne, le roi l’inaugurait en grande pompe devant des délégués de tous les temples et y prenait le bandeau serf avant de célébrer le culte divin auquel ses propres statues étaient associées ». ETIENNE DRIOTON et JACQUES VANDIER de leur côté, reviennent sur l’aspect évolutif de cette cérémonie jubilaire, pour eux « la fête-Sed est compris entre la survivance tenace d’une tradition barbare et de la conception plus humaine des générations plus évoluées. Le roi, au lieu d’être disposé, renouvelait son apparition de roi de Haute et la Basse-Egypte, et trouvait, dans ce rajeunissement tout conventionnel, nouvelles forces, grâce auxquelles il pouvait commencer un nouveau règne 26». Donc ils confirment que cette cérémonie a évolué au cours des périodes de l’histoire égyptienne. Elle passe d’un acte de barbarie à un acte beaucoup plus évolué de la conscience humaine. Elle devient une sorte de nouvelle chance qu’on accordait au roi. En somme, l’ouvrage produit par DRIOTON et VANDIER nous est d’un apport crucial, l’œuvre nous replonge dans l’histoire des Egyptiens depuis l’aube des temps jusqu’ à l’arrivée du grand conquérant, Alexandre le Grand. Toutefois, ces auteurs ne nous indiquent pas le moment exact à partir duquel cette pratique qu’ils jugent barbare a existé. Ils n’ont pas évoqué non plus les différentes phases qui composent cette cérémonie. CHEIKH ANTA DIOP, un fervent défenseur d’une Egypte africaine, confirme l’existence des rites similaires à la fête-Sed dans les royaumes négro-africains. En effet selon l’auteur d’Afrique Noire Précoloniale, « lorsque le niveau de la force vitale du roi, même légitime, baissait, on le mettait à mort soit réellement, ce qu’il semble, soit rituellement par la suite avec l’évolution. Cette pratique fut générale en Afrique Noire et en Egypte ancienne, la mise en mort correspond à la fête du Zed  ». Comme ETIENNE et JACQUES VANDIER, le savant sénégalais confirme que cette cérémonie a évolué dans temps. Pour terminer, CHEIKH ANTA DIOP montre que les Egyptiens anciens et les Africains croyaient à la baisse des forces vitales chez leurs rois. Cette comparaison entre les deux modèles de royauté constitue un moyen pour l’auteur de montrer l’unité culturelle entre l’Afrique Noire et L’Egypte pharaonique. Les œuvres de CHEIKH ANTA DIOP sont d’un apport capital, c’est grâce à ces travaux qu’on n’a connu l’existence des similitudes culturelles entre l’Egypte des pharaons et le reste de l’Afrique. Donc, l’auteur à travers ses méthodes comme les études comparatives nous livre beaucoup d’informations qui confirment l’africanité de l’Egypte ancienne. Ce que nous reprochons au professeur CHEIKH ANTA DIOP est de ne pas expliquer comment le rite de régénérescence du roi en Afrique se déroulait. Et quelles sont les différentes phases de ce processus de régénération de la force du roi ?

Table des matières

SOMMAIRE
DEDICACE
Remerciements
INTRODUCTION GÉNÉRALE
I-Revue critique des sources et de la littérature
PREMIER PARTIE : L’ETUDE GENERALE LA FETE-SED
Chapitre I : Etymologie du mot, Origine, Evolution et période de célébration de la fête-Sed
Chapitre II : Etude critique de la fête-Sed
Deuxième partie : Les Préparatifs du jubilé et processus de régénération de la force du roi
Chapitre III : Les préparatifs d’un jubilé royal
Chapitre IV : Le processus de régénération de la force du roi
Troisième Partie : L’aspect politico-historique et magico-religieux du jubilé royal et son analogie avec les rites de rajeunissement en Afrique Noire
Chapitre V: les différents aspects de la cérémonie jubilaire
Chapitre VI : La Fête-sed et Rites de rajeunissement en Afrique Noire
Conclusion
BIBLIOGRAPHIE

 

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