La gestion intégrée des ressources en eau

La gestion intégrée des ressources en eau

Comme les précipitations constituent les principaux apports en eau, leur variabilité et l’incertitude naturelle dans leur régime affectent directement l’utilisation de l’eau. D’une autre part, les usages de l’eau et le nombre d’usagers même sont en accroissement et difficiles à maîtriser. La croissance démographique et économique, l’urbanisation, l’amélioration des techniques agricoles et le progrès de l’industrie accroissent de plus en plus les besoins en eau. Et les usages que font l’homme de l’eau dégradent souvent les cours d’eau et les aquifères en termes de qualité et limite ainsi leur utilisation. Pour faire face à de tels problèmes, il devient indispensable de mettre en place des politiques adaptées de gestion de l’eau pour protéger les ressources en eau et assurer leur disponibilité à long terme. La Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) est actuellement considérée comme une approche pertinente pour faire face à la vulnérabilité des ressources en eau à ses divers usages. D’après la définition du Partenariat Mondial de l’Eau (GWP), « la GIRE est un processus qui encourage la mise en valeur et la gestion coordonnée de l’eau, des terres et des ressources associées en vue de maximiser le bien-être économique et social qui en résulte d’une manière équitable, sans compromettre la durabilité d’écosystèmes vitaux » (Global Water Partnership, 2000). En prenant compte des divers intérêts sociaux, économiques et environnementaux, « elle reconnaît les nombreux groupes d’intérêts divergents, les secteurs économiques qui utilisent et polluent l’eau, ainsi que les besoins de l’environnement » (Global Water Partnership, Manuel de Gestion Intégrée des Ressources en Eau par Bassin, 2009). L’eau est un bien social ; elle a des valeurs culturelles et traditionnelles au sein de la population. Les facteurs sociaux et la gestion des ressources en eau sont deux éléments en relation de cause à effet : si l’exploitation et la gestion des ressources en eau ont une incidence sur les facteurs sociaux, ces derniers affectent à leur tour l’exploitation des ressources en eau et leur gestion. Il est donc nécessaire de considérer les valeurs sociaux, économiques et culturels de la population dans toute décision pour une gestion durable des ressources en eau. Faute de cette considération, des conflits d’usages des ressources en eau vont apparaître.

Justification du choix du thème de recherche

La gestion des ressources en eau à Madagascar est encore loin d’être adéquate. On n’arrive pas à concrétiser des mesures pour lutter contre la dégradation des bassins versants et l’utilisation anarchique des ressources naturelles dont l’eau fait partie. Alors que les ressources en eau sont un élément vital, que ce soit pour la consommation ou pour l’irrigation des cultures, surtout à Madagascar où la majeure partie de la population vit de l’agriculture irriguée. En effet, en 2005, les prélèvements pour l’agriculture occupent 96 % des prélèvements d’eau à Madagascar (FAO). La connaissance du cycle de l’eau dans le bassin versant, y compris sa disponibilité dans le temps et dans l’espace, est indispensable pour préserver et protéger les ressources en eau. Mais cette connaissance est encore insuffisante à Madagascar pour permettre une gestion efficace des ressources en eau. Aussi l’étude des cours d’eau est laissée à l’abandon, comme le prouve le manque d’entretien des stations hydrologiques qui conduit souvent à leur fermeture. C’est la raison du choix comme domaine de recherche l’hydrologie et comme sujet de recherche les conditions naturelles et anthropiques qui influencent la disponibilité des ressources en eau. Le tarissement du lac d’Antarambiby en 2006 a entraîné une crise d’eau dans la ville de Fianarantsoa, mais aussi un confit d’usages entre la JIRAMA et les agriculteurs au niveau du bassin versant. L’année suivante, le barrage de retenue est rehaussé de 1 m pour augmenter la capacité de retenue. Source : Grand Lyon Le bassin versant de la Mandaratsy est particulièrement intéressant de par ses ressources en eau parce que la collectivité humaine touchée est assez large : d’une part il y a la population du bassin qui vit directement de ces ressources, que ce soit en amont ou en aval du barrage de retenue d’eau ; d’autre part il y a la population de la ville de Fianarantsoa que la JIRAMA alimente par ces ressources (le bassin assure environ 68 % de l’eau potable de la ville de Fianarantsoa). Le bassin versant a déjà souffert de problèmes de tarissement des eaux, comme en 2006 qui a entraîné une crise d’eau dans la ville de Fianarantsoa (photo 1). Ayant vécu cette crise, nous avons la volonté de contribuer à l’amélioration de la gestion des ressources en eau dans la région Matsiatra Ambony comme dans tout Madagascar, pour éviter la répétition d’une telle crise d’eau où que ce soit.

Problématiques et objectifs de la recherche

Le bassin versant de la Mandaratsy est sujet à des problèmes sur la gestion de l’eau. En amont, la croissance de la population doit s’accompagner d’une augmentation de la surface cultivée et donc des besoins en eau, ce que la JIRAMA tend à limiter afin de préserver la qualité et la quantité d’eau captée dans le lac de retenue. En aval, il y a des difficultés d’irrigation par insuffisance d’eau de surface. Une bonne connaissance des ressources en eau, de leur cadre naturel et des divers facteurs qui concourent dans leur répartition, est nécessaire pour mieux gérer l’eau à travers ses multiples communautés d’usagers. D’où émerge la question suivante, qui constituera la problématique principale de cette recherche : quels éléments naturels et anthropiques influencent la disponibilité des ressources en eau superficielle dans le bassin versant de la Mandaratsy ? Pour y parvenir, il faudra trouver des éléments de réponse à des questions telles que : de quelle façon les ressources en eau se répartissent-elles dans l’espace et dans le temps ? Quel est le rôle du cadre naturel dans la répartition spatiotemporelle des ressources en eau ? Quelle est l’influence du milieu humain sur la disponibilité des ressources en eau ? Tout en essayant d’apporter des réponses à ces questions, le présent travail de recherche a comme objectifs : ➢ de comprendre les relations entre les divers facteurs naturels et anthropiques qui jouent sur la variabilité spatio-temporelle des ressources en eau : les apports, le cadre et la dynamique du milieu naturel, les prélèvements humains ; ➢ d’apporter une amélioration aux outils de décision existants pour la gestion du bassin versant, à travers des études spatiales des ressources en eau de surface de la zone étudiée.

Présentation de la zone de recherche

Le bassin versant de la Mandaratsy est situé dans la partie sud-est des hautes terres centrales de Madagascar. La rivière Mandaratsy est un affluent de rive gauche de la Matsiatra dans laquelle elle se déverse à 3 km à l’ouest de Mahasoabe. La Matsiatra rejoint à son tour le Mangoky qui se jette dans le canal du Mozambique sur la côte ouest de Madagascar. Ainsi le bassin versant de la Mandaratsy est un sous-bassin versant du Mangoky, le plus grand fleuve de Madagascar par la superficie de son bassin versant et par sa longueur2 (croquis 1). Administrativement, le bassin versant de la Mandaratsy se trouve dans l’est de la région Matsiatra Ambony. Elle est située en grande partie dans la commune rurale de Mahasoabe dans le district de Vohibato. Cette zone est distante d’une vingtaine de kilomètres de Fianarantsoa en allant vers l’est en empruntant la route de Mahasoabe jusqu’au hameau d’Ambatolahimpanjaka, puis vers le sud, en empruntant une route non bitumée. Le bassin versant de la Mandaratsy jusqu’à la confluence avec la Matsiatra, s’étale sur une superficie de 4242 ha. Il est situé à 1290 m d’altitude en moyenne, sur un relief de collines alternées de vallées étroites, avec un escarpement assez marqué à l’est comme transition entre le relief collinaire et la vallée de la Matsiatra dans la région de Mahasoabe. Le pendage général du relief est d’ouest en est, direction suivant laquelle s’écoule le réseau hydrographique. Le relief culmine à 1432 m à l’ouest d’Anahipotsy tandis que l’exutoire, c’est-à-dire la Matsiatra, se situe à 1070 m d’altitude (croquis 3). L’étendue du bassin versant est délimitée par les coordonnées géographiques suivantes : ➢ entre les latitudes 21° 32′ 13.56″ Sud au nord et 21° 36′ 41.04″ Sud au sud; ➢ entre les longitudes 47° 06′ 42.48″ Est à l’ouest et 47° 12′ 35.28″ Est à l’est. 

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