La lutte contre les vecteurs du paludisme

Généralités sur le paludisme

Le paludisme dans le monde et en Afrique : Le paludisme est une maladie parasitaire qui sévit de façon quasi permanente dans plus de 90 pays à travers le monde. Selon les estimations de l’OMS, en 2015 environ 214millions de nouveaux d’infection palustre ont été à l’origine de 438 000 décès, dont les 80% étaient enregistrés dans seulement 15 pays principalement sur le continent africain (WHO, 2015). Les couches les plus vulnérables demeurent les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, toutefois le déplacement du risque d’infection aux jeunes adultes a été rapporté dans des études récentes (Trape et al., 2011).
Au cours des15 dernières années, les investissements déployés dans la lutte ont permis une baisse significative de l’incidence palustre et ont permis l’atteinte l’objectif-6 des OMD. En effet, conformément à l’objectif défini par l’Assemblée mondiale de la Santé, 57 pays ont réduit de 75 % le nombre de cas palustre au niveau national à l’horizon 2015 (WHO, 2015).
Transmission du paludisme : Le paludisme humain est transmis à l’homme par la piqûre d’un moustique du genre Anopheles, lui-même infecté après avoir pris un repas infecté sur un homme impaludé. Le cycle de Plasmodium est complexe et comporte deux étapes essentielles : une phase asexuée chez l’homme, et une phase sexuée chez le moustique. Seules les femelles sont vectrices car les mâles sont non-hématophages (Carnavale et al., 2009).

Les vecteurs du paludisme

Les vecteurs du paludisme humain appartiennent au Genre Anopheles, à la Sous-Familles des Anophelinae, à la Famille des Culicidae (ou moustique), au Sous-Ordre des Nématocères, à l’Ordre des Diptères, à la Sous-Classe des Ptérygotes, à la Classe des Insectes et à l’Embranchement des Arthropodes. Environ 484 espèces anophéliennes ont été décrites à travers le monde, dont une soixantaine sont vecteurs et parmi lesquelles une vingtaine assurent l’essentiel de la transmission. La répartition géographique et le comportement de ceux-ci déterminent la réparation et l’endémicité de la maladie (Carnavale et al., 2009).
Bio-écologie des anophèles : Les anophèles sont des insectes à métamorphose complète (holométaboles). Le cycle de développement des anophèles, comme celui des autres moustiques et diptères, comprend quatre stades. La phase pré-imaginale (œuf, larve et nymphe) est aquatique alors que la phase imaginale (adulte ou imago) est aérienne. Au cours de son cycle (figure 1), le moustique subit deux changements majeurs (métamorphoses) pour passer de la larve à la nymphe et de la nymphe à l’adulte, respectivement.

La lutte contre les vecteurs du paludisme

La lutte anti-vectorielle contre le paludisme repose sur des mesures d’interruption ou de réduction de la transmission des Plasmodium par une ou des populations de vecteurs à travers une diminution de leur longévité et/ou de leur densité. Elle comporte deux principaux volets dirigés soit contre les larves (lutte anti larvaire) soit contre les moustiques adultes (lutte anti adulte), essentiellement basés sur l’utilisation d’insecticides.

La lutte anti adulte

Cette lutte a pour objectif la réduction ou la suppression de la transmission palustre par la réduction du contact homme-vecteur et/ou de la longévité de la population imaginale. Elle repose sur deux stratégies majeures basées essentiellement sur l’utilisation d’insecticides à effet rémanent : l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA) et la pulvérisation intra-domiciliaires d’insecticide à effet rémanent (PID).
Les MILDAs constituent un outil de lutte très efficace et permettent de réduire le contact hôte-vecteur et donc les risques d’infections palustres, diminuant par conséquent, de manière significative, l’incidence globale de la maladie, en particulier dans les zones de forte transmission (Bhatt, 2015). Par ailleurs, des essais scientifiques contrôlés sur les MILDA dans des zones présentant des risques de transmission différents, ont démontré le rôle fondamental des ceux-ci, en termes de réduction significative de la transmission et de l’augmentation du taux de survie infantile (Malaria, 2010). Selon l’indicateur 6.6 des OMD dans le rapport de l’OMS sur le Paludisme en 2015, la proportion d’individus ayant accès à une MII au sein du foyer dans la population est passée de 2 % en 2000 a55 % en 2015, soit une variation de plus de 100 (OMS, 2015). L’application et l’intensification des aspersions intra-domiciliaires (AID) d’insecticide à effet rémanent ont permis de protéger 116 millions d’habitants à travers le monde, en 2014 (OMS, 2015).
Selon le dernier rapport sur le paludisme, la région africaine de l’OMS, avec 49millions de personnes ayant bénéficié de cette intervention, a le plus grand nombre de personne et la plus grande proportion de la population a risques protégés par les AIDs en 2014 (OMS, 2015). Bien qu’ayant permis de réduire de façon significative l’incidence de la maladie, la question de la durabilité de la lutte imagocide chimique est sujette à discussion au sein de la communauté scientifique et le recours à une lutte intégrée, avec une composante anti-larvaire en complément, émerge de certains débats.

La lutte anti-larvaire

La lutte anti-larvaire regroupe toutes les mesures mises en place au niveau des gites larvaires dans le but d’empêcher, de réduire ou de supprimer la formation des stades aquatiques des espèces vectrice du paludisme (OMS, 1974). C’est l’une des principales mesures de réduction de la densité des populations vectorielles, mise en place en complément des principales mesures de lutte anti-vectorielles, à savoir (MILDA, AID) (WHO, 2004 ; 2008).
Les opérations anti-larvaires dans le cadre de la gestion des gîtes larvaires (GGL) décrites dans le manuel de référence sont constituées (OMS, 1974).
des modifications apportées à l’environnement d’un gite larvaire afin de le rendre impropre au développement des larves de moustiques ;
de la protection et de l’usage à bon escient des ressources en eau, ainsi que l’évacuation convenable des eaux usées pour empêcher la création de gites larvaires ; l’emploi des méthodes mécaniques pour éliminer, réduire ou modifier ces gîtes ; l’utilisation de larvicides chimiques pour tuer les moustiques durant les stades aquatiques ;
de l’emploi d’agents biologiques tels que les poissons larvivores, les bactéries ou hormones juvéniles. La mise en place d’un bon programme de GGL nécessitent une parfaite adaptation aux conditions environnementales locales. Il doit reposer sur des études de faisabilité et du rapport coût-efficacité. De même que les interventions de lutte anti-vectorielle essentielles, la gestion des gîtes larvaires est une opération financière et technique majeure, nécessitant à la fois un appui de la communauté et un engagement politique à long terme (WHO, 2004 ; 2008).
Une gestion correcte des gîtes larvaires peut contribuer à réduire la densité des moustiques endophages/philes et exophages/philes et, dans la phase pré-élimination du paludisme, peut représenter une mesure complémentaire pour réduire la population vectrice dans les dernières zones à risque. Elle permet aussi aux programmes de réduire leur dépendance aux insecticides, contribuant ainsi à prévenir l’émergence de la résistance à ces derniers (OMS,2013).

Biologie

La phase aquatique

Après la copulation, et une prise de repas, puis digestion et maturation des œufs les femelles fécondées pondent au vol 100 à 400 œufs isolés à la surface de l’eau (Yaro et al., 2006). Les œufs d’anophèles, de petite taille, d’environ 1mm, sont blancs à la ponte puis brunissent. Ils sont peu résistants à la dessiccation et bordés de flotteurs latéraux ou sacs d’air leur permettant de rester à la surface de l’eau (Macdonald, 1957). L’éclosion se produit généralement entre 24 et 36 heures après la ponte, mais elle peut être retardée par des baisses de température ou la nature de l’eau (Holstein et al., 1949 ;Yaro et al., 2006). L’éclosion des œufs donnent des larves de stade 1 (1,5 mm de long) qui croissent d’une croissance discontinue jusqu’au stade 4 (8-10 mm de long). Morphologiquement, une larve comprend trois parties : la tête, le thorax et l’abdomen . Elles sont capables de nager dans l’eau grâce à des mouvements ondulants de leur corps (OMS, 1999). Les larves d’anophèle s’alimentent en général de microplanctons et de matières organiques en décomposition à la surface de l’eau, tandis que les autres genres de moustiques s’alimentent en profondeur. Les larves d’anophèle sont facilement reconnaissables parleur position parallèle sous la surface de l’eau, contrairement à celles des Culicinae qui ont une position verticale ou oblique par rapport a la surface de l’eau. Pour respirer, la larve d’anophèle remonte régulièrement à la surface de l’eau et recueille ainsi l’oxygène atmosphérique, grâce à ses stigmates respiratoires qui affleurent au niveau de sa cuticule. Chez les Aedes et Culex, ces stigmates sont situés à l’extrémité du siphon respiratoire (Carnavale et al., 2009). A la quatrième mue, les larves de stade 4 se transforment en nymphes dont la durée de vie est très courte (1 à 2 jours) selon les espèces et les conditions écologiques (Fouet et al., 2010). La nymphe ressemble à une virgule et est munie de deux trompettes respiratoires qui lui permettent de respirer (Williams et al., 2012). Elle possède aussi des palettes natatoires qui lui permettent de faire des mouvements brusques et saccadés (Robert et al., 1984). La nymphe ne se nourrit pas, elle reste sous la surface de l’eau et plonge au fond de l’eau dès qu’elle est dérangée (OMS, 2003). A la fin du stade nymphal, la suture ecdysiale, située sur la face dorsale du thorax, se fend longitudinalement et libère l’adulte de l’exuvie nymphale : c’est l’émergence et le début d’une vie aérienne.

La phase aérienne

La durée de vie de l’adulte est variable selon les espèces et les conditions écologiques. Elle constitue l’élément de base de la biologie de la femelle. Seules les femelles, hématophages, sont capables de transmettre la maladie. En effet, elles ont besoin de sang pour la maturation des œufs. Les femelles d’anophèle ne s’accouplent en général qu’une seule fois au cours de leur vie et stockent les spermatozoïdes dans la spermathèque. Les œufs à maturités après 2 ou 3 jours, sont fécondés au cours de la ponte. La vie de la femelle est rythmée par le cycle gonotrophique ponctué de prise de repas de sang, de la digestion du repas et la maturation des œufs, et de ponte des œufs matures (Carnavale et al., 1979).
Les anophèles adultes peuvent être reconnus au repos par leur position oblique par rapport au support, les différenciant des Culicinae qui reposent parallèlement par rapport au support (Carnavale et al., 2009).

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE 
I. 1 Généralités sur le paludisme 
I. 1.1 Le paludisme dans le monde et en Afrique
I. 1.2 Transmission du paludisme
I .1.3 Les vecteurs du paludisme
I .1.3.1 Bio-écologie des anophèles
I.2 La lutte contre les vecteurs du paludisme
I.2.1 La lutte anti adulte
I.2. 2 La lutte anti-larvaire
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
II .1 Zone d’étude 
II.2 Matériel
II.3 Méthodologie
II.3.1 Echantillonnage des larves sur le terrain
II.3.2 Description de la station expérimentale
II.3.3 Insecticides utilisés
II.3.4 Bio-essais
II.3.5 Identification des spécimens
II.3.6 Validation des tests et interprétation des résultats
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION 
III 1. Résultats
III.1.1. Durée de suivi
III.1.2. Efficacité et rémanence du traitement au Vectobac WG
III.1.3. Efficacité et rémanence du traitement au Vectobac GR
III.1.4. Efficacité et rémanence du traitement au Vectomax CG
III.1.5. Efficacité et rémanence du traitement au Métalarv S-PT
III.2. Discussion
CONCLUSION ET PERSPECTIVE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIES 

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