LA RIZICULTURE FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES EN BASSE CASAMANCE

LA RIZICULTURE FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES EN BASSE CASAMANCE

Etat de la riziculture au Sénégal et en Basse Casamance

  La riziculture au Sénégal L’agriculture sénégalaise est une agriculture multifonctionnelle et vulnérable (PNUD, 2009a). Elle ne représente que 17 % du PIB, expliquant, ainsi, que 54 % de la population vivant audessous du seuil de pauvreté dont 70 % sont concentrés en milieu rural (FAO, 2009). Le riz joue un rôle prépondérant dans la satisfaction des besoins alimentaires et son importance ne cesse de croître. Au fil du temps, les populations sénégalaises se sont accommodées à la consommation du riz à tel point que le Sénégal est devenu un des plus gros importateurs de brisures de riz en Afrique de l’Ouest après le Nigéria (Gueye, 2004). L’évolution de la consommation de riz du pays a été très rapide depuis la fin de la deuxième guerre mondiale (ISE, 2003; PNUD, 2005). Sa consommation moyenne annuelle par tête est estimée à 90kg/hab/an au niveau national (Mendez et al., 2019). En effet, si la consommation apparente en riz au Sénégal était de 400 000 tonnes en 1995 (PNAR, 2009), en 2002 ils ont augmenté de près de 63 % passant de 435 500 tonnes à 709 575 tonnes soit en valeur de 59 à 110 milliards de F CFA. Les parts de marché se situent respectivement pour le riz local entre 7 et 13 % et de 87 à 93 % pour le riz importé. Il faut souligner que près de 30 % du riz local est autoconsommé. L’évolution de la consommation de riz du pays a été très rapide depuis la fin de la deuxième guerre mondiale (ISE, 2003; PNUD, 2005). De ce fait, le riz, à lui seul, est responsable pour 16% du déficit de la balance commerciale et ce phénomène a tendance à s’amplifier dans le temps car la production nationale progresse moins vite que la consommation qu’elle ne couvrait qu’à hauteur de 20% seulement (PNAR, 2009; SANÉ, 2017) Les principales zones de production du riz au Sénégal, par ordre d’importance sont : le Bassin du Fleuve Sénégal qui fournit en moyenne 65 % de la production nationale de riz paddy sur 34 % des superficies cultivées en riz, la Région de Kolda qui fournit 17 % de la production nationale de riz paddy sur 30 % des superficies cultivées en riz, la région de Ziguinchor qui fournit en moyenne 15 % de la production nationale de riz paddy sur 31 % des superficies cultivées en riz et les autres zones de moindre envergure, regroupant les régions de Kaolack, Fatick et Tambacounda, qui fournissent 3 % de la production nationale de riz paddy sur 5 % des superficies cultivées en riz (Gueye, 2004; CGER, 2014)  La riziculture en Basse Casamance 4 La Basse Casamance a une longue tradition de riziculture. Elle remonte à au moins 1500 ans (SALEM, 2013) Durant la période coloniale, le riz était utilisé pour payer l’impôt et pour participer à l’effort de guerre. Plus tard, Il est devenu dans certains milieux diola un des critères de richesse (MENDY, 2015). Durant cette même période, la culture de l’arachide a été introduite dans le pays du fait des revenus importants qu’elle permettait d’avoir, son développement a connu un rythme très rapide au détriment des cultures vivrières. En 1996, la zone éco géographique de la Casamance au Sud du Sénégal occupe 61 % de l’ensemble des terres destinées à la riziculture. Mais sa contribution à la production nationale n’est cependant que 29 %(FALL & DIEYE, 2008). Le taux de couverture des besoins alimentaires par la production nationale révèle une situation de déficit, compensé par des importations (riz, blé). Contrairement au contexte actuel, en 1965, HABAS considérait la Casamance comme la principale région rizicole du Sénégal avec 66.000 hectares de rizières fournissant 67.000 tonnes de paddy, sur les 95.000 tonnes produites pour l’ensemble du Sénégal, la part de la Casamance dans la production totale du pays atteignait 70 010 tonnes. En 1968, pour une superficie de 65 000 hectares, était de 82 000 tonnes de riz alors que la production nationale du Sénégal s’élevait à 125 000 Tonnes pour une superficie de 88 000 hectares(HABAS, 1965a). Les rizières en Basse Casamance sont exposées à la salinisation. En effet la vallée du fleuve Casamance est envahie par l’intrusion des eaux marines. L’avancée de la langue salée explique la salinisation et l’acidification des terres surtout au niveau des vasières et de certains bas-fonds. Selon la FAO (2007) et les estimations les plus récentes, elle affecte au moins 400 millions d’ha et en menace gravement une surface équivalente. L’une des conséquences majeures de la perte des terres rizicoles est la baisse des productions agricoles en général et celles rizicoles en particulier(J.P. MONTOROIA. DOBOS’ et al., 2008; SANÉ et al., 2010). Cette baisse des récoltes est attestée par le fait que le système qui consistait, jadis, à garder les récoltes de riz dans les greniers pendant des années voire des décennies, n’existe plus. L’insécurité alimentaire quasi chronique s’est définitivement installée un peu partout dans les campagnes de la Basse-Casamance (Sané, 2008). La riziculture traditionnelle de bas-fonds, malgré son importance locale au niveau social et alimentaire, a reçu très peu d’appui bien qu’elle soit confrontée à de grands problèmes à court et long terme (Gueye, 2004). Les pertes de productivité découlant des changements climatiques aggraveront les crises alimentaires et par la même occasion la vulnérabilité des communautés déjà récurrente dans la zone (Barrat, 2012).

Les systèmes de production rizicole en Basse-Casamance

Le riz est une plante extrêmement plastique. Elle se cultive dans des environnements aussi bien variés que contrastés (Pélissier, 1966). Les systèmes de production du riz sont presque uniquement dominés par des exploitations familiales de petite taille (Manzelli et al., 2015). Schématiquement, partant des plateaux et en se dirigeant vers les estuaires et les marigots, on rencontre 4 types de rizières : le riz pluvial cultivé avec le seul secours de l’eau de la pluie, les rizières hautes (riziculture pluviale assistée par la nappe phréatique ou riziculture de nappe), les rizières moyenne (la riziculture de bas-fonds sur sols hydromorphes et les rizières basses (riziculture de mangrove ) HABAS (1965).  La riziculture pluviale stricte Le riz pluvial ou pluvial strict est cultivé dans des parcelles non inondables et sans l’intervention de la nappe phréatique. Il ne bénéficie donc que de l’eau de pluie. En Afrique de l’Ouest, selon l’ADRAO (2008), la riziculture pluviale est prépondérante, elle représente environ 40% des superficies cultivées en riz avec des rendements généralement faibles se situant entre 0,5 et 1,0 tonne/ha en Afrique. La culture du riz est tributaire du climat (pluviométrie totale et pluviosité). La pluviométrie détermine la période de culture du riz pluvial. Cette dernière est beaucoup plus sensible à la répartition des pluies qu’à la quantité totale de pluies pendant une saison. Le déficit hydrique pendant la campagne rizicole réduit considérablement les rendements, surtout au stade de reproduction(Akintayo et al., 2008). La riziculture traditionnelle (ou pluviale) représente une importante exploitation agricole dans la région Casamançaise (Bacci & Tarchiani, 2013)  Riziculture pluviale assistée par la nappe phréatique (riziculture de nappe) La riziculture pluviale de nappe se pratique au niveau intermédiaire du topo séquence, en bas de pente. Sa principale caractéristique est que l’apport hydrique est assuré par la pluie et par la nappe phréatique qui affleure pendant certaines périodes de l’année (Bacci & Tarchiani, 2013; Manzelli et al., 2015b) Les terres sont ainsi temporairement submergées pendant des périodes plus ou moins longues. Elles sont relativement plus fertiles que celles où se pratique la riziculture pluviale stricte. La pression des mauvaises herbes, des maladies et des insectes (foreurs de tige) y est plus importante.  Riziculture submergée d’eau douce (riziculture de bas- fond) La riziculture pluviale submergée se fait sans aucune maîtrise de l’eau et la submersion résulte de l’accumulation des eaux de pluie. Elle est pratiquée sur sols hydromorphes de transition 6 (Manzelli et al., 2015b) dans les vallées intérieures et sur sols de transition entre le plateau et la mangrove.  La riziculture de bas-fonds sur sols hydro morphes Elle est caractérisée par la submersion du riz due à l’accumulation des eaux de pluie et pratiquée dans les vallées intérieures et long les cours d’eau principaux sur sols de transition entre le plateau et la mangrove/tanne  La riziculture de mangrove : Ce type de riziculture est pratiqué dans des plaines récupérées de la mangrove et sur des sols sableux situés à proximité de la mangrove (ZINGORE et al, 2014). Sa principale caractéristique est la forte présence de sel dans le sol. Ce qui constitue la contrainte majeure. L’autre contrainte associée à ce type de riziculture est l’acidité du sol. Toutefois, cette forme de riziculture n’est pas diffuse dans la région même si les agriculteurs utilisent de variétés de riz spécifiquement sélectionnées pour la mangrove. 

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