LA\ TRADITION DANS … LE THEATRE DE CHEIK ALIOU NDAO

LA TRADITION DANS … LE THEATRE DE
CHEIK ALIOU NDAO

La politique

Le reproche, souvent adressé à Cheik Aliou Ndao par la critique, est d’ignorer dans son théâtre les préoccupations de la plèbe, du petit peuple de manière générale, et de s’intéresser qu’aux hautes sphères de la société: la vie de cour, les intrigues politiques, les problèmes liés au destin et àla survie des royaumes. Aurait- il compris avec Aimé Césaire que les problèmes majeurs de l’Afrique sont des problèmes politiques? Et pour peu qu’on nourrisse de grandes ambitions pour l’Afrique contemporaine, on ne peut manquer de se passionner pour la politique. Elle façonne, elle ‘organise, oriente et ordonne lavie du peuple et à ce titre, elle s’intéresse à la plèbe et à son destin. Nous remarquons deux catégories de pièces dans le théâtre politique de Cheik Aliou Ndao. Des pièces dont l’histoire et la mythologie sont les soubassements essentiels et des pièces proches de l’événement qui plongent directement dans l’actualité. Appartiennent à la première tendance: L’Exil d’Albouri  l’homme , Du Sang pour un trone . Pour l’essentiel, toutes ces pièces ont pour cadre le XIX’ siècle et la grande problématique politique en récurrence, constitue la résistance anti-colonialiste. Or, ces mouvements de résistance auront un impact certain dans le dernier des Etats africains. De leurs séquelles ou de leur cendre, s’élabore savamment toute une stratégie de recomposition géopolitique arbitraire, repensée par les puissances ‘coloniales pour mettre en place des Etats nains et affaiblis encore longtemps contre toute tentative de sédition. Face à la menace coloniale, Albouri quitte le Djoloff, conscient de ses limites militaires, et veut rallier le royaume d’Ahmadou de Ségou àl’Est. Macodou, le cayorien, veut s’approprier le trône de Saloum pour juguler l’avancée des forces coloniales Samory, ne cède point aux desseins pacifistes de son fils Karamoko et ne voit d’autre alternative que dans une confrontation sans merci avec « les peuples de la mer» quitte à s’allier avec ce qu’il reste de l’armée de Behanzin de Babemba à Sikasso, à la cavalerie puissante d’Albouri. Et ce n’est point un fait de hasard si Cheik Ndao a trouvé l’inspiration dans l’épopée de ceux-là même parmi les souverains qui avaient mieux compris les enjeux politiques de l’implantation coloniale. Cette hargne combative, leur provenait moins de [‘humiliation d’un amour propre écorché vif, de la délicatesse d’un prestige ancestral, falpilial à préserver que de la compréhension, plutôt de la conscience de la grandeur et de la noblesse de la cause à défendre. Le destin du peuple et l’avenir du pays sont en questIOn. Une telle perception de l’idéal collectif fait de ces suzerains des personnages d’une grande envergure politique. En les peignant sous des traits par moments grossis jusqu’au mythe, le dramaturge avait conscience de traduire à dessein de symboles des modèles, des projets politiques. La nature du régime monarchique qui concentrait entre leurs mains tous les pouvoirs parfois, n’en faisait pas pour autant des » tyrans» comme dépeints par l’histoire coloniale. La propension à la concentration, la lenteur des résolutions à prendre, constituent des preuves certaines de la lucidité de leur attitude politique, de la pleine mesure de leur responsabilité historique, de la gravité, de la portée et du poids de la décision à assumer. Devant la pression des événements, Albouri en perd le sommeil, Samori se surprend à monologuer, Macodou s’enferme et médite, confus. Toutes autres conduites qui jurent nettement avec le flegme et la froideur tranquilles de  » roitelets, stupides, égocentriques, capricieux,sanguinaires et insouciants» tels que décrits dans des manuels d’histoire douteuse. En agissant, optant et décidant, ils avaient la claire conscience qu’ils inscrivaient leurs actes dans l’histoire, qu’ils travaillaient pour la postérité, qu’ils étaient en train de modeler le destin du peuple et qu’ils auraient moralement à répondre de leurs faits devant les ancêtres, les dieux, la lignée, la famille, le rang et le sang: les garde – fous virtuels de leur conscience politique.

L’actualité 

En puisant l’inspiration dans une source plus fraîche avec l’Île de Bahila 51 1 D’ .. 52 et a 1 dl’1 d ‘ . eOSlOn e ramaturge a vou u reg er eux preoccupatIOns fondamentales: d’une part, blesser la conscience collective pour ainsi susciter l’élan de solidarité du monde sur le sort tragique du noir eu égard à la condition de paria de marginal, d’exclu qui lui est faite dans un système qui, paradoxalement, se targue d’être le plus performant, la société la plus riche, la plus puissante. La ségrégation raciale prive l’homme noir de ses droits les plus élémentaires aux Etats-Unis: droits civiques, droits à une vie décente, droits à une citoyenneté reconnue et acceptée, comme si trois siècles d’esclavage n’avaient pas suffi à son calvaire Oa destinée tragique des peuples du Tiers – monde soumis à la tyrannie féroce des régimes dictatoriaux, modèle duvallerien) D’amre part, dans cette forme d’élargissement du champ de sa création, Cheik Aliou Ndao a pensé imprimer un cachet universaliste àson œuvre. L’humanisme qui traverse toute sa production variée et diversifiée, est un appel à l’action, un appel au dialogue. Omar N’dao assistant àla faculté de Lettres, présentant Cheik Aliou Ndao, invité du forum littéraire au Centre Culturel Français (C.C.F), faisait remarquer: Avec La Décision et i’ile de Bahila, le dramaturge montre qu’il n’est pas enlisé dans un passé ou rêvé ou révolu, mais qu’il est aussi présent dans la contemporanéité et on voit très bien dans ces drames, ce qui se joue dans une partie du Tiers – monde. L’espace auquel se réfère ses œuvres, est un espace déserré, très large qlli nOliS mène de Bamako à Bandiagara, de New-York à Dakar, en passant par Grenoble et L’Angleterre. Son œuvre prolonge à l’envi et à l’infini l’espace des possibles Et pourtant, aussi paradoxal qu’il semble, en visitant les mythèmes d’Albouri, de Samori, de Macodou, ces résistants du 19’ siècle, le dramaturge plonge au cœur de la contemporanéité au cœur des conflits politiques qui secouent très fortement l’Afrique et une partie du monde et qui ont noms, passion démesurée du pouvoir, recherche effrénée d’honneur et de prestige, dictature, autoritarisme exacerbé, irrédentisme, dissensions àrelents ethnicistes, sectariste, tribalisme, jalousie, trahison, désir de se dépasser, cruauté et tant d’autres phénomènes qui ont été àla base de la plupan des motivations humaines, aussi bien dans le passé que de nos jours. Montrer la lutte de l’homme contre lui même dans ce qu’il a de pire dans ses penchants; ne pas lui mentir en lui révélant ses bas~esses ; le peindre également dans ses mouvements de victoire sur ses vices et le triomphe du Bien et du Beau, l’exalter quand il se sacrifie pour la communauté sans lui cacher sa lâcheté et son égoïsme, bref présenter l’être humain sous ses différentes facettes et même l’imaginer dans une civilisation du futur, telle nous semble être la source d’inspiration royale de CheikAliou Ndao.

Table des matières

Introduction
1è.. Partie: Les survivances de la tradition dans
la composition dramatique et l’écriture
1.1 – L’inspiration
1.1.1 – L’histoire
1.1.2 – La politique
1.1.3 . L’actualité
1.2 – Le paratexte
1.3· La structure
1.4 – La thématique
1.4.1 – La lutte contre les forces oppressives pour la
liberté
1.4.2 .. La gestion du pouvoir politique
1.4.3 .. l’Amour
1.4 4 – La sauvegarde de l’héritage traditionnel
1.5 – Les personnages
1.5.1 -Les principaux personnages, tenants du pouvoir politique
1.5.2 – Les personnages féminins de la lignée royale
1.5.3 -Les personnages traditionnels (griots .. courtisansj
1.6 -les conflits et leur rapport aux conceptions
traditionnelles et croyances
2.1- Le traitement de l’espace et du temps
2.1.1- L’espace
2.1.2 -Le temps
2.2 Le style
2.2.1 -Le ton
2.2.2- La poésie du langage
1 2éme parti~ La réalisation s ectaculaire
3.1· Les formes d’expression traditionnelle
Le chant, la musique et la danse
3.2· Le décor et la scénographie
3.3 – Les acteurs et le jeu
4.1 – Le message
4.2 – Le public
4.3 – Les lieux théâtraux
4.4- Les moyens et la diffusion
IICONCLUSI01
IIBIBLIOGRAPHIE

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