LA VULNERABILITE DE LA COMMUNE D’ARRONDISSEMENT DE THIES-NORD AUX INONDATIONS

LA VULNERABILITE DE LA COMMUNE D’ARRONDISSEMENT DE THIES-NORD AUX INONDATIONS

Morphologie urbaine

La structure des quartiers

La morphologie de la commune d’arrondissement montre une zone espacée avec des rues ombragées mais qui tend aujourd’hui à s’étouffer en raison d’une urbanisation anarchique et un site plus ou moins sensible. La commune d’arrondissement compte 21 quartiers assez monotones. On note des quartiers anciens qui témoignent de l’époque coloniale comme Escale nord où se localise une partie du pôle administratif de la ville de Thiès. Ce quartier concentre une bonne partie des fonctions urbaines de la ville (administration, finances, industrie, commerce, culture). Au Nord et à l’ouest de ce quartier, qui regroupe le marché central de la ville, se dessine une couronne de quartiers qu’on pourrait qualifier de périurbains en raison de la ceinture qu’ils forment autour de ce quartier central. Cependant, ces quartiers ne cessent d’augmenter en raison d’une part de la croissance démographique de la ville et d’autre part de l’absorption des villages environnants. C’est le cas de Pognène, Keur Saïb Ndoye, Diassap, Keur Issa, rattachés aujourd’hui à la commune d’arrondissement. Dans la compréhension du dynamisme urbain de notre zone d’étude, nous avons senti l’opportunité de présenter quatre quartiers de la commune d’arrondissement à savoir Médina Fall, Nguinth, Diakhao et Escale nord (Figure 15). Le choix n’est pas anodin et répond à la problématique de ce travail d’étude et de recherche car ces quartiers sont les plus affectés par les inondations. Le quartier de Médina Fall Médina Fall est un quartier situé à l’est de la commune d’arrondissement. Il est créé en 1951 à la suite de l’installation de l’atelier de réparation des chemins de fer en 1923 et constitue le quartier le plus peuplé de la commune d’arrondissement et de la ville de Thiès. Il est situé de part et d’autre de la voie ferrée en direction de Saint-Louis et est traversé par la RN2. Toutefois, ce quartier est localisé dans un site bas qui constitue le prolongement de la cuvette de Thiès en direction de Fandène. 44 C’est un quartier très dense, religieux et pauvre en termes de structures de base17. Les habitats sont faits en briques avec pour beaucoup des toits en zinc. Le quartier de Nguinth Ce quartier fait suite à l’installation de la Mission catholique et se situe à l’ouest de la route nationale 2. Il est localisé dans un site bas et constituait jadis une zone propice à la pêche continentale et à l’arboriculture en raison des points d’eau qu’il regorgeait et est aujourd’hui caractérisé par la présence d’une nappe moins profonde. Figure 15:Répartition des quartiers de la commune d’arrondissement de Thièsnord (S.B.NGOM, 2013) L’installation des populations dans cette zone a été facilitée par la sécheresse qui a tari les marigots et abaissé la nappe. La morphologie de Nguinth laisse apparaître un quartier relativement pauvre. Selon le délégué de quartier, la zone de Nguinth n’était pas faite pour supporter cette population actuelle et les chantiers de Thiès sont venus renforcer les  inquiétudes des populations, car la route qui coupe le quartier en deux, constitue plus une digue pour les eaux qu’une voie de dégagement. Le quartier de Diakhao Situé en bordure ouest de la commune d’arrondissement, il constitue le deuxième quartier le plus peuplé après Médina Fall. Sa création est liée à l’avènement du camp militaire qui limite son extension vers l’ouest en direction de Dakar. Réputé comme quartier populaire, il est caractérisé par une proportion assez importante d’habitations irrégulières contrairement aux chiffres énoncés par les autorités locales. La simple observation en donne la preuve. Ce quartier est traversé par le grand canal de drainage des eaux qui de nos jours est marqué par un ensablement très important limitant l’évacuation des eaux en saison pluviale. Le quartier d’Escale Nord Situé à l’est de la commune d’arrondissement, il constitue le centre ville de Thiès où sont localisés le marché central et certains bâtiments administratifs. C’est un quartier régulier en raison de la présence de nombreuses fonctions urbaines de la ville. Toutefois le système d’assainissement pose de sérieux problèmes aux activités socio-économiques en raison de la digue constitué par la voie ferrée située au cœur de la cuvette.

La structure de l’habitat

La structure de l’habitat dans la commune d’arrondissement fait ressortir des habitats équipés, sous-équipés et des habitats irréguliers. L’espace est dominé d’après les autorités municipales par les habitats équipés. Toutefois, dans les quartiers vulnérables, la pauvreté et l’absence de moyens justifient la floraison d’habitats sous-équipés et irréguliers (Annexe 1). L’habitat reflète le niveau de vie en milieu urbain. Dans la majeure partie de la commune d’arrondissement, on ne note pas l’existence de construction en case, type de construction des milieux ruraux. En revanche, les habitats sont construits en briques avec pour certains, des toits en zinc comme Médina Fall, une certaine partie de Nguinth. Par contre, dans le quartier d’Escale Nord, on rencontre des constructions en tuiles et l’existence d’habitats collectifs sous forme d’immeubles. 

Conclusion partielle

En définitive, il faut retenir que la commune d’arrondissement de Thiès-nord, située dans le centre ouest du Sénégal, est caractérisée par un site propice aux inondations même si sa situation géographique au carrefour des grandes régions du pays lui confère certains avantages et est favorable aux échanges économiques et sociaux. A cette caractéristique du site s’ajoute une croissance démographique importante qui est à l’origine d’une occupation anarchique de l’espace. Les éléments de la zone qui favorisent les inondations se résument ainsi : -un relief qui fait de la zone un déversoir des eaux de ruissellement issues du plateau de Thiès -l’existence de sols peu perméables avec une infiltration réduite ; -une croissance démographique importante qui induit une extension spatiale démesurée et une occupation anarchique de l’espace. Tous ces facteurs participent à l’aggravation du phénomène d’inondation dans la ville car étant fragile devant l’aléa climatique constitué par la variabilité pluviométrique que nous tenterons de mettre en évidence dans la deuxième partie de ce travail d’étude et de recherche qui traite de la vulnérabilité de la commune d’arrondissement face aux inondations.

 LA VULNERABILITE AUX INONDATIONS 

 La commune d’arrondissement de Thiès-nord, à l’instar de la ville de Thiès fait face à de nombreux défis liés au changement climatique particulièrement à travers les évènements extrêmes qui le ponctuent. Parmi ceux-ci, les inondations constituent aujourd’hui l’élément le plus caractéristique de la dégradation de l’environnement. Ce phénomène a été longtemps abordé comme un phénomène purement hydrologique et les pluies ont toujours été au banc des accusés pour un phénomène « dont la complexité dépasse certainement le cadre climatique » (Sène et Ozer, 2002). Autrement dit, les pluies ne sont pas uniquement responsables des inondations mais d’autres facteurs entrent en jeu montrant la responsabilité humaine dans ce phénomène. Nous allons, dans une perspective de déterminer le risque d’inondation dans notre zone d’étude, analyser les facteurs entrant en jeu dans la construction du risque qui ne peuvent se résumer aux éléments pluviométriques. C’est dans ce cadre que s’inscrit la deuxième partie de ce travail qui s’intéresse à la vulnérabilité aux inondations. L’approche de la vulnérabilité devrait passer avant tout par la compréhension de l’aléa climatique qui sera l’objet du premier chapitre qui s’intéresse à l’analyse de la pluviométrie de la zone. Le deuxième chapitre s’intéresse aux facteurs physiques de la vulnérabilité c’est-àdire à l’exposition du site de la zone d’étude à travers la mise en évidence des différentes contraintes qui le caractérisent. Enfin, il s’agira de déterminer l’évolution de l’urbanisation dans la zone et ses impacts sur la perturbation des équilibres environnementaux qui aggrave l’exposition du site aux aléas pluviométriques. Nous essayons à travers cette partie, de montrer les niveaux d’exposition qui définissent la vulnérabilité de ce milieu urbain aux inondations. 

 L’ALEA CLIMATIQUE

 L’aléa climatique sera analysé en fonction du paramètre pluviométrique. Ce choix répond à la problématique de ce travail portant sur les inondations. Les données qui seront traitées concernent la pluviométrie de Thiès. Dans notre zone d’étude, la pluie est liée, comme nous l’avons montré plus haut, à l’organisation du flux de mousson. Celle-ci se caractérise par une variabilité importante. 

 La variabilité pluviométrique

 Pour déceler la tendance générale et récente de la pluviométrie, nous avons utilisé les données de la station de Thiès pour la période 1951-2012. Ces données ont été recueillies à l’ANACIM. Pour déterminer les caractères de la distribution de la pluviométrie, nous avons adopté une analyse statistique sur la base d’indice. Pour ce faire, nous avons utilisé la méthode de l’Indice Standardisé des Précipitations ou SPI. L’indice standardisé des précipitations (SPI) L’indice standardisé des précipitations ou en anglais Standardized Précipitations Index (SPI) est un indice pluviométrique qui se caractérise par la simplicité de son utilisation et a l’avantage de mettre en évidence les années excédentaires et les années déficitaires. Il s’écrit selon la formule suivante : I = Pi –P/σ Où Pi est le cumul pluviométrique d’une année i ; P, la moyenne de la série ; σ, l’écart-type de la série. Cet indice est en général utilisé pour déterminer la sévérité de la sécheresse (Sarr, 2008). Nous l’avons utilisé dans ce travail pour déterminer aussi l’humidité car l’indice est un élément essentiel pour caractériser la nature et l’intensité de la pluviosité pour une station donnée (Annexe 2). Les données pluviométriques de la période 1951-2012 caractérisent, sur la base des indices standardisés des précipitations, une station dominée majoritairement par une humidité modérée et dans une moindre mesure par une sécheresse modérée. HE : humidité extrême ; HF : humidité forte ; HM : humidité modérée ; SM : sécheresse modérée ; SF : sécheresse forte ; SE : sécheresse extrême Notre station compte 40% d’années d’humidité modérée et 32% d’années de sécheresse modérée. Elle n’a pas enregistré de sécheresse extrême mais compte 5 années d’humidité extrême. La comparaison entre années d’humidité et années de sécheresse est à la faveur de l’humidité avec 35 années d’humidité contre 27 années de sécheresse (Tableau 2). En effet, cette prédominance des années humides s’explique par les deux décennies d’avant 1970, année de référence du début de la sécheresse et ces dernières années. Notons que l’année 1968 avait annoncé le début de cette modification dans l’évolution pluviométrique. Avec une anomalie standardisée de -1,3, elle constitue la seule année déficitaire de la décennie 1961-1970. Sur la période 1951-1970, trois années seulement sont déficitaires dont deux caractérisées par des sécheresses modérées en l’occurrence 1959 et 1970 avec respectivement des anomalies standardisées de -0,3 et -0,2. Sur toute la série couvrant la période 1951-2012 (Figure 16), les cinq années les plus humides sont enregistrées dans la période précédant la sécheresse avec un maximum en valeur absolue pour l’année 1954 qui a enregistré un cumul annuel de 996,9 mm. Ces années sont caractérisées par des humidités extrêmes. Elles ont été d’ailleurs les seules à avoir cette situation.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I/ PROBLEMATIQUE
II/ METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE
D’ARRONDISSEMENT DE THIES-NORD
CHAPITRE I : SITE ET SITUATION
CHAPITRE II : LE CADRE CLIMATIQUE
CHAPITRE III : LA POPULATION ET LA MORPHOLOGIE URBAINE
DEUXIEME PARTIE : LA VULNERABILITE URBAINE AUX INONDATIONS
CHAPITRE I : L’ALEA CLIMATIQUE
CHAPITRE II : LA VULNERABILITE BIOPHYSIQUE
CHAPITRE III : LA VULNERABILITE URBAINE
TROISIEME PARTIE : LA GESTION DU RISQUE D’INONDATION
CHAPITRE I : LA GESTION INSTITUTIONNELLE DU RISQUE D’INONDATION ET LES STRATEGIES LOCALES D’ADAPTATION
CHAPITRE II : LES CONTRAINTES DANS LA GESTION DU RISQUE
D’INONDATION A THIES-NORD
CONCLUSION GENERALE

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