Langue en danger et locuteurs d’ayapaneco

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Langue en danger et locuteurs d’ayapaneco

Introduction

Les langues en danger (ci-après LED) sans description constituent un matériau original à même d’approfondir et de questionner des thématiques sociolinguis-tiques et linguistiques diverses ; par exemple, la documentation linguistique qui s’intéresse à conserver des traces de langues et de cultures qui sont en danger de disparition (Crystal, 2000 ; Hale et al., 1992).
Dès les années 70, plusieurs auteurs ont abordé de façon préliminaire le thème de l’attrition et de la mort des langues bien que ce ne fut pas considéré alors comme une thématique de recherche scientifique en soi (Campbell et Muntzel, 1989 ; Denison, 1977 ; Dorian, 1973, 1977, 1980, 1981, 1987, 1989 ; Elmendorf, 1981 ; Hill, 1983 ; Hill et Hill, 1977 ; Miller, 1971). Dans leurs travaux, ces chercheurs ont été confrontés à une situation inédite déclenchant et motivant une réflexion autour de cette thématique. C’est précisément à cause ou grâce cette confrontation que les premiers outils d’évaluation pour mesurer le degré de vitalité des langues ont surgi (Fishman, 1991 ; Krauss, 1992).
Par ailleurs, la figure médiatisée du dernier locuteur, en particulier à travers les publications de l’UNESCO, attire de plus en plus l’attention sur les LED et sur les locuteurs de LED. La réponse des linguistes à cet intérêt croissant a permis le développement des premières typologies de ces locuteurs (Campbell et Muntzel, 1989 ; Dorian, 1977 ; Dressler, 1981 ; Sasse, 1992). Ces études se sont affinées et ont progressivement conduit à l’élaboration de typologies de plus en plus complexes, prenant en compte des situations très différentes (Grinevald et Bert, 2010 ; Evans, 2001 ; Hagège, 2000 ; Tsunoda, 2006).
Dans ce chapitre, je m’attacherai à présenter et à caractériser la mise en danger des langues ainsi qu’à discuter les typologies des locuteurs de LED. Ce chapitre s’organise en deux parties. Premièrement, je présenterai cinq propositions qui permettent de contextualiser voire d’évaluer la mise en danger des langues (section 2.2). Ceci nous permettra de décrire la vitalité actuelle du zoque ayapaneco (section 2.3). Deuxièmement, je présenterai les paramètres utilisés traditionnellement pour l’élaboration des classifications des locuteurs de LED (section 2.4). Ces outils nous permettront de caractériser les locuteurs du zoque ayapaneco et de soulever quelques questionnements en montrant les limites théoriques des typologies présentées (section 2.5).

Continuum de vitalité et langues en danger

Dans le but de décrire le plus précisément possible la situation de mise en danger de l’ayapaneco, il faut comprendre, analyser et prendre en compte les paramètres qui permettent de caractériser la mise en danger des langues. Parmi les paramètres les plus fréquents dans la littérature se trouve en pre-mier lieu le nombre et l’âge des locuteurs, en second lieu la transmission de la langue et finalement les compétences linguistiques des locuteurs. Dorian (1977) s’est ainsi servie de ces premiers critères pour décrire la situation du gaélique écossais.
Dorian a caractérisé cette langue comme étant en danger car à l’époque où elle a effectué ses recherches, le gaélique écossais était parlé par 150 personnes, il ne se transmettait plus aux jeunes générations et la plupart des locuteurs étaient des personnes âgées avec un maniement limité de la langue. L’auteur a donc utilisé des critères quantitatifs (démographiques) et qualitatifs (maniement) pour évaluer la vitalité de cette langue.
Depuis les années 90, l’exploration des langues peu connues et parlées par peu de locuteurs a amené des linguistes à s’interroger sur le degré de vita-lité de ces langues. En moins de vingt ans, différentes propositions ont été émises rendant compte d’un continuum de vitalité. Dans cette section j’en retiendrai cinq, car elles montrent les discussions et avancées scientifiques des recherches : 1) l’échelle de transmission intergénérationnelle de Fishman (section 2.2.1), 2) la problématique des langues en danger et des langues moribondes de Krauss (section 2.2.2), 3) l’échelle constituée de neuf facteurs de l’UNESCO (section 2.2.3), 4) l’échelle complexifiée de la transmission inter-générationnelle proposée par l’institut Ethnologue (section 2.2.4) et finalement l’échelle de mise en danger de l’Institut National des Langues Indigènes du Mexique (section 2.2.5).
L’objectif de cette section est de présenter ces outils théoriques dans le but de contextualiser la vitalité actuelle du zoque ayapaneco (section 2.3) et ainsi caractériser les locuteurs du zoque ayapaneco plus loin (section 2.5).

Echelle de transmission intergénérationnelle

Quand on aborde la thématique des langues en danger, l’ouvrage Reversing Language Shift de Joshua Fishman (1991) s’impose comme un des textes de référence dans ce domaine. Dans cet ouvrage, Fishman a formalisé une des premières grilles d’évaluation pour mesurer le degré de vitalité des langues qu’il a appelée The Graded Intergenerational Disruption Scale (ci-après GIDS). Au cœur de cette grille se trouve la transmission intergénérationnelle de la langue qui d’après l’auteur s’avère être l’élément fondamental et déterminant pour pronostiquer l’avenir d’une langue.
La grille se compose de huit niveaux dans un continuum numéroté de 18 en fonction du degré de vitalité de la langue. Une langue utilisée au niveau national, présente dans les médias et dans l’éducation formelle se trouvera au niveau 1 de cette échelle de vitalité. Par contre, une langue parlée uniquement par quelques personnes âgées se positionnera au niveau 8 de cette échelle. Autrement dit, la vitalité est perçue tant au niveau du nombre de locuteurs, de leur âge, de leur potentialité à transmettre leur langue aux futures générations que des contextes sociaux dans lesquels une langue est utilisée.
Les premiers six niveaux de l’échelle (1-6) rendent compte des langues dont la transmission intergénérationnelle est intacte. En revanche, aux niveaux 7 et 8 de l’échelle se positionnent les langues pour lesquelles la transmission a été interrompue. Ce facteur peut être nuancé avec la prise en compte de l’évaluation d’autres critères, comme les domaines d’utilisation de la langue (niveaux 1-3) et le degré d’alphabétisation (niveaux 4-5)16.
Chaque facteur, sauf le deuxième, est noté sur une échelle de 0 à 5 : 0 morte », 1 « moribonde », 2 « sérieusement en danger », 3 « en danger », 4 « précaire » et 5 « sûre ». Bien que la proposition de Krauss, comme on a vu, ne comporte que quatre niveaux, on peut les comparer avec ceux de l’UNESCO. Ainsi, une langue vitale se positionne à l’échelle 5, une langue en danger se trouve entre les échelles 3 et 4 en fonction du nombre de locuteurs et une langue moribonde se positionne entre les échelles 1 et 2. Finalement, une langue morte se positionne au niveau 0 car il ne reste aucun locuteur qui parle la langue.
La transmission de la langue d’une génération à l’autre s’impose comme le premier facteur considéré par cette grille d’évaluation, les experts ont suivi en cela la proposition de Fishman. L’âge des locuteurs apparait comme un critère pertinent pour évaluer la transmission d’une langue. En effet, plus les locuteurs sont âgés moins la langue se transmet aux enfants, voire ne se transmet plus du tout aux enfants. Ce facteur est noté de 5 à 0.
Une langue est notée 5 « sûre » si elle est parlée par toutes les générations. Elle est notée 4 « précaire » si dans la plupart des foyers, les enfants parlent la langue comme langue première mais en se limitant à des domaines restreints. Elle est notée 3 « en danger » si la langue n’est plus transmise comme langue première aux enfants et par conséquent les locuteurs appartiennent à la génération des parents. Elle est notée 2 « sérieusement en danger » si la langue n’est parlée que par les grands-parents. Elle est notée 1 « moribonde » si les derniers locuteurs appartiennent à la génération des arrière-grands-parents et n’est pas utilisée dans la vie de tous les jours. Finalement, elle est noté 0 « morte » quand personne ne parle plus ou ne se souvient de la langue.
Le deuxième facteur de cette grille est le nombre absolu de locuteurs. Ce critère quantitatif renseigne sur la taille de la communauté de locuteurs. La logique qui sous-tend ce facteur est que plus le nombre de locuteurs est important moins la langue est en danger. Pour ce facteur, il n’y a pas de grille et il n’est donc pas noté de 5 à 0.
Le troisième facteur évalue le nombre de locuteurs d’une langue donnée par rapport à l’ensemble d’une population. Ce facteur est noté de 5 à 0. Une langue est notée comme 5 « sûre » quand la totalité d’une population la parle. Elle est notée 4 « précaire » quand presque tout le monde la parle. Elle est notée 3 « en danger » quand elle est parlée par la majorité de la population. Elle est noté 2 « sérieusement en danger » quand elle est parlée par une minorité. Elle est notée 1 « moribonde » quand un très petit nombre de personnes la parlent. Finalement, elle est noté 0 « morte » quand personne ne la parle plus.
Le quatrième facteur caractérise la présence d’une langue dans différents domaines (privé et familial ou public et officiel) et pour diverses fonctions (communications intra/interfamiliale, institutionnelle, religieuse, sacrée, offi-cielle, etc.). L’idée centrale de ce facteur est que plus une langue est utilisée dans tous les domaines moins elle est en danger. Ce facteur est noté de 5 0 et prend en compte l’évaluation de deux éléments : la fonction et le domaine d’utilisation de la langue.
Une langue est notée 5 « usage universel » quand elle est utilisée dans tous les domaines. Elle est notée 4 « parité multilingue » quand on constate une distribution des domaines d’utilisation des langues dans une communauté. Elle est notée 3 « domaines en déclin » quand la langue est utilisée en famille et pour de nombreuses fonctions, mais la langue dominante commence à pénétrer dans le domaine familial. Par conséquent, la langue perd du terrain d’utilisations vis-à-vis de la langue dominante. Elle est notée 2 « domaines limités » quand la langue est réservée pour des domaines de socialisation spécifiques tels que dans les cérémonies ou chez les grands-parents. Elle est notée 1 « domaines extrêmement limités » quand la langue est réservée pour des domaines strictement limités aux grandes occasions et par un très petit nombre de personnes. Finalement, elle est notée 0 « morte » quand la langue a disparu de tous les domaines.
Le cinquième facteur évalue les réactions face aux nouveaux domaines de communication (radio, télévision, médias, internet, etc.). Il s’agit ici de mesurer l’adaptabilité d’une langue face aux domaines en plein essor. Ce facteur est noté de 5 à 0. Une langue est notée 5 « dynamique » quand elle est présente dans tous les nouveaux domaines. Elle est notée 4 « solide/active » quand elle est présente dans presque tous les nouveaux domaines. Elle est notée 3
réceptive » quand elle est présente dans beaucoup de nouveaux domaines. Elle est notée 2 « adaptable » quand elle est présente dans quelques nouveaux domaines. Elle est notée 1 « minimale » quand elle n’est présente que dans très peu de nouveaux domaines. Finalement, elle est notée 0 « inactive » quand elle est complètement absente des nouveaux domaines. Le postulat présenté dans ce facteur est que le dynamisme d’une langue pour investir les nouveaux domaines de communication contribue à sa vitalité.
Le sixième facteur mesure l’accessibilité au matériel écrit. Dans ce facteur, on évalue la quantité et la qualité du matériel écrit disponible ainsi que leur utilisation dans la communauté. L’idée centrale est que l’enseignement d’une langue et dans une langue est un facteur fondamental pour assurer sa vitalité. Ainsi, la disponibilité de matériel écrit dans une langue facilitera son enseignement. L’existence de matériel écrit nécessite une réflexion préalable sur sa transcription orthographique qui participe à la vitalité de la langue. Ce facteur est noté de 5 à 0 sans degré de vitalité explicite. Une langue est notée 5 quand il existe une solide tradition d’orthographe et de ce fait, elle est présente dans la littérature, les médias, l’administration et l’éducation. Elle est notée 4 quand il y a du matériel écrit à l’école mais elle n’est plus présente dans l’administration. Elle est notée 3 quand il y a du matériel écrit auquel les enfants ont accès mais elle n’est pas présente dans la presse écrite. Elle est notée 2 quand il y a du matériel écrit mais elle est utilisée seulement par quelques membres de la communauté au-delà de la valeur symbolique. Elle est notée 1 quand il y a quelques règles d’orthographe et du matériel en cours de fabrication. Finalement, elle est notée 0 quand il n’y a aucune orthographe.
Le septième facteur permet d’évaluer les politiques linguistiques de l’Etat au niveau de l’usage et du statut d’une langue. Le soutien ou le délaissement officiel d’une langue sera mesuré en fonction des politiques linguistiques explicites ou implicites. Ce facteur est noté de 5 à 0.
Une langue est notée 5 « soutien égalitaire » quand un Etat valorise et protège explicitement toutes les langues de son territoire. Elle est notée 4 soutien différencié » quand les mesures de protection sont différenciées. Elle est notée 3 « assimilation passive » quand il n’y a pas de politique linguistique concernant les langues minoritaires. Elle est notée 2 « assimilation active » quand l’Etat encourage l’assimilation à la langue dominante. Elle est notée 1 « assimilation forcée » quand seule la langue dominante a un statut officiel. Finalement, elle est notée 0 « interdiction » quand l’Etat interdit explicitement l’usage des langues minoritaires dans tous les domaines. Chaque échelle du continuum aura un impact dans les attitudes des locuteurs vis-à-vis de leur langue et par conséquent aura des conséquences aussi sur leur vitalité.
Le huitième facteur évalue l’attitude des membres d’une communauté vis-à-vis de leur propre langue. La perception négative ou positive d’une langue se manifeste à travers les attitudes des membres de la communauté. Ce facteur est noté de 5 à 0 sans degré de vitalité explicite.
Une langue est notée 5 quand l’ensemble de la communauté qui souhaite la promotion de sa langue renvoie à une perception positive de la langue. Elle est notée 4 quand la majorité du groupe est favorable au maintien de la langue. Elle est notée 3 quand une grande partie du groupe est favorable au maintien de la langue tandis que les autres sont indifférents. Elle est notée 2 quand quelques-uns sont favorables au maintien de la langue tandis que les autres sont indifférents ou favorables au transfert (language shift). Elle est notée 1 quand seulement un petit nombre est favorable au maintien de la langue tandis que la majorité est indifférente ou favorable au transfert. Finalement, elle est notée 0 quand aucun membre de la communauté ne veut promouvoir sa langue. De plus, il existe un lien entre les septième et huitième facteurs car les politiques linguistiques de l’Etat peuvent avoir un impact négatif ou positif sur les attitudes des membres de la communauté. De même, les attitudes des membres de la communauté peuvent aussi avoir un impact sur les politiques de l’Etat.
Le dernier facteur de cette grille d’évaluation prend en compte les types, la diversité et la qualité de la documentation linguistique. Il n’évalue pas directement la vitalité d’une langue mais renseigne sur l’urgence de la do-cumenter. Plus il y a de documents disponibles et de bonne qualité sur une langue donnée moins il est prioritaire de la documenter. L’intérêt de ce facteur est d’aider les décideurs, tant internes qu’externes, à élaborer des projets de recherche ou d’action. Ce facteur est noté de 5 à 0.
Une langue est notée 5 « excellente » quand il existe de nombreux documents audiovisuels, de la presse quotidienne ainsi que des grammaires et des dictionnaires. Elle est notée 4 « bonne » quand il y a une bonne grammaire, quelques dictionnaires, de la presse quotidienne et des documents audiovisuels annotés. Elle est notée 3 « assez bonne » quand il y a une bonne grammaire, quelques dictionnaires, des textes et des documents audiovisuels annotés de qualité variable mais sans presse quotidienne. Elle est notée 2 « fragmentaire » quand il y a quelques règles grammaticales, un lexique et des textes dans le cadre d’une recherche linguistique limitée et de couverture insuffisante. Il peut y avoir aussi des documents audiovisuels avec ou sans annotation de qualité variable. Elle est notée 1 « insuffisante » quand il y a quelques règles grammaticales, un vocabulaire restreint et quelques textes. Les documents audiovisuels, s’ils existent, sont inexploitables ou sans annotations. Finalement, elle est notée 0 « inexistante » quand il n’existe aucun support.

Echelle complexifiée de la transmission intergénérationnelle

L’institution nommée Ethnologue liée à l’Institut de Linguistique d’Été, plus connu par son nom en anglais Summer Institute of Linguistics (SIL) a déve-loppé sa propre grille d’évaluation (Lewis et Simons, 2010) appelée Expanded Graded Intergenerational Scale (ci-après EGDIS). Cette grille échelonnée sur treize niveaux, vise essentiellement à harmoniser le modèle de Fishman avec celui de l’UNESCO tout en ajoutant de nouveaux éléments d’analyse.
Au niveau 0, une langue est classée comme internationale quand elle est utilisée dans le domaine public au niveau international et dans toutes les fonctions. Ce niveau n’a pas de correspondance avec le modèle de Krauss ou Fishman et n’apparait pas explicitement dans le modèle de l’UNESCO bien qu’il pourrait être lié au facteur 4 (utilisation de la langue dans les différents domaines et fonctions). Il s’agit d’une nouvelle catégorie proposée par ce modèle.
Au niveau 1, une langue est catégorisée comme nationale quand elle est utilisée dans le domaine public au niveau national. Ce niveau correspond au niveau 1 de Fishman et celui-ci peut se voir représenté dans le facteur 4 noté 5 « sûre » de la grille de l’UNESCO.
Au niveau 2, une langue est classée comme régionale lorsque celle-ci est utilisée dans le domaine public dans une région particulière au sein d’une nation. Ce niveau correspond au niveau 2 de Fishman mais il n’apparait pas explicitement dans le modèle de l’UNESCO bien qu’on pourrait le lier au facteur 4 noté 5 « sûre ».
Le niveau 3 (qui renvoie aux échanges) correspond à une langue véhiculaire sans reconnaissance officielle. Il s’agit d’une langue seconde utilisée pour des échanges commerciaux et appréhendée hors du contexte de la transmission familiale. Ce niveau correspond au niveau 3 de Fishman mais il n’apparait pas explicitement dans la grille de l’UNESCO bien qu’on peut le lier au facteur 4 noté 4 « précaire » ou 5 « sûre ».
Le niveau 4 (qui prend en compte le système éducatif) rend compte d’une langue utilisée dans le système éducatif formel et qui jouit du soutien institu-tionnel au niveau national, régional ou local. Il correspond au niveau 4 de la grille de Fishman. Ce niveau n’est pas représenté explicitement dans la grille de l’UNESCO mais il pourrait renvoyer au facteur 6 (Matériels d’apprentissage et d’enseignements des langues) noté 4 « précaire ».
Le niveau 5 (qui évalue la transcription écrite) rend compte d’une langue dans laquelle le degré d’alphabétisation est faible bien que celle-ci soit uti-lisée à l’oral et à l’écrit. Ce degré faible d’alphabétisation s’explique par un soutien institutionnel quasiment nul. Ce niveau apparait implicitement dans la grille de Fishman. En revanche, il n’a pas de correspondance directe dans la grille de l’UNESCO bien qu’il puisse se voir représenté dans le fac-teur 6 noté 2 « sérieusement en danger », 3 « en danger », ou 4 « précaire ».

Table des matières

1 Introduction
1.1 Le zoque ayapaneco
1.1.1 Classification linguistique et distribution géographique
1.1.2 Littérature sur la famille mixe-zoque et l’ayapaneco
1.1.2.1 Branche mixe
1.1.2.2 Branche zoque
1.2 Contexte
1.2.1 Brève histoire
1.2.2 Découverte de la langue
1.2.3 Contexte multilingue et politiques linguistiques
1.2.4 Ethnographie
1.2.5 Prise de conscience et médiatisation
1.2.6 Nombre de locuteurs
1.3 Questions de recherche, hypothèses et objectifs
1.3.1 Questions de recherche
1.3.2 Hypothèses de départ
1.3.3 Objectifs de la recherche
1.4 Contribution de la thèse
1.4.1 Documentation et description des langues en danger
1.4.2 Langues de la famille mixe-zoque
1.4.3 Expressions du domaine spatial
1.4.4 Variation linguistique
1.4.5 Origine de la variation linguistique dans les langues en danger
1.5 Méthodologie et traitement des données
1.5.1 Méthodologie et travail de terrain
1.5.2 Cadre de recherche-collaboration et locuteurs
1.5.3 Données
1.5.4 Traitement des données
1.5.5 Glose et transcription
1.6 Organisation de la thèse
2 Langue en danger et locuteurs d’ayapaneco
2.1 Introduction
2.2 Continuum de vitalité et langues en danger
2.2.1 Echelle de transmission intergénérationnelle
2.2.2 Langue en danger et langue moribonde
2.2.3 Echelle à neuf facteurs
2.2.4 Echelle complexifiée de la transmission intergénérationnelle
2.2.5 Echelle de mise en danger à trois facteurs
2.3 Vitalité du zoque ayapaneco
2.3.1 Transmission de la langue d’une génération à l’autre
2.3.2 Nombre absolu de locuteurs
2.3.3 Taux de locuteurs sur l’ensemble de la population
2.3.4 L’utilisation d’une langue dans les différents domaines et fonctions
2.3.5 Réaction face aux nouveaux domaines et médias
2.3.6 Matériels d’apprentissage et d’enseignement des langues
2.3.7 Attitudes et politiques linguistiques au niveau du gouvernement et des institutions
2.3.8 Attitudes des membres de la communauté vis-à-vis de leur propre langue
2.3.9 Type et qualité de la documentation
2.3.10 Synthèse
2.4 Classifications des locuteurs de langues en danger
2.4.1 Paramètres de classification
2.4.2 Profils de locuteurs
2.5 Profils des locuteurs d’ayapaneco
2.5.1 Mythe des derniers locuteurs d’ayapaneco
2.5.2 Paramètres distinctifs linguistiques
2.5.2.1 Outils d’évaluation de la compétence linguistique
2.5.2.2 Limites des outils d’évaluation
2.5.3 Paramètres de l’acquisition et de la perte de compétences
2.5.4 Niveau d’usage, d’exposition à la langue et compétence linguistique
2.5.5 Pratiques langagières, compétence linguistique et appartenance
2.5.6 Compétence linguistique et partenaires linguistiques
2.5.7 Croisement de paramètres
2.5.8 Classification des locuteurs par les locuteurs
2.5.8.1 Type 1. ni yodo numdi ʔoodi
2.5.8.2 Type 2. taani yodo gwüü numdi ʔoodi
2.5.8.3 Type 3. ni mbyadaj pero taani yodo
2.5.8.4 Type 4. ni yeʔe yuj numdi ʔoodi
2.5.8.5 Chevauchement et changements de types
2.5.9 Synthèse
2.6 Conclusion
3 Caractéristiques linguistiques
3.1 Introduction
3.2 Caractéristiques phonétiques et phonologiques
3.2.1 Consonnes
3.2.1.1 Occlusives
3.2.1.2 Nasales
3.2.1.3 Affriquées
3.2.2 Fricatives
3.2.3 Battues, roulées et latérales
3.2.4 Semi-consonnes
3.2.5 Voyelles
3.2.6 Voyelles et glottales
3.2.7 Structure syllabique
3.2.7.1 Attaque syllabique
3.2.7.2 Noyau syllabique
3.2.7.3 Coda syllabique
3.2.8 Accentuation
3.2.9 Processus phonétiques conditionnés par le contexte
3.2.9.1 Métathèse
3.2.9.2 Assimilation
3.2.9.2.1 Voisement
3.2.9.2.2 Palatalisation
3.2.9.2.3 Assimilation vocalique
3.2.9.2.4 Diphtongaison
3.2.9.3 Dépalatalisation
3.2.9.4 Obstruantisation
3.2.9.5 Dégémination
3.2.9.6 Glottalisation
3.2.9.7 Apocope
3.2.10 Convention orthographique
3.3 Caractéristiques morphosyntaxiques
3.3.1 Alignement
3.3.1.1 Jeu B (absolutif)
3.3.1.2 Jeu A (ergatif)
3.3.1.3 Jeu C (local)
3.3.1.4 Hiérarchie de saillance
3.3.2 Syntagme nominal
3.3.2.1 Syntagme nominal simple
3.3.2.2 Syntagme nominal complexe à gauche
3.3.2.3 Ordre des modificateurs à gauche
3.3.2.4 Syntagme nominal complexe à droite
3.3.3 Syntagme adpositionnel
3.3.3.1 Adpositions
3.3.3.2 Noms relationnels
3.3.3.3 Entre nom relationnel et adposition
3.3.4 Syntagme verbal et ordre des mots
3.3.4.1 Temps, aspect, mode
3.3.4.2 Négation
3.3.4.3 Ordre des constituants du syntagme verbal
3.3.4.4 Ordre des mots
3.4 Conclusion
4 Les racines positionnelles
4.1 Introduction
4.2 Caractéristiques des racines positionnelles
4.2.1 Caractéristiques morphologiques
4.2.2 Caractéristiques sémantiques
4.3 Aire mésoaméricaine
4.3.1 Famille maya
4.3.1.1 Caractéristiques morpho-syntaxiques
4.3.1.2 Caractéristiques sémantiques
4.3.1.3 Classification des racines positionnelles
4.3.2 Famille otomangue
4.3.2.1 Caractéristiques morphosyntaxiques
4.3.2.2 Caractéristiques sémantiques
4.3.2.3 Une classe formelle
4.3.3 Famille mixe-zoque
4.3.3.1 Caractéristiques morpho-syntaxiques
4.3.3.2 Caractéristiques sémantiques
4.3.3.3 Classe formelle non-établie
4.4 Caractéristiques morphosyntaxiques des racines positionnelles en ayapaneco
4.4.1 Construction positionnelle A
4.4.1.1 Dérivation stative
4.4.1.2 Dérivation assomptive
4.4.1.3 Dérivation dépositive
4.4.2 Construction positionnelle B
4.4.2.1 Dérivation stative
4.4.2.2 Dérivation assomptive
4.4.2.3 Dérivation dépositive
4.4.3 Constructions positionnelles A et B
4.4.3.1 Dérivation stative
4.4.3.2 Dérivation assomptive
4.4.3.3 Dérivation dépositive
4.4.4 Synthèse
4.5 Caractéristiques sémantiques
4.5.1 Groupe « figure et fond »
4.5.1.1 Position
4.5.1.1.1 jaŋ (IDU-1)
4.5.1.1.2 leŋ (IDU-7)
4.5.1.1.3 pey (IDU-11) et jap (IDU-62)
4.5.1.1.4 tzeŋ (IDU-17)
4.5.1.1.5 tzip (IDU-18)
4.5.1.1.6 ʔüŋ (IDU-20) et kon (IDU-35)
4.5.1.1.7 ket (IDU-32)
4.5.1.1.8 kut (IDU-33)
4.5.1.1.9 müʔüx (IDU-45)
4.5.1.1.10 naʔy (IDU-46)
4.5.1.1.11 nej (IDU-47)
4.5.1.1.12 poj (IDU-50)
4.5.1.1.13 pokx (IDU-51)
4.5.1.1.14 tay (IDU-52)
4.5.1.1.15 tzut (IDU-55)
4.5.1.1.16 wak (IDU-56)
4.5.1.1.17 chiŋ (IDU-61)
4.5.1.1.18 koŋ (IDU-63)
4.5.1.1.19 maʔ (IDU-41)
4.5.1.1.20 muk (IDU-67)
4.5.1.1.21 taŋ (IDU-69)
4.5.1.1.22 tuʔy (IDU-70)
4.5.1.1.23 waŋ (IDU-21) et yet (IDU-25)
4.5.1.1.24 xay (IDU-74)
4.5.1.1.25 ʔoʔox (IDU-29)
4.5.1.2 Distribution
4.5.1.2.1 tek (IDU-15)
4.5.1.2.2 kun (IDU-36)
4.5.1.2.3 mek (IDU-42)
4.5.1.2.4 xaʔkx (IDU-59)
4.5.1.2.5 tüp (IDU-53)
4.5.1.2.6 kotz (IDU-64)
4.5.1.2.7 yey (IDU-60)
4.5.1.2.8 yat (IDU-75)
4.5.1.2.9 yiŋ (IDU-76)
4.5.1.3 Racines de connexion
4.5.1.3.1 lem (IDU-6)
4.5.1.3.2 küʔüx (IDU-66)
4.5.1.3.3 tzun (IDU-73)
4.5.1.3.4 tzen (IDU-72)
4.5.1.3.5 chaʔ (IDU-26)
4.5.1.3.6 xaŋ (IDU-23)
4.5.1.3.7 jüʔm (IDU-28)
4.5.1.3.8 kaʔm (IDU-30)
4.5.1.3.9 mun (IDU-44)
4.5.1.4 Racines d’enveloppement et d’insertion
4.5.1.4.1 woy (IDU-57)
4.5.1.4.2 naʔn (IDU-68)
4.5.1.4.3 nip (IDU-48)
4.5.1.5 Racines d’élévation
4.5.1.5.1 püŋ (IDU-14)
4.5.1.5.2 nakx (IDU-27)
4.5.1.6 Racines de saillance
4.5.1.6.1 tzup (IDU-19)
4.5.1.6.2 neŋ (IDU-10)
4.5.2 Groupe « Figure »
4.5.2.1 Racines d’état
4.5.2.1.1 kip (IDU-2)
4.5.2.1.2 kix (IDU-3)
4.5.2.1.3 kut (IDU-4)
4.5.2.1.4 küwü (IDU-5)
4.5.2.1.5 kaʔtz (IDU-6)
4.5.2.1.6 maŋ (IDU-8)
4.5.2.1.7 moŋ (IDU-9)
4.5.2.1.8 poŋ (IDU-12)
4.5.2.1.9 puŋ (IDU-13)
4.5.2.1.10 tüm (IDU-16)
4.5.2.1.11 tzup (IDU-19)
4.5.2.1.12 woŋ (IDU-22)
4.5.2.1.13 xoŋ (IDU-24)
4.5.2.1.14 kom (IDU-34)
4.5.2.1.15 kux (IDU-37)
4.5.2.1.16 laʔ (IDU-38)
4.5.2.1.17 lap (IDU-39)
4.5.2.1.18 latz (IDU-40)
4.5.2.1.19 muj (IDU-43)
4.5.2.1.20 naʔy (IDU-46)
4.5.2.1.21 nuʔux (IDU-49)
4.5.2.1.22 tüŋ (IDU-54)
4.5.2.1.23 woy (IDU-57)
4.5.2.1.24 wüʔt (IDU-58)
4.5.2.1.25 kotz (IDU-64)
4.5.2.1.26 kuʔux (IDU-65)
4.5.2.1.27 tzatz (IDU-71)
4.5.3 Synthèse
4.6 Conclusion
5 Analyse des variations linguistiques
5.1 Introduction
5.1.1 La variation linguistique
5.1.2 La variation linguistique dans les langues en danger
5.1.3 Explications des variations et distribution des variables
5.1.3.1 Classification des variations en ayapaneco
5.2 Variations linguistiques
5.2.1 Variation phonétique
5.2.1.1 Processus d’assimilation vocalique
5.2.1.1.1 Distribution au niveau intra-locuteur
5.2.1.1.2 Distribution par famille
5.2.1.1.3 Distribution par partenaire linguistique
5.2.1.1.4 Distribution au niveau inter-locuteur
5.2.1.2 Entre assimilation et dissimilation vocalique
5.2.1.2.1 Distribution par partenaire linguistiqu
5.2.1.2.2 Distribution au niveau inter-locuteur
5.2.1.3 Variations en coda et en syllabe de fin de morphème
5.2.1.3.1 Distribution au niveau intra-locuteur
5.2.1.3.2 Distribution au niveau inter-locuteur
5.2.1.4 Assimilation consonantique
5.2.2 Variation morphologique
5.2.2.1 Variation de construction positionnelle
5.2.2.1.1 Distribution au niveau intra-locuteur
5.2.2.1.2 Distribution par partenaire linguistique
5.2.2.1.3 Distribution inter-locuteur
5.2.2.2 Variation par perte de la dernière syllabe ou consonne d’un item
5.2.3 Variation syntaxique
5.2.3.1 Valence verbale
5.2.4 Variation morphosyntaxique
5.2.4.1 Variation de catégories
5.2.4.1.1 Entre distribution au niveau intra-locuteur, partenaire linguistique et famille d’appartenance
5.2.4.1.2 Distribution au niveau inter-locuteur
5.2.5 Variation sémantique
5.2.5.1 Variation de sens liés
5.2.5.2 Variation de sens non liés
5.2.5.2.1 Distribution par partenaire linguistique
5.2.5.2.2 Distribution par inter-locuteur
5.2.5.3 Variation dans le stock sémantique des collaborateurs
5.3 Synthèse
5.3.1 Variation phonétique
5.3.2 Variation morphologique
5.3.3 Variation syntaxique
5.3.4 Variation morphosyntaxique
5.3.5 Variation sémantique
5.4 Des pistes d’explication
5.4.1 Absence de norme locale de prestige
5.4.2 Variation tolérée et sans poids social
5.4.3 Taille réduite du réseau de locuteurs
5.4.4 Absence d’enfants locuteurs
5.4.5 Acquisition et usage de la langue
5.4.6 Communauté à haute densité et à faible densité
5.5 Conclusion
6 Conclusion
6.1 Apports de la thèse
6.2 Situation sociolinguistique de la langue
6.3 Locuteurs d’ayapaneco
6.4 Description des variations
6.5 Caractéristiques des variations
6.6 Origines des variations
6.7 Explications
6.8 Limites et perspectives de recherche et d’action
Bibliographie
Liste des tableaux
Table des figures

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