Le Centre historique de Cáceres : un ensemble historique patrimonial reconnu

Cáceres est une ville espagnole riche d’un patrimoine hérité des divers peuples qui s’y sont succédés depuis l’époque romaine. Cet héritage patrimonial présente un intérêt économique pour cette ville tertiaire qui tend à développer son activité touristique, ce qui renforce l’enjeu qui entoure la politique de préservation du centre historique. Une présentation du contexte de la ville de Cáceres et de la valeur patrimoniale de son centre histoire nous permettra ainsi de mieux appréhender ses spécificités et l’intérêt de sa sauvegarde et valorisation. 11. Présentation de la ville de Cáceres et de son contexte a) Contexte géographique et économique : une ville à dominante tertiaire au cœur de l’Estrémadure La ville de Cáceres se situe au cœur de l’Estrémadure, Communauté Autonome espagnole localisée dans le sud-ouest de l’Espagne. Cette région ibérique, frontalière avec le Portugal, dont la ville de Mérida est la capitale, se compose de deux provinces : la province de Cáceres, au Nord, et la province de Badajoz, au Sud. Cette région de grande superficie est relativement peu peuplée au vu des autres communautés autonomes espagnoles, avec un peu plus d’un million d’habitants. Il s’agit de la traduction d’un terme employé dans divers documents de communication autour du projet et sur le site internet de Cáceres 2016, lorsque nous emploierons cette expression, ce sera donc en s’appuyant sur ces références.  Cáceres, capitale provinciale située à environ 300 km de Madrid, est une ville majeure de la région à travers ses activités économiques, ses administrations, ses commerces,… Elle en constitue un centre démographique puisqu’elle rassemble environ 22% de la population provinciale avec plus de 90 000 habitants 1 . Néanmoins, même si sa population a augmenté au cours des dernières décennies, Cáceres demeure une ville de faible densité (avec une superficie particulièrement étendue de 1768 km²2 ). Cependant le noyau urbain se concentre sur une plus faible superficie et Cáceres demeure une ville à échelle humaine. Plus localement, Cáceres, capitale de la haute Estrémadure, se localise dans une vaste pénéplaine, parsemée de reliefs résiduels, qui se caractérise par des sols pauvres, entre le Tage et le Guadiana, principaux cours d’eau de la région. La ville s’est historiquement installée au niveau d’une zone au relief marqué, sur un monticule culminant à 459 m d’altitude, entre deux monts (644 m et 523 m)3 , la topographie de la ville est donc marquée et irrégulière. C’est donc dans cet environnement difficile, éloigné des cours d’eau importants, soumis à un climat méditerranéen relativement contraignant (caractérisé par des hivers tempérés et pluvieux et étés secs et chauds) que s’est établie et développée Cáceres depuis l’époque romaine, essentiellement pour des intérêts stratégiques. La ville se situe notamment le long de la « ruta de la plata » (route de l’argent), fondée par les romains, qui traverse la péninsule ibérique du sud au nord. La ville fit l’objet au cours de son histoire de nombreuses conquêtes et vit s’alterner divers peuples qui y laissèrent les traces de leurs cultures et contribuèrent à créer l’identité unique de Cáceres. Il en demeure aujourd’hui un héritage patrimonial riche qui confère à la ville un certain attrait touristique, dont l’enjeu est important pour l’économie locale, présente et future. En effet, d’un point de vue économique, Cáceres est une ville à dominante tertiaire (commerces, hôtellerie, administrations…)4 . Ce secteur s’appuie en particulier sur l’activité touristique, en essor (avec un attrait pour le patrimoine et l’offre culturelle). Les activités administratives et l’activité universitaire sont également très importantes pour cette ville. Notons aussi que la région a bénéficié ces dernières années d’aides européennes qui lui ont permis de développer de nombreux projets. Néanmoins le nombre de touristes semble encore faible (325562 touristes en 20055 ) en comparaison avec des villes comme Salamanque ou Tolède, malgré la richesse patrimoniale de la ville et de la région (patrimoine architectural, archéologique, 

Un centre historique à la valeur patrimoniale reconnue et protégé

Le centre historique de Cáceres est donc particulièrement bien conservé et facilement identifiable à travers sa structure et son architecture. En effet, comme le souligne Françoise Choay, « Les centres historiques sont souvent reconnaissables par la structure de leur voirie et de leur parcellaire qui posent à l’urbanisme actuel des problèmes de circulation et d’hygiène.2 ». Cette observation d’ordre général n’épargne donc pas Cáceres, néanmoins son noyau historique présente aussi des spécificités, auxquelles nous allons à présent nous attacher, qui ont participé à la reconnaissance de sa valeur patrimoniale et à sa protection.  Nous pouvons noter que la population fut multipliée par plus de quatre entre 1900 et 1991 (MORA ALISEDA 2001, p. 389).  Figure 4 : La Plaza Mayor bordant la ville intramuros Source : F.Richard Figure 5 : Vue panoramique du centre historique (Huertas, Ribera del Marco et cité Intramuros) Réalisation : F.Richard 22 a) Présentation du centre historique Tout d’abord, nous avons choisi d’évoquer le centre historique de Cáceres en corrélation avec le périmètre retenu dans le « Plan Spécial de Protection et Revitalisation du Patrimoine Architectural de la ville de Cáceres » (PEPRPAC 1), document de planification et gestion patrimoniale. Cet ensemble patrimonial s’étend sur environ 66 ha et comprend des zones datant de l’époque romaine jusqu’à environ 1900 (il inclut l’ensemble de la zone classé « Conjunto Histórico Artístico »). Nous pouvons donc identifier deux grands ensembles distincts ainsi considérés au sein de ce périmètre : la zone intramuros de Cáceres et une zone historique extramuros, ce qui participe à la spécificité du site. Les deux espaces relèvent en effet de périodes d’urbanisation différentes et présentent des caractéristiques distinctes. La zone intramuros, dite « ville monumentale », est un espace clairement délimité car encerclé par son enceinte (murailles almohades), formant un quadrilatère d’un périmètre d’environ 1200 m et d’une superficie d’environ 7 ha, donc relativement faible au vu de l’ensemble du centre historique considéré. De part ses fortifications et sa topographie marquée (due à une implantation sur une colline), cette enclave est d’accès relativement difficile par rapport au reste de la ville. Elle correspond, comme nous l’avons vu précédemment, au noyau historique qui s’est développé jusqu’au XVIème siècle, sous les influences romaines, arabes puis chrétiennes. Sa structure héritée du MoyenÂge s’organise autour de deux noyaux, avec le noyau « d’en haut » de San Mateo et celui « d’en bas » de Santa María, chacun correspondant à une paroisse et étant doté de ses propres places et édifices religieux, et autour desquels s’organise la trame viaire (réseau de rues médiévales étroites et irrégulières s’étirant notamment des noyaux vers les portes de la cité intramuros, de manière assez géométrique). Le tissu est relativement dense (mais on peut tout de même noter la présence de plusieurs petites places publiques et espaces résiduels) et l’ensemble est très minéral (la végétation étant plus présente en cœur d’îlot au niveau de patios ou jardins).