L’EDUCATION ISLAMIQUE A PIR SAŇAXOOR, DU XVIIème SIECLE A NOS JOURS

L’EDUCATION ISLAMIQUE A PIR SAŇAXOOR,
DU XVIIème SIECLE A NOS JOURS

L’OCUPATION HUMAINE DE PIR 

LA FONDATION DE PIR 

Hormis la localisation et le nom du village, l’histoire de Pir est surtout marquée par sa complexité. Son nom a au moins trois significations. Mais ce qui est encore plus remarquable c’est l’existence de plusieurs versions, plus ou moins contradictoires, en rapport avec sa fondation.

La localisation du village 

Pir se situe non loin du lac tanma. La distance approximative était de 35 à 38 kilomètre en ligne directe. Il est également proche du pays des sérères ndutt. En effet, il est à l’Est-Nord par rapport à ce pays. L’emplacement de Pir est beaucoup plus facile à localiser à partir des repères administratifs actuels. En effet, il est situé au Nord-Ouest du Sénégal, à 100 kilomètres de Dakar, la capitale du Sénégal. Ajoutons que Pir se trouve dans la région de Thiès et qu’il fait partie du département de Tivaouane, de l’arrondissement de Pambal, précisément, de la communauté rurale du même nom. Son emplacement n’a jamais changé et il se trouve sur la route nationale numéro deux, entre Tivaouane et Ngaye-Mékhé. Il a une altitude moyenne de 39 mètres. La longitude est de 16° 41‘ 60 O. La latitude est de 15° 1‘ N. En 2005 sa population était estimée à 6889 habitant alors que celle de la communauté rurale était évaluée à 20181 habitants. Le cadre géographique a beaucoup changé. Ce changement est lié à l’influence humaine sur le milieu. La forêt y était dense et la présence d’animaux sauvages y était décelée. Maintenant, la situation s’est dégradée à cause de l’activité humaine. Le nom du village renferme plusieurs significations à clarifier. 

La dénomination du village Pir a au moins trois noms

Nous avons Pir Mbare, Pir Saňaxoor et Pir Gourey. Ces noms sont surtout en rapport avec sa fondation. Pir est la déformation de « piri ou firi alkhourane » qui signifie traduction du coran ou exégèse coranique. Mbare veut dire tente, lieu où Khaly Amar traduisait le coran. Donc « pirima thia mbarma » ou exégèse coranique sous tente a finalement donné Pir Mbare61 . Pir Saňiaxoor signifie l’endroit où il est possible de vivre en paix. L’endroit où tout le monde est en sécurité et « être le propriétaire de ses biens ». Ainsi, chacun y cherchait la quiétude, la paix, la sécurité contre la furie des Damel et de leurs subordonnés. Donc c’était une sorte de refuge permanente pour l’homme et ses biens. L’autre signification retenue de Saňiaxoor est que le milieu avait beaucoup de rôniers  d’où son nom de Saňiaxoor. Son nom Pir Gourey est postérieur à la fondation du village. En fait c’est pour la différenciation par rapport à Santiou Pir . Santiou Pir est issu de Pir Goureye et son fondateur est un descendant de Khali Amar Fall. Il s’agit de Boubacar Penda Yéri Fall.63 A en croire plusieurs sources, quand Khaly Amar est arrivé à l’emplacement qui convenait, celui-ci était déjà habité. La question se pose alors de savoir qui étaient ces premiers habitants.

Les premiers habitants du village Khaly 

Amar Fall ne serait donc pas le premier à s’installer dans le milieu. Des personnes y vivaient ; il y a plus de deux cent années avant lui64. Il s’agit notamment des familles Mboup et Wade. Les Mboup sont généralement des toucouleur alors que les Wade sont des gandiole-gandiole. Ces familles sont considérées par tous les habitants comme les ¨Thiossane¨ 65de Pir. A côté d’elles, nous trouvons les familles Bane et Ndoye qui sont, en majorité lébou. Leur présence au milieu est probablement antérieure à celle de la famille Fall. Ils étaient des agro-pasteurs. Leur subsistance était basée sur les cultures vivrières et la pratique de l’élevage. Selon toute vraisemblance, ils sont venus du Nord du pays à la recherche de terres cultivables et de pâturages66. Ils fuyaient les agressions des Damel. Ceuxci pouvaient les vendre à tout moment ou confisquer leurs biens. Durant cette période l’insécurité était quasiment globale. La manière de diriger le royaume avait beaucoup influencé leur mode de vie jusqu’à ce que le marabout et sa suite viennent les rejoindre. Ils n’avaient pas le temps de s’organiser. Mais ils appelaient leur milieu « Léona » ou refuse. Etaient-ils maîtres de leur milieu qui était une cachette pour eux ? Ou c’est parce qu’ils avaient pu être à l’abri de toute menace venant de l’extérieur ? Il est possible que la forêt qui les cachait à tout moment, leur garantisse un environnement sain et stable et justifiait le nom du milieu. 

L’installation de Khaly Amar à Pir 

Bien que né au Fouta, Khaly Amar Fall était persuadé qu’il est cayorien ; qu’il descendait d’une famille respectable et que c’est auprès d’elle qu’il devrait retourner. En fait son retour aux origines était motivé principalement par deux facteurs. D’abord, il désirait vivre au Cayor, pays de ses ancêtres paternels. Ensuite il était dans l’impossibilité d’enseigner au Fouta. Les déniankobés étaient hostiles à la religion islamique. Donc pour lui, le mieux c’était de partir dans un autre endroit où il pourrait se sentir en sécurité. Il avait une idée fixe dans sa tête. Il voulait combattre plus tard les déniankobé. Mais, il a pris le temps nécessaire pour rassembler des disciples. Ceux-ci devaient, après leurs études, revenir au Fouta pour combattre le paganisme et implanter la religion d’Allah. C’est après avoir rassemblé des disciples qu’il est venu au Cayor accompagné de sa famille. Qu’est-ce qui explique une telle décision ? Deux principales versions s’affrontent quant aux véritables motivations qui seraient à l’origine de la venue de Khaly Amar Fall au Cayor. C’est le lieu, nous semble-t-il, de présenter les dites versions.  Première version La majorité des traditionnalistes soutient que Khaly Amar Fall est venu au Cayor en 1603 au temps du quatrième Damel Makhourédia Kouly. Khaly Amar a débarqué avec sa suite, à Mboul. C’est ainsi que le Damel qui se trouvait à Khandane fut informé de la venue du marabout. Il accepta de le recevoir. Après les salutations d’usage, Khaly Amar se présenta à lui68. Celui-ci approuva les liens de parenté qui les unissent et lui dit qu’il a trois maisons et il peut habiter l’une d’elles. L’une des maisons se trouvait à Khandane, l’autre à Nguiguis et la troisième à Mboul . Le Damel voulait même le nommer cadi à Khandane. Il déclina l’offre mais accepta d’être cadi du Cayor7 . Il refusa également de s’installer dans l’une des maisons du prince. Il voulait posséder son propre lieu. Un lieu où il pourrait habiter, enseigner et cultiver la terre en toute sécurité . C’est ainsi que les deux personnalités ont mis en place un pacte pour la cohésion et le respect réciproque. Nous savons que le roi craignait que le marabout lui convoite, un jour, le trône du Cayor donc le pacte était nécessaire pour assurer l’entente entre eux. Les traditionnalistes se souviennent de ce pacte repris par Demba Lamine Diouf: « (…) Je ne suis pas venu pour te disputer ton pouvoir. Je suis un serviteur de Dieu. Après avoir étudié le livre sacré au Sahara je cherche à me consacrer pour toujours à la religion. Je ne veux rien sentir qui puisse m’éloigner de Dieu. C’est pourquoi je suis venu ici pour que tu m’installe dans un lieu de dévotion où je pourrai enseigner le livre sacré à tous ceux qui le voudront, un lieu où je pourrai avoir la quiétude nécessaire pour l’adoration du ToutPuissant». Le Damel lui répondit : « (…) Je te donne mon accord car nous sommes tous deux héritiers du trône du Cayor (…). Je t’affecterai un terrain que tu aménageras et où tu recevras tout homme désireux de partager ta foi, s’il respecte les conditions que tu auras préalablement définies. Tout ce que je te demande c’est de ne point songer à abandonner tes principes religieux pour chercher à convoiter le pouvoir que je détiens. Veille aussi à barrer la route à quiconque essayera de m’arracher ce pouvoir. Nous unirons nos forces pour parer à une telle éventualité. Ainsi nous cohabiterons sur les bases que nous venons de définir (…) » 73 Ces principes montrent parfaitement que le prince craignait la perte de son autorité. Khaly Amar était au Cayor avec toute sa richesse En fait, la lutte entre marabouts et princes du Cayor était très fréquente. En plus, il était accompagné de dignitaires et il était héritier au même titre que le Damel74 .En effet, c’est grâce à ce pacte que le marabout sera maître de la terre qui deviendra, plus tard, Pir.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1. PROBLEMATIQUE
2. CLARIFICATION DU CONCEPT D’EDUCATION ISLAMIQUE
3. CADRE METHODOLOGIQUE ET ANALYTIQUE
3.1. Revue critique de la littérature
3.1.1. Les sources écrites
3.1.1.1. Ouvrages généraux
3.1.1.2. Ouvrages sur l’enseignement religieux au Sénégal et à Pir
3.2. Méthodologies et méthodes de recherche
3.2.1. Les sources orales
3.2.2. Sources écrites et archivistiques
PREMIERE PARTIE : PIR, UNE ORIGINE CONTROVERSEE ?
PREMIER CHAPITRE : L’OCUPATION HUMAINE DE PIR
I/LA FONDATION DE PIR
1.1 La localisation du village
1.2 La dénomination du village
1.3 Les premiers habitants du village
1.4 L’installation de Khaly A mar à Pir
CONCLUSION GENERALE
PLAN
ANNEXES

 

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