L’environnement et les pouvoirs publics entre écologie et économie

L’environnement et les pouvoirs publics entre écologie et économie

Lorsque le terme « environnement » est employé, il n’est pas évident que chacun y attache la même signification. Il convient donc, préalablement à toute discussion, de le définir précisément. Une première approche fait référence à l’environnement comme étant constitué au sens large de tout ce qui entoure l’homme. Le Petit Robert définit ainsi l’environnement comme « l’ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) susceptibles d’agir sur les organismes vivants et sur les activités humaines ». son milieu » [Chapuis, 2006]. Dans notre étude lorsque nous utilisons le terme « environnement », nous faisons appel à la première définition ici présentée, tout en la limitant au côté écologique ou naturel, excluant de fait les facteurs sociologiques. Notre réflexion considère donc l’état de l’environnement pour les animaux, les plantes et l’homme ainsi que leurs conditions de co-existence [Drechsler, 2002]. Avant de présenter l’évolution de la prise en compte de l’environnement par les pouvoirs publics, il est intéressant de présenter le concept de dégradation environnementale sur la base desquelles sont dimensionnées les politiques publiques.  En relation avec la définition du terme « environnement » précédemment explicitée, nous définissons la « dégradation environnementale » comme la détérioration, du fait des activités humaines, des conditions naturelles qui constituent le milieu de vie des espèces vivantes (hommes, animaux, plantes). Différentes approches de la dégradation environnementale ont été développées afin de comprendre et décrire les mécanismes qui l’engendrent pour finalement dimensionner les politiques environnementales adéquates. Drechsler [Drechsler, 2002] distingue les approches de la dégradation environnementale économiques et non économiques.

L’approche anthropocentrique

Dans l’approche « anthropocentrique », l’homme constitue la finalité du monde. Sagoff (1988)3 considère ainsi que la pollution de l’environnement doit nécessairement être acceptée si la société souhaite continuer à procéder à des activités économiques industrielles. La protection de l’environnement est alors un objectif éthique, et non économique, prenant en compte des valeurs publiques choisies collectivement. Les réglementations environnementales doivent finalement, selon Sagoff, être le vecteur de la réalisation d’efforts permettant d’éviter le dépassement de limites écologiques admissibles [Drechsler, 2002]. Il est à noter que Sagoff fait référence à l’existence d’un coût de contrôle des risques environnementaux fort supérieur au gain environnemental obtenu en tant que facteur justifiant une acceptation de la pollution.développée par Taylor (1986)4, qui confère à l’homme des devoirs à l’encontre des « objets vivants sauvages » en raison de la valeur inhérente à ces entités qui possèdent un caractère de singularité. Constater leur valeur intrinsèque implique le refus de les traiter comme s’ils existaient à des fins humaines. Finalement, la conception de droits moraux pour les animaux et les plantes implique le sacrifice partiel des intérêts humains et permet ainsi de ne pas dépasser les limites écologiques de la société [Drechsler, 2002].

Il est à noter que l’environnement fut pris en compte relativement tôt dans les théories liées au développement de la société. Antheaume [Antheaume, 1999] et Levet [Levet, 2002] font ainsi référence dès le début du 19ème siècle à la prise de conscience, issue des travaux de Darwin, que l’homme appartient à une nature qui évolue, qu’il est lui-même susceptible de faire évoluer, voire de transformer. Certains auteurs, ingénieurs ou économistes mettent dès lors en évidence après la seconde guerre mondiale, l’apparition de détériorations de la nature ayant des conséquences en terme de coût sur les transactions, fait de l’environnement un phénomène marchand. A partir des années 1960-70, on voit donc se développer une « économie de l’environnement » [Levet, 2002] dont les fondements se trouvent principalement dans les l’environnement est un des sous-systèmes de l’économie et que comme tel il peut être géré selon le principe de l’offre et de la demande. L’objectif est en premier lieu d’établir les conditions de l’optimum du bien-être social qui est constitué de la somme du bien-être de chaque individu dans la société. Si l’on considère la réduction de la pollution, cette dernière n’est socialement avantageuse que lorsque l’amélioration du bien-être des victimes est supérieure à la diminution du bien-être des pollueurs. En second lieu, l’économie de l’environnement doit permettre d’expliquer l’existence d’une pollution excessive comme étant le résultat d’une divergence entre l’intérêt privé et l’intérêt collectif. La différence entre le coût supporté par l’agent économique et le dommage imposé à la société (le coût social) constitue le coût de l’externalité négative [Faucheux ; Noël, 1995]. Nous reviendrons sur cette notion dans le paragraphe dédié à la théorie d’internalisation du coût externe (1.3.1 – p22). L’économie écologique diffère des courants néoclassiques en prétendant notamment que l’économie est un sous-système du système global qu’est la nature. L’évaluation purement monétaire adoptée par les néoclassiques est dès lors rejetée dans les modèles développés par l’économie écologique [Levet, 2002].

 

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