LES ECOTYPES OUEST AFRICAINS DE LA BRUCHE CARYEDON SERRATUS OL., RAVAGEUR DE L’ARACHIDE

LES ECOTYPES OUEST AFRICAINS DE LA BRUCHE CARYEDON SERRATUS OL., RAVAGEUR DE L’ARACHIDE

SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE 

LA BRUCHE DE L’ARACHIDE La bruche de l’arachide est un insecte originaire d’Afrique (Decelle, 1981) inféodé aux gousses de certaines légumineuses sauvages. 

Position systématique

La bruche de l’arachide a reçu plusieurs appellations selon les auteurs: Bruchus serratus Ol., 1790, Caryoborus serratus (Ol.), 1790, Bruchus gonagra (F), 1798, Caryoborus gonagra (F.), 1798, Pachymerus gonager (F.) 1798, Caryoborus fuscus Bedel, 1901, Pachymerus fuscus (Bedel), 1901, Caryedon fuscus (Bedel), 1901 et Pachymerus sibutensis Pic, 1924. La mise au point taxonomique a été effectuée par Decelle (1966 in Guèye 2000), qui le désigne sous le nom de Caryedon serratus qui est le seul nom valable. Caryedon gonagra (F.), 1798, a été longtemps considéré comme un synonyme de Caryedon serratus mais les travaux de Delobel et al. (2003) ont montré que c’est une espèce différente de l’espèce Caryedon serratus. La position systématique de Caryedon serratus actuelle est la suivante : Embranchement des Arthropodes, Classe des Insectes, Ordre des Coléoptères, Famille des Chrysomelidae, Sous-famille des Bruchinae, Tribu des Pachimerini, Genre Caryedon, Espèce serratus Olivier.

Origine et répartition géographique

L’espèce est rencontrée partout en Afrique tropicale et essentiellement dans les régions de savane arborée : Mauritanie, Sénégal, Mali, Guinée-Bissau, côte d’Ivoire, Ghana, Burkina Faso, Niger, Tchad, Nigéria, Cameroun, Soudan, Ethiopie, Kenya, Tanzanie, Zimbabwe, zaïre, Congo Brazzaville (Decelle, 1987, in Sembène, 2000). Outre l’Afrique et Madagascar, l’air de dispersion actuelle de Caryedon serratus couvre plusieurs régions tropicales d’Asie et d’Océanie, ainsi qu’une partie des régions néotropicales telles que Colombie, Jamaïque et Mexique. 

Morphologie de l’insecte

L’adulte est brun à mordoré, mouchété de noir et, sous la pubescence, la cuticule est de couleur marron et noir. Le corps, ovale allongé, possède des fémurs postérieurs très fortement dilatés, denticulés sur leur bord ventral. L’adulte mesure 6 à 8 mm de long (Delobel & Tran, 1993). Le bord intérieur ventral du fémur porte des épines en forme de dents de scie. Les tibias sont recourbés en arc de cercle, la tête est petite et les yeux volumineux (figure 1). Les larves sont dodues et arquées, de couleur rosâtre avec une tête marron. A maturité, la larve est de couleur blanc-jaunâtre virant au rose au moment de la construction du cocon (Massala, 1997).  Figure 1: mâle et femelle en face ventrale ; la flèche indique le dernier tergite abdominal incurvé chez le mâle et servant d’organe de copulation (Sembène, 2000). 

Bio-écologie

L’insecte est nocturne. Dans la journée, l’adulte se cache dans toute sorte d’abris : interstices, crevasses d’écorce, ou même regagne son ancien cocon. Il se nourrit de diverses substances telles que: grains de pollen, moisissures, liquides sucrés, eau. Il est capable de consommer ses propres œufs si les conditions de nourriture sont défavorables. Pendant la reproduction, la femelle émet des phéromones qui attirent les mâles. L’accouplement se produit essentiellement au crépuscule (Sembène, 1996). Un spermatophore est déposé dans la bourse copulatrice de la femelle et peu de temps après, elle pond des œufs. A jeun, la femelle peut pondre entre 20 et 115 œufs et lorsque les conditions sont favorables, la fécondité peut aller jusqu’à 650 œufs (Delobel, 1989). Les œufs sont déposés par les femelles soit sur les gousses, dans les cultures en voie de développement, soit sur les graines mûres « écossées » et stockées. Le déterminisme du choix du substrat de ponte de C. serratus semble donc dépendre de la réponse de la femelle à différents stimuli provenant de la plante hôte tels que la forme, la couleur, l’odeur, la texture, le goût ou le degré d’humidité (Sembène & Delobel, 2004). Les mêmes auteurs pensent que le choix des femelles de C. serratus obéit au principe de Hopkins selon lequel la ponte se fait de manière privilégiée sur la plante d’où est issue la femelle. En absence de choix, les femelles de C. serratus pondent sur l’ensemble des graines qui leurs sont offertes (Ouedraogo et al., 2010). Selon (Guèye, 2000), la femelle de Caryedon serratus peut pondre sur un substrat potentiel différent de celui où elle a accompli sa phase pré-imaginale. L’œuf éclot au bout d’une semaine et le développement peut se dérouler dans une ou plusieurs graines (Sembène, 1997). Le développement larvaire (quatre stades) dure un peu plus d‘un mois ; au bout de ce temps, la larve tisse un cocon (figure 2) d’où sortira 15 jours plus tard, un adulte. 5 L’émergence de la larve de dernier stade laisse un trou d’environ 3mm de diamètre. La nymphose s’effectue soit à l’intérieur de la gousse dans un cocon formé à l’intérieur de la graine, soit à l’extérieur dans le sol (Robert, 1995, in Doumma non publié), soit sur tout autre substrat. Figure 2: cocons de Caryedon serratus (T. Diome, 2010) Au total, le développement complet de l’œuf à l’adulte, dure environ deux mois. Dans certaines situations, on constate un étalement très important des émergences, l’intervalle entre les premières et les dernières sorties pouvant atteindre 4 mois (Sembène, 1996). Les adultes qui émergent (figure 3) des cocons sont sexuellement actifs et peuvent se reproduire dès leur émergence. Figure 3 : Caryedon serratus en début d’émergence (Sembène). Il peut y avoir dans certaines conditions, une interfécondité entre différentes souches de la bruche de l’arachide. C’est ainsi que les bruches inféodées à B. rufescens, à Cassia sieberiana et à P. reticulatum, s’hybrident au laboratoire et donnent une descendance fertile malgré la différenciation génétique qui existe entre elles (Sembène, 2004a).

Les plantes hôtes naturelles

Elle se développe le plus souvent dans des gousses de Césalpiniacées telles que : Bauhinia rufescens Lam., Cassia arereh Del, Cassia sieberiana DC., Piliostigma reticulatum (DC.) Hochts., Piliostigma thoningii (Schum.) Milne-Redû., Tamarindus indica Linné. Elle s’est secondairement adaptée à l’arachide. Bauhinia monandra Kurz a été ajouté parmi ces plantes hôtes par Decelle (1987 in Sembène 2000). Selon Ouedraogo et al. (2010), Faidherbia albida peut 6 constituer au Burkina Faso une plante hôte pour Caryedon serratus. Nous présenterons le Piliostigma reticulatum du fait de la proximité génétique entre les populations inféodées à cette plante hôte et celles inféodées à l’arachide. Le Piliostigma reticulatum (figure 4) est aussi appelé Piliostigma reticulata ou Bauhinia reticulata (DC). B. reticulata est une espèce qui pousse sous forme d’arbustes ou d’arbres dans les régions sahélo-soudaniennes. L’arbre porte de grandes gousses de 15 à 25 cm de long sur 5 cm de large coriaces et persistantes de couleur brun rougeâtre, aplaties et indéhiscentes. Caryedon serratus dépose ses œufs de préférence sur les parties brunes des gousses en maturation (figure 4). Figure 4: gousses de Piliostigma reticulatum en maturation (Sembène, 2000).

L’ARACHIDE

L’arachide (Arachis hypogaea L., Fabaceae) est une plante annuelle herbacée dont les gousses se développent dans le sol (figure 5). Cette légumineuse, originaire d’Amérique du sud, a été introduite en Afrique, et précisément au Sénégal vers la fin du XVIème siècle. Les plants d’arachide forment de petits buissons d’environ 50-60 centimètres de hauteur. Ses fruits, appelés couramment cacahuètes, se développent dans le sol suite à l’allongement du pédoncule floral après la fécondation des fleurs. Ses gousses sont indéhiscentes et renferment une à trois graines. Figure 5 : plante d’arachide en début de fructification (Sembène, 2000)

Importance de la culture

L’arachide (Arachis hypogaea L.) est cultivée pour ses graines qui servent de matière première surtout pour l’extraction de l’huile. Ces graines riches en calories, constituent un apport nutritif très important pour les populations locales. En effet, il existe d’autres modes de consommation telle que l’arachide crue ou grillée qui constituent des aliments de base dans les régions où elle est cultivée. De plus, les fanes constituent un très bon fourrage. L’arachide constitue, quantitativement et qualitativement, la première source de lipides du régime alimentaire au Sénégal. C’est également un apport non négligeable en protéine qui représente près de 18% des calories (Simon, 1999). Les paysans représentent 70% de la population du Sénégal et la vente des gousses d’arachide représente à peu près la moitié de leur revenu. Les huiles et les tourteaux représentent plus de la moitié des exportations du pays (Sembène, 1997).

La culture

Les graines sont semées tout juste après la première pluie. La germination de l’arachide a lieu entre 24 et 48 heures lorsque le taux d’imbibition du sol atteint 35 à 40% (Malou, 1999) et la récolte s’effectue après 3-4 mois, à la fin de la saison des pluies. Les plants sont arrachés et laissés sécher au champ, tout d’abords en petits tas appelés moyettes (figure 6) durant deux semaines, puis en meules pendant une à quelques semaines, périodes pendant lesquelles les gousses d’arachides sont à la portée de Caryedon serratus.

Table des matières

INTRODUCTION
I. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1. LA BRUCHE DE L’ARACHIDE
I.1.1. Position systématique
I.1.2. Origine et répartition géographique
I.1.3. Morphologie de l’insecte
I.1.4. Bioécologie
I.1.5. Les plantes hôtes naturelles
I.2. L’ARACHIDE
I.2.1. Importance de la culture
I.2.2. La culture
I.2.3. Le stockage
I.2.3.1. Méthodes de stockages traditionnels
I.2.3.2. Méthodes de stockages modernes
I.2.4. Infestation de l’arachide par la bruche
I.2.5. Les pertes causées par la bruche
I.2.5.1. Les pertes quantitatives
I.2.5.2. Les pertes qualitatives
I.3. TECHNIQUES DE PROTECTION
I.3.1. Les techniques traditionnelles
I.3.2. Lutte chimique
I.3.3. Méthodes physiques
I.3.4. Luttes biologiques
I.3.5. la solarisation
II: MATERIELS ET METHODE
II.1. ECHANTILLONNAGE
II.2. ETUDE GENETIQUE
II.2.1. Extraction de l’ADN de Caryedon serratus
II.2.2. PCR (réaction de polymérase en chaine)
II.2.3. Séquençage du cytochrome
II.3. ANALYSE GENETIQUES
III : RESULTATS ET DISCUSSION
III.1. RESULTATS
III.1.1. les extraits d’A
III.1.2. les produits PCR
III.1.3. les Séquences
III.1.3.1. le profil de Macrogen
III.1.3.2. les séquences obtenues
III.1.3.3. l’alignement
III.1.3.4 Composition en nucléotides et en acide aminés
III.1.4 la diversité génétique
III.1.5. les arbres phylogénétiques
IV. DISCUSSION
CONCLUSION

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