Les effets du Taï-Chi sur l’équilibre et la motricité dans la prise en charge de la maladie de Parkinson

Les effets du Taï-Chi sur l’équilibre et la motricité dans la prise en charge de la maladie de Parkinson

Le Taï Chi Chuan 

Le Taï Chi (TC) est un art martial chinois dit « interne », souvent considéré comme une gymnastique de santé. Il peut également comporter une dimension spirituelle et a pour objet le travail de l’énergie. Le TC consiste en de la méditation alliée à des mouvements lents et gracieux, qui sont souvent recommandés pour réduire le stress, améliorer l’humeur, la souplesse, la mobilité et l’équilibre. Des études déjà menées sur le sujet des bienfaits du TC, notamment chez les personnes âgées et dans certains cas de maladies chroniques, montrent des effets positifs tant sur la qualité de vie que sur la stabilité posturale, la marche, la mobilité, le système immunitaire et les facteurs de risque cardio-métaboliques.

Les différents styles

Parmi les écoles les plus connues on trouve le TC Chen qui a conservé une martialité sans équivoque et demande des qualités corporelles qui séduisent souvent les adeptes des arts martiaux. Contrairement aux autres styles, ses enchaînements se pratiquent en variant puissance et vitesse. Il se caractérise par des spirales manifestes qui animent chaque mouvement. Le créateur du TC Yang a voulu rendre le TC accessible au plus grand nombre. C’est le style qui est devenu le plus populaire en occident. C’est une pratique lente et relâchée (force souple et non pas brute) dont les mouvements ont été simplifiés ou remplacés. Il existe au moins douze autres styles de TC. 

L’art martial

Le TC en tant qu’art martial interne insiste sur le développement d’une force souple et dynamique par opposition à la force physique pure. Une des règles est le relâchement. Celui-ci garantit la fluidité des mouvements et leur coordination. Une fois la relaxation installée, le pratiquant va développer une force interne consistant à relier chaque partie du corps en restant relaxé. Le TC contrôle les mouvements en exerçant des forces tangentielles ou de rotation. Lors des frappes, l’énergie est tout d’abord concentrée à « l’intérieur » un des centres fondamentaux de « l’énergie » (aussi connu sous la désignation hindouiste « second chakra »). Puis elle est libérée, accompagnée d’une onde de choc propagée par l’ondulation des articulations du pratiquant, tel un fouet. On appelle cette action faire « jaillir la force ». Le tai-chi-chuan porte une attention particulière à l’enracinement. L’énergie doit aussi s’élancer des « racines » que constituent les pieds, puisque ce sont généralement eux qui, dans la majorité 6 des cas, vont amorcer le coup que transmettra la main, ou tout autre partie frappante. On dit parfois, « le pied donne le coup, la hanche dirige et la main transmet ». L’énergie provient des pieds, puis elle est dirigée par la taille avant d’être transmise par les mains. 

 Les pas principaux et les huit techniques principales

La position des jambes, primordiale, accompagne tous les mouvements. Le tai-chi-chuan en utilise trois principales qui sont le pas du cavalier (squat), le pas de l’arc (fente avant) et le pas vide (appui monopodal). Les pas s’exécutent de manière plus ou moins accentuée selon les styles. Les déplacements restent axés sur huit directions principales, équivalentes à celles de la rose des vents. Le TC comme pratique de combat utilise huit techniques principales : appuyer ; cueillir ; presser ; heurter ; séparer ; tirer ; parer et projeter ; le coup de coude ; 

La séance d’entraînement

En dehors de l’apprentissage des mouvements, des postures et de la respiration, la pratique du tai-chi-chuan comprend des exercices d’assouplissement et de relâchement des muscles et des articulations, destinés à favoriser la circulation de l’énergie. Il existe également des exercices qui consistent en des mouvements visant à développer la sensation de coordination entre les jambes, le bassin, la colonne vertébrale et les bras. Afin de perfectionner le style, l’enchaînement peut être pratiqué à trois vitesses ; une fois à vitesse normale pour corriger les mouvements, une seconde fois un peu plus rapidement pour habituer le corps à l’unité dynamique du début à la fin, et une troisième fois lentement, comme une phase méditative, pour travailler la circulation de l’énergie. Une série d’exercices de Qi Gong (QG) sont utilisés dans certaines écoles afin de préparer le corps à la pratique du TC. Le but est d’ouvrir les « trois portes », c’est-à-dire dénouer les épaules, la taille et les hanches afin de faciliter la circulation de l’énergie. Le QG et le TC sont complémentaires. Si les mouvements se ressemblent, le QG se travaille sur une base de sustentation statique et a un but thérapeutique plus à visée des organes internes, alors que le TC se travaille en déplacement et son effet est plus dirigé sur les organes externes tels que les articulations et les muscles. Les deux techniques comprennent un grand travail de respiration, d’où leur nom d’activité physique méditative. 

La littérature

 La recherche évoquant les effets du TC a considérablement augmenté ces dernières années. De 1974 à 1994 on trouvait moins de dix articles par an. De 1995 à 2015 ces chiffres ont augmenté constamment montant jusqu’à cent-quatre-vingt par an. 7 Le TC a déjà fait ses preuves dans l’amélioration de la force, de l’équilibre et de la motricité, ainsi que dans la diminution du risque de chutes chez des personnes âgées [20]. D’après une synthèse de 120 revues de littérature, il y a une forte preuve des bienfaits du TC sur la prévention des chutes, l’arthrose, l’amélioration des capacités cognitives et la MP. Une bonne preuve concernant son effet sur la dépression, la réadaptation cardiaque, la prise en charge post-AVC et les pathologies cognitives/démence. La preuve est passable dans l’amélioration de la qualité de vie pour des patients souffrant d’un cancer, d’une fibromyalgie, d’hypertension et d’ostéoporose. Les preuves sont préliminaires concernant la prévention des AVC, l’anxiété, la lombalgie, la mobilité du membre supérieur après chirurgie dans le cancer du sein, la SEP. Il n’y a pas de preuve concernant le diabète, l’arthrite rhumatoïde et l’insuffisance cardiaque. Des études ont déjà montré que l’exercice en aérobie avait un effet positif sur la neuroplasticité et aurait de ce fait un effet potentiellement neuroprotecteur, d’où un effet positif présumé dans la prise en charge de la MP. Les bienfaits du TC toucheraient donc l’équilibre, la capacité aérobie, la force musculaire, le bien-être (diminution du stress et de l’anxiété, augmentation des capacités d’attention), le sommeil et la flexibilité [7] [14] [28]. D’autres études montrent également que la pratique au long cours du TC diminuait le temps de réaction des muscles ischio-jambiers et gastrocnémiens pour se contracter. La proprioception et l’équilibre dynamique sont améliorés [8]. Le TC améliore l’équilibre chez les personnes âgées et a l’avantage d’être une activité peu onéreuse qui ne nécessite pas de matériel ni de coach, et peut se pratiquer n’importe où. De plus le TC est une activité qui est considérée comme étant agréable par les personnes âgées. Mais il est évident que les bienfaits apparaissent de manière plus prononcée au long cours (plus de trois mois) lorsque la pratique est régulière et devient une habitude dans la vie du sujet [31]. D’autres études ont également montré l’effet du TC sur la qualité de vie des personnes âgées le pratiquant. Comparé à d’autres activités physiques, les groupes ayant pratiqué le TC rapportent un effet notable de celui-ci sur leur vie, leurs AVQ, un changement dans leur activité physique normale et une sensation d’avoir bénéficié des effets positifs de leur activité physique. Dans leur auto-évaluation ils notifient une augmentation de leur prise de conscience corporelle et des différentes facettes de leur bien-être, une diminution du stress par augmentation de leur confiance en eux (par augmentation de la force musculaire et de leur énergie/capacité à réaliser des gestes dont ils ne se sentaient plus capables), une amélioration de leur capacité de concentration et de relaxation. Le point fort du TC, en comparaison à d’autres types d’activités physiques pour personnes âgées, est que celui-ci motive les sujets à faire de cette activité une habitude de vie. Il y a une amélioration de l’observance de traitement 

Table des matières

Contents
1 INTRO
1.1 La maladie de Parkinson
1.1.1 Pathologie
1.1.2 Epidémiologie
1.1.3 Physiopathologie
1.1.4 Sémiologie
1.2 Le Taï Chi Chuan
1.2.1 Les différents styles
1.2.2 L’art martial
1.2.3 Les pas principaux et les huit techniques principales
1.2.4 La séance d’entraînement
1.2.5 La littérature
1.3 Hypothèses théoriques
1.4 Les objectifs de la revue de littérature
2 METHODOLOGIE
2.1 Le choix des études recherchées, critères d’éligibilité des études pour cette revue
2.2 Méthodologie de recherche
2.2.1 Mots clefs
2.2.2 Les sites recherchés
2.2.3 Requêtes préalables
2.2.4 Equations de recherche
2.2.5 Premier tri effectué : sélection
2.3 Etudes retenues et études exclues
2.4 Diagramme des flux
2.5 Extraction et analyse des données
2.5.1 Evaluation de la qualité méthodologique des études sélectionnées
2.5.2 Méthode de synthèse des résultats
3 RESULTATS
3.1 Description des études
3.1.1 Effects of Tai Chi and multimodal exercise training on movement and balance function in mild to moderate idiopathic Parkinson disease. Zhang TY, Hu Y, Nie ZY, Jin RX,Chen F, Guan Q, et al.
3.1.2 Tai chi and postural stability in patients with Parkinson’s disease. Li F, Harmer P,Fitzgerald K, Eckstrom E, Stock R, Galver J, et al.
3.1.3 A randomized controlled trial of patient-reported outcomes with tai chi exercise in Parkinson’s disease. Li F, Harmer P, Liu Y, Eckstrom E, Fitzgerald K, Stock R, et al.
3.1.4 Effects of Tai Chi on balance and fall prevention in Parkinson’s disease: A randomized controlled trial, Gao Q, Leung A, Yang Y, Wei Q, Guan M, Jia C, et al.
3.1.5 Therapeutic Effects of Tai Chi in Patients with Parkinson’s Disease, Choi H-J, Garber CE, Jun T-W, Jin Y-S, Chung S-J, Kang H-J
3.2 Biais potentiels
3.2.1 Biais de selection
3.2.2 Biais d’évaluation
3.2.3 Biais de suivi
3.2.4 Biais d’attrition
3.2.5 Biais de mesure
3.3 Différence de moyennes et taille d’effet
3.3.1 Zhang, Chine, 2015
3.3.2 Li, USA, 2012
3.3.3 Li, USA, 2014
3.3.4 Gao, Chine, 2013
3.3.5 Choi, USA, 2013
4 DISCUSSION
4.1 Analyse des principaux résultats
4.1.1 L’équilibre
4.1.2 La motricité
4.1.3 Qualité de vie
4.1.4 Autonomie dans la pratique d’une activité physique
4.1.5 Synthèse
4.2 Applicabilité des résultats en pratique clinique
4.3 Qualité des preuves
4.4 Biais potentiels de la revue
5 CONCLUSION
5.1 Implication pour la pratique clinique
5.2 Implication pour la recherche
6 BIBLIOGRAPHIE
7 ANNEXES

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