LES EFFETS MACROECONOMIQUES
DES JEUX OLYMPIQUES

La variation des agrégats macroéconomiques 

Variation dans les pays candidats : Notre analyse empirique fournit le support pour le plan de l’identification adopté dans Beaudry et Portier (2006) : la production dans les pays d’appel d’offres, l’investissement et la consommation privée augmentent considérablement sept à neuf ans avant que les Jeux olympiques soient organisés. D’après les prédictions théoriques, après l’avis du pays organisant, l’investissement diminue dans les pays d’appel d’offre et il n’y a pas d’effets à long terme importants associés aux appels d’offres pour les Jeux Olympiques sur la production, l’investissement, ou la consommation privée.

Variation dans les pays d’accueil

Contrairement aux pays d’appel d’offre, il y a un effet positif significatif sur les variables macroéconomiques dans les pays d’accueil qui a lieu deux à cinq ans avant la tenue des Jeux. Le PIB augmente considérablement pendant les cinq années antérieures avant d’organiser, et atteint le maximum qui a lieu quatre années avant de la tenue. Cette augmentation du PIB par personne est due à une augmentation significativement positive et quantitativement importante de l’investissement et la consommation privée. La consommation de gouvernement qui augmente aussi considérablement quatre années à l’avance de l’événement réel. Notre analyse empirique des effets dans les pays d’accueil implique donc qu’organiser les Jeux olympiques entraîne plus qu’une « couronne d’olive » : il y a des effets très macroéconomiques qui sont positifs aussi bien que durable ; et ces effets apparaissent bien dans les données à l’avance de l’organisation de l’évènement. 

Les agrégats macroéconomiques clés 

C’est aussi important de noter que les agrégats macroéconomiques clés sont considérablement différents entre faire une offre et accueillir après l’annonce du pays qui a la capacité d’organiser les Jeux olympiques. Récemment, Rose et Spiegel (2011) montrent qu’organiser ou faire une offre pour les Jeux olympiques présente un impact positif sur le commerce international. Utiliser une variété de modèles commerciaux, les auteurs documentent que cet effet est statistiquement robuste, permanent et grand. Notre analyse devrait être comme complémentaire à leur étude. Tout d’abord, le centre de notre étude est sur un ensemble général de variables macroéconomiques tels que le PIB par personne, la consommation et l’investissement. Deuxièmement, Rose et Spiegel affirme que ce qui compte dans le commerce international c’est que les pays envoient aux marchés internationaux un signal en vue de faire une offre pour les Jeux Olympiques. Nous montrons que l’appel d’offre et l’organisation des Jeux Olympiques influe plus que depuis que ces événements sont associés aux effets de l’anticipation considérables qui induisent bien un résultat positif, l’investissement et la consommation augmentent de façon considérable avant la tenue des Jeux. Notre constatation des effets d’anticipation importants est d’un intérêt de fond, à la fois dans le domaine de la macroéconomie internationale, ainsi que le débat politique sur les coûts et les avantages de la tenue des Jeux Olympiques. Troisièmement, en se concentrant sur les effets d’anticipation associés avec l’organiser et faire une offre pour les Jeux olympiques, nous pouvons fournir une réponse à plusieurs questions parties ouvert dans Rose et Spiegel tel que, par exemple, pourquoi les économies ouvertes devraient faire une offre pour organiser les Jeux olympiques et pourquoi les pays ont fait une offre à maintes reprises pour l’organisation de tels événements. 

Analyse économétrique

Pour analyser les effets macroéconomiques des jeux Olympiques, nous utilisons un panel de 188 pays qui couvrent la période 1950 -2009. Nous construisons deux variables indicatrices distincts des Jeux olympiques. Un pour les pays qui ont fait une offre et ont été sélectionnés pour organiser les Jeux ; et un autre pour les pays qui ont fait une offre et n’ont pas été sélectionnés pour organiser les Jeux. Nous employons des techniques d’estimations des  impacts pour les effets contemporains, futurs, aussi bien qu’antérieurs des Jeux olympiques. Dans ce cadre d’estimation des effets en panel, nous examinons comment varient l’augmentation du PIB par personne, la consommation privée, l’investissement, et les dépenses de la consommation du gouvernement, le niveau du prix et le taux de change sont liés à l’hébergement et aux appels d’offres pour les Jeux Olympiques.

Données et choix des variables

Sources des données :  L’Annexe 4 dresse la liste des appels d’offres et les pays d’accueil.  Les données sur le PIB réel par habitant, la consommation privée, l’investissement, les dépenses publiques, le niveau des prix à la consommation, et le taux de change nominal sont de la Penn World Table, version 7.0 (Heston et al., 2011).  Les données sur les exportations et les importations sont de la banque mondiale en 2011(World Development Indicator).

Les variables macroéconomiques

Le PIB réel par habitant (PIB) 

Cet indicateur, bien que complexe, est l’un des plus adéquats pour comparer des économies entre elles. Sous sa forme initiale, le produit intérieur brut (PIB) permet d’évaluer la production de biens et services d’un pays pendant une année. Il illustre l’importance de l’activité économique d’un pays. Quand on tente des comparaisons internationales, cet indicateur est d’autant plus approprié qu’il introduit la correction dite de la PPA (parité du pouvoir d’achat). On tient alors compte des différences de pouvoir d’achat. Enfin, dans la mesure où l’on tient aussi compte de la taille de la population, il permet d’avoir une image très juste de la richesse d’un pays. 

La consommation privée (CP)

La consommation regroupe tous les biens et services dans le but de satisfaire les besoins. La définition de la consommation vise spécifiquement les dépenses supportées directement. On y additionne les différentes dépenses : aliments, boissons, vêtements, dépenses en eau, électricité et chauffage ainsi qu’ameublement, équipement ménager et entretien courant de la maison. Services de communication : Internet, téléphone, télévision par câble. Elle comporte aussi les dépenses en matière de santé comme les médicaments. Enfin, on y retrouve les 24 dépenses en matière de loisir et de culture des ménages : livres, abonnements, voyages, etc. Sont exclus : les dépenses en santé qui sont assumées par l’État ainsi que les investissements faits par les ménages, comme l’achat d’une maison. Sont donc exclus les biens ou services qui ne sont pas payés directement par les bénéficiaires mêmes si ceux-ci peuvent en profiter, les infrastructures routières et les services de sécurité par exemple. Il s’agit d’une composante importante du PIB.

L’investissement (Invest)

L’investissement, ou FBCF peut être le fait de différents agents économiques .Pour les entreprises : c’est la valeur des biens durables acquis pour être utilisés pendant au moins un an dans leur processus de production, pour les ménages : la FBCF dans le cadre de leur activité domestique ne concerne que l’acquisition ou la production pour leur propre compte de logements, pour les entrepreneurs individuels : la FBCF des ménages en tant qu’entrepreneurs est comptée dans la FBCF des entreprises. 

Les dépenses publiques (DP)

Les dépenses publiques sont l’ensemble des dépenses réalisées par les administrations publiques. Les dépenses publiques s’opposent aux dépenses effectuées par les ménages ou les individus. On y retrouve toutes les dépenses de salaires, d’achat d’équipement pour couvrir les différentes missions des administrations publiques. On exclut cependant les investissements en bâtiments ou en infrastructures qui appartiennent à la formation brute de capital fixe.

Niveaux des prix à la consommation (IPC) 

L’indice des prix à la consommation (IPC) est l’instrument de mesure de l’inflation. Il permet d’estimer, entre deux périodes données, la variation moyenne des prix des produits consommés par les ménages. C’est une mesure synthétique de l’évolution de prix des produits, à qualité constante. Il est essentiel de rappeler que l’indice des prix à la consommation n’est pas un indice du coût de la vie. En effet, l’indice des prix à la consommation cherche à mesurer les effets des variations de prix sur le coût d’achat des produits consommés par les ménages. L’indice du coût de la vie cherche à mesurer les variations des coûts d’achat pour maintenir le niveau de vie des ménages à un niveau spécifié. 

Le taux de change (TC) 

Le taux de change entre deux devises mesuré sans prendre en compte les différences de pouvoir d’achat des deux devises respectives. C’est-à-dire le prix relatif des monnaies de deux pays.

Les variables indicatrices 

Hostit: unité dans le pays i si le pays est organisateur des Jeux olympiques l’année t.  Bidit : unité dans le pays i si le pays est candidat l’année t pour l’accueil des Jeux olympiques. Bidding country : Pays d’appel d’offres Hosting country : Pays d’accueil Parce que sur la période 1950-2009, la candidature pour accueillir les Jeux olympiques a eu lieu approximativement huit à dix années avant les Jeux, nous incluons dix indicateurs déterminant le pays organisateur ou candidat dans l’équation :  B (F) = b1F + b2F2 +… + b10F10 et D (F) = d1F + d2F2 +… + d10F10 Les coefficients dans les polynômes B(F) et D (F) capturent les effets ex-ante de l’accueil et de l’appel d’offre pour les JO. De la même façon, nous examinons les effets de l’ex-post des Jeux olympiques en incluant jusqu’à dix décalages sur le côté droit de l’équation estimant.  A (L) = a1L + a2L2 +… + a10L10 et C (L) = c1L + c2L2 +… + c10L10. Les effets contemporains des Jeux olympiques pour la candidature et l’organisation des pays sont capturés par les coefficients a0 et c0. Nous examinons si faire une offre et organiser les Jeux Olympiques ont des effets de longue durée sur les variables Yit en testant si la somme des coefficients estimés (contemporain, ex-ante et ex-post) sur les variables dummy est significativement différent de zéro.  αi : Effets fixes du pays i, Country Fixed Effect (tableau & annexe)  βt : Effets fixes de l’année t, Year Fixed Effect (tableau & annexe) La prise en compte des effets fixes par pays est importante car αi représente les spécificités inobservables des pays qui peuvent influencer la probabilité d’hébergement et des appels d’offre pour les olympiques ainsi que Yit. Par conséquent, tous les facteurs fixes tels que le climat, le continent, la langue ou des différences dans les revenus moyens par habitant. Les effets fixes à l’année représentent des facteurs communs qui sont spécifiques à l’année t. 26  Le modèle économétrique : Yit = a0Hostit + A(L)Hostit +B(F)Hostit +c0Bidit + C(L)Bidit +D(F)Bidit +αi+βt +eit II-Hypothèse de l’estimation : L’hypothèse clé dans l’estimation est que, sous réserve des caractéristiques du pays, l’appel d’offre et l’accueil des JO sont attribués au hasard. Bien sûr, un certain niveau de développement économique est nécessaire pour accueillir les jeux. Toutefois, αi capture le fait que les pays ont ce niveau. En d’autre terme, l’existence de cette dummy prend en compte que certains pays ont la capacité d’accueillir les Jeux alors que d’autres pays ne disposent pas cette capacité. À cet égard, il est important de noter que la candidature pour l’accueil des Jeux Olympiques a lieu huit à dix ans avant la tenue des Jeux. La fréquence des jeux olympiques est par conséquent un évènement prédéterminé.

Méthode d’estimation  

Les données en panel

On a le modèle linéaire : 𝑦 = (𝑥1, … , 𝑥𝑝) ( 𝑏1 ⋮ 𝑏𝑝 ) + 𝑢 = 𝑋𝑏 + 𝑢 On possède un échantillon comportant des informations sur un ensemble d’individus indicés par i = 1, … ,N que l’on suppose présents pendant toute la période d’étude. Les dates auxquelles les données sont observées sont indicées par t = 1, … ,T: Pour chaque individu, on peut écrire que : 𝑦𝑖𝑡 = 𝑋𝑖𝑡𝑏 + 𝑢𝑖𝑡 On peut écrire le modèle pour chaque individu : 𝑦𝑖𝑡 (𝑇, 1) = 𝑋𝑖𝑡 (𝑇, 𝑝) + 𝑢𝑖 (𝑇, 1) 𝑖 = 1, … , 𝑁 La seule différence par rapport au cas usuel est l’indice d’individu, puisqu’il y a N séries temporelles dans notre panel. Comme le paramètre b est le même pour tous les individus, on peut se ramener à un modèle empilé qui utilisera toutes les observations. Concrètement, ce rangement des données revient à trier d’abord par individu puis, pour chaque individu, à trier par date. Selon les propriétés de la perturbation u on sera amené à choisir différents estimateurs. Nous commencerons par le cas le plus simple : celui d’un bruit blanc. 27 III.2 Estimation : L’estimation des paramètres se fait par la méthode des moindres carrés ordinaires. 90 % des séries courantes en macroéconomie sont intégrées d’ordre 111 : I(1), le reste (généralement les séries de prix, taux d’intérêt sont-elles I(2), donc à intégrer deux fois pour les stationnaires). Donc souvent, les économètres passent en log leurs séries car si nous faisons delta log après, non seulement on les stationnarise (Logt – logt-1) mais ça nous permet d’analyser une série qui a un sens d’un point de vue économie car le delta log est une série très proche d’un taux de variation, d’un taux de croissance. La fonction logarithme est donc nécessaire dans l’estimation du modèle. D’où : logPIB, logInvest, logDP, logIPC, logTC. Section 4 : Principaux résultats Les jeux olympiques induisent des effets d’anticipation, ainsi que des effets d’hébergement. Ce effets d’hébergement constituent trois sortes d’effets : Effets contemporains en relation avec les effets ex-antes, les effets ex-post et les effets cumulatifs. 

Effets d’anticipation 

D’un point de vue de l’équilibre partiel, il est facile de modéliser une économie dans laquelle les anticipations font augmenter la production, la consommation et l’investissement. En effet, les agents reçoivent des informations sur le développement futur, ce qui change leurs attentes dans le futur ainsi ils vont dépenser et investir plus. La théorie néoclassique sur l’investissement soutient ce point de vue. L’anticipation qu’on considère peut avoir plusieurs interprétations : il peut être sur l’investissement futur du gouvernement qui améliore la productivité privée et entraine une augmentation de la demande globale au cours de l’appel d’offre ; il peut être considéré comme un choc pour la demande effective du tourisme ou comme une réforme structurelle qui favorise l’ouverture de l’économie (Rose et Spiegel ,2011).