Les fondements historiques de la pratique éducative

Les fondements historiques de la pratique éducative

De l’institut au cégep 

Le réseau collégial a été créé officiellement le 29 juin 1967, suite aux recommandations contenues dans le Rapport Parent; celui-ci a fait suite à une vaste évaluation du système scolaire québécois étalée de 1961 à 1966, appelée «Commission royale d’enquête». D’ailleurs, en 1961, Pierre Angers écrivait que «le changement perpétuel était devenu une condition permanente et l’enseignement supérieur était le lieu privilégié où se joue le destin d’une nation» (Angers, 1961:11). Ainsi, l’éducation se devait d’être la locomotive de la Révolution tranquille.

C’est aussi à cette période que le ministère de l’Éducation est créé (1964); jusque-là, le champ d’action en éducation était réservé à l’Assemblée des évêques. C’est un premier pas vers la laïcisation et donc vers un autre grand bouleversement en éducation. Le nouveau Ministère de l’éducation endossait une des recommandations du rapport Parent et la création d’un cycle autonome d’études pré-universitaires et professionnelles, distinct de celui du secondaire et de l’université, est recommandée: c’est l’institut. Mais les instituts cliangent rapidement d’appellation et deviennent des collèges d’enseignement général et professionnel, appelés communément «cégeps». Les finalités retenues pour ce niveau étaient:

Parfaire et confirmer la formation générale de l’étudiant au moyen de certaines disciplines de synthèse comme les lettres et la philosophie; permettre ensuite à l’étudiant d’amorcer ou de compléter sa formation professionnelle.

Ainsi, les cégeps devaient préparer à l’université et au marché du travail.

En 1967, douze institutions de niveau collégial étaient ouvertes sur le territoire québécois, la plupart du temps, dans les mêmes bâtiments que ceux occupés pour dispenser la «formation classique». Ces ouvertures n’étaient pas sans soulever quelques querelles de clochers! Mais comment s’est faite la transition pour tous ces étudiants qui étaient rendus aptes à devenir des cégépiens et qui étaient soit au secteur public (12e année), soit au secteur privé (belles-lettres, cours classique)?

Les étudiants d’alors inscrits au niveau de rhétorique ont la possibilité de terminer leurs huit années d’études classiques avant d’obtenir leur baccalauréat ès arts conduisant à l’université. Cependant, ceux qui ont terminé le niveau de belles-lettres ont accès directement à ces nouvelles institutions et sauvent ainsi une année d’étude, par rapport aux études classiques traditionnelles (8 ans). Ils vont joindre ceux qui sortent de la 12e année du secteur public .

Cette transformation du réseau scolaire québécois répondait à plusieurs besoins:
• croissance de la population à scolariser,
• démocratisation de l’accessibilité;
• uniformisation des pratiques d’enseignement et leur amélioration;
• exigences liées au progrès scientifique et économique.

Le système scolaire de l’époque, avec ses structures, ses ressources humaines et financières ne pouvait répondre adéquatement à toutes ces exigences; on manquait de maîtres qualifiés et d’établissements.

À ce moment, il est recommandé que les études collégiales ne soient pas destinées à préparer à tel emploi particulier, à telle faculté universitaire, mais plutôt à un monde technique mobile ou à un groupe de facultés. En plus, comme le rapporte Gin gras ( 1992:23) «il fallait éviter que l’horaire hebdomadaire de l’élève soit entièrement occupé par l’enseignement magistral. Qu’il s’agisse des matières de formation générale ou des matières de concentration, 40% du temps que l’élève passerait dans l’institution devrait être affecté à des travaux personnels.».

Finalement, le Ministère se réservait la sanction des études et le droit d’administrer des examens de contrôle. On voulait axer l’enseignement sur l’élève alors qu’il était centré depuis 100 ans sur le savoir.

En 1970, des améliorations pédagogiques souhaitées 

En février 1970, un premier colloque est organisé par la Fédération des Cégeps portant sur «Le développement des cégeps dans la société québécoise», et l’un des thèmes traitait de la dimension «enseignement au Cégep»; on y soulignait l’importance de créer une pédagogie collégiale et des services adéquats de soutien.

Puis en 1975, le Rapport Nadeau reprochait à la pédagogie son caractère plutôt traditionnel et il recommandait un meilleur équilibre entre l’enseignement théorique et l’enseignement pratique (Barbeau, 1992). Les auteurs concluaient qu’il y avait échec dans l’intégration des secteurs général et professionnel.

Pour tenter d’améliorer la situation, les modules étaient créés; ceux-ci devaient favoriser la concertation entre les professeurs des différentes disciplines oeuvrant pour et avec les étudiants. Ce mode de fonctionnement était révolutionnaire pour l’époque et on passait de la discipline à l’approche programme en quelque sorte (Barbeau, 1992). Les modules n’ont été toutefois que de courte durée à cause des nombreuses contraintes d’application.

Enfin, la Direction générale de l’enseignement collégial (DIGEC) publiait la même année le rapport GTX dans lequel elle prônait le perfectionnement du personnel. Malheureusement, les rapports Nadeau et GTX ont été mis aux oubliettes.

Après 10 ans, peu de changements 

En 1978, pour souligner le 10e anniversaire des cégeps , le gouvernement publie son livre blanc sur les cégeps «Les collèges du Québec, nouvelle étape», dans lequel les auteurs signalent la piètre qualité de l ‘enseignement et que le perfectionnement pédagogique des professeurs pourrait avoir une influence positive sur la formation des étudiants (Barbeau, 1992); il est recommandé d’accorder une attention toute particulière à celle-ci.

Puis en 1979, la loi des collèges est modifiée et une nouvelle structure est créée: le Conseil des collèges. Celui-ci avait comme mandat de donner des avis au ministre, entre autre sur l’état et les besoins de l’enseignement collégial. En 1985, le Conseil publiait le rapport «Le cégep de demain» dans lequel il est écrit que «les défis du système collégial sont essentiellement d’ordre pédagogique» (CSE, 1990:33). Le Conseil poursuivait en disant qu’il fallait «assurer aux étudiants une formation intégrée et fondamentale et faire de la recherche pour une pédagogie adaptée, en complémentarité avec ce qui se fait dans les universités» (CSE, 1990:60).

Après 25 ans, certaines demandes se font toujours attendre 

En 1992, lors du 25e anniversaire des Cégeps, tout est remis en cause. Mme Lucienne Robillard, ministre de l’enseignement supérieur et de la science, a tenu une commission parlementaire à l’automne, afin de susciter un débat de fond sur la question de l’enseignement collégial. Plus de 200 groupes ou organismes ont exprimé leur opinion (Laliberté et Plante, 1993). Il faudrait remarquer que, même si la recherche pédagogique était toujours en plein essor dans les cégeps, les règles du jeu n’avaient guère changé dans ces maisons d’enseignement qui se voulaient uniques.

Malgré des avis, des recommandations et de nouvelles structures, les changements souhaités semblaient trop lents à se produire. Ce renouveau a eu un effet «troublant» parmi les enseignants comme nous le verrons plus loin.

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE A. LA PROBLÉMATIQUE
1 . Les cégeps
1.1. Les fondements historiques de la pratique éducative
1. 1.1. De l’institut au cégep
1.1.2. En J970, des améliorations pédagogiques souhaitées
1.1.3. Après JO ans, peu de changements
1.1.4. Après 25 ans, certaines demandes se font toujours attendre
1.2. Leur originalité
2 . La pédagogie collégiale
2.1. Enseigner et éduquer
2.1.1. L’enseignement au collégial
2.1.2. Les différences avec les autres niveaux
2.2. Les exigences pour enseigner
2.2.1. Au Québec
2.2.2. Ailleurs dans le monde occidental
3. Le perfectionnement
3.1 . Les possibilités
3.1.1. Les paliers de décision: local ou réseau
3.1.2. La formation créditée ou non
3.2. Évaluation de ce perfectionnement
4. Une première réforme
4.1. La compétence, un concept ambigu
4.1.1. Pour les spécialistes de la pédagogie collégiale au Québec
4.1.2. Pour quelques spécialistes européens et américains
4.1.3. La définition de Brien
4.1.4. Proposition d’un modèle
4.1.5. Un problème de niveau de compétence
4.2. Un changement de paradigme
4.2.1. Le système
4.2.2. Les programmes et les cours
4.2.3. L’enseignement
4.2.4. L’apprentissage
4.3. Les aspects négatifs
4.4. Les aspects positifs
5. Le besoin d’une formation pédagogique pour se professionnaliser
5.1. Les arguments
5.2 …. en faveur de la professionnalisation
6. La formation souhaitée
6.1. Les caractéristiques d’un bon professeur
6.2. Les nouvelles exigences
6.2.1. Les compétences et leurs justifications
6.2.2. Un modèle de professeuresseur compétent
6.2.3. La formation initiale et continue
6.3. Un cadre pour la formation continue
7. La justification de l’étude de besoins de formation
7 .1. Le concept de besoin, tout aussi ambigu
7 .2. Le modèle utilisé
7.3 . Les objectifs de l’étude
PARTIE B. UN OUTIL POUR ÉVALUER LES BESOINS DE FORMATION
8. Le choix de l’outil et sa validation
8.1. L’outil: une méthode mixte
8.2. Les avantages de la méthode
8.3. L’échantillon de professeurs
CONCLUSION

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *