Les nations semblables peuvent échanger

Les nations semblables peuvent échanger

Les approches traditionnelles (Ricardo, HOS) reposent sur une détermination « exogène » des spécialisations. L’échange est alors bénéfique du fait d’avantages comparés qui préexistent à l’échange. Cette conception dominante a été contestée par des approches « endogènes » de la spécialisation où, la formation des avantages comparatifs apparaissait comme une conséquence, et non une cause, de l’ouverture des échanges et de la division internationale de travail. Elle prolonge la conception endogène en explorant le rôle des économies de dimension et l’éventuelle influence de l’ouverture sur la compétitivité des firmes. Mais elle radicalise également l’approche endogène en admettant que la révélation d’avantages comparatifs ne constitue pas une condition nécessaire à l’échange. La problématique de la nouvelle conception s’articule autour de trois positions.

Les nations semblables peuvent échanger.Dans l’approche exogène, seules deux nations différentes sont susceptibles d’échanger. La différence peut être les fonctions de production (Ricardo) ou de consommation (Stuart Mill : 1806-1873) ou les dotations factorielles. Dans l’approche endogène, deux nations identiques (sur les critères précités) peuvent néanmoins avoir intérêt à échanger dès lors que la spécialisation permet à chaque pays d’améliorer son efficacité. Tel sera notamment le cas si l’ouverture permet de concentrer les ressources sur des secteurs qui bénéficient de rendements croissants. Plus les pays se rapprochent économiquement, plus ils échangent et inversement. La nouvelle économie internationale considère que le commerce ne crée pas systématiquement de divergences. La présence d’avantages comparatifs n’est ni une condition nécessaire à l’échange, ni sa conséquence inéluctable.

La nature des gains de l’échange

Dans les théories traditionnelles, les gains de l’échange provenaient d’une réallocation des facteurs rares permettant d’accroître la productivité moyenne de l’économie. La nouvelle économie internationale apporte de nouveaux arguments aux thèses favorables au commerce international. Elle considère que les gains du commerce sont cumulatifs : l’ouverture internationale entraîne des avantages comparatifs qui permettent une plus grande ouverture et ainsi de suite…L’ouverture internationale doit donc être la priorité des politiques de développement. L’échange procure trois types d’avantages :• Un effet de concurrence : les marchés nationaux ont souvent des structures monopolistiques ou oligopolistiques. La théorie microéconomique apprend que cette situation est avantageuse à l’entreprise en terme de profit, mais qu’elle est préjudiciable au consommateur et à l’économie dans son ensemble car elle induit des prix supérieurs et un niveau de production inférieur à ceux qui résulteraient naturellement d’un marché concurrentiel. L’ouverture internationale permet à des nouvelles entreprises d’entrer sur les marchés nationaux, ce qui accentue la concurrence, les prix et le niveau de la production deviennent donc plus efficients car plus proches de ceux qui résulteraient d’un équilibre de marché.

Une politique commerciale stratégique

C’est une composante importante de la nouvelle économie internationale. KRUGMAN reprend le modèle de James BRANDER et de Barbara SPENCER, qui démontre l’intérêt de cette politique. Le seul moyen pour une entreprise de percer sur son propre marché puis, grâce à l’effet d’apprentissage induit, sur le marché international, est de profiter d’un certain protectionnisme de la part de son gouvernement. Mais ce protectionnisme n’est qu’éducateur (au sens de LIST) car, dès que l’entreprise aura profité des rendements croissants, elle sera prête à affronter la concurrence internationale. La nouvelle théorie, qui a été développée par HELPMANet KRUGMAN, démontre que dans un contexte de concurrence imparfaite (existence des barrières à l’entrée des marchés, de rendements croissants ou de surprofits liés à des positions de monopole), il peut être stratégique pour un Etat de mener une politique industrielle favorisant ses propres entreprises au dépens des entreprises étrangères. Le caractère optimal du libre-échange généralisé est remis en cause dès lors que certaines entreprises bénéficient d’avantages qui ne sont pas directement accessibles aux autres (protection du marché intérieur, aide de l’Etat, avance technologique, …)

Le Japon est le cas exemplaire d’un pays qui a su mener une politique stratégique. Grâce à l’action de son ministère du commerce et de l’industrie, il a mené une politique économique ayant comme but principal d’améliorer la compétitivité des entreprises et d’assurer la cohérence de leur développement. Sans ces multiples interventions, les entreprises japonaises ne tiendraient pas la position qui est la leur sur le marché mondial. Par exemple, le Japon n’aurait jamais été un gros exportateur des composants électroniques si ce secteur n’avait pas bénéficié d’un protectionnisme éducateur à ses débuts.KRUGMAN préconise une ouverture croissante des économies et donc une libéralisation du commerce tout en acceptant une politique étatique volontariste d’incitation à l’exportation. Dans ce cadre, bien que s’opposant à une politique globalement protectionniste, il accepte une certaine intervention de l’Etat pour donner le coup de pouce nécessaire aux premières exportations. Ainsi, Krugman pense qu’une « politique commerciale stratégique » de subvention, et même de protectionnisme éducateur, peut être profitable. De même, une dévaluation est susceptible, selon lui, d’être utile et efficace.

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