Les portées et limites des interventions du mouvement ATD Quart Monde sur les familles

Appareillages théoriques et conceptuels

Ce chapitre se divise en deux sections, la première cite les approches sociologiques Quant à la deuxième section, elle évoque les approches conceptuelles et contextuelles sur la pauvreté.

Approches sociologiques

Dans cette section nous avons emprunté des théories qui se rapportent à la précarité et misère des familles.

L’approche sociologique de la famille

Concept de la famille

Le concept de la famille, dont les éléments sont biologiques, psychologiques, culturels, définit un groupe social irréductible aux autres groupes : sa formation, sa structure, ses dimensions, ses conditions de vie et ses besoins, les rapports entre ses membres et ses relations avec l’ensemble du corps social. Ses fonctions varient en fonction dans le temps et dans l’espace en liaison avec les systèmes de sociétés et les formes de civilisation. Depuis un siècle, avec une accélération croissante dans les vingt cinq dernières années, la famille présente une mutation dans ses structures et dans ses fonctions. Ces changements s’observent dans toutes les sociétés contemporaines.

Structure familiale

Différents termes ont été employés pour désigner le premier type de structure familiale : famille patriarcale, famille étendu, famille jointe.
La famille indivisée réunit dans un groupe domestique deux grands-parents, leurs enfants mariés, qui ont des enfants, et éventuellement, si les petits enfants se sont eux-mêmes mariés et ont eu des enfants, des arrières petits-enfants. Tous ces gens vivent ensemble. Ce « groupe domestique » comprend les gens, liés ou non par le sang, qui vivent ensemble au même feu, au même pot ;
La famille souchese caractérise par la présence de plusieurs générations, au moins trois, éventuellement quatre, mais avec un couple pour chaque génération ;

La reproduction sociale de Bourdieu

La reproduction sociale désigne le phénomène sociologique d’immobilisme social intergénérationnel. Ce terme décrit une pratique sociale relative à la famille, consistant à maintenir une position sociale d’une génération à l’autre par la transmission d’un patrimoine qu’il soit matériel ou immatériel. Elle montre par l’exemple que la position sociale des parents constitue un héritage pour les enfants. Certains héritent de bonnes positions sociales : d’où les Héritiers tandis que d’autres au contraire sont les déshérités. Bourdieu s’efforce de montrer que le système d’enseignement exerce un « pouvoir de violence symbolique » et joue un rôle important dans la reproduction sociale au sein des sociétés contemporaines. Comme il le note, « les verdicts du tribunal scolaire ne sont aussi décisifs que parce qu’ils imposent la condamnation et l’oubli des attendus sociaux de la condamnation». Le système d’éducation reproduit donc les conditions des enfants. Les familles aisées disposent les moyens à faire entrerdans les écoles privées leurs enfants alors que les classes défavorisées ne peuvent fréquenter que l’école publique. Ces familles sont souvent victimes d’abandon scolaire ou n’aller jamais à l’école. L’échec scolaire, processus fondamentalement social, sera donc compris par celui qui le subit comme un échec personnel, renvoyant à ses insuffisances (comme son manque d’intelligence, par exemple).
Il a également développé une théorie de l’action, autour du concept d’habitus, qui a exercé une grande influence dans les sciences sociales. Par la socialisation, puis par la trajectoire sociale, tout individu incorpore lentement un ensemble de manières de penser, sentir et agir, qui se révèlent durables. Les individus issus des mêmes groupes sociaux ont
vécu des socialisations semblables, ils ont la similitude des manières de penser, sentir et agir propres aux individus d’une même classe sociale. Les styles de vie des familles défavorisées reflètent donc leur position sociale. Ainsi, Bourdieu s’efforce de faire apparaître une forte corrélation entre les manières de vivre, sentir et agir des individus, leurs goûts et leurs dégoûts en particulier, et la place qu’ils occupent dans les hiérarchies sociales. Les individus, en vivant un certain type de vie sociale, acquièrent également des dispositions culturelles spécifiques.

Approches conceptuelles et contextuelles

Concepts et définitions

Définition officielle de la pauvreté selon les Nations Unies en 1998

« Fondamentalement, la pauvreté est l’absence de choix et d’opportunités, une violation de la dignité humaine. Cela signifie un manque de capacité de base pour participer effectivement dans la société. C’est ne pas avoir assez pour nourrir et habiller sa famille, ne pas avoir d’école ou de centre de soins, ne pas avoir de parcelle de terrain à cultiver ou pour y faire un travail permettant de gagner sa vie, ne pas avoir accès au crédit. C’est encore l’insécurité, l’impuissance etl’exclusion des individus, des ménages et des communautés. Mais c’est aussi la prédispositionà la violence, ce qui implique souvent une vie dans un environnement fragile ou marginal, avec aucun accès à de l’eau propre et ou à des installations sanitaires.»

La précarité

Caractéristique de ce qui n’est pas sûr dans le temps, c’est le critère retenu par certaines organisations humanitaires pour identifier la pauvreté. La précarité pourrait être mesurée par des indicateurs tels que le travail, le total de revenus et des biens, l’éducation formation, la santé ou le logement. « La précarité est l’absence d’une ou de plusieurs sécurités notamment celle de l’emploi permettant aux personnes et aux familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. L’insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives . Elle conduit le plus souvent à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence et qu’elle tend àse prolonger dans le temps et devient persistante, qu’elle compromet gravement les chances de reconquérir ses droits et de réassumer ses responsabilités par soi-même dans un avenir prévisible ». La précarité peut se décliner également au niveau des conditions de vie, qui peuvent ne pas être acceptables, avoir un risque d’habiter un logement insalubre, un logement temporaire inadapté, voire aucun logement sont des exemples de précarité de condition de vie.

Etude comparative de la pauvreté entre pays riches et pays pauvres

L’histoire des pauvres n’est pas la même que celle des riches. Les pauvres glissent dans le malheur, poussés par des forces qui ne dépendent pas d’eux, les deuils, la maladie, les dettes . Chez eux, la misère est absolue, ils cherchent derevenus par voie informelle pour assurer leurs besoins fondamentaux. Dans les pays riches, la pauvreté est parfois absolue : des gens y meurent de faim, de froid, oud’absence de soins. Mais on y trouve surtout une pauvreté relative. On rencontre souventdans les pays riches le développement des protections sociales destinées aux familles pauvres. Le schéma suivant montre la pauvreté qui existe entre les riches et les pauvres.

Evolution de la pauvreté au niveau national

En ce qui concerne l’évolution de la pauvreté au niveau national, Madagascar a pris l’engagement d’atteindre les OMD d’ici 2015. La réduction de moitié de l’incidence de la pauvreté, première cible de l’OMD n°1 figure parmi les plus difficiles à atteindre pour Madagascar. Durant les quinze dernières années, malgré les différences en termes de milieu et de période, le pays a fait des progrès appréciables pour la réduction de la pauvreté. L’incidence de la pauvreté a varié de 70,0% en 1993 à 65,4% en 2008. C’est dans le milieu urbain que la pauvreté a le plus reculé entre 1997 et 2001. Par contre, le taux a stagné autour de 77% dans le milieu rural.

Le développement humain

Le concept de développement humain se présente et se mesure sur le plan opérationnel par le biais de l’Indicateur de Développement Humain (IDH). L’IDH, indicateur synthétique compris entre 0 et 1, mesurele niveau moyen auquel se trouve un pays donné, selon trois critères essentiels du développement humain : possibilité de vivre longtemps, en bonne santé, possibilité de s’instruire et la possibilité de bénéficier de condition de vie décente. En 2008, le niveau d’IDHde Madagascar est évalué à 0,571. En effet, le PIB réel par habitant calculé en parité de pouvoir d’achat s’élève à 1 450 $PPA, le taux brut de scolarité calculé pour tous les niveaux de scolarisation confondus se situe à 74%, tandis que l’espérance de vie à la naissance de la population n’est que de 56,2 ans. Ainsi, le pays, se trouve parmi les pays à développement humain moyen avec un IDH de 0,533 et est classé au 143 ème rang mondial sur 177 pays. Toujours en 2008, le seuil de pauvreté est estimé 407 500 Ariary par personne par an.

Présentation générale du terrain

Ce chapitre mentionne la dimension globale du terrain, il est composé de deux sections. La première parle du mouvement ATD QuartMonde et la deuxième évoque le terrain d’Andramiarana auquel nous effectuons notrerecherche.

Le mouvement ATD Quart Monde

Définition et historique

Le Mouvement ATD Quart Monde, Agir Tous pour la Dignité, est un mouvement de lutte contre la misère, de solidarité et de promotion des droits de l’Homme pour tous. Son fondateur, Joseph Wresinski est né dans une famille très pauvre. La démarche du mouvement est fondée sur la conviction que la misère est une violation des droits de l’homme et sur la nécessité de construire un partenariat avec les plus pauvres pour la détruire. C’est un mouvement sans appartenance confessionnelle et politique qui s’appuie sur des engagements humains variés. Dans son esprit, le Mouvement ATD Quart Monde n’avait pas de frontière. Aujourd’hui, il est présent dans une trentaine de pays à travers les cinq continents.
Un « Quart Monde » selon l’expression de père Joseph Wresinski est un groupe de personnes vivant en marge de l’emploi et même de toute protection sociale. Bien souvent, les enfants reproduisent à chaque génération l’exclusion sociale dont sont victimes les parents.
Présent depuis 1989 à Madagascar, le Mouvement ATD Quart Monde travaille avec des familles dans le quartier d’Antohomadinika IIIGet IIIF, d’Antsalovana, de Tsaramasay et du quartier d’Andramiarana (Ikopa) à Antananarivo puis dans 7 quartiers de Tuléar depuis 1997 et à Majunga en 2007.

Organigramme et rôles des entités

Le siège international du centre se trouve en France, il est dirigé par la Délégation générale. Puis, à travers les continents se répartissent les délégations régionales. Madagascar est intégrée dans la région de l’Océan Indien où le siège est basé à Madagascar. Au niveau national, au sommet se trouve le Délégué National qui est aligné avec le Président du Conseil d’Administration. Après se trouvent les familles, les groupes d’amis (ou alliés), l’équipe des volontaires et les membres du Conseil d’Administration qui composent les représentants des membres d’ATD, des volontaires, alliés et familles. Ces entités contribuent ensemble à la réalisation des différents projets. A la base de l’organigramme sont les salariés constitués par : les bibliothécaires, le secrétaire administratif et financier, les formateurs, les assistantes sociales, les assistantes de coordination des projets et les sécurités.

Etude monographique du terrain

Etude du terrain

Histoire et Géographie du terrain

Andramiarana se trouve dans la commune Ambohibao Antehiroka à 7 km au Nord Ouest de la capitale. Il fait partie du fivondronam-pokontany Ambohidratrimo, il est situé en haut du VIe arrondissement d’Antananarivo, dans la région Analamanga. Il est limité à l’Ouest par la rivière d’Ikopa près d’Ambohitrimanjaka, au Sud par le fokontany d’Andranoro et à l’Est par le fokontany de Morondava. Il est administré par le Fokontany de Morondava.

Caractéristique du terrain

Andramiarana est réparti en une ramification de digues entourées par des rivières, canaux et rizières. Au début, le lieu est habité par une dizaine de familles qui deviennent plu tard des autochtones et environ en 2000, des nouveaux venus s’installent. La partie Ouest du terrain est devenue un lieu de déversement de décharges industrielles depuis 2005.

Les populations

Origines et Caractéristiques de la population

Les populations habitant le lieu sont réparties en anciens habitants et habitants récents. Les populations anciennes sont considéréescomme autochtone et ont vécu depuis plus de dix ans, cependant elles ne sont pas propriétaires définitives. Parmi ces populations, certaines d’entre elles viennent de Morondava ou d’Ambohibao. Elles sont d’abord attirées par les traits géographiques et économiques du lieu. Pour les populations récentes, elles se sont installées depuis 2001. La majorité de ces familles sont celles de rue ou de l’ex La Réunion Kely et qui ont déjà subi desdéplacements fréquents. Les autres familles sont celles affectées par le coût de la vie et de la crise du pays. Elles sont citadines de souches. Enfin, on rencontre aussi des familles amenées par l’exode rural. Toutes ces familles sont arrivées à Andramiarana en vue de construire une vie acceptable.
En 2010, la population compte 570 personnes, réparties en 121 ménages, c’est une population jeune car presque 76 % ont moins de trente ans. 63 % de la population ont moins de vingt ans et 19 % sont tous des enfants de moins de cinq ans cela implique une énorme charge pour la responsabilité des parents en matière d’école, de logement, de nourriture et de services sociaux de bases. En effet, c’est une misère largement infantile et juvénile. Elle compte plus de femmes que d’hommes c’est-à-dire 296 femmes contre 274 hommes. Parmi les familles, 13,2% notamment 16 familles sont monoparentales etdirigées par des femmes.

Table des matières
Remerciements
Introduction générale
Première partie : Cadrage théorique et présentationgénérale du terrain
Chapitre І: Appareillages théoriques et conceptuels
Chapitre ІІ: Présentation générale du terrain
Deuxième partie : Etude des blocages des familles défavorisées
Chapitre IIІ: Manifestation de la précarité et de la misère chez les familles d’Andramiarana
Chapitre ІV: Les problèmes des familles défavorisées face à la réalité sociale et à la lutte contre la pauvreté
Chapitre V: Les portées et limites des interventions du mouvement ATD Quart Monde sur les familles
Troisième partie : Approches prospectives
Chapitre VI: Les solutions des partenariats publics et privés
Chapitre VII: Les acquisitions professionnelles et suggestions
Conclusion générale
Bibliographie
Table des matières
Annexes
CV
Résumé

projet fin d'etude

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