Les retroviroses tumorales des petits rumiants

L’ELEVAGES DE PETITS RUMINANTS AU SENEGAL

L’élevage occupe une place importante dans l’économie sénégalaise. De 1980 à 1987 l’élevage a généré des recettes estimées à près de 65 milliards de FCFA et a contribué pour 32% au secteur primaire et 6.5% au produit intérieur brut (PIB) (M.R.A, 1988). Malgré la nature pastorale de l’élevage, le niveau de la consommation de viande est en baisse depuis le début des année 60 passant de 21.5/Kg/an/ habitant en 1960 à 13 Kg en 1974 et à 11Kg en 1990 (DIREL, 1992). Face à ce constat, un intérêt particulier a été accordé à l’élevage des petits ruminants (ovin et caprin) qui par leur cycle de reproduction court sont plus aptes que les grands ruminants à satisfaire les besoins en produits carnés d’une population sénégalaise en croissance rapide. C’est ainsi que différents projets ont été mis en place visant à promouvoir l’élevage des caprins et des ovins en particulier. En effet l’objectif de l’état sénégalais était d’accroître les effectifs et les rendements pour compenser les importations d’animaux. Malgré tous ces efforts, le Sénégal reste toujours déficitaire en viande ovine et continue d’importer les animaux sur pied en provenance du Mali et de la Mauritanie à l’occasion des fêtes musulmanes. Entre 1990 et 2000, les productions de viande ovine présentent une nette augmentation avec un taux d’accroissement de 87% pour les petits ruminants (tableau II). Ainsi, on peut constater que l’accroissement de la production durant la dernière décennie est en partie dû au fait qu’il s’agit d’espèces à cycle court [Webographie 3 : Archives des documents de la FAO, 2000]. La région de Dakar, qui ne constitue que 0.3% du territoire national, abrite près de 1.500.000 habitants, soit 21% de la population du pays avec un taux d’urbanisation de 96% et une croissance annuelle très élevée 5.4% contre 2.8% pour l’ensemble du pays. 32 Dans la ville de Dakar, il existe un élevage citadin très visible dont les effectifs ont été estimés, en 1988, à 113.500 têtes (DIREL, 1992) ; cependant peu d’information techniques existent sur cet élevage Tableau I. L’élevage de mouton à Dakar est un véritable phénomène social. Près d’une maison sur deux (47%) possèdent un élevage de mouton. Les principaux éleveurs sont les chômeurs, les retraités, les femmes au foyer, les commerçants et les salariés. Tous les membres de la famille (hommes, femmes, enfants) participent à l’entretien des animaux. Cet élevage tire son existence de croyances culturelles ou religieuses. La principale motivation est l’autoconsommation lors des fêtes religieuses (63,1%) et la Tabaski est le moment privilégié de déstockage (42% des abattages). Le mode d’élevage est plus intensif qu’en milieu rural avec la construction de bergerie, l’achat d’aliment de bétail et de produits vétérinaires et l’amélioration génétique par introduction de races plus performantes que le peul-peul sénégalais. Mais le coût d’entretien d’un mouton (41 700 francs CFA/an) est très élevé et la divagation pratiquée par certains autour des marchés est une stratégie de réduction des frais d’alimentation. De plus, l’exiguïté de l’habitat pose des problèmes de santé des animaux (mauvais éclairage, mauvaise ventilation, atmosphère confinée) et réduit fortement leur productivité. Une dynamique de professionnalisation est en train de prendre forme autour des élevages ovins dont la destination première des produits est le marché dakarois. Une association les regroupant est née. Le but est la création d’un élevage d’élite autour de races en provenance de la sous-région africaine (Touabire, Bali Bali) grâce à un entretien rigoureux en matière d’alimentation et de santé [Webographie : www.agriculture-urbaine.com]. 

Système d’élevage des petits ruminants

Le système d’élevage est l’ensemble de techniques et pratiques mis en œuvre par une communauté pour exploiter, dans un espace précis donné, des ressources végétales par les animaux, dans des conditions compatibles avec des objectifs et avec les conditions du milieu. Un système d’élevage est déterminé par le degré de dépendance du ménage vis-à-vis des produits d’élevage. (DIEDHIOU, 1996) Les principaux systèmes de production sont classés en système d’élevage traditionnel et en système d’élevage moderne On distingue trois grands systèmes d’élevage :  • Le système extensif ou système à faible niveau d’intrants : Il est basé sur l’exploitation directe des parcours naturels sans relation marquée avec l’exploitation agricole. C’est un système qui fait très peu recours à l’utilisation d’intrants agricoles et qui se limite souvent, en matière de soins des animaux, à la vaccination du bétail. La production est, en partie, destinée à la consommation familiale et à la commercialisation. Ce système peut-être décomposé en deux sous systèmes : 9 Le système pastoral qui concerne environ un tiers du cheptel de ruminants et qui se pratique dans les zones du Nord de l’isohyète 400 mm. Ce système fait recours à la transhumance en vue d’alimenter et d’abreuver le bétail ; 9 Le système agro-pastoral, qui touche 50% du cheptel, est caractérisé par une certaine sédentarisation et des relations un peu plus marquées avec les activités agricoles. • Le système intégré ou système à niveau d’intrants moyen : Dans ce système, il y a des inter-relations plus ou moins étroites entre les activités agricoles au sein de l’exploitation (valorisation des résidus de récolte, utilisation du fumier,…). Ce système, qui utilise une quantité plus importante d’intrants (médicaments, aliments concentrés,…), concerne principalement les bovins de trait, les ovins et parfois, les vaches laitières. La production est principalement destinée à la commercialisation. • Le système intensif ou à niveau d’intrants élevé : Il est caractérisé par un recours important aux intrants alimentaires et sanitaires. Ce système, pratiqué en milieu périurbain (zone des Niayes de Dakar et autour de certaines villes), 35 concerne une faible partie du cheptel de ruminants (1% des bovins et 3% des petits ruminants). (ISRA, 2003) La majorité des élevages est de type traditionnel (extensif). Leur taille est réduite et oscille entre 5 et 10 têtes, exception faite des Peul en zone sahélienne, qui entretiennent des troupeaux de 20 à 30 têtes en moyenne, en général plus mobiles (cas de transhumance), et pour lesquels le lait constitue encore une spéculation importante (consommation, vente). Dans la majorité des systèmes d’élevage, en fonction des zones géographiques et les groupes ethniques des éleveurs, les animaux sont parqués la nuit à l’intérieur des concessions. Le jour, ils sont regroupés, soit en troupeaux villageois, soit en troupeaux familiaux, ou encore laissés en divagation, et exploitent essentiellement les parcours naturels et les résidus de culture (FAUGERE et al 1990a et 1990b). L’élevage des petits ruminants est donc un élevage majoritairement familial, tourné vers l’autoconsommation et l’apport de revenus complémentaires nécessaires à l’achat de produits vivriers. Son rôle social est également essentiel. 

Races d’animaux exploités

Les petits ruminants (caprins et les ovins) appartiennent à la classe des Artiodactyles, au sous ordre des Ruminants, à la famille des Bovidés et à la tribut des Caprinés. Les races de petits ruminants se distinguent les unes des autres par leur morphologie, leur aptitude et leur zone de répartition ou aire géographique. 

Races ovines

Les ovins élevés au Sénégal appartiennent essentiellement à deux grands groupes : les moutons de type Djallonké dans la partie Sud du Sénégal, et les moutons Peul-peul dans la zone au Nord de l’isohyète 600 mm [webographie :http://lprdad.fao.org].

Le mouton Peul ou PEUL-PEUL

Les ovins de race Peul-peul sont de grande de taille (0,70-0,75 m), mais sont relativement légers (35 à 40 kg). Ils possèdent une bonne aptitude bouchère avec des rendements voisins de 50%. Ils répondent assez bien à l’engraissement et peuvent atteindre jusqu’à 80 kg pour les mâles de trois ans (cas de « moutons de case »). Il est rencontré, au Sénégal, dans la zone sylvo-pastorale et la vallée du fleuve Sénégal où son aire de distribution se superpose à celle du zébu. Les cornes sont en spires lâches et horizontales et très développées. Le pelage est ras, de couleur pie noire. La robe est claire tachetée de roux ou de noir ou bicolore noir blanc au Ferlo et elle est unicolore acajou au Fouta. Le croisement du Peul -Peul et du touabire donne le mouton « walaré » ; c’est le type le plus rencontré dans l’élevage transhumant (MEYER et al, 2004). 

Le Mouton Maure à Poils Ras ou Touabire

Leur berceau se trouve en Mauritanie au niveau du Hodh ou de la Dem. Ils sont rencontrés au Sénégal en petite quantité et sont qualifiés de « moutons de case », car trouvés le plus souvent à proximité des maisons. Le Touabire est un mouton hypermétrique, convexiligne et longiligne. La taille varie de 0,75 à 0,90 m chez le mâle et 0,65 à 0,80 m pour la femelle. Le poids adulte se situe entre 30 à 45 kg, c’est un animal haut sur pattes, la tête est forte, le front plat, le chanfrein est convexe avec un museau fin. Les oreilles sont tombantes et peu longues. Chez le mâle, les cornes sont constantes et prismatiques à la base se dirigeant en arrière et vers le bas. Les pendeloques sont très rares, la robe est généralement pie-noire. Il existe aussi des moutons de race Touabire dont le format est plus grand que le Peul-Peul et les poids plus lourds. Ils sont recherchés pour leurs caractères extérieurs (couleur de la robe, cornes, taille) très prisés par les populations pour le sacrifice de la Tabaski. Ces attributs du Touabire font qu’il est utilisé en 37 croisement avec la race Peul-Peul. Les animaux métis, qui en résultent, portent le nom de Walaré en langue locale ( MEYER et al, 2004)

Le Mouton Nain du Sud ou Djalonke

C’est le mouton du Fouta-Djallon. Le mouton Djalonké est un animal rustique et trypanotolérant, mais son format est réduit (poids adulte 25-30 kg) et sa croissance relativement médiocre. Par contre, la brebis est précoce et relativement prolifique lorsqu’elle est bien alimentée. Son poil est ras et de couleur généralement pie noire. Il a l’aspect trapu, la taille petite ou moyenne, la tête est forte, à front plat et chanfrein légèrement busqué chez le male, le museau est épais. Les cornes du bélier sont moyennement développées, formant une spirale et demie. Chez la femelle, ces cornes sont souvent absentes ou fines et courtes. Les oreilles, minces et étroites, sont tombantes. La queue longue s’amincit à l’extrémité qui atteint le jarret. Le male porte une crinière. C’est le mouton des populations sédentaires, en élevage extensif le plus souvent. Il est retrouvé dans la zone chaude et humide guinéenne et dans le golf du Bénin. C’est un animal de petite taille (0,40 à 0,60 m), trypanotolérant, à robe blanche ou pie. Le dimorphisme sexuel est très marqué. Le mâle possède deux manchettes et deux crinières. 

Le Mouton Bali-Bali

Le mouton Bali Bali encore appelé Uda est une race sahélienne élevée dans les régions sèches. Ils sont relativement de gabarits plus grands, hauts sur pattes et endurants à la sécheresse. On les retrouve partout en Afrique de l’ouest. C’est une race recherchée pour ses qualités bouchères avec une taille au garrot en moyenne de 80 cm et un poids moyen de 43kg chez les mâles et 38kg chez les femelles Comme le Peul-peul et le Touabire, c’est un mouton du Sahel pouvant atteindre 100 kg à l’âge adulte voire plus. C’est une race qui a considérablement améliorée les races dites peul du bassin du Sénégal et du Niger. Originaire du 38 mali et du Niger, son profil est convexe, les cornes sont développées et les oreilles sont longues et tombantes avec un bourrelet à la nuque. L’encolure est développée, le pelage est ras, la robe est blanche ou bicolore. C’est un animal de grande taille avec une hauteur au garrot de 0,75 à 0,85 m chez le mâle contre 0,65 à 0,75 m chez la femelle. Le rendement carcasse à l’abattage est de 50 % (DECKA, 2003).