L’évaluation de la durabilité des activités d’élevage : un nouvel agenda

L’évaluation de la durabilité des activités d’élevage : un nouvel agenda

Depuis le rapport « L’ombre portée de l’élevage » publié par la FAO en 2006, l’élevage est reconnu à la fois pour sa contribution aux grands équilibres écologiques de la planète, mais aussi pour sa contribution au développement local de nombreuses zones rurales. Mais en même temps, le secteur élevage dans son entier, ou certains modes d’élevage en particulier, sont pointés du doigt pour leurs impacts potentiellement dangereux sur l’environnement et la société. Les modes d’élevage sont ainsi l’objet de vifs débats de la part des consommateurs, des firmes, des décideurs politiques et de la société civile qui s’expriment notamment via les médias, les lobbys ou les ONGs. Afin de contribuer à ces débats et aux décisions qui les accompagnent, la recherche est sollicitée pour mieux évaluer l’impact des modes de production, de commercialisation et de consommation sur le développement durable des territoires, des pays, de la planète. De ce fait, les recherches sur le développement durable de l’élevage doivent être capables d’articuler ces différentes échelles tout en s’intéressant aux multiples dimensions de la durabilité. L’objectif de ces travaux consiste à favoriser l’émergence et la mise en œuvre « d’alternatives » au développement de l’élevage « conventionnel ». Il s’agit de rendre possible l’existence d’un élevage « répondant aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures ». Plus spécifiquement, l’évaluation a un rôle à jouer pour identifier ces « alternatives », c’est‐à‐dire 

Quelques éléments à retenir sur la notion de développement durable

La formation a insisté sur les questions de rentabilité qui rentrent en jeu dans la recherche de la durabilité. Un élevage « durable », c’est avant tout un élevage encouragé par des firmes, des politiques, des marchés et des communautés paysannes qui se posent la question de leur développement durable, y compris de leur compétitivité. Un élevage qui, grace à son positionnement particulier vis-à-vis du marché ou de l’agro-industrie, se révèle capable de générer des revenus, tout en valorisant mieux l’environnement et en favorisant le développement social. Il s’agit donc d’intégrer la dimension économique dans une vision plus globale, et non pas de compromettre l’efficience économique des systèmes au prix leur efficience sociale et environnementale. La formation à souligné la pertinence de coupler différentes méthodes pour aborder dans leur diversité et leur complexité les questions du développement durable. La mobilisation de méthodes complémentaires permet en effet de discuter des compromis nécessaires entre les 3 piliers du développement durable, compromis auquels sont soumis les acteurs de l’élevage. Il apparaît notamment important de développer des couplages entre approches ACV (à caractère plutôt environnemental) et approches filières (à caractère plutôt économique). De même, les méthodologies d’évaluation de la durabilité sociale semblent encore peu nombreuses, mais elles sont pourtant nécessaires pour compléter les méthodes actuelles ciblées sur les évaluations environnementales et économiques. D’ailleurs, la formation a montré que, dans certains cas, le développement de l’un des trois pilliers de la durabilitié (économique, social ou environnemental) ne pouvait se faire qu’au détriment de l’un des deux autres, soulignant ainsi l’importance des « arbitrages » (trade-offs). La formation a insisté sur l’intérêt de l’analyse territoriale pour étudier la durabilité des activités d’élevage. Le territoire s’entend comme un espace délimité géographiquement, approprié par les acteurs, et possédant ses propres règles de gestion et de gouvernance. Or, dans les territoires où il est pratiqué, l’élevage se caractérise par de nombreuses interactions avec les autres composantes des socio-écosystèmes : forêts, pâturages, zones agricoles, zones urbaines, infrastructures, marchés, etc. La durabilité de l’élevage ne peut donc s’entendre sans considérer ses interactions avec les autres secteurs d’activités. Evaluer la durabilité d’un territoire, c’est appréhender pour chaque situation ce qui doit être conservé ou amélioré, ce qui peut l’être effectivement, et les façon d’accompagner ces changements. S’agit-il d’améliorer la durabilité de l’élevage au sens strict, c’est-àdire sa capacité à durer ? Ou bien s’agit-il d’améliorer la durabilité du territoire dans lequel l’élevage est inséré, quitte à ce que les systèmes d’élevage eux-mêmes aient à évoluer ? L’objet territoire présente enfin l’avantage de rassembler toute une communauté scientifique autour de l’ancrage, la résilience (des systèmes socio-écologiques) et la gouvernance. Pour aller plus loin, il semble important de positionner la notion de territoire dans les démarches d’évaluation mises en œuvre par la recherche scientifique internationale en langue anglaise. Les participants ont souligné que la durabilité était surtout définie par la capacité des systèmes d’élevage à durer dans le temps. Evaluer leur durabilité, c’est être capable de se projeter dans l’avenir, et faire en sorte d’éviter les « points de non retour », les « irréversibilités », les « limites » permises par l’écosystème, les « seuils », ou les risques de « destructuration sociale ». Mais c’est aussi identifier les opportunités et bifurcations intéressantes, pour anticiper les états futurs. Ces bifurcations peuvent être suggérées, favorisées, négociées, impulsées, ou rendues obligatoires par certains acteurs. Ces opportunités et bifurcations rendent ainsi compte de la flexibilité ou des capacités de résilience des systèmes d’élevage. De ce point de vue, la durabilité s’évalue surtout en « dynamique ». Elle rend compte de la capacité à « s’adapter » aux changements locaux, ou globaux, ou aux nouvelles demandes de la société. Son évaluation se nourrit des rétrospectives, et alimente la prospective. Elle relève de la capacité à « faire mieux ».

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