L’importance des rigidités nominales dans la conduite de la politique monétaire

La différence entre la théorie néoclassique et la théorie keynésienne sur le plan des rigidités 

Dans le monde néoclassique 

Tout se passe comme s’il y avait des marchés pour tous les biens et pour tous les services et facteurs de production, pas seulement pour une période de temps donnée, mais pour l’ensemble des périodes à venir et pour l’ensemble des états de la nature possibles à venir. On a donc des équilibres généraux de l’économie à partir du moment où il est possible de faire des transactions sur l’ensemble des biens et des services donc par l’existence des prix. Dans ces conditions, toute décision prise sur un marché est automatiquement intégrée comme information sur les autres marchés. Par exemple, dans la théorie néoclassique, l’épargne est considérée comme une consommation ou un investissement futur : on épargne pour consommer ou pour investir demain.

Dans la théorie keynésienne 

Ces marchés intertemporels n’existent pas. Par conséquent, le processus de diffusion de l’information est différent et, par exemple, l’épargne n’est pas analysée comme une consommation différée. Il est probable qu’une épargne surtout en monnaie signifie la volonté d’investir demain. Mais, il s’agit d’une information dont le marché ne dispose pas. La seule information que le marché reçoit est, qu’aujourd’hui, la consommation et la demande globale diminuent. La vision globale de l’économie est donc complètement changée.
Il existe desrigidités nominales.Ce sontces rigiditésnominales qui expliquent l’importance de la politiquemonétaireet les dilemmes de politiquemonétaire. La monnaie n’est pas seulement la causedel’inflation, ellepeut-êtreaussi la caused’une réductionde l’activitééconomique.
Si on n’avait pas de rigidités nominales, il suffirait de fixer la masse monétaire une fois pour toutes et les prix s’ajusteraient. Mais, la monnaie étant neutre, cela n’aurait aucune influence sur l’activité économique. Si ces rigidités nominales n’existaient pas, la politique monétaire serait indifférente.

la durabilité des rigidités nominales

Les prix ne peuvent s’ajuster parfaitement. Il va donc y avoir des ajustements de quantités et on ne peut plus dire que la politique monétaire est neutre.
La politique monétaire a des coûts d’ajustement.Si les prix doivent finir pars’ajuster et si l’on doit revenir à l’équilibre,il n’est pas nécessaire de pratiquer une politique monétaire active.C’est sur cette question qu’ont eu lieu les débats sur la courbe de Phillips depuis la fin des années cinquante jusqu’aux anticipations rationnelles.

La relation de Phillips initiale 

La contribution de Phillips est souvent considérée comme la contribution macro économique la plus importante depuis Keynes. En 1958, Phillips essayait de vérifier si la diminution du chômage pouvait faire augmenter le taux de croissance des salaires.Il démontraque les années pendant les quelles le chômage était faible étaient caractérisées par une inflation élevée,et vice-versa.En effet,il a montré,qu’en longue période,il était possible de mettre en évidence une relation inverseentre le taux de croissance des salaires quel’on peut assimiler au taux d’inflation salariale et le taux de chômage.
Deux ans plus tard,Paul Samuel son et RobertSolow mettaient en évidence la même corrélation négative entre inflation et chômage aux Etats-Unis. Cette corrélation s’expliquait par le fait que le chômage faible est associé à une forte demande globale,et qu’une forte demande exerce une forte pression à la hausse sur les prix et les salaires. Cette relation est représentée par la courbe de Phillips.
D’après Samuel son et Solow, la courbe de Phillips offrait aux responsables politiques un certain choix, puisqu’en décidant des politiques monétaire et fiscaleles responsables pouvaient choisir un point donné de la courbe .AupointA par exemple,le chômage est élevémais l’inflation faible etau point B,c’est l’inflation qui est élevée et le chômage faible.Selon ces deux économistes,il existe un compromis entre inflation et chômage illustré par la courbe de Phillips car il est impossible d’avoir un chômage faible et une inflation faibles.

La contre-révolution monétariste, l’illusion monétaire et les anticipations adaptatives 

Pour Milton Friedman (1968) cette relation ne peut être stable. Si l’on joue trop avec l’inflation, au bout d’un certain temps, les individus vont s’en rendre compte.
Pour lui et les monétaristes, si les ménages sous-estiment le taux d’inflation effectif, ils seront obligés à offrir plus de travail puisqu’ils surestiment le salaire réel proposé, ce qui les conduit à accepter des propositions d’emplois qu’ils refuseraient si leurs prévisions étaient correctes.
Il est possible d’avoir une courbe de Phillips de court terme,c’est-à-direqu’enbrève période il est possible d’arbitre rentre l’inflation etle chômage. A court terme,on peutexploiterles erreurs d’anticipations des individus.Si les individus acceptent l’inflation, c’est parcequ’ils n’ont pas encoreintégré dans leus anticipations le fait qu’ily ait de l’inflation dans l’économie. Ils sont doncvictimes de l’illusion monétaire.Mais, à long terme,ils adaptent leurs anticipations, ils intègrent la situation inflationniste et vont en tenir compte lors de leurs revendications salariales. Avec le temps, ils réalisent et corrigent leurs erreurs et tromper les individus devient impossible sauf à adopter des taux d’inflation de plus en plus importants qui surprennent les individus Pour Milton Friedman, les autorités monétaires contrôlent les variables nominales et particulièrement la masse monétaire. En principe, cela leur permet d’atteindre un objectif en terme de quantité nominale : un taux de change, le niveau général des prix, le niveau nominal du revenu national, la quantité de monnaie. Et ainsi que le taux d’inflation, le taux de croissance du revenu nominal, taux de croissance de la masse monétaire. Mais ce contrôle des variables nominales ne leur permet pas de fixer des quantités réelles, comme le taux d’intérêt réel, le taux de chômage, le revenu réel de l’économie, le taux de croissance du revenu réel ou de la masse monétaire réelle. La courbe de Phillips de long terme doit donc être verticale parce que si la banque centrale accroîtla masse monétaire lentement, le taux d’inflation est faible, et l’économie se situe au point A. Si la banque centrale accroît la masse monétaire rapidement, l’inflation s’envole et l’économie se retrouve au point B. dans les deux cas, le taux de chômage tend vers son niveau normal, appelé le taux de chômage naturel. Donc, la verticalité de la courbe de Phillips illustre l’idée selon laquelle le chômage est indépendant de la croissance monétaire et de l’inflation à court terme et c’estune autre expression de la neutralité monétaire des classiques. Friedman et Phelps ont fondé leur raisonnement sur le plan théorique. Mais ils ont cherché à réconcilier la théorie classique de Phillips, Samuelson et Solow avec les données empiriques collectées aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Et ils ont
conclu que la politique monétaire expansionniste réduira le chômage pendant un certain temps,mais celui-ci finira par revenir à son taux naturel, et l’inflation sera plus élevée qu’auparavant. En effet, ils ont introduit l’inflation anticipée dans leur analyse c’est-à-dire la variation du niveau général des prix attendue par le public. La banque centrale peut considérer l’inflation anticipée comme une donné à court terme. Les variations de la politique monétaire font bouger l’économie par des fluctuations inattendues de la production, des prix, du chômage et de l’inflation. Mais la banque centrale ne peut gérer de l’inflation surprise qu’à court terme. A long terme, le public s’attend à constater l’inflation que la banque centrale aura choisie comme objectif.
Comme les perceptions du public, les salaires et les prix finissent par s’ajuster au taux d’inflation. Donc les fluctuations de la demande globale comme celles causées par une variation de la masse monétaire, sont sans conséquences sur la production globale de biens et services. D’où la conclusion de Friedman et Phelps sur le retour du taux de chômage vers son niveau naturel de long terme.
En pratique,la politique monétaire est, de fait, souvent utilisée principalement pour combattre l’inflation et estimée incompétente pour combattre les phénomènes réels.Ainsi, l’argument de certains gestionnaires monétaristes est que l’équilibre de l’économie semble déterminé par des rigidités réelles du fait de la manque de concurrence sur certains marchés,et de la manque de flexibilité sur le marché du travail et pas par des rigidités nominales qui disparaissent sur le long terme.Pour combattre un taux de chômage estimé trop élevé,on préfère dans ce cas solliciter plutôt des politiques budgétaire sou des politiques structurelles.

L’école des anticipations rationnelles 

Pour Friedman, les anticipations sont faites sur la base des observations du passé. L’inflation anticipée, par exemple, se fonde sur l’expérience acquise au cours des années antérieures. Les anticipations sont donc biaisées, les individus se trompent systématiquement, en particulier lorsque l’on change le processus d’inflation.
Pour l’école des anticipations rationnelles, les individus forment leurs anticipations, non seulement sur la base des observations du passé, mais sur quelque chose d’un peu plus élaboré : la connaissance du vrai modèle de l’économie.
Par exemple, les individus ont une idée de la façon dont la Banque centrale agit pour déterminer la quantité de monnaie en circulation et pour mener sa politique ; les agents ont aussi une idée plus ou moins précise de la façon dont la monnaie agit sur l’inflation. Les individus sont donc capables de reconstituer l’influence des politiques monétaires sur l’économie,en particulier sur l’inflation.
A court terme, il n’y a plus d’arbitrage entre Inflation et Chômage puisque les agents ne se trompent (en moyenne) pas. Les individus comprenant la façon dont fonctionne l’économie, il est impossible de les tromper et de mettre en défaut leurs anticipations. Les gouvernements ne peuvent pas jouer sur l’arbitrage Inflation –chômage.
Lorsque l’on mène une politique monétaire, cette politique est parfaitement anticipée parce que les individus comprennent ce que l’on fait, sont capables d’anticiper et de prévoir l’incidence de la politique sur l’économie. Les individus vont tout de suite intégrer dans leurs revendications salariales les effets d’une possible hausse des prix et la mesure n’aura finalement auc un impact sur l’économie réelle.
On a, selon l’école des anticipations rationnelles,une super neutralité de la monnaie parce que la monnaie ne peut rien faire,même à court terme. On ne peut pas gagner en chômage ce quel’on accepterait de perdre en inflation. Jamais la monnaie ne pourra influencer le volume de l’activité économique. Toute impulsion monétaire se traduira simplement par des évolutions de prix,par des évolutions d’inflation. Selon ce modèle,on aboutit à l’inefficacité totale de la politique monétaire .La monnaie ne peut rien faire.La seule tâche des Banques centrales est de limiter l’inflation et donc la progression de la masse monétaire.

Conclusion du chapitre 1

Durant les annéessoixante-dix, l’augmentation de la masse monétaire correspondait à un besoin deredistribution: il y a eu un choc pétrolierabsorbéparles profits des entreprises mais les salaire sont résisté; l’inflation a, dans ces conditions, constitué une aide aux entreprises endettées et leur a permis demaintenirleurtaux d’investissement,de passer le cap grâce à l’inflation.
En outre, en situation d’inflation nulle, il est quasiment impossible de faire diminuer nominalement les salaires. En période d’inflation, il est plus facile de faire croître moins les salaires que les prix des biens, ce qui faitque le pouvoir d’achat diminue et entraîne une redistribution favorable aux entreprises.L’inflation a donc, dans certains cas, un rôle de redistribution des revenus.
Les rigidités nominales semblent bien durables.La monnaie n’est donc pas neutre et, en situation de faible inflation, il est même probable qu’une courbe de Phillips de long terme existe.
C’est en interprétant la courbe de Phillips ajustée par les anticipations que Friedman a annoncé la règle : le taux de croissance monétaire est constant. En effet,toute référence monétaire modifie l’équilibre sans l’écarter durablement de la stabilité.La politique active et discrétionnaire constitue donc un dérangement de la stabilité.

Un premier éclairage du débat entre règles et discrétions : la théorie traditionnelledela politique monétaire

Les interventions discrétionnaire spréconisées par les keynésiens 

Une politique macroéconomique discrétionnaire peut et contribue à stabiliser l’économie. Par exemple : l’offre de monnaie est censée s’accroître à un taux constant qui est égal au taux d’accroissement du Produit Intérieur Brut réel. Comme les autorités monétaires ne contrôlent pas directement l’offre de monnaie, il subsiste encore une certaine marge de discrétion puisqu’elles doivent prévoir ce qui arrivera à l’économie et, sur cette base, décider de la politique à mettre en œuvre afin quel’offre de monnaie augment eau taux souhaité.
Les banques Centra les doivent inévitablement recourir à des mesures discrétionnaires,ne serait-ce que pour savoir si les structures de l’économie ont subi
des transformations.

la flexibilité de la politique discrétionnaire 

Les keynésiens qui sont les partisans de politiques discrétionnaires,stipulent la nécessité d’essayer d’agir sur l’économie de court terme et d’employer toutes les informations et tous les outils qui sont disponibles pour tenter d’infléchir l’équilibre économique dans un sens favorable à la maximisation de l’utilitésociale.
Ces politiques permettent à la gestion de la monnaie une flexibilité certaine : la politique monétaire peut donc efficacement réagir en présence des perturbations inattendues, telles que les chocs affectant l’offre de biens et de services ou la demande de monnaie. La Banque Centrale opère dans des environnements économiques très variés, souvent imprévisibles. Aucune règle ne peut prendre en compte la diversité des situations et fixer la réponse appropriée à chaque cas. De même, certains membres de la première école de Chicago privilégient cette flexibilité véhiculée par les interventions discrétionnaires. C’est en vertu d’une telle analyse, que les gouvernements libéraux modérés ont prôné la souplesse monétaire pour compenser l’effet récessioniste du premier choc pétrolier en 1974.
2- l’articulation de la politique discrétionnaire avec les politiques suivies dans d’autresdomaines :par exemple,la finance publique Exemple : imaginons une économie fictive confrontée au sous-emploi de sa main d’œuvre. Supposons que cette économie ne subisse ni la pression de l’inflation ni de la contrainte extérieure et que les autorités gouvernementales décident de porter remède à cette situation de chômage. Elles mettent donc en place à cet effet une politique budgétaire de relance : augmentation des dépenses publiques et/ou baisse des impôts.
Si la politique monétaire devient au même moment plus souple, alors l’effet d’entraînement de la politique de relance sera amplifié : la baisse des taux d’intérêt voulue par les autorités monétaires accompagnant favorablement l’incitation à la création de richesse contenue dans les nouvelles dispositions budgétaires.
Les keynésiens pensent que la conduite de la politique monétaire confiée à des autoritésin dépendantes du gouvernement,c’est aussi prendre le risque demettreces deux politique sencontradictionl’une avec l’autre,et donc d’entraver l’action régulatricedel’Etat.par conséquent,on peut voir ici la confiance dans l’efficacité des politiques conjoncturelles actives.

le respect des règles strictes, gage d’efficacité de politiques 

Les monétaristes et tenants de la Nouvelle macroéconomie Classiques contredisent la conception keynésienne de la politique économique. Par le fait que la politique d’aisance monétaire est source d’inflation et les interventions discrétionnaires sont soit inefficaces soit contre-productives parce qu’elles viennent se heurter aux anticipations rationnelles des agents privés.
La politique monétaire doit respecter à sa propre auto-neutralisation pour garantir la stabilité des prix durablement. Friedman propose la règle monétaire définie comme taux de la croissance monétaire constant et ce taux devra correspondre au taux de croissance à long terme de la production en volume. Le fait d’assuré une croissance de la masse monétaire au même rythme que la production assure la stabilité des prix et la constance du taux de croissance permet d’éviter les anticipations des agents et conduit à une stabilisation automatique.
Quand un gouvernement tente de freiner une expansion trop rapide, cette politique de réduction de la demande n’est efficace qu’au moment où l’économie s’affaiblit et ce qui va accentuer la tendance à la baisse. Et inversement, quand il cherche à stimuler l’économie, sa politique accroît l’économie, sa politique augmente la demande au moment où l’économie redémarre d’elle-même, alimentant par-là même les pressions inflationnistes.

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : Les instruments utilisés en politique monétaire et le choix à faire pour les autorités dans sa mise en œuvre
Chapitre 1 : :les objectifs de la politique monétaire et les principaux instruments utilisés
Section I : Les objectifs de la politique monétaire
Section II :les principaux instruments de la politique monétaire
Section III : L’importance des rigidités nominales dans la conduite de la politique monétaire
Chapitre 2 : le débat dans la conduite de la politique monétaire
Section I : Les définitions
Section II : Un premier éclairage du débat entre règles et discrétions : la théorie traditionnelle de la politique monétaire
Section III :L’évolution du débat
PARTIE II : CAS DE MADAGASCAR
Chapitre 1 : les modifications de l’utilisation des instruments de gestion monétaire
Section I : Le marché interbancaire de devise(MID)
Section II :Les principauxinstrumentsutilisés
Chapitre 2 : La mise en œuvrede la politique monétaire à Madagascar
Section I : L’évolution de la politique monétaire à partir de 1994
Section II :L’évolution des agrégats monétaires
Chapitre 3 : Bilan de la politique monétaire appliquée à Madagascar
Section I : Compatibilité des objectifsdes politiques monétaires et de change
Section II : L’impact de cette politique monétaire sur le niveau de l’inflation et sur le MID
Section III :Les limites de la politique monétaire
CONCLUSION
ANNEXES

projet fin d'etude

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