Épidémiologie et facteurs associés aux dyskaliémies en service d’urgence

Épidémiologie et facteurs associés aux dyskaliémies en service d’urgence

Les dyskaliémies sont fréquentes en service d’urgence (49, 51-56). L’hypokaliémie est la plus fréquente : on la retrouve dans différentes études chez 5,5 % (51), 11 % (52, 53) et 14,5 % (54) des patients. Une hypokaliémie modérée est retrouvée chez près de 20 % des patients hospitalisés (42). Les dyskaliémies découvertes aux urgences sont associées à une augmentation de la mortalité à la fois dans le service des urgences, mais aussi en hospitalisation (49, 51). On retrouve une mortalité intra-hospitalière de 4,5 % (57), 5 %, (54), selon les études, chez des patients en hypokaliémie aux urgences, tandis que près de 40 % des patients présentant une hyperkaliémie aux urgences sont décédés au cours de leur hospitalisation (52) avec des données de mortalité intra-hospitalière de 10,4 % (57) à 18,1 % (54). en service d’urgence (49, 51, 52, 59). L’hyperkaliémie se rencontre d’autant plus que le patient est dialysé, chez 5 à 10 % de cette population (59). Des taux élevés de créatinine sérique sont également associés à un risque accru d’hyperkaliémie (57). Il est par ailleurs constaté qu’environ 6 % des cas d’hyperkaliémies graves pouvaient être définies comme épisodes récurrents chez des mêmes patients (55, 56). Ces patients souffrent de maladie rénale chronique, d’insuffisance cardiaque, d’hypertension ou de diabète (55, 56). L’hypokaliémie est plus fréquente chez les patients traités par un diurétique de l’anse ou un diurétique thiazidique (53, 57). Les diurétiques d’épargne potassique, les Antagonistes du récepteur minéralo-corticoide (ARM) sont quant à eux associés à une plus fréquente survenue d’hyperkaliémie (49, 57, 58).

Épidémiologie et facteurs associés aux dyskaliémies aux urgences en population spécifique

L’hypokaliémie est fréquente dans des populations de patients présentant un traumatisme grave. Elle est en effet retrouvée chez 6,9 % des traumatisés avec des chiffres allant jusqu’à 43,7 % des patients lorsqu’il existe un traumatisme crânien associé (60). L’hypokaliémie était associée dans cette population à la présence d’un traumatisme crânien grave nécessitant une craniotomie de sauvetage et apparaissait comme un marqueur de stress cérébral (60). L’hypokaliémie associé au traumatisme est souvent transitoire et associée au niveau sérique d’adrénaline (35) . L’hypokaliémie est également retrouvée chez 5,6 % des patients consultant aux urgences pour acidocétose diabétique avant correction par insuline suggérant que l’hypokaliémie serait par elle-même un facteur de gravité de la pathologie (61). Hypo- et hyperkaliémie sont fréquentes chez les patients atteints d’insuffisance rénale aiguë dans un contexte de maladie rénale chroniques aux urgences et constituent des facteurs de risque indépendants de pronostic défavorable (49). Les études concernant la fréquence et les résultats associés aux dyskaliémies aux urgences sont limitées, en particulier en ce qui concerne les données sur les médicaments et la iatrogénie potentielle (10, 11, 13, 29, 30, 62, 64, 65). La plupart des études ont été réalisées dans des populations spécifiques comme chez des patients souffrant d’un infarctus du myocarde (65), admis en soins intensifs , en insuffisance cardiaque aiguë (16, 29), avec une acido-cétose diabétique (61) ou encore chez des insuffisants rénaux chroniques (66) voire en insuffisance rénale aiguë sur insuffisance rénale chronique (49).

De nombreuses études s’intéressent aux patients hypokaliémiques (53), ou aux patients hyperkaliémiques (67, 68), mais peu d’études concernent à la fois les hypo- et les hyperkaliémies; il existe également un certain nombre d’études ne décrivant pas le lien potentiel entre les troubles ioniques et les médicaments (51, 54, 69) ou encore des études réalisées qui n’étudiaient pas la mortalité intra hospitalière (51, 58). En outre, de nombreux travaux décrivent principalement les différentes modalités de prise en charge et traitements de l’hyper- ou de l’hypokaliémie (38, 41, 52, 59, 70-83) ou sont des séries de cas (54, 84-87). En particulier, la population « tout venant » aux urgences, ces patients non critiques n’est pas étudiée alors qu’ils représentent une part importante de l’activité des services d’urgence, en moyenne plus de 80 % des passages (88).

Nous avons utilisé une database issue d’un Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) National ciblant initialement la iatrogénie liée à l’automédication avec une étude observationnelle transversale multicentrique (onze centres d’urgences) réalisée sur une période de huit semaines consécutives. Nous avons ainsi étudié les facteurs associés à la présence d’une dyskaliémie, les comorbidités (insuffisance rénale, diabète, insuffisance cardiaque…) et la prise d’un traitement comprenant des médicaments bloqueurs du SRAA, et/ou des diurétiques non épargneurs de potassium, des suppléments potassiques, des AINS. Cette étude a fait l’objet d’une publication dans Plos One en 2020 (article 1, premier auteur).

 

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