Quelle médiation dans les châteaux environnants de Gleizé ?

PATRIMONIALISATION DU CHÂTEAU 

 Le tourisme des châteaux du Beaujolais. L’oenotourisme, ou tourisme viticole, en pleine expansion « À la frontière du tourisme culturel et du tourisme gastronomique, l’œnotourisme se définit comme l’ensemble des prestations relatives aux séjours touristiques dans des régions viticoles, et permet la découverte conjointe du vin, des terroirs et des hommes sur le territoire où ils se situent »289. L’œnotourisme au plan national est en plein développement, passant de 7,5 millions de touristes en 2009 à 10 millions en 2016290. Il s’agit, après la vente du vin, de la principale source de revenus des différents châteaux du Beaujolais. Une conférence291 organisée par le département du Rhône en 2014, précisait que la clientèle de l’œnotourisme est « aisée à fort pouvoir d’achat ; pour rappel, en 2011, la dépense par jour en Rhône-Alpes était de 73,70 € de vin par visite ». De plus, durant cette période, la clientèle étrangère a progressé de 40 %. Pour consolider ces chiffres, le ministère des affaires étrangères et du développement international présentait en 2016 sa « stratégie pour un tourisme français leader mondial ». Parmi les cinq pôles d’excellence constitués figure le pôle œnotourisme293. Le plan vise à promouvoir l’ensemble des destinations et marques œnotouristiques françaises. Hormis quelques exceptions294, la totalité des châteaux du Beaujolais sont des domaines viticoles. L’œnotourisme, consistant en une visite de l’exploitation suivie d’une dégustation-vente du vin produit, est donc pratiquement systématique.

Quelle médiation dans les châteaux environnants de Gleizé ?

 La plupart des châteaux du Beaujolais sont des domaines viticoles. Ils proposent des visites de leur site, en général sur réservation295. Certains d’entre eux proposent d’autres prestations, dont voici quelques exemples : – Le château de Talancé (Denicé) est un lieu d’hébergement touristique avec deux gîtes pour une capacité de vingt-neuf couchages. Différents espaces du domaine sont disponibles en location pour des évènements.

– Le château de Flechères (Fareins, Ain), du XVIIe siècle, n’a pas d’activité viticole. Il a servi à de nombreuses reprises de décor pour le cinéma296.

– Le château de Champ-Renard (Blacé) est un domaine viticole. Ses sources de revenus sont composées principalement des locations de certaines salles pour des réceptions ou des évènements. Le domaine participe au festival des Nouvelles voix, et sert ainsi de cadre à différents spectacles. En 2019, il était associé au festival Beaujolais en scène et en musique. Il est également un lieu d’expositions.

– Le château de Montmelas (Montmelas Saint-Sorlin), construit au XIIIe siècle, est le plus connu et le plus médiatisé des châteaux du territoire beaujolais. Son orangerie est disponible à la location pour des évènements, et un gîte de huit couchages est proposé. Des chambres d’hôte ont également été ouvertes en 2020. Il est aussi possible de louer le parc.

– Le château de la Fléchère (Blacé), demeure du XVIIIe siècle, propose quatre chambres d’hôte.

– Le château de Pravins est situé sur la commune voisine de Vaurenard, à Blacé. Ce château n’a pratiquement pas été transformé depuis son édification au XIIIe siècle. Il y eut des propriétaires communs aux domaines de Vaurenard et de Pravins avec les familles la Bessée et Gaspard au XVIe siècle . Selon Isabelle Brossard, propriétaire actuelle de Pravins, environ quatre mille visiteurs sont accueillis chaque année, via des agences d’œnotourisme. Ces visites du domaine et du château, qui se terminent par une visite du caveau, sont en pleine expansion . La forme juridiquedu domaine de Pravins est un GFA302, qui gère la vente du vin et des produits « accessoires ». Ces accessoires, qui ne doivent légalement pas dépasser 30% du Chiffre d’affaire, sont des gîtes ruraux installés dans le château, les visites du domaine et des produits dérivés vendus à l’issue des visites. L’environnement touristique et l’aperçu des différents moyens de valorisation des châteaux environnants étant ainsi tracés, un état de ce que représente actuellement Vaurenard peut être défini, précisant notamment le financement et les médiations réalisées.

Vaurenard au XXIe siècle : quel profil, quelles médiations ? 

De lourdes charges financières Les châtelains qui se sont succédés depuis le XVIIe siècle ont tous pu entretenir, voire apporter de significatives transformations au château et à son parc. Leurs revenus provenaient de rentes ou des fruits du travail de leurs terres, et en premier lieu de la viticulture. Le domaine viticole présente actuellement la particularité de produire des vins issus d’un cépage unique : le gamay noir à jus blanc303. Un Beaujolais de garde, stocké en foudres de chêne, représente 60% de la production. Toutefois, l’activité viticole ne permet pas de dégager un chiffre d’affaire imputable à l’entretien du domaine, comme expliqué ultérieurement. Au XXIe siècle, comme dans la plupart des châteaux, les propriétaires se trouvent face à un héritage bien lourd à supporter financièrement. Les frais annuels hors exploitation viticole sont estimés à environ 50 000 € par les gérants de Vaurenard304, répartis de la façon suivante : Parmi les gros investissements à prévoir, la priorité revient à la révision de la toiture (principalement remplacement des tuiles endommagées), dont le coût est estimé à 170 000 € selon un devis de 2009. L’ensemble des toitures date de 1903, et seule la couverture de la chapelle a été entièrement refaite en 1999. La reprise du garde-corps dont les pierres se désolidarisent est évaluée par les propriétaires entre 300 000 et 400 000 €. Les infiltrations d’eau dans la salle à manger nécessitent un décaissement et un drainage des eaux pluviales de la cour. Ces derniers travaux ne sont pour l’heure pas chiffrés. Une salle de bain au premier étage est actuellement condamnée, des fuites d’eau ayant endommagé les chevrons. Une partie des bâtiments, notamment la conciergerie, a été réhabilitée récemment pour un coût de 2 500 €/m². Ce coût serait identique pour les autres bâtiments des communs : écurie, four à pain, bâtiment de la lanterne, celui de l’horloge, etc. Les chantiers urgents ne pouvant être financés, ils sont pour une grande partie effectués par le propriétaire, Rolland Durand de Corbiac305. Cette situation est toutefois fragile, et il en découle une prise de conscience de la part des propriétaires : la destination première de Vaurenard est d’être un « centre de famille, élément de motivation pour transmettre des valeurs familiales, qui sont aussi celles de l’Ancien Régime : conservation des racines, ancrage dans l’histoire locale, valeurs du travail, générosité, altruisme »306. Mais l’entretien de Vaurenard représente « un agrément de vie discutable »307. La solution réside alors en des apports financiers, mais qui seraient à fonds perdus, ou dans la transformation de la propriété en immeuble de rapport, où plusieurs solutions sont envisageables : location, vente, gîtes, etc

Une situation juridique spécifique pour clarifier une situation familiale complexe

 Vaurenard appartient à la même famille depuis plusieurs siècles. À ce jour, quatre générations vivent sur le domaine de Vaurenard : Jacqueline de Longevialle, épouse de Louis, vit dans une partie du château. Sa fille Catherine et son époux Rolland Durand de Corbiac logent dans une dépendance, la conciergerie, et un de leurs enfants vit avec sa famille dans une autre dépendance, à côté du cuvage. Toutefois, depuis plusieurs années, les recettes de la viticulture ne sont plus affectées à l’entretien du château, révélant des difficultés d’un autre ordre : il existe des dissensions dans la fratrie, certains des enfants ne souhaitant pas participer à la survie du château, d’autres étant désireux d’une ouverture au tourisme permettant d’engendrer les recettes indispensables à son entretien. En 2010, des accords familiaux ont défini la situation suivante : une Société Civile Immobilière309 a été créée, dont les gérants sont Catherine et son époux Rolland Durand de Corbiac. Jusqu’en 2024, l’activité viticole est gérée par Ghislain Falcon de Longevialle, frère de Catherine. À cette date, les gérants, seuls propriétaires du domaine, se chargeront de la vigne de Vaurenard. Dans l’attente de cette échéance, les propriétaires peinent à financer les travaux d’entretien et les activités touristiques sont extrêmement limitées

Une inscription aux MH en 2007 

Le domaine de Vaurenard a été inscrit sur l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté le 12 octobre 2007. La notice d’inscription précise que sont protégés : « le château et la chapelle en totalité, les bâtiments de communs fermant la cour d’honneur (façades et toitures), la cour d’honneur, la grille et les murs de clôture (mur de clôture du domaine et mur d’enceinte de la partie ornementale du parc), le parc y compris son réseau hydraulique, les vases, bancs et bustes sculptés, les grilles, la parcelle  sur laquelle l’ensemble des bâtiments est implanté » Les avantages d’une inscription sont rappelés sur le site des monuments historiques . L’inscription permet aux monuments d’être mentionnés dans les documents diffusés par le ministère de la culture. Les sites peuvent obtenir une signalisation routière spécifique, et ont l’autorisation d’utiliser le logotype des MH. La prise en compte des sites est obligatoire dans la définition des Plans locaux d’Urbanisme. Des avantages fiscaux et d’aide pour les travaux peuvent être accordés . Aucune autorisation n’est requise pour les petits travaux d’entretien. Par contre, tout chantier d’importance -toitures, ouvertures, etc.- est soumis à l’accord de l’architecte des Bâtiments de France. 

Un précieux partenariat avec la Chambre des tissus en 1996 

Un partenariat avec la Chambre syndicale des tissus d’ameublement de Paris a permis, en 1996, de décorer douze des pièces du château, dans le cadre d’une exposition. Pour cela, les anciens tissus d’ameublement ont été démontés et remisés dans les greniers de Vaurenard. L’objectif de ce mécénat était de redécorer « dans l’esprit » de l’existant. Ainsi, Catherine de Corbiac, fille des propriétaires, précise qu’ « un cahier des charges avait été établi, mentionnant que les tissus ne devaient pas dénaturer les pièces. Le choix des tissus et du mobilier à retapisser a été validé par mes parents avant travaux. Deux des pièces, la chambre des corbeilles et le salon d’été, ont été particulièrement sujets de négociations.»  Durant deux mois de travaux, rideaux, linge de lit, baldaquins, mais aussi tapisseries des meubles ont ainsi été renouvelés. Onze créateurs de tissus étaient à l’honneur lors de cette exposition, mais nombre de corps de métiers différents y ont également participé. Les éditeurs étaient majoritairement de prestigieuses sociétés parisiennes : – la société Jules Pansu pour le mobilier et les rideaux de la salle à manger ; – Paule Marot pour ceux du vestibule du rez-de-chaussée et les rideaux de la cage d’escalier ;

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