L’influence des conditions de travail

L’influence des conditions de travail

Nombreuses et diverses sont les causes des inégalités sociales de santé. C’est d’ailleurs leur cumul plutôt que l’une ou l’autre d’entre elles qui peut expliquer le différentiel final. L’une des principales, encore peu prise en compte dans les enquêtes épidémiologiques, est constituée par les conditions de travail. résolues. De nouveaux problèmes apparaissent, à cause de nouveaux outils, des nouveaux produits, des nouvelles formes de travail. Et bien que plus satisfaisantes, les conditions de travail, qui voient leur degré de pénibilité, de sureté, d’exposition à des agents ou des substances pathogènes, etc., varier grandement selon les secteurs d’activités, les postes Au-delà des accidents ou des maladies auxquels conduit l’exercice courant de bon nombre de professions, ce qu’il faut d’abord relever et examiner, c’est, d’un point de vue global et de manière beaucoup plus fréquente, l’usure générale, physique et psychique, de l’organisme, que peuvent provoquer des conditions de travail difficiles et contraignantes. Un travail pénible, tant du point de vue du corps que du point de vue de l’esprit, ne tue peut être pas directement ceux ou celles qui l’exercent (comme le ferait l’accident), cependant, progressivement, il tend à affaiblir l’organisme des uns, à abattre le courage et le moral des autres, conduisant les individus à un vieillissement prématuré et à une mort précoce. Ainsi, toutes pathologies et catégories sociales confondues, le travail serait tenu pour responsable de près d’un problème de santé sur cinq ;

cependant la proportion peut s’élever à près d’un sur deux pour certaines affections au sein de certaines catégories sociales3. Entre les métiers les moins qualifiés et le haut de la hiérarchie, les conditions dans lesquelles s’exerce le travail sont difficilement comparables. C’est en tout cas ce qui ressort des données de l’enquête sur les conditions de travail réalisée par le ministère de l’emploi tous les sept ans. Entre un cadre supérieur, un professeur, et un ouvrier spécialisé de chaîne (par exemple), la nature des tâches qu’ils ont à effectuer, tout comme les pénibilités et les difficultés qui s’y rattachent (ou les aspects agréables et gratifiants, d’ailleurs…), ainsi que les conséquences en termes de santé physique et mentale, de vieillissement social, n’ont pas grand-chose à voir. Globalement, les facteurs de nocivité et de pénibilité ont augmenté au cours de ces dernières années, et cette dégradation des conditions de travail, depuis le milieu des années 1980, a été plus importante pour les ouvriers et les employés que pour les cadres et les membres des professions intermédiaires4. Mais avant de traiter plus en profondeur la question des variations sociales des conditions de travail et de leurs répercussions sur la santé des salariés, prenons le temps d’apporter quelques éclaircissements sur l’élaboration et la construction de ce qui constitue un outil incontournable pour l’analyse et la compréhension de ces phénomènes : les statistiques françaises sur les conditions de travail.

Les enquêtes « conditions de travail »

La construction politique d’un problème des conditions de travail a entrainé une demande d’informations quantifiées. Les premiers chiffres ont porté sur les conséquences les plus visibles et les plus marquées des conditions de travail : les accidents et les maladies professionnelles (ces évènements sont pris en charge par des administrations, des statistiques sont élaborées comme sous-produits ; souvent utilisées dans le débat social, elles font néanmoins l’objet de critiques de la part des chercheurs5). A la fin des années 1970, la vision politique des conditions de travail ne se limita plus aux évènements frappants comme les accidents et les maladies. Il en résulte un système d’enquêtes, géré aujourd’hui par la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques au ministère du travail) qui est un compromis entre demandes politiques, considérations scientifiques et coutumes du système statistique (v. encadré p. 128). Ces investigations reposent sur l’interrogation des salariés et sur leur perception des conditions de travail. L’idée fondatrice constitue à appréhender le travail dans sa globalité : si les moyens d’une analyse détaillée du travail font défaut, les travailleurs sont encore les mieux à même d’en restituer une vision synthétique. La première enquête nationale sur les conditions de travail à donc eu lieu en 1978.

Elle a été reconduite en 1984, 1991, 1998 et 2005 (chaque enquête porte sur 20 000 personnes environ). Cette enquête pionnière était surtout adaptée à la description des conditions de travail physiques et du travail ouvrier. En 1987, elle a été enrichie par une enquête du même type sur l’organisation du travail et sur quelques aspects des conditions psychologiques de travail, renouvelée en 1993, puis fusionnée en 1998 avec l’enquête sur les conditions de travail ; une nouvelle enquête, en 1997, permet de relier le point de vue des salariés sur la description globale, par ses responsables, de l’organisation de l’entreprise. Dès lors, on se dirige plus à la fois vers une description plus complète des conditions de travail et des formes d’organisation qui les déterminent. Reste ensuite à interpréter les chiffres produits par ces enquêtes… Une autre méthode consiste à déléguer l’appréciation des conditions de travail à un expert. Par exemple, l’enquête sur le suivi médical des risques professionnels (« SUMER ») s’appuie sur le jugement de la médecine du travail.

 

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