L’internationalisation et la « nouvelle idée » d’université

L’internationalisation et la « nouvelle idée » d’université

« Il n’est pas souhaitable que l’on fasse de l’internationalisation l’expression passe-partout pour faire référence à tout ce qui comporte un caractère international » (de Wit, 2002, cité par Knight, 2004, p. 10). Il est inquiétant de constater que peu d’intellectuels d’Amérique du Nord se consacrent aux distinctions théoriques et aux problèmes associés à la « complexité » et à la « confusion » du sujet, comme le démontre une utilisation plus lâche de la terminologie et une grande variété d’approches (Knight, 2004, p. 9). Dans un tel climat, les citations de Jane Knight comme celle-ci deviennent des platitudes.

Comme le souligne Knight (2004) dans l’un de ses récents articles, des questions importantes pour l’internationalisation doivent être posées à propos de l’objectif de l’internationalisation ; des avantages et des résultats ; des valeurs sousjacentes ; des conséquences positives ; des résultats imprévus et des implications négatives ; de la durabilité ; des répercussions politiques et financières de l’importance accordée à l’internationalisation ; et enfin si l’internationalisation représente une incitation ou une réponse à la mondialisation. Même si les questions sont identifiées, très peu sont les efforts en vue de conceptualiser l’internationalisation elle-même dans le cadre de ces forces qui en sont à l’origine – la mondialisation. Comment la mondialisation est-elle en train de changer le monde de l’internationalisation ? Quelles sont les relations entre internationalisation, enseignement supérieur et mondialisation ? Quel impact exerce-t-elle sur les participants et quelles en sont les implications pratiques ? 

Les arguments présentés par Appadurai sont valables car, en énonçant une théorie sur la simultanéité de la convergence et de la fragmentation, ils vont au-delà des théories de la convergence envers la modernité. Appadurai débat également la notion de « déterritorialisation » qu’il juge être l’une des principales forces de la mondialisation – les communautés plus riches accueillent des populations de travailleurs ; les réfugiés sont contraints de fuir leur environnement dans lequel s’exerce une répression économique et politique ; les migrants se déplacent afin d’améliorer leur situation sociale et économique ; Nadine Rombert Trigo– « Utopie et dystopie dans l’internationalisation de l’enseignement européen » ‐ Université du Sud Toulon‐Var – 2009 252 bref, les gens se déplacent. Il s’agit d’une intensification de ce que Giddens (1990) appela le désancrage (disembedding) de la modernité.

Il démontre un éloignement des personnes de l’espace, de la communauté et du travail – « La chaîne de ces stabilités possède partout l’empreinte de l’homme. » (Appadurai, 1990, p.297) La mondialisation a été perçue comme une force qui « réinvente la géographie » (Edwards et Usher, 2000, p.14 ; Said, cité par Hall 1992, p. 301). À mesure que les frontières de l’espace géographique fondent avec une compression spatio-temporelle, elles présentent des impacts divers. Reprenant la théorie d’Appadurai sur la déterritorialisation, Waters (1995) affirme que la mondialisation dépend de la relation entre l’organisation sociale et la territorialité (p. 8). Il énonce que cette relation est marquée par trois types d’échange : les échanges matériels (commerce, capitalisation, location, maind’oeuvre salariée) ; les échanges politiques (de soutien, sécurité, coercition, surveillance, etc.) et les échanges symboliques (communication verbale, publication, performance, enseignement, divertissement, publicité, etc.). Dans ce raisonnement, les échanges matériels nouent un rapport avec des localités spécifiques, c’est-à-dire ils localisent. Les échanges politiques nouent des relations à de vastes territoires, c’est-à-dire ils internationalisent.

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