«Marges » de l’Italie centrale

«Marges » de l’Italie centrale

Nous souhaitons évoquer, pour clore cette partie, les « marges » de l’Italie centrale. Il ne s’agit pas tant des marges géographiques que de sites compris dans la zone définie – dans les Abruzzes – mais qui semblent échapper aux tendances stylistiques mises en évidences dans les parties précédentes. Nous les rejetons en fin de chapitre car leur datation est mal assurée et il nous semblait délicat de les attribuer à une période donnée.

La villa de San Potito d’Ovindoli

Située dans les Abruzzes, dans la province de l’Aquila, la localité de San Potito d’Ovindoli (commune d’Ovindoli) a livré une grande villa romaine au sein de laquelle des enduits peints, essentiellement fragmentaires, ont été retrouvés en quantité importante. La grande phase de restructuration et d’agrandissement qui donne à l’édifice son aspect actuel. Une série d’indices archéologiques permet de dater cette phase dans le second quart du IIe s. villa et son abandon interviennent selon toute vraisemblance vers la fin du IIIe s. L’on dispose donc d’un bon encadrement chronologique qui permet de dater la plupart des peintures retrouvées entre le second quart du IIe s.et la fin du IIIe s. Entre ces deux dates, il n’est cependant guère possible de proposer un phasage plus précis. Si certaines peintures peuvent être situées relativement et parfois datées par rapport aux pavements, pour d’autres, la situation est moins claire, en particulier pour celles retrouvées en situation de dépôt secondaire. Ajoutons que la lecture de cet ensemble décoratif est compliquée par le fait que les décors ne sont souvent conservés que sur de très faibles hauteurs et sont documentés seulement par des descriptions, illustrées de quelques rares clichés de détails, sans proposition éléments linéaires et des motifs ornementaux, végétaux et figurés. Parmi ces derniers, ceux pour lesquels on possède un dessin ou une photographie contrastent avec le répertoire du reste de l’Italie centrale, tant dans le choix des motifs que dans la gamme chromatique. Il en va ainsi de cette bordure ajourée jaune, bleu et rouge sur fond noir, au-dessus de laquelle une hampe soutient un miroir d’où tombent des guirlandes, ou de ces lions ailés, affrontés au- dessus d’une ligne de points sur fond jaune (OVI 01.11). Qui plus est, les animaux, bien représentés, ne sont pas traités avec cette manière nerveuse qui semble caractéristique .

La domus di largo Torre Bruciata à Teramo

Dans la pièce A, sont conservées en place la partie basse des peintures (TER 01.01). Au bas de la paroi, court une bande blanche surmontée de compartiments rouges et jaunes, décorés dans certains cas de motifs végétaux et séparés d’inter-compartiments blancs dans lesquels est représentée une plante verte. La zone médiane, très peu conservée, est construite en correspondance avec la zone inférieure. On y voit des champs jaunes et rouges delimités de filets blancs et encadrés de larges bandes pourpres. L’organisation de la paroi, très simple, en larges panneaux colorés, l’absence d’éléments architecturaux, la présence des plantes dans les inter-compartiments de la zone inférieure, tout cela évoque bien davantage les décors des régions situées plus au nord, que nous examinerons dans le chapitre suivant, que ceux d’Italie centrale. Le décor de la pièce B, pour lequel on ne dispose pas de photographies mais qui était vraisemblablement structuré en panneaux blancs séparés par des candélabres stylisés sur fond rouge ou noir, va dans le même sens (TER 01.02). A ces peintures, sont associés des sols de béton décorés. Ces choix stylistiques sont d’autant plus significatifs qu’il s’agit vraisemblablement de pièces importantes, de grandes dimensions et donnant sur le péristyle.

Avant d’aller plus loin, il convient de préciser l’ancrage géographique de cet « au- delà ». La documentation rassemblée se concentre principalement sur deux zones : une, au nord de la côte Adriatique, allant de Castelleone di Suasa à Ravenne ; l’autre, à cheval sur les régions IX, X et XI, allant d’Este à Alba, Brescia étant dans cet ensemble la ville la mieux documentée (voir la carte de répartition, fig. 21). Une telle répartition géographique est bien davantage la conséquence de l’état de la recherche, particulièrement dynamique dans ces régions sur les questions touchant à l’architecture et au décor domestiques, que le reflet d’une réalité antique. Par ailleurs, les exigences de notre dépouillement nous ont conduit à n’enregistrer que des attestations ponctuelles dans des grandes villes comme Milan où les découvertes, fruits de fouilles urbaines, sont nombreuses mais la plupart du temps très détaillée que ce que nous avons pu faire pour l’Italie centrale s’est avéré impossible. Tout d’abord parce que la documentation est beaucoup moins abondante (140 décors peints dont certains se réduisent à quelques fragments contre environ 420 pour l’Italie centrale). Ensuite, parce que les conditions de découverte de ces peintures sont fort différentes : les élévations étant peu conservées, les enduits en place se limitent bien souvent aux zones inférieures, les zones médianes et supérieures n’étant connues que quand les parois écroulées ont pu être retrouvées et étudiées dans de bonnes conditions. Par ailleurs, même quand les enduits ont été ramassés et remontés, on n’aboutit parfois qu’à une restitution morcelée de la composition d’ensemble, rendant la documentation difficilement exploitable dans le cadre d’une synthèse (comme c’est le cas, par exemple, dans plusieurs domus de Rimini).

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