NOUVEAUX PHENOMENES, NOUVELLES REPRESENTATIONS, NOUVEAUX OUTILS DE GESTION 

 NOUVEAUX PHENOMENES, NOUVELLES REPRESENTATIONS, NOUVEAUX OUTILS DE GESTION 

Du quiproquo aux nouveaux modes d’action collective

Ces questionnements demandent la mise en place d’outils propres à leur résolution. Ceux-ci sont divers et issus à la fois d’expérience de terrain et de modélisations théoriques. L’analyse du quiproquo nous a conduit à mettre en évidence des défaillances très courantes de la construction du sens dans les situations d’action collective. Celles-ci peuvent ne pas être préjudiciables à l’activité mais peuvent aussi entraîner des perturbations parfois violentes dans les représentations de l’action collective. En effet, en rendant visible un décalage de représentations de la situation, il peut résulter des tensions importantes entre chacune des visions de la réalité. Dès lors, les modes d’action vont évoluer de manière à permettre aux représentations de s’unifier à nouveau et de ce fait à homogénéiser les actions collectives menées dans la situation de gestion. Pour modéliser la construction des représentations et de ce fait en expliquer la formation des éventuels décalages, plusieurs notions, ou théories de la représentation, ont été utilisées. Le « sensemaking » au sens de Weick a tout d’abord montré les relations intimes, qui peuvent exister entre la formulation du sens d’une situation et les modes d’action qui en  résultent en en dégageant du sens (Weick, 1995). Weick fait l’hypothèse qu’il n’est pas important de partager le sens créé par et pour l’action. Il était donc nécessaire de mettre en évidence la nécessité d’obtenir un sens partagé pour éviter les décalages de représentations qui auraient pu perturber l’action collective. C’est pourquoi nous avons montré que les décalages de sens, et donc de la représentation, dépendaient aussi des raisonnements mis en œuvre dans les situations. C’est à l’aide d’une modélisation du raisonnement que nous avons formaliser le phénomène afin d’en dégager des leviers d’action nécessaires pour en assurer le pilotage. Comme c’est le raisonnement de construction du sens de la situation qui pose problème, nous avons choisi d’aborder cette question par l’intermédiaire d’une modélisation des raisonnements de conception proposée par la théorie C/K de la conception (Hatchuel & Weil, 2002 2003). Cette modélisation nous a permis d’expliquer la formation des décalages de représentation et, ce qui est important pour l’action, de mettre en évidence des leviers d’action pour piloter ces situations en vue d’une résolution du quiproquo. Cette analyse a conduit à faire apparaître aussi une représentation enrichie des situations et donc des moyens mis en œuvre pour y faire face. Nous avons alors obtenu une typologie des systèmes de gestion des risques au regard de leur efficacité à mettre en cohérence les représentations des acteurs. 

Statuts des résultats et intérêt pour les sciences de gestion

On obtient donc des résultats, dont les niveaux théoriques ne sont pas équivalents. Selon Desreumaux, pour être qualifié de théorique, un énoncé doit pouvoir répondre à quatre questions : Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Quand ? Or, il note que bon nombre d’énoncés en théorie des organisations ne répondent qu’à la question « Quoi ? » tout en laissant à l’écart les autres dimensions (Desreumaux, 2005). Notre démarche de recherche commence par emprunter ce travers. Nous nous sommes d’abord intéressés à la nature de l’objet que nous allions étudier : les risques. La question « Quoi ?» est alors prépondérante puisqu’elle permet de situer, de qualifier cet objet évanescent. Mais très rapidement, avec la constatation d’un affaiblissement des représentations, la question du « Comment ? » est intervenue afin de nous aider à comprendre les mécanismes qui mènent à pareille situation. La mise en évidence du quiproquo puis son analyse et sa modélisation conduisent à répondre aux deux dernières questions : « Pourquoi ?» et « Quand ?». Mais le statut théorique de ces résultats doit être encore précisé et évalué au regard de leur portée scientifique. Pour ce faire, nous nous attacherons à décrire chacun des ensembles de résultats au travers de la grille de lecture proposée par Albert David sur les différents niveaux théoriques en sciences de gestion (David, 2000). Figure 2 : déroulement et statuts théoriques des résultats de la thèse Notre démarche de recherche a débuté par la mise en forme de faits issus d’études de terrain qui nous ont permis de cerner l’objet d’étude sur lequel nous allions travailler dans le cadre de cette thèse. Les constatations, quant à la nouvelle nature des risques aujourd’hui, et les analyses relevant de l’affaiblissement des représentations ont conduit Terrains : Total, Meteor, théâtre Æ Chapitres I et II Théorie C/K appliquée à la gestion des risques et théorie du quiproquo Æ Chapitre III Modélisation des systèmes de gestion des risques Æ Chapitre IV Statut théorique des résultats de la thèse Déroulement de la thèse Théories générales Faits mis en forme Théories intermédiaires 0 à s’intéresser à des phénomènes modélisables qui pouvaient à la fois caractériser les modes d’action dans les situations d’incertitude mais aussi expliquer la construction des représentations dans les situations mal connues. Il a été nécessaire pour formaliser ces phénomènes particuliers tels que le quiproquo de faire appel à des modélisations du raisonnement qui ont un statut théorique plus général puisque trouvant des applications dans de nombreux champs de recherche. Ces modélisations et l’élaboration d’une théorie du quiproquo de portée plus globale ont fait apparaître des nouvelles formes d’action que nous devions analyser dans le cadre de la gestion des risques. Les leviers d’action définis par la théorie du quiproquo ont pu alors être déclinés en une modélisation plus appliquée aux systèmes de gestion des risques ce qui en fait des théories de niveau intermédiaire. On croisera alors plusieurs dimensions qui constituent les systèmes de gestion des risques, de manière à comprendre comment les évaluer au regard de leur capacité à produire des représentations en adéquation avec le monde. La navigation entre ces différents niveaux théoriques nécessite une approche méthodologique particulière que nous allons maintenant décrire.

Formation et coursTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *