Prévalence de la malnutrition dans les zones d’intervention

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INTRODUCTION

La malnutrition de l’enfant reste un problème majeur de santé publique dans les pays en développement, où un tiers de tous les moins de 5 ans est atteint d’un retard de croissance (De Onis, 2000). Elle touche tous les groupes d’âges surtout les plus vulnérables que sont les femmes enceintes et/ou allaitantes et les enfants âgés de moins de 5 ans. En 2000, on estimait à 182 millions (32,5%) le nombre d’enfants d’âge préscolaire des pays du tiers monde qui avaient un retard de croissance, à 150 millions (26,7%) le nombre d’enfants présentant une insuffisance pondérale (WHO, 2000). Parmi les enfants accusant un retard de croissance, 70% vivaient en Asie principalement en Asie du sud centrale ; environ 26% en Afrique et 4% seulement en Amérique latine et dans les Caraïbes (De Onis, 2000). En Afrique de l’Ouest, la prévalence de malnutrition chez les enfants âgés de 0 à 5 ans est estimée à 10,3% pour l’émaciation, 32,9% pour le retard de croissance et 27,1% pour l’insuffisance pondérale (SCN, 2004). La malnutrition augmente le risque de décès par association avec plusieurs maladies infectieuses (Rice et al., 2000 ; Caulfied et al., 2004). En effet, 56% du taux de décès des enfants âgés de moins de 5 ans dans les pays en développement est attribué à la malnutrition (Pelletier et al., 1995). Les taux de mortalité infantile et infanto-juvénile qui constituent des indicateurs inversement proportionnels au niveau de développement d’un pays sont particulièrement élevés dans les pays en développement, et sont souvent dus à la malnutrition associée à plusieurs maladies infectieuses (Rice et al., 2000).
Au Sénégal, la malnutrition est l’un des principaux problèmes de santé qui affecte les enfants de moins de 5 ans et leurs mères. En 1993, sur le plan régional, 30% des enfants accusaient un retard de croissance dans les régions du Centre, du Sud et du Nord-Est ; dans ces mêmes régions, l’émaciation touchait 10% des enfants (EDS II, 1993). La comparaison de ces résultats avec ceux de l’EDS I (1986) montre qu’il n’y a pas eu de modification de la prévalence de la malnutrition au cours de cette période de 6 ans (Diène et al., 1998). Entre 1996 et 2000, les prévalences du retard de croissance et de l’insuffisance pondérale ont baissé respectivement de 23% à 19% et de 22,3% à 18,4%. On note une détérioration de l’état nutritionnel de ces enfants avec des taux de maigreur passant de 6,7% à 8,3% pendant cette même période. Cette détérioration est plus importante en zone rurale avec une prévalence de 9,3% (MICS II, 2000). Les mortalités infantile et infanto-juvénile sont respectivement 7 ‰ et 14,53‰. La malnutrition peut avoir diverses conséquences néfastes pour la santé et le bien-être, qui peuvent même être fatales. Quelles soient modérées ou graves, ces conséquences se traduisent par une baisse de la qualité de la vie et une réduction de potentialités humaines (FAO, 1992). Elle influence le développement intellectuel, les capacités d’apprentissage et les résultats scolaires des enfants (Michelle, 1999 ; FAO, 1992). Le retard de croissance dû à la malnutrition sévère entrave le développement des fonctions motrices et mentales et se répercute sur la croissance du cerveau et le niveau d’activité (FAO, 1998). A l’âge adulte, les enfants ayant souffert de malnutrition, ont une diminution de leur capacité de travail (De Villiers et al., 2000 ; Checkley et al., 2003) et une réduction des performances reproductives (Martorell, 1996). La malnutrition des enfants est liée à tout un éventail de facteurs familiaux et démographiques, comme la qualité du logement et de l’approvisionnement en eau, le rang de la naissance, l’âge de la mère, l’âge au moment du sevrage la présence ou l’absence de frères ou de sœurs et un intervalle inter-génésique rapproché. Indépendamment d’autres facteurs socio-économiques, la taille de la famille peut avoir des effets négatifs sur leur bien-être (FAO, 1998). Selon le cadre conceptuel de l’UNICEF, les causes de la malnutrition sont multisectorielles (alimentation, santé, pratiques de soins). Ces causes sont classées en causes immédiates (alimentation pauvre et les maladies), sous-jacentes (l’accès à la nourriture du ménage, inadéquation des soins aux mères et aux enfants) et fondamentales (structures socio-économiques, politiques et idéologiques), l’influence des facteurs à un niveau se faisant sentir aux autres niveaux (Unicef, 1990). Les facteurs majeurs qui contribuent à la malnutrition en Afrique sont : la pauvreté, le niveau faible d’investissement extérieur, la diminution de la croissance économique, les désastres naturels, les guerres civiles, l’instabilité politique et la pandémie VIH/Sida. D’autres facteurs incluent le manque de politiques nutritionnelles cohérentes (Atinmo, 2003) et l’ignorance couplée au faible niveau d’éducation des femmes (Agueh et al., 1999 ; De Villiers, 2000 ; Atinmo, 2003). Une étude réalisée en Jamaïque chez des enfants âgés de 4 à 35 mois a montré que les maladies, les caractéristiques socio-économiques, les besoins alimentaires par personne, et la durée de l’allaitement maternel sont les déterminants majeurs de l’état nutritionnel de ces enfants (Melville, 1998). Thaver et al (1990) ont trouvé que chez les enfants âgés de 0-1 an à Karachi, la malnutrition est deux fois plus probable chez les filles spécialement quant elles sont nées de mères jeunes et que l’intervalle inter-génésique est court. La malnutrition était plus fréquente chez les enfants non allaités ou qui ont subi un allaitement mixte. Par contre Agueh et al (1999) ont trouvé que l’âge de la mère n’est pas lié à l’état nutritionnel de l’enfant. Des études faites en Afrique ont montré que la malnutrition était plus fréquente chez les garçons que chez les filles (Diène et al., 1998 ; EDS Cameroun, 1998 ; EDS Burkina Faso, 1998). L’analyse faite par Rowland et al (1988) chez des enfants Gambiens âgés de moins de 2 ans, a montré que les infections respiratoires aiguës (IRA) réduisaient le gain de poids de 14,7 g/jour d’infection et les maladies diarrhéiques de 14,4 g/jour chez les enfants sevrés.
Une analyse des déterminants de la malnutrition à Kolda, a montré que la dégradation de la situation nutritionnelle n’est pas due à une insuffisance de la production agricole, ni à des facteurs alimentaires comme la diversité du régime alimentaire des enfants, mais plutôt à la survenue fréquente de la diarrhée (Ndiaye, 1997). Les résultats d’analyses approfondies des enquêtes démographiques et sanitaires de 1986-1997 montrent que les déterminants de la malnutrition au Sénégal sont : l’âge de l’enfant et de la mère, les pratiques alimentaires (mauvaise conduite du sevrage), la vaccination contre la rougeole, le milieu de résidence, les caractéristiques démographiques (nombre d’enfants vivant à la maison), et le niveau socio-économique de la mère (Diène et al., 1998). L’analyse des déterminants de la malnutrition protéino-énergétique chez les enfants âgés de 0 à 5 ans dans la commune de Thiadiaye (Sénégal) a montré que le niveau socio-économique des ménages et l’état de santé des enfants sont les facteurs les plus déterminants de l’état nutritionnel (Guéye, 2001). Depuis les années 70, suite à la grande sécheresse, le Sénégal est confronté à des problèmes nutritionnels surtout dans les zones défavorisées. C’est ainsi que des projets de nutrition ont été initiés pour améliorer la situation nutritionnelle des populations cibles. Parmi ces projets on a : le Projet de Protection Nutritionnelle et Sanitaire (PPNS, 1973 – 1988) appuyé par l’USAID (United States Agency for International Development), le Projet de Nutrition Communautaire (PNC, 1995 – 2000) dont la mise en œuvre fut confiée à l’AGETIP (Agence d’Exécution des Travaux d’Intérêt Publique contre le sous-emploi). Mais en dépit de ces efforts, la situation nutritionnelle de la population reste encore préoccupante particulièrement au niveau des populations vivant dans les zones démunies. C’est dans ce cadre que des ONG1 nationales et internationales ont décidé d’intervenir dans le domaine de la nutrition afin d’améliorer l’état nutritionnel des enfants d’âge préscolaire au Sénégal.

OBJECTIF DE L’ETUDE

Les objectifs principaux de notre étude sont de définir les prévalences de la malnutrition et d’identifier les déterminants de la malnutrition chez les enfants âgés de 0 à 23 mois dans les zones d’intervention de ces ONG.
Les objectifs spécifiques sont :
 Déterminer les prévalences de l’émaciation, du retard de croissance et de l’insuffisance pondérale chez les enfants âgés de 0 à 23 mois dans l’ensemble des zones d’intervention des ONG.
 Identifier les facteurs associés à l’émaciation, au retard de croissance et à l’insuffisance pondérale.

Table des matières

I – INTRODUCTION
II – SUJETS ET METHODES
2.1 – Type d’étude
2.2 – Population cible
2.3 – Cadre de l’étude
2.4 – Méthode de collecte
2.4.1 – Méthode d’échantillonnage
2.4.2 – Questionnaire de collecte des données
2.4.3 – Mesures anthropométriques
2.5 – Saisie et analyse des données
III – RESULTATS
3.1- Caractéristiques générales de la population d’étude
3.1.1- Caractéristiques socio-démographiques des enquêtées
3.1.2- Caractéristiques des enfants
3.2- Etat nutritionnel des enfants
3.2.1- Prévalence de la malnutrition
3.2.2 – Prévalence de la malnutrition en fonction de l’âge
3.2.3 – Prévalence de la malnutrition dans les zones d’intervention
3.2.4 – Comparaison des prévalences de la malnutrition avec l’enquête MICS II
3.2.5- Analyse des facteurs associés à la malnutrition
3.2.5.1- Facteurs associés à l’émaciation
3.2.5.2- Facteurs associés au retard de croissance
3.2.5.3- Facteurs associés à l’insuffisance pondérale
IV – DISCUSSION
V – CONCLUSION ET PERSPECTIVES
VI – BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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