RELATION ENTRE MYZOPODA AURITA ET RAVENALA MADAGASCARIENSIS

RELATION ENTRE MYZOPODA AURITA ET RAVENALA MADAGASCARIENSIS

La relation plante animal est une interaction interspécifique entre une espèce de plante et un être animal. Comme tous autres interactions hétérotypiques, cette relation peut être un mutualisme où les organismes impliqués tirent réciproquement bénéfice. Toutefois, elle peut être aussi un commensalisme, dans lequel l’un des partenaires tire bénéfice de l’association tandis que l’autre n’y trouve ni avantage ni véritable inconvénient (Kerharo et Ferrier, 2006). C’est le cas de la chauve-souris Myzopoda aurita avec la plante Ravenala madagascariensis (« bemavo »). Cette chauve-souris utilise les jeunes feuilles des « bemavo » comme gîte diurne, elle se fixe sur les feuilles lisses à l’aide des ventouses sur les pouces et les plantes des pieds. Cependant, le « bemavo » ne tire aucun avantage de cette association. Malgré les quelques études sur Myzopoda durant la dernière décennie entre autres la génétique de la population (Russell et al., 2008), le régime alimentaire (Ramasindrazana, 2009), le territoire de chasse et l’utilisation de l’habitat (Ralisata et al., 2010), la structure et le fonctionnement de l’organe adhésif (Riskin et Racey, 2009 ; Schliemann et Goodman, 2011) et la relation de Myzopoda aurita avec le Ravenala madagascariensis (Ralisata et al., 2015), peu d’information sont disponibles sur leur gîte diurne (Schliemann et Goodman, 2003). Cependant, la connaissance du gîte ainsi que de son importance est fondamentale pour la conservation de Myzopoda aurita. L’étude sur la relation de Myzopoda aurita et « bemavo » s’avère alors indispensable pour améliorer la connaissance sur la biologie et l’écologie de cette espèce. Elle peut aussi nous fournir des données utiles pour l’élaboration des stratégies de gestion et de conservation de la chauve-souris. L’objectif principal de cette étude est d’évaluer l’importance de « bemavo » pour Myzopoda aurita. Quatre objectifs spécifiques sont alors fixés. Il s’agit de : – Déterminer les divers types de relation entre Myzopoda aurita et « bemavo » ; – Déterminer la disponibilité et l’abondance de « bemavo » au niveau du site ; – Estimer la durée probable de l’utilisation d’un gîte diurne. Chapitre 4 Introduction 67 Afin d’aborder les différents aspects écologiques ci-dessus, deux hypothèses de base ont été avancées : – Myzopoda aurita utilise indifféremment les « bemavo » ; – Myzopoda aurita utilise les gîtes jusqu’à l’ouverture totale des jeunes feuilles centrales de « bemavo ». II. METHODOLOGIE II.1. Recensement au niveau des gîtes Le recensement a été faite sur huit descentes (juillet-août 2008, février-mars 2009, juillet-août 2009, octobre-novembre 2009, février-mars 2010, juillet-août 2010, octobre-novembre 2010, février-mars 2011 et juillet-août 2011). La méthode consiste d’abord à répertorier les gîtes potentiels constitués par de « bemavo » aux jeunes feuilles centrales partiellement enroulées. L’équipe d’investigation scrute minutieusement chacun d’eux pour vérifier la présence des chauves-souris. La capture à l’aide d’un grand sac est la même technique qu’avant. La hauteur de « bemavo » est mesurée à l’aide d’un double décamètre, de la base de la coupe au sol en plus de la longueur de la feuille. Les chauves-souris à l’intérieur du gîte sont comptées, mesurées, pesées, marquées puis relâchées au crépuscule. La taille des groupes est déterminée par le nombre d’individus contenus à l’intérieur de chaque feuille (Figure 39). Figure 39 : Capture, mesure de la hauteur du gîte avec un décamètre et groupe de Myzopoda aurita à l’intérieur du gîte (cliché par M. Ralisata). 

Disponibilité et abondance des gîtes

Quatre transects ont été mise en place au niveau de la zone d’étude pour déterminer la disponibilité et l’abondance des gîtes. Des pistes preétablies qui parcourent la station agricole de la FO.FI.FA. de Kianjavato avec des « bemavo » (Figure 40) ont été utilisées comme transect d’échantillonnage : – Transect 1 : parcours les champs de caféier avec une longueur de 1421 m ; – Transect 2 : traverse les forêts dégradées à l’Est d’une longueur de 842 m ; – Transect 3 : au niveau des forêts dégradées à l’Ouest d’une longueur de 973 m; – Transect 4 : au niveau de la zone ouverte boisée d’une longueur de 788 m ; Figure 40 : Lignes de transect au niveau de la zone d’étude. Tous les « bemavo » et les gîtes potentiels sont comptés sur une distance de 10 m de part et d’autre du transect, en utilisant deux compteurs manuels dont, un pour tous les « bemavo » et l’autre pour les gîtes potentiels.

Durée probable de l’utilisation d’un gîte

L’animal n’utilise pas indéfiniment le même gîte, car celui-ci change au fur et à mesure que les feuilles s’agrandissent. Pour déterminer la durée probable d’utilisation d’un gîte, les pieds des « bemavo » avec des jeunes feuilles enroulées ont été marqués au hasard. Ils pourraient être des gîtes potentiels. Le suivi est fait le matin tous les jours jusqu’à l’ouverture complète des feuilles. La durée probable d’utilisation d’un gîte correspond ainsi au nombre de jours écoulés entre la date où le gîte est disponible pour Myzopoda aurita et celle de l’ouverture totale de la feuille. L’estimation de la durée d’utilisation se fait ensuite à partir des équations de régression (Vonhof et Fenton, 2004).

Cohésion entre les individus d’un même gîte

Chaque animal du groupe est marqué à l’aide d’un anneau sur l’avant-bras avec un numéro individuel. Ce type de marquage permet aussi de déterminer la fidélité des individus à leur groupe. 

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