Reproduction, âge et croissance de deux Téléostéens pélagiques

Reproduction, âge et croissance de deux Téléostéens pélagiques

 Habitat et biologie

La sardine commune est un poisson pélagique, grégaire qui forme de vastes bancs dans les couches supérieures des eaux côtières et effectue de grandes migrations, sa présence est souvent associée à celle de l’anchois (Fisher et al., 1987; Abad et al., 1998). Les bancs peuvent être composés d’individus d’âges et de sexes différents mais de tailles équivalentes (Cury et al., 2000). En cas de fortes abondances, les bancs ont tendance à être monospécifiques. En revanche, si la sardine est moins abondante, les bancs seront composés de plusieurs espèces de petits pélagiques, notamment des anchois et/ou des chinchards (Laurent, 2005). Les individus âgés vivent plus au large que les jeunes (Mouhoub, 1986), ils se rapprochent de la côte pour frayer (Dieuzeid et al., 1959). Les alevins retournent vers les côtes où ils passent le début de leur vie, puis repartent vers la pleine mer au début de l’hiver alors que les bancs reviennent vers les côtes au printemps à la recherche de nourriture (Aldbert et Carries, 1976). La sardine se nourrit de zooplancton essentiellement de mollusques et de crustacés microscopiques, dans sa jeunesse de phytoplancton, sans dédaigner les œufs pélagiques d’autres poissons (Lee, 1961). Elle tend à se disperser la nuit quand elle recherche sa nourriture et à se rassembler en banc plus ou moins compacts le jour. Selon Pichot et Aldbert (1978), ces déplacements dépondent de divers facteurs tels que l’influence du cycle lunaire (phase de pleine lune) et les conditions hydrologiques du milieu. 

Répartition géographique

La sardine européenne, Sardina pilchardus est rencontrée tout le long des côtes atlantiques et méditerranéennes (Fig. 7). En Méditerranée, la sardine se trouve tout le long de la bordure Nord des bassins occidental et oriental, des côtes espagnoles jusqu’au sud de la Turquie, en mer Egée et en mer Noire. Sa présence est rare dans le bassin oriental et au large des côtes lybiennes (Fischer et al., 1987). En Atlantique Est, son aire de distribution se prolonge de la mer du Nord au Sénégal (Fréon et al., 1978; Mouhoub, 1986), aux archipels des Açores, de Madère et des Canaries (Furnestin, 1952; Silva, 2003). Sur la côte du NordOuest de l’Afrique, l’aire d’extension des sardines est très liée à celle des Upwellings côtiers et sa distribution se limite aux isothermes de surface 12 à 20°C (Bauchot, 1980). Reproduction, âge et croissance de deux Téléostéens pélagiques des côtes de l’extrême Est algérien (El Kala): l’anchois, E. encrasicolus et la sardine, S. pilchardus LADAIMIA. S. 2017 16 Figure 7: Répartition géographique de S. pilchardus (www.fishbase.org). L’échelle des couleurs illustre l’occurrence d’apparition de l’espèce dans les zones indiquées. Noter que pour l’Algérie cette occurrence est comprise entre 0.8 et 1. 

Méthode d’étude 

Etude de la reproduction chez Engraulis encrasicolus et Sardina pilchardus

Chez les poissons, la reproduction est un phénomèn cyclique. La périodicité des cycles sexuels est annuelle chez la grande majorité des Téléostéens et se trouve régie par les variations saisonnières des conditions du milieu ambiant (Kartas et Quignard, 1984). Les anchois, E. encrasicolus et les sardines, S. pilchardus, provenant de la flottille chalutière et des senneurs de l’ancien port de pêche d’El Kala, ont été collectés entre juillet 2011 et décembre 2012. Pour chaque espèce, un échantillonnage mensuel de 200 à 300 poissons a été effectué durant un cycle biologique de 12 mois. Pour l’anchois entre janvier et décembre 2012 et pour la sardine de juillet 2011 à juin 2012. Nous avons échantiollonné un total de 6372 spécimens dont 3210 anchois, E. encrasicolus et 3162 sardines, S. pilchardus. Pour chaque individu, les paramètres suivants ont été évalués:  La longueur totale (Lt) mesurée au mm près à l’aide d’un ichtyomètre entre l’extrémité du maxillaire et la nageoire caudale.  Le poids total (Pt), le poids somatique (Ps) et le poids du poisson éviscéré (Pv) au 1/100 g près.  Le poids du foie (Pf) et le poids des gonades (Pg) au 1/100 g près.

Calcul du sex-ratio

L’anchois et la sardine ne présentent pas de dimorphisme sexuel apparent, le sexe a été déterminé après dissection des poissons et observation macroscopiques de leurs gonades. Après élimination de l’inventaire de tous les poissons immatures et à sexe non déterminé, le sex-ratio retenu dans la présente étude est exprimé sous différentes formes (Kartas et Quignard, 1984):  Pourcentage respectif de mâles ou taux de masculinité (TM): TM = (M / M+F) × 100  Pourcentage respectif de femelles ou taux de féminité (TF): TF = (F / M+F) × 100  Rapport du nombre de mâles au nombre de femelles ou Sex-ratio (SR): SR = M / F Où M et F: nombre respectif des mâles et des femelles dans l’échantillon total. La distribution des fréquences des états sexuels (M, F) en fonction de la taille (Lt) a été suivie, en regroupant les spécimens en classes de tailles de 1cm d’amplitude allant de 8 à 18 cm pour l’anchois et de 9 à 19 cm pour la sardine. La proportion des sexes a été également suivie par saison. Une comparaison statistique des proportions des 2 sexes au risque d’erreur de 5% est effectuée en utilisant le test de khi-deux (χ2) (Dagnelie, 1975).

Etude du cycle sexuel L

’étude du cycle sexuel chez E. encrasicolus et S. pilchardus a pour objet la caractérisation des principales phases évolutives des glandes sexuelles, basée essentiellement sur 3 types de critères d’ordre pondéral, macroscopique et microscopique. 

Calcul des indices pondéraux

L’activité sexuelle et la saisonnalité de la reproduction des individus mâles et femelles ont été analysées, au cours d’un cycle biologique, à travers le suivi mensuel de 3 indices pondéraux: le Rapport Gonado-Somatique (RGS), le Rapport Hépato-Somatique (RHS) et le coefficient de condition (K). Reproduction, âge et croissance de deux Téléostéens pélagiques des côtes de l’extrême

Le Rapport Gonado-Somatique (RGS

) Il consiste à chiffrer l’accroissement des gonades et déterminer leur degré de maturation. Ce rapport est considéré par Lahaye (1980) comme un véritable coefficient de maturité, il est défini par la relation:

Le Rapport Hépato-Somatique (RHS)

Il permet d’évaluer les variations pondérales du foie au cours du cycle sexuel. Il est calculé comme le préconise Bougis (1952) par l’équation: 

Le coefficient de condition (K)

Il consiste à suivre dans le temps les caractéristiques pondérales des poissons, il reflète leurs conditions écologiques et physiologiques comme la maturation et la ponte. Ce coefficient est obtenu par la formule de Ricker (1975): Où: Pg: poids des gonades. Pf: poid du foie. Pv: poids éviscéré. Lt: longueur totale. b: coefficient d’allométrie de la relation taille-poids. Nous avons adopté le poids éviscéré (Pv) du poisson, paramètre retenu généralement comme la référence la plus fiable (Deniel, 1981; Le Bec, 1985; Dieheb et al., 2006; Ouattara et al., 2008; Nunes et al., 2011; Derbal et Kara, 2013). Les valeurs mensuelles moyennes de chaque indice (RGS, RHS et K) sont comparées par une analyse de variance (ANOVA) (Zar, 1984). RGS = Pg ×100 / Pv RHS = Pf ×100 / Pv K = Pv ×100 / Lt b 

Examen et suivi macroscopique des gonades

Chez E. encrasicolus et S. pilchardus, la détermination du sexe et du stade de maturité sexuelle de chaque individu repose sur l’observation macroscopique de l’état externe des gonades. Le principe d’attribution d’un stade à un poisson consiste à observer et à examiner attentivement et fréquemment un grand nombre de gonades afin d’obtenir une image la plus représentative possible du stade de maturité de la population étudiée et des changements qui y surviennent avec le temps. L’observation macroscopique tient compte de nombreux critères morphologiques qui sont, comme les résume Albaret (1977):  La coloration et la consistance de la gonade.  L’importance de la vascularisation superficielle.  L’épaisseur et la transparence de la paroi ovarienne et testiculaire.  La forme et le volume occupé par la gonade dans la cavité abdominale (Fig. 8). Pour suivre l’évolution des gonades mâles et femelles et déterminer leurs degrés de maturité, nous avons adopté une échelle de maturité macroscopique à 7 stades comme l’a retenue par Fontana (1969) pour les sardinelles de Pointe-Noire au Congo (Tab. 4).

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