Une définition difficile de l’habitat groupé qui correspond à des réalités différentes

Une définition difficile de l’habitat groupé qui correspond à des réalités différentes

Concevoir et vivre ensemble

Nous pouvons définir l’habitat groupé comme un type de projets d’habitat qui regroupent des hommes et des femmes souhaitant vivre ensemble dans un habitat conçu ensemble en amont. Cet habitat se caractérise par des espaces privés et d’autres espaces partagés (cuisine commune, buanderie, potager commun, etc.). L’habitat groupé peut se situer en ville ou en campagne et reflète alors des réalités architecturales bien différentes. Cette définition implique deux choses : le « contruire/concevoir ensemble » et « le vivre ensemble » lié à la présence d’espace partagé. Une multitude de termes sont aujourd’hui utilisés pour décrire des phénomènes, plus ou moins liés ou intégrés à l’habitat groupé, dans la définition que nous en avons donné. Notons tout d’abord que le mouvement de l’habitat groupé dans les années 1970 s’appelait le Mouvement de l’Habitat groupé Autogéré. Il impliquait une dimension d’autogestion et une vie en communauté importante. Le phénomène de groupe d’ « autoconstruction », lui aussi important, concerne la construction en groupe de logements. Il peut alors contenir, ou non, des espaces partagé : le groupe peut se réunir uniquement au moment de la construction. Dans son livre sur l’habitat groupé, Bruno Parasote lie les groupes d’ « autopromotion » à un vivre ensemble, et au partage d’espaces. Le terme est toutefois ambigüe car il peut renvoyer à un groupe qui se forme uniquement pour faire construire un ensemble de logements et réaliser des économies, sans pour autant avoir un projet de vie commune. La « coopérative d’habitants » renvoi quant à elle a un statut juridique particulier de propriété collective. Il est à noter que la vie commune, le « vivre ensemble », promut par les groupes actuels n’est pas la vie en communauté comme on pouvait l’envisager dans les années 1960-1970. Les groupes insistent sur la démarcation entre espaces privés et espaces collectifs. A l’inverse des termes précis que l’on a évoqués, des termes plus généraux apparaissent aujourd’hui, comme « habitat participatif » ou « habitat alternatif ». La dimension de groupe n’est alors plus aussi évidente que dans le terme d’habitat groupé et ces termes peuvent englober un nombre d’initiatives plus important. Derrière la définition générale que l’on a pu donné de l’habitat groupé se retrouvent donc des projets différents. Bruno Parasote explique que les différentes formes d’habitat groupé se distinguent selon 6 critères : la localisation de l’habitat, le nombre de membres, l’approche sociale (comprenant le contenu social et la diversité sociale), le contenu idéologique, le statut juridique, le type d’espace commun, la démarche participative…

L’habitat groupé France et à Vienne

Comme on a pu le voir lors du colloque international sur l’habitat groupé « Self-Managed coHousing : born out of need or new ways of life? » qui à eu lieu à Tours les 12 et 13 mars 2012, ce mouvement est plus ou moins présent dans différents pays d’Europe, avec des réalités différentes. Si en Allemagne, les « Baugruppen » sont très répandus et souvent pris en exemple que ce soit en France où en Autriche, dans certains pays comme l’Espagne le mouvement n’en est qu’à ses débuts. 

En France

Historique

Le mouvement des Castors apparait en France après la seconde guerre mondiale à Pessac dans un contexte de crise du logement. Après un premier projet dans la région bordelaise, le mouvement prend de l’ampleur et, d’après l’Union nationale des Castors, 12 108 logements sont construits de cette manière entre 1948 et 1952. Parallèlement, le Mouvement pour l’Habitat Groupé Autogéré (M.G.H.A.) est fondé en 1977 à l’initiative de plusieurs groupes qui auraient été crées autour de 19654 . A la différence des Castors celui-ci ne se base pas sur le principe d’autoconstruction, mais a pour principe de concevoir ensemble un habitat avec des espaces communs. Il a pour but la construction d’un habitat alternatif, notamment contre la politique des Grands Ensembles. 

Un nouvel essor du mouvement

Le mouvement MGHA décline progressivement, jusqu’à un renouveau au début des années 2000, allant de paire avec l’émergence des questions de développement durable. L’association devient alors Eco Habitat Groupé, Mouvement de l’habitat groupé écologique et solidaire et prend en compte les enjeux du développement durable. Plusieurs projets se mettent en place comme le projet eco-logis à Strasbourg…En 2005, l’association lyonnaise Habicoop’ est créée. Elle a pour but la mise en place d’un statut de coopérative d’habitants et l’accompagnement de groupes projet. Le statut de coopérative d’habitant consiste en l’association d’habitants collectivement propriétaires de leur logement, grâce à l’acquisition de parts au sein de la coopérative, et qui disposent individuellement d’un droit d’usage de leur logement. Ce statut permet d’introduire un principe de non spéculation sur la revente des logements. L’association fait donc un travail de lobbying important auprès des politiques afin de mettre en place ce statut (lettre aux candidats à la présidentielle, appel conjoint avec la fondation l’Abbé Pierre). Le statut de coopérative d’habitants à fait l’objet d’un projet de loi en 2009 à l’assemblée qui a été refusé.

Formation et coursTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *