Utilisation de l’eau comme d’une énergie

Utilisation de l’eau comme d’une énergie

L’occupation de l’Orge aval par de nombreux moulins à farines

Les moulins existent depuis l’Antiquité. Ils ont traversé les siècles et, au fil des progrès techniques, ont considérablement facilité le travail de l’Homme. Il en existe plusieurs types : à roue horizontale au sud « d’une ligne passant par La Rochelle et Lyon, pour ce qui est de la France » 11, à roue verticale par dessus au nord de ladite ligne quand le flux de la rivière est rapide et irrégulier, et à roue verticale par dessous également au nord de la ligne évoquée lorsque le flux de la rivière est constant. Au Moyen-Age, les moulins étaient présents sur de nombreuses rivières de France. Ceux à farine tenaient alors une place capitale, ils servaient à moudre la céréale, élément de base de l’alimentation. Cet état de fait a donné aux rivières et à leurs exploitants, les meuniers, une place prépondérante au sein de la société. Jusqu’au milieu du XIXe l’énergie hydraulique n’a cessé d’être de plus en plus employée au point de « devenir dans les années 1850 (…) la source principale d’énergie motrice, avant l’énergie humaine et animale » 12. Ainsi, on pouvait compter en 1840 à peu près 108030 usines hydrauliques en France dont 81660 moulins13, ces derniers représentant donc les trois quarts des usines hydrauliques du pays. Très tôt, les moulins à farine -principalement- ont équipé les rivières de la région parisienne, la capitale représentant un débouché non négligeable pour leur produit. La rivière d’Orge n’a pas fait exception puisqu’il est fait référence au moulin du Breuil dès 81114. Ces bâtiments qui occupent les berges se voient, ils s’entendent aussi. Dans ses notes pour Théodore Berthier, sous-préfet de Corbeil, Joseph Beaugrand fait référence à leurs « tic tac » 15. Il servent également de repères géographiques sur des cartes, schémas, ou dans des rapports d’ingénieurs. Au lendemain de la Révolution, l’Orge inférieure est pourvue de quinze moulins, puis seize en 1822 avec la construction du moulin du ponT d’Antin16 sur le bras de la rivière se jetant dans la Seine à Châtillon commune de Viry, puis à nouveau quinze un an plus tard lorsque le moulin d’Athis est transformé en fabrique d’acier par M. John Bunn17 . En 1838, le sous-préfet de Corbeil commande une enquête sur l’Orge et envoie des feuilles d’information18 à toutes les communes concernées, c’est-à-dire traversées par la rivière. Une fois remplies et retournées, celles-ci lui ont permis de constituer une fiche de renseignement19 sur la rivière riche en informations notamment en ce qui concerne la meunerie. Tous ces documents ont permis la réalisation d’un tableau (Annexe 1) qui se veut être la représentation de la situation à un moment précis. Bien évidemment cette situation évolue au fil du temps et les informations changent avec les époques, cependant il demeure très intéressant de pouvoir comparer les moulins entre eux à un instant donné, de disposer de ce qui pourrait s’apparenter à une photographie d’ensemble des moulins sur l’Orge. Les quinze moulins qui occupent les deux rives de la partie aval de la rivière à cette époque sont répartis sur dix communes, le nombre maximum de moulins pour une commune étant de trois et le nombre minimum étant d’un. Certains propriétaires possèdent plusieurs moulins, leur intérêt étant qu’ils se suivent. En effet, acquérir un moulin en amont ou en aval d’un autre déjà en sa possession permet de jouir au mieux des eaux de la rivière et parfois même de s’affranchir des règlements. Ainsi, il est possible de retenir les eaux audelà du niveau légal avec un premier moulin, et ce, au détriment du second, tout en étant assuré de ne pas être poursuivi par le meunier du second moulin qui se serait retrouvé lésé par une telle action. Ou bien, souvent, le moulin en amont est neutralisé et laisse passer toutes les eaux au profit de celui situé en aval qui profite alors pleinement de leur chute. Il s’agit par conséquent de favoriser la production d’un des deux moulins. Posséder plusieurs moulins permet de réduire le risque de conflit, tout du moins avec d’autres meuniers. En 1838, les moulins de la vallée de l’Orge aval sont exclusivement tournés vers la production alimentaire.

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