CADRE THEORIQUE DE L’ETUDE ET PRESENTATION GENERALE DE TOUBA

CADRE THEORIQUE DE L’ETUDE ET PRESENTATION GENERALE DE TOUBA

Comme la plupart des collectivités locales du Sénégal, Touba connaît une crise de la gestion des déchets solides et liquides. Les manifestations les plus visibles de cette crise sont les dépotoirs sauvages, les enfouissements abusifs, les incinérations ainsi que l’utilisation des déchets comme matériaux de remblaiement des zones inondables. Depuis son érection en collectivité locale en 1976, la CRTM n’a jamais bénéficié d’un cadre administratif et technique avec les ressources humaines, financières, logistiques et organisationnelles nécessaires en vue d’une meilleure gestion des DSM. Depuis 2000, le Conseil Rural déploie des efforts dans le sens de collecter les ordures sur certains points jugés névralgiques comme la grande mosquée, les marchés et les gares routières. Chaque année, à la veille du grand Magal, de grandes opérations de nettoiement et d’enlèvement des ordures sont menées avec l’appui de l’Etat et des regroupements professionnels de la ville. Toutes ces opérations restent ponctuelles et sont loin de constituer une véritable solution à la question lancinante de la gestion des déchets.

Du point de vue de son poids démographique, Touba est la 1ère localité de l’intérieur du Sénégal avec au moins un million d’habitants. En effet, pendant 30 ans, de 1958 à 1988, la cité a eu une croissance de 15% rapporté à 400 000 habitants (Gueye, 2002). A partir de 1997, ce taux de croissance est passée à 19% avec une population avoisinant le million à partir de 2000. Par ailleurs, l’extension spatiale de Touba est considérable : la superficie bâtie de la localité est passée de 575 à 3900 ha entre 1970 et 1990, et à partir de 1997, elle dépasse les 12 000 ha. Aujourd’hui, on parle d’une ville s’étendant sur 30 000 ha comparativement aux 400 ha de départ cédés par l’administration coloniale en 1928 sous le TF 528 (Gueye, 2002). Dans un autre ordre d’idées, Touba est la capitale religieuse de la communauté des mourides : chaque année, plusieurs manifestations religieuses y sont organisées, rassemblant des foules considérables. Le grand Magal est, sans contre dit, la manifestation religieuse la plus importante. Il commémore le départ en exil du fondateur de la confrérie du mouridisme, le Saint homme Cheikh Ahmadou Bamba dit Serigne Touba. Aujourd’hui, Touba est dans la situation d’une ville avec au moins un million d’habitants avec une production moyenne par habitant de 200kg/an (hypothèse minimaliste) générant prés de 550 tonnes de déchets/jour contre 1200 à 1500 tonnes/jour pour Dakar. Ces déchets solides ménagers(DSM) ou déchets solides urbains(DSU) ne sont l’objet d’aucun traitement en dehors de leur mise en décharge. Une quantité se retrouve dans les dépotoirs sauvages faute d’un système de collecte viable.

A Touba, certaines populations vivent à proximité des décharges et des dépôts sauvages d’OM, d’où les interrelations entre ces populations et ces sites de dépôts. Les pratiques courantes d’incinération et d’enfouissement des déchets sont des facteurs de pollution de l’atmosphère et du sol. La pullulation des vecteurs comme les mouches, les moustiques, et les cafards constitue un grand risque de santé. Les lixiviats (substances toxiques contenues dans les déchets mélangés avec les métaux lourds) provenant des décharges sont une grave menace pour les ressources en sol et en eau d’autant plus dangereuse qu’ils se propagent avec le ruissellement des eaux de pluie. D’une manière générale, peu de recherches existent par rapport aux risques que la mauvaise gestion des DSM/DSU peut présenter sur l’environnement et sur la santé des populations. Même s’il apparaît complexe d’établir une relation nette de cause à effet entre les DSM et ces maladies évoquées, il reste vrai que la charge de morbidité due à des facteurs environnementaux est de plus en plus importante dans le monde. A titre d’exemple, 24% de la charge de morbidité est liés à l’environnement, 23% des décès prématurés sont liés à l’environnement, chez les enfants de 0-14 ans des décès sont liés à l’environnement, 94% des maladies diarrhéiques sont liés à l’environnement et les infections respiratoires sont liées à l’environnement dans 42% des cas dans les pays en développement (PED) et 20% des cas dans les pays développés (PD) (Besancenot, 2005 ; OMS, 2004).

Cette situation décrite précédemment s’inscrit-elle dans une crise des fonctions des collectivités locales ou de l’Etat au Sénégal ? Faut-il la comprendre comme une absence de vision des autorités politiques ou un manque d’exigence citoyenne vis-à-vis des autorités locales et nationales ? La gestion des DSM est l’une des questions les plus explosives de la crise des politiques urbaines dans nos pays. Touba apparaît comme un laboratoire social où toutes ces questions peuvent être étudiées eu égard à son développement fulgurant.

Les hypothèses de travail

Hypothèse3 : Sa spécificité de ville religieuse en tant que capitale spirituelle de la communauté mouride explique la tenue des manifestations religieuses dont la plus importante est le grand Magal commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba en 1895. Ces grands rassemblements humains sont un facteur important de production de déchets avec les pics de consommation. La Communauté Rurale Touba Mosquée (CRTM) se situe dans l’arrondissement de Ndame, dans le département de Mbacké et la région de Diourbel. Elle est limitée au Nord par l’arrondissement de Darou Mousty (région de Louga), au Sud par l’arrondissement de Kaêl (département de Mbacké), à l’Est par l’arrondissement de Sagata Djolof (région de Louga) et à l’Ouest par les Communautés rurales de Missirah, Touba Fall et Dalla Ngabou (toutes du département de Mbacké). La création de Touba Mosquée est intervenue en 1976 avec la réforme administrative et locale faisant suite à la réforme de 1972 ayant donné naissance aux Communautés rurales. Elle est l’une des cinq collectivités locales de l’arrondissement de Ndame et l’une des seize du département de Mbacké.

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