Caractérisation de tissus épithélio-conjonctifs

Caractérisation de tissus épithélio-conjonctifs

La muqueuse buccale

 Anatomie topographique

 La cavité buccale possède 3 types de muqueuses : la muqueuse masticatoire, la muqueuse alvéolaire et la muqueuse dite spécialisée, la muqueuse linguale . La muqueuse alvéolaire recouvre 60% de la cavité buccale à savoir au niveau des joues, des lèvres et du palais mou. La muqueuse dite spécialisée n’est autre que la muqueuse située sur la langue, composée d’une couche épithéliale papillaire. La muqueuse masticatoire est située au plus près des dents et recouvre les procès alvéolaires et/ou les crêtes édentées. Elle représente près de 25% de la surface totale de la cavité buccale et comprend la gencive attachée, la gencive libre ainsi que le palais dur. Ces muqueuses sont directement impactées par les effets de la mastication et par l’entrée de micro-organismes. La muqueuse alvéolaire est séparée de la muqueuse masticatoire par la ligne muco-gingivale. Lorsque les dents sont présentes, la muqueuse masticatoire est décrite en 2 zones distinctes : la gencive libre et de la gencive dite attachée. Chez le sujet édenté, le procès alvéolaire est recouvert de muqueuse masticatoire (Figure 2). La gencive libre sertit les dents sans être attachée à leur surface. La gencive attachée adhère à l’os alvéolaire. En l’absence des dents, la gencive libre n’existe plus et seule persiste la gencive attachée qui est adhérente à la crête osseuse sous-jacente. Figure 2 : Structure de la muqueuse buccale .

Histologie

 La muqueuse buccale est composée d’un épithélium reposant sur un tissu conjonctif (lamina propria ou chorion) par l’intermédiaire d’une lame basale (Figure 3). Figure 3 : Coupe schématique de la muqueuse buccale alvéolaire (à gauche) et de la muqueuse masticatoire (à droite)

 L’épithélium 

L’épithélium buccal représente la première protection barrière à l’environnement buccal. Son épaisseur, estimée à environ 0,3 mm par les techniques de tomographie optique , est très variable d’un individu à l’autre, et fortement influencée par les effets des traitements Etude bibliographique 8 médicamenteux, le stress et l’inflammation locale . L’épithélium est caractérisé par un empilement de cellules riches en kératine. Lors de la différenciation des kératinocytes, les cellules accumulent des lipides tels que les phospholipides, les céramides et des esters de cholestérol . Grâce aux interactions entre cellules, l’épithélium est décrit comme une barrière biologique contre les agressions chimiques et microbiennes, mais aussi comme un moyen de protection contre les réactions inflammatoires . Dans le cas d’une infection bactérienne, l’épithélium se reforme pour assurer une intégrité optimale. Histologiquement, la couche épithéliale de la muqueuse buccale est composée de cellules kératinocytes empilées en 4 strates. Les couches sont décrites de l’intérieur (en contact avec la lame basale) vers l’extérieur (en contact avec le milieu environnant) (Figure 4) 

  • La couche basale 

La couche basale est la couche la plus profonde constituée de cellules basales. Cette couche est considérée comme germinative puisqu’elle est le siège de la mitose. Les kératinocytes se multiplient au niveau de cette couche puis migrent progressivement vers la surface. Les cellules basales regroupent deux types de cellules : les cellules germinales, qui autorégulent leur prolifération et les cellules d’amplification permettant de diminuer le nombre de divisions cellulaires afin que le processus de différenciation terminale se mette en place.

  • La couche épineuse

 Cette couche est le siège de la production de protéines membranaires telle que l’involucrine. Les kératinocytes contiennent des granules de kératinosomes impliqués dans la synthèse de lipides et de céramides situés entre les cellules des couches granulaire et cornée. Ces constituants lipidiques constituent une réelle barrière protectrice. 

  • La couche granuleuse 

Au sein de cette couche, les cellules anucléées finalisent leur perméabilisation ainsi que le renforcement de leurs protéines membranaires. Ces squames contiennent des granules de kératohyaline et du glycogène.

Différences entre l’épithélium masticatoire et l’épithélium alvéolaire

 Les épithélia sont des tissus non vascularisés composés uniquement de cellules superposées les unes aux autres. Ces cellules sont reliées par des jonctions intercellulaires. Les épithélia sont généralement classés suivant le nombre de couche de cellules d’une part, et la forme de ces cellules d’autre part. Nous retrouvons dans cette classification les épithélia simples, composés d’une unique couche de cellules et les épithélia stratifiés, composés de plusieurs couches de cellules. L’épithélium de la muqueuse buccale est un épithélium stratifié kératinisé au niveau des muqueuses masticatoire et non kératinisé au niveau de la muqueuse alvéolaire. Les couches basales et épineuses sont présentes quel que soit l’épithélium étudié (Figure 4). Cependant, au sein de l’épithélium kératinisé de la muqueuse masticatoire, la formation de la couche superficielle, riche en kératine, s’effectue via le processus de différentiation cellulaire par kératinisation ou cornéification. Cette couche superficielle contient près de 90% de kératinocytes [3], [5]. La kératine est sécrétée par les kératinocytes issus de la couche basale et Etude bibliographique 10 augmente l’imperméabilité et la résistance de l’épithélium face aux corps étrangers. En effet, les kératinocytes cuboïdes de la lame basale (ou « cellules germinatives ») deviennent plus grands et plus pâles dès lors qu’ils quittent la couche basale pour former la couche de cellules épineuses. Les cellules de la lame basale deviennent donc supra-basales. La stabilité entre cellules est obtenue par la présence de desmosomes et de tonofilaments en faisceaux, qui s’insèrent aux desmosomes afin de répartir les contraintes liées aux frottements. Les cellules de la couche épineuse migrent vers la surface en s’aplatissant et acquièrent des granules de kératohyaline associés aux tonofilaments. Les cellules supra-basales entreprennent leur différenciation en cellules granulaires et couche cornée. Les filaggrines contenues dans les granules agissent comme une matrice dans laquelle les tonofilaments s’intègrent pour former les cornéocytes [4]. Dans les zones non-kératinisées, telles que la muqueuse alvéolaire, la couche granuleuse est absente. Les cellules de la couche intermédiaire et superficielle conservent leur noyau et leur cytoplasme renferme du glycogène. 

La membrane basale

 Toujours observable au microscope électronique, on retrouve la membrane basale à l’interface de l’épithélium et du tissu conjonctif. La perméabilité de la membrane régule les échanges des molécules et tout particulièrement des nutriments entre les tissus. Elle permet également l’attache des kératinocytes et influe sur leur différentiation et leur renouvellement [5]. D’un point de vue structural, le complexe basal est composé d’une première couche la lamina lucida, d’environ 45 nm d’épaisseur et qui recouvre la lamina densa. Elle contient des glycoprotéines telles que la laminine et l’intégrine. L’intégrine est associée à l’adhésion de la première couche de cellules du tissu épithélial et de la laminine. La couche lamina densa, d’environ 50 nm d’épaisseur, est riche en collagène type IV et est également recouverte de protéoglycanes.

Table des matières

Glossaire
Introduction
I. Etude bibliographique
Les muqueuses
La cavité buccale
La muqueuse buccale
Anatomie topographique
Histologie
Le milieu environnant : la salive
Composition de la salive
Rôle de la salive
Vieillissement cutanéo-muqueux
Vieillissement intrinsèque
Vieillissement extrinsèque
Caractérisation physico-chimique
Analyses vibrationnelles
Analyses mécaniques
Analyses thermiques
Analyses diélectriques
II. Matériaux et méthodes
Echantillons
Echantillons prélevés dans le cadre de l’étude préliminaire
Echantillons prélevés dans le cadre de l’étude clinique MMOBUCC
Feuillets dermiques.
Explants de peau de souri
Méthodes
Spectroscopie Infrarouge en réflexion totale atténuée (IRTF-ATR)
Analyse Thermo Gravimétrique (ATG)
Analyse Calorimétrique Diatherme (ACD)
Analyse mécanique dynamique (AMD)
Analyses statistiques
Méthodes appliquées aux matériaux
III. Mise en place et validation d’un protocole de caractérisation sur des modèles animaux
Caractérisation physico-chimique de la muqueuse buccale porcine et définition des biomarqueurs associés
Signature vibrationnelle des échantillons de muqueuse buccale
Hydratation et domaine de stabilité thermique de la muqueuse buccale
Organisation hydrique et structure physique des protéines de la muqueuse buccale
Signature viscoélastique
Caractérisation physico-chimique de la peau de souris et comparaison des marqueurs associés en condition physiopathologique
Signature vibrationnelle des explants de peaux de souris
Signature thermique des explants de peaux de souris
Signature viscoélastique des explants de peaux de souris
Récapitulatif
IV. Etude clinique
Description de la population
Données cliniques locales et générales
Lien entre les données sociodémographiques, cliniques générales et locales
Marqueurs thermiques
Lien entre les marqueurs thermiques et la classe d’âge des patients
Lien entre les marqueurs thermiques et le score OHAT
Lien entre les marqueurs thermiques et les signes cliniques locaux inflammatoires
Lien entre les marqueurs thermiques et les pathologies
Lien entre les marqueurs thermiques et les traitements médicamenteux
Marqueurs vibrationnels
Lamina propria
Epithélium
Le biofluide
Marqueurs mécaniques
Corrélation entre les marqueurs biophysiques et les données cliniques/âge
Réponse à l’objectif principal : évolution des marqueurs liés à l’âge
Réponse aux objectifs secondaires
V. Caractérisation de feuillets dermiques issus de l’ingénierie tissulaires
Caractérisation et validation du modèle de feuillet dermique
Composition moléculaire des feuillets dermiques par spectroscopie IRTF en mode ATR
Analyses de la réponse thermique des feuillets dermiques
Influence des traitements physiques sur les propriétés physico-chimiques des feuillets dermiques
Evaluation des traitements d’électroporation sur la réponse spectrale Infrarouge des feuillets dermiques humains
Effet de l’inhibiteur des métalloprotéases (MMP) sur la matrice de collagène
Résumé
Conclusion générale et perspectives
Références bibliographiques
Annexes

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