COLOSCOPIES

COLOSCOPIES

INTRODUCTION 

La coloscopie est un examen qui consiste à observer la paroi interne du côlon à l’aide d’un instrument appelé coloscope. Les consultations liées à la pathologie digestive basse motivent fréquemment la réalisation d’une coloscopie. Elle est primordiale dans l’exploration des hémorragies digestives basses, ces dernières étant d’origine colique dans 90% des cas (24). Cet examen endoscopique est essentiel dans le diagnostic et le suivi des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Les troubles du transit et les douleurs abdominales motivent une exploration colique visant à éliminer une pathologie organique sous jacente. La coloscopie reste l’examen de référence pour le dépistage, le diagnostic et la surveillance des cancers rectocoliques (1). L’histoire de la coloscopie moderne débute avec Overholt qui a mis au point en 1963 le premier modèle de sigmoïdoscope souple à fibres optiques mesurant 60cm de long et commercialisé aux Etats-Unis en 1966 (2). En avril 2004, l’ANAES a édité des recommandations pour la pratique clinique des indications de la coloscopie ; l’application de ces dernières est variable selon l’expérience des gastro-entérologues (6). La réalisation des actes endoscopiques et à fortiori leur répétition peuvent entraîner pour le malade des désagréments ainsi que des complications (3). Au rapport bénéfice-risque s’ajoutent également des considérations économiques (4). La principale source d’échec de la coloscopie est une mauvaise préparation. Les facteurs associés à cet échec sont, d’après l’enquête française PACOME (Préparation A la Coloscopie : Observatoire des Motifs d’Echecs), une préparation non intégralement effectuée et la constipation (5). Cet échec génère un surcoût substantiel (13). Le but de ce travail est d’évaluer la pertinence des indications, les conditions de réalisation des coloscopies et les résultats de ces examens chez 548 patients consécutifs dans le service d’Hépato-Gastroentérologie du CHU Charles Nicolle de Rouen. 

MATERIELS ET METHODES 

Cadre d’étude 

L’Hôpital Charles NICOLLE de Rouen est un centre tertiaire faisant partie du groupe CHU Hôpitaux de Rouen capitale régionale de l’actuelle région Haute Normandie (composée des départements de la Seine-Maritime et de l’Eure) située au nord-ouest de la région Île de France. Le groupe CHU Hôpitaux de Rouen est le centre de référence en Haute Normandie. L’ensemble des hôpitaux secondaires et cliniques privées intervient dans la prise en charge initiale des patients des territoires sanitaires suivants :  Rouen-Elbeuf,  Le Havre  Evreux-Vernon  Dieppe Tout patient nécessitant un complément de prise en charge pourra être référé au CHU Hôpitaux de Rouen dont fait partie l’Hôpital Charles NICOLLE. Le service d’Hépato-Gastroentérologie situé au pavillon Derocque de l’Hôpital Charles Nicolle de Rouen est composé de 05 unités :  Consultations Externes  Endoscopie digestive -Proctologie- Physiologie Digestive  Gastroentérologie polyvalente et Assistance Nutritive (Unité Sud)  Oncologie Digestive (Unité Est) à laquelle est rattachée l’unité des traitements ambulatoires  Soins Intensifs (Unité Ouest) L’équipe médicale du service d’Hépato-Gastroentérologie de l’hôpital Charles Nicolle de Rouen est composée de : 04 Professeurs des Universités, 07 Praticiens Hospitaliers, 04 Assistants Chefs de Clinique, 08 Praticiens Attachés, 10 Internes et 02 Faisant Fonction d’Internes. Tous ces médecins pouvaient réaliser des coloscopies selon l’organigramme du service, les juniors étaient formés par les seniors du service jusqu’à autonomisation. L’unité d’endoscopie digestive comprend les salles G1 et G2 d’endoscopies sans anesthésie au 1er étage et 2 salles au bloc opératoire du 2è étage pour les examens sous anesthésie générale. 6 Le propofol (DIPRIVAN*) servait de produit anesthésique sous la direction de médecins anesthésistes secondés par des infirmières du bloc opératoire. Dix aides endoscopistes se relayaient dans les différentes salles. 

Type et période de l’étude

 Il s’agit d’une étude rétrospective de la période de janvier à mai 2012 soit une durée de 5 mois.

 Population d’étude

 L’étude s’est intéressée aux patients ayant bénéficié d’une coloscopie au service d’HépatoGastroentérologie du CHU Charles NICOLLE de Rouen. Toutes les coloscopies réalisées sur la période d’étude ont été inclues. 

 Appareillage 

Les vidéocoloscopes utilisés étaient de marque OLYMPUS des séries EXERA 160; 165; 180. Les examens étaient effectués avec des appareils décontaminés et désinfectés en machine (ASP 5000) selon les recommandations du Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales. La plupart des accessoires étaient à usage unique. En cas d’emploi de petit matériel réutilisable, celui-ci était décontaminé puis stérilisé à l’autoclave. Le consentement éclairé des patients était recueilli avant l’examen endoscopique. Tous les appareils étaient numérotés pour la traçabilité. Les prothèses suivantes ont été utilisées dans notre étude :  HANAROSTENT TTS non couverte, non extractible de 22 mm de diamètre et 14 cm de longueur  une prothèse métallique non extractible ultraflex precision de BOSTON de 11.7 cm de longueur, 30 mm de diamètre maximal au niveau de la collerette inférieure et 25 mm de diamètre central.  une prothèse Life Europe NCS -22-140-230 (E) de 14 cm de long, 28 mm de diamètre maximal, 22 mm de diamètre minimal. Les dilatations hydrauliques étaient faites au ballonnet Boston CRE. Les clips utilisés étaient de marque Boston. Le plasma argon a aussi été utilisé pour des séances de coagulation (P 40 W, débit 0.8 L/min). L’anse Boston Captivator (Endocoupe P 120 W, hémostase 3) a été utilisée pour les polypectomies. Les micropolypes étaient réséqués à la pince à biopsie. Des tubes de Faucher ont été utilisés en fin de colo-exsufflation. 7 La toxine botulique Dysport 50UI a été utilisée sur des côlons hyperspastiques et hypercontractiles avec des injections tous les 5 cm dans les 4 quadrants et sur une longueur totale de 15 cm. Les sondes de manométrie colique étaient mises en place au cours de coloscopies. La sonde comportait 8 voies d’enregistrement. Cette sonde avait pour but de diagnostiquer une inertie colique en pratiquant une manométrie sur toute la longueur du côlon (du caecum jusqu’au sigmoïde). Le nombre de voies enregistrées dépendait de la position de la sonde vérifiée radiologiquement juste avant le début de l’enregistrement. La fréquence de l’enregistrement était de 20 Hertz.

 Recueil et exploitation des données

Les comptes rendus étaient rédigés sur place, informatisés en utilisant les logiciels AGATHE et CDP2. Ces derniers permettaient à chaque patient d’avoir un dossier médical personnalisé et à chaque médecin d’avoir un accès personnalisé. Un identifiant nous avait été attribué à notre arrivée dans le service avec un mot de passe qui devait être changé chaque mois. L’accès aux sources de données était réglementé par le service informatique, tout compte rendu édité ne pouvait plus être modifié par une tierce personne. En nous référant aux comptes-rendus détaillés des coloscopies, nous avons recueilli :  l’âge et le sexe des patients,  les indications de ces examens en vérifiant si elles étaient conformes ou non aux recommandations de l’ANAES 2004,  les types de préparation et la qualité de la préparation  La qualité de la visualisation muqueuse était jugée: o bonne : quand il ne persistait aucun résidu et que la muqueuse était explorée sans problème. o moyenne : lorsqu’il persistait des résidus aspirables permettant secondairement l’exploration de la muqueuse rectocolique o mauvaise : dans les cas où la présence de selles abondantes non aspirables, interdisait toute analyse correcte de la muqueuse sous jacente. Nous avons vérifié :  si la coloscopie avait été réalisée ou non sous anesthésie générale et  si l’objectif initial de l’examen était atteint ou non en fonction des segments explorés: 8 o dans le bilan d’anémie ferriprive une coloscopie jusqu’au cæcum avec une bonne visualisation muqueuse était exigée comme dans les hémorragies digestives basses au delà de 50 ans, o l’exploration rectosigmoïdienne suffisait pour les rectocolites hémorragiques et les rectorragies isolées rouge vif du sujet jeune. Concernant l’endoscopie interventionnelle la qualité du geste endoscopique était jugée selon les critères suivants :  La pose de prothèse colique était : o bonne lorsque le matériel avait été mis en place sans complication et sans migration précoce au décours o de qualité moyenne quand la mise en place de la prothèse s’était bien déroulée mais il s’en était suivi une migration précoce. o mauvaise au cas où il y avait une complication durant, ou au décours de l’intervention.  La dilatation des sténoses était : o bonne lorsque l’intervention permettait de rétablir la perméabilité, sans complication au décours du geste o moyenne quand une nouvelle séance s’avérait nécessaire à court terme pour améliorer la perméabilité o mauvaise s’il y avait échec de l’intervention  Les polypectomies et mucosectomies sont qualifiées de: o bonnes : lorsque l’exérèse du polype a été faite en monobloc avec un recueil de la pièce et envoi pour examen anatomopathologique et sans aucune complication au décours de l’intervention. o moyenne : quand le polype a été fragmenté lors de l’exérèse avec un risque d’altération de la qualité de l’examen histologique. o mauvaise : dans les cas d’échec de l’intervention notamment pour des difficultés techniques.  L’hémostase endoscopique était : o bonne : lorsque la lésion à l’origine du saignement avait bien été visualisée et que l’intervention permettait d’arrêter l’hémorragie o moyenne : quand après avoir repéré la lésion la présence d’un caillot adhérent empêchait d’optimiser le geste 9 o mauvaise : si l’intervention ne permettait pas d’arrêter le saignement  La pose de sondes de manométrie coliques était : o bonne : lorsque l’opérateur les fixait au niveau du cæcum o moyenne : quand le cæcum n’était pas atteint et que la sonde était clippée dans le côlon ascendant o mauvaise en cas d’échec de la mise en place de la sonde.  Les colo-exsufflations étaient : o bonnes quand il y avait une efficacité sur la colectasie et que la détorsion du volvulus était faite avec conservation d’une bonne vitalité des segments coliques o moyennes lorsque les segments coliques en question n’avaient pu être totalement exsufflés.  Les injections de toxine botulique étaient : o bonnes quand le produit avait pu être administré sans complication o moyenne lorsque la toxine n’était que partiellement administrée o mauvaise en cas de complication au décours du geste. Les données ont été saisies et exploitées à l’aide du logiciel Excel.

Table des matières

I. INTRODUCTION
II. MATERIELS ET METHODES
II.1 Cadre d’étude
II.2 Type et période de l’étude
II.3 Population d’étude
II.4 Appareillage
II.5 Recueil et exploitation des données
III. RESULTATS
III.1 Indications
III.2 Types de préparation
III.3 Qualité de la préparation
III.4 Diagnostics posés
a) En cas d’hémorragie digestive basse
b) En cas d’anémie ferriprive
c) En cas de diarrhée chronique
d) En cas de douleur abdominale ou de constipation
e) Contexte de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
f) Contexte carcinologique
g) Dépistage de tumeurs coliques
h) Diagnostics lésionnels effectifs
III.5 Endoscopie interventionnelle
III.6 Coloscopies sans préparation
III.7 Conditions d’examen, suivi des recommandations de l’ANAES et aboutissement des coloscopies
IV. DISCUSSION
IV.1 Les indications
a) Hémorragies digestives basses
b) Troubles du transit intestinal et douleur abdominale
c) Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
d) Contexte carcinologique
e) Dépistage et surveillance
f) L’endoscopie interventionnelle
IV.2 Les préparations
IV.3 L’anesthésie générale
IV.4 Suivi des recommandations de l’ANAES
IV.5 Aboutissement des coloscopies
V. CONCLUSION
VI. REFERENCES
ANNEXE

 

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