Développement durable, vers un modèle de gestion intégrée des ressources en eau

Développement Durable et Durabilité de la Ressource en Eau

La Commission Brundtland a défini, lors du Sommet de Rio en 1992 le développement durable est « un développement qui permet la satisfaction des besoins présents sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ».
Les trois piliers du développement durable : le pilier écologique, le pilier social, le pilier économique. Conjonction du viable (plan économique), de l’équitable (plan social) et de vivable (plan écologique). Le cycle hydrologique doit être appréhendé dans sa globalité par une «gouvernance sociétale» qui, seule, peut garantir la pérennité du couple eau-développement durable, en impliquant gouvernements et citoyens (Froger et alii, 2005). La gouvernance sociétale doit intégrer l’ensemble des responsabilités, du local au régional. Si l’enjeu est global, les opportunités d’action sont locales. Cela exige des accords nationaux, notamment pour le partage des ressources entre les secteurs économiques ou riverains, mais aussi en vertu du principe de subsidiarité la réalisation d’une multitude d’actions pour résoudre des problèmes de proximité. Ces actions ont pour but de protéger en quantité et en qualité voire de créer l’accès à la ressource en eau (Merlin-Brogniart et alii, 2009). Ces actions s’inscrivent dans les projets de coopération décentralisée, qui montrent leur efficacité dans la réalisation d’opérations adaptées aux besoins ainsi que dans le transfert de savoir-faire et d’innovation organisationnelle réalisés entre des collectivités françaises.
L’intégration des concepts de durabilité de l’eau dans le secteur de gestion est devenue un objectif général pour tous les pays du monde dans l’ordre d’accomplir la durabilité de ses ressources en eau et sa gestion.

Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE)

La Gestion Intégrée des Ressources en Eau GIRE concerne la gestion de l’eau dans l’ensemble des réservoirs d’eau naturels (atmosphère, biosphère, glaciers, océans, eaux de surface et souterraines) de façon intégrée c’est-à-dire en tenant compte des impacts des usages de l’eau et activités humaines les uns sur les autres.
Le Partenariat Mondial de l’Eau a défini la GIRE comme « un processus qui promeut le développement et la gestion coordonnées de l’eau, des terres et des ressources liées afin de maximiser le bien-être économique et social résultant de manière équitable sans compromettre la durabilité des écosystèmes vitaux ».
La GIRE apporte des réponses originales en alternative à une gestion sectorielle des ressources en eau qui ne les considèrent pas dans leur ensemble ni pour toutes les activités humaines. Elle permet l’optimisation des usages et le partage des bénéfices entre secteurs ou entre États riverains qui se partagent un même bassin fluvial. Klohn et Appelgren (1998) a souligné la nécessité d’une approche intégrée englobant des politiques sociales, économiques et environnementales, Ils ont évoqué les relations entre la rareté de l’eau et de ses forces motrices, notamment la croissance démographique, la dégradation de l’environnement et l’inégalité à l’accès d’eau. Le défi consiste à adopter une approche de gestion basée sur des facteurs critiques de ressources sociales, en particulier la pénurie d’eau qui ne peut pas être traitées par les techniques classiques axée sur l’offre.
Ils ont souligné la nécessité d’élaborer des indicateurs sociaux et non économiques qui reflètent convenablement la capacité de la société à la rareté de l’eau afin d’éviter les conflits internes et externes.

Principes de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau

La réunion de Dublin en 1992 a donné naissance à quatre principes qui ont servi de base à une grande partie de la réforme suivante du secteur de l’eau.
Principe 1. L’eau douce est une ressource finie et vulnérable, essentielle au maintien de la vie, au développement et à l’environnement.
La notion que les eaux douces sont une ressource finie survient alors que le cycle hydrologique produit en moyenne une quantité d’eau fixe par intervalle de temps. Cette quantité globale ne peut pas encore être altérée sensiblement par les actions humaines, bien qu’elle puisse l’être, et soit fréquemment, épuisée par la pollution humaine. La ressource en eau douce est un capital qui doit être maintenu pour s’assurer que les services désirés qu’elle fournisse, soient durables. Ce principe reconnaît que l’eau est nécessaire à des fins, des fonctions et des services variés; la gestion, doit donc être holistique (intégrée) et implique une prise en compte des demandes de cette ressource et les menaces qui pèsent sur elle.
L’approche intégrée à la gestion des ressources en eau rend nécessaire la coordination de la gamme d’activités humaines qui créent des besoins en eau, déterminent les utilisations foncières et génèrent des produits de déchets connexes à l’eau. Ce principe reconnaît aussi la zone de captage ou le bassin fluvial comme l’unité logique pour la gestion des ressources en eau.
Principe 2. La mise en valeur et gestion de l’eau devrait se baser sur une approche participative, impliquant les utilisateurs, les planificateurs et les décideurs politiques à tous les niveaux. L’eau est un sujet dans lequel chacun est partie prenante. La vraie participation n’a lieu seulement que quand les parties prenantes font partie du processus de prise de décision. Le type de participation dépendra de l’échelle spatiale concernant les décisions particulières de gestion et d’investissement de l’eau. Elle sera surtout affectée par la nature de l’environnement politique dans lequel ces décisions ont lieu. L’approche participative est le meilleur moyen pour réaliser un consensus et un accord durable et commun. La participation concerne la prise de responsabilité, l’identification de l’effet des actions sectorielles sur les autres utilisateurs de l’eau et les écosystèmes aquatiques et l’acceptation de la nécessité du changement pour améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau et permettre le développement durable de la ressource. La participation ne permet pas toujours d’aboutir au consensus, des processus d’arbitrage ou autres mécanismes de résolution de conflits doivent également être mis en place.
Les gouvernements doivent aider à créer l’opportunité et la capacité de participer, en particulier parmi les femmes et les autres groupes sociaux marginalisés. Il faut reconnaître que créer simplement des opportunités participatives ne signifiera rien pour les groupes actuellement désavantagés à moins que leur capacité à participer soit améliorée. La décentralisation de la prise de décision au plus bas niveau approprié est une stratégie pour une plus grande participation. Principe 3. Les femmes jouent un rôle central dans l’approvisionnement, la gestion et la sauvegarde de l’eau.
Le rôle central des femmes comme fournisseurs et utilisatrices de l’eau et comme gardiennes du cadre de vie a été rarement reflété dans les dispositions institutionnelles pour la mise en valeur et la gestion des ressources en eau. On reconnaît largement que les femmes jouent un rôle majeur dans la collecte et la sauvegarde de l’eau pour les utilisations domestiques et – dans de nombreux cas – l’utilisation agricole, mais qu’elles ont un rôle beaucoup moins influent que les hommes dans la gestion, l’analyse de problème et les processus de prise de décisions relatifs aux ressources en eau.
La GIRE exige une conscience Genre. En développant la participation entière et efficace des femmes à tous les niveaux de la prise de décision, il faudra prendre en compte la manière dont les différentes sociétés affectent des rôles sociaux, économiques et culturels particuliers aux hommes et aux femmes. Il y a une synergie importante entre l’équité Genre et la gestion durable de l’eau. Faire participer les hommes et les femmes dans les rôles influents à tous les niveaux de la gestion de l’eau peut accélérer la réalisation de la pérennité; et la gestion de l’eau de manière intégrée et durable contribue significativement à l’équité Genre en améliorant l’accès des femmes et des hommes à l’eau et aux services connexes à l’eau pour la satisfaction de leurs besoins essentiels Principe 4. L’eau a une valeur économique dans toutes ses utilisations concurrentes et devrait être reconnue aussi bien comme bien économique que bien social. Dans ce principe, il est essentiel de reconnaître d’abord le droit fondamental de tous les êtres humains à avoir accès à l’eau potable et à l’assainissement à un prix accessible. La gestion de l’eau en tant que bien économique est une manière importante de réaliser les objectifs sociaux tels que l’utilisation efficace et équitable, et encourager la conservation et la protection des ressources en eau. L’eau a une valeur en tant que bien économique de même que bien social. Beaucoup d’échecs passés dans la gestion des ressources en eau sont attribuables au fait que la pleine valeur de l’eau n’a pas été reconnue.

Les Indicateurs pour la Gestion des Ressources en Eau

La Force motrice-Pression-État-Impact-Réponse DPSIR a été choisi pour analyser tous les bassins versants régionaux dans le projet de recherche européen, EUROCAT, qui vise à assurer des bassins versants et des zones côtières intégrées. Il aidera prévoir comment les changements socio-économiques futurs dans les bassins versants peut affecter la qualité de l’eau en vue de formuler des réponses politiques qui vont agir pour réduire les pressions exercées par certains pilotes, et les impacts de certaines pressions sur la qualité de l’eau (Cave et al, 2003). En outre, Jeunesse et al. (2003) a introduit le modèle DPSIR pour l’environnement la relation cause-effet pour développer des indicateurs du système aide à la décision intégré et opérationnelle pour une utilisation durable des ressources en eau au niveau du bassin versant. Manoliadis (2002) a utilisé un cadre conceptuel modifié Pression-État-Impact-Réponse (PSIR) pour élaborer des indicateurs écologiques pour les systèmes d’irrigation en Grèce, Les indicateurs de pression abordés l’utilisation de l’eau, les indicateurs d’état a expliqué la qualité de l’eau et sa disponibilité, les indicateurs d’impact présenté à la perte de la production alimentaire et les indicateurs de réponse a conclu que les mesures visant une utilisation efficace de l’eau. He et al. (2000) a proposé un cadre conceptuel pour développer et intégrer un ensemble d’indicateurs hydrologiques et biologiques qui décrivent les conditions et la santé des bassins versants à l’aide de la télédétection et des SIG. Ces indicateurs sont essentiels pour une saine politique et la prise de décision dans la gestion des ressources en eau. Sullivan (2002) a présenté les façons de calculer l’indice de pauvreté en eau dans laquelle une approche interdisciplinaire est suivie pour entreprendre une évaluation intégrée de stress hydrique et de pénurie, reliant la disponibilité de l’eau avec des indicateurs socio-économiques qui reflètent la pauvreté. Feitelson et Cheoweth (2002) ont proposés un indice de pauvreté en eau pour identifier le degré auquel les pays sont susceptibles de rencontrer des problèmes pour répondre à leurs besoins d’approvisionnement en eau. L’indice de pauvreté en eau sera basé sur trois indicateurs, y compris :  le coût de l’approvisionnement durable en eau potable à toutes les personnes, en tout temps, Le coût de l’assainissement et de traitement des eaux usées, et L’abordabilité. Malte (2002) a élaboré des indicateurs de durabilité de l’eau douce, de la qualité de l’eau de mer et des eaux usées à l’aide du modèle DPSIR. Les critères utilisés pour la sélection des indicateurs sont les suivants: la validité scientifique; facile à comprendre; la comparabilité et la sensibilité du public, mesurables, capable d’être mis à jour régulièrement, et la disponibilité des données.

Les Outils de l’Intégration Environnementale dans la Gestion des Ressources en Eau

L’Évaluation de l’Impact sur l’Environnement (ÉIE) : Évaluation de l’impact environnemental (EIE), en tant que forme répandue de l’évaluation de l’impact, est bien établie dans le monde comme la prouve son utilisation généralisée dans le contrôle du développement réglementaire et d’autres processus du droit de l’environnement, et par sa présence dans la loi internationale et les normes des institutions financières. L’EIE a été fréquemment utilisée pour évaluer les impacts des projets de développement majeurs qui peuvent avoir un impact sur la prestation des services d’écosystème de multiples façons. Le cas impressionnant de l’énorme barrage hydroélectrique sur le fleuve Yangtze en Chine centrale (Hvistendahl, 2008) est un exemple remarquable, où les impacts environnementaux comprennent la contamination de l’eau douce, la disparition d’espèces endémiques, les changements de la synchronisation de l’eau et des flux, entre autres. Tellería (2009) a souligné les impacts des parcs éoliens, en particulier celles liées à la destruction des habitats et / ou la fragmentation (incidence sur la biodiversité) et à l’impact visuel sur le paysage (services culturels). La transformation des paysages naturels par des paysages urbanisés est aussi une force importante derrière l’érosion de la diversité biologique dans le monde entier qui modifie les services écosystémiques tels que la purification de l’eau, la production du sol, la fixation du carbone et la régulation du climat, notamment le changement de la diversité des espèces avec les principaux rôles écologiques dans les écosystèmes (O Shea et Olander, 2011; Sanford et al, 2008). Mais à cause de plusieurs insuffisances de limiter l’évaluation aux seuls projets, un nouveau instrument de l’évaluation a été conçu, vise au niveau stratégique des politiques sectorielles et des programmes qui définissent le cadre de base pour l’identification des projets. Ce qu’on appelle l’Évaluation Environnementale Stratégique (EES) « (Kesseler et Dorp, 1998).

Table des matières

Chapitre 1 Introduction
1.1 Le Contexte de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau, Application dans le Bassin Versant de Saf-Saf
1.2 La problématique de la recherche
1.3 Les objectifs de la recherche
1.4 La méthodologie de la recherche
1.5 L’organisation de la thèse
Chapitre 2 Les revues de la littérature
2.1 Programmes et tendances internationales et régionales sur la Gestion Intégrées des Ressources en Eau
2.2 Développement Durable et Durabilité de la Ressource en Eau
2.3 Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE)
2.4 Principes de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau
2.5 Développement et Validation des Indicateurs
2.5.1 Le Concept de l’Indicateur
2.5.2 Les Méthodologies utilisées pour développer les Indicateurs
2.5.3 Validation des Indicateurs
2.5.4 Les Indicateurs pour la Gestion des Ressources en Eau
2.6 Développement et Validation des modèles conceptuels
2.7 Les Outils de l’Intégration Environnementale à la Gestion des Ressources en Eau
2.7.1 L’Évaluation de l’Impact sur l’Environnement (ÉIE)
2.7.2 L’Évaluation Environnementale Stratégique (EES)
2.7.3 La Différence entre l’EES et l’EIE
2.7.4 Quelques Applications de l’ÉES dans la Politique des Ressources en Eau
Chapitre 3 La Description et la Validation du nouveau Modèle Conceptuel de la GIRE par bassin versant
3.1 Introduction
3.2 Cadre Théorique de Référence
3.3 Description des limites du Modèle DPSIR
3.4 La Validation du nouveau Modèle Conceptuel
3.4.1 La Validation par la Comparaison avec des Cas Étudiés
3.4.2 Analyse Critique de la Gestion de l’Eau en Algérie
Chapitre 4 L’Application du Nouveau Modèle Conceptuel de la GIRE dans le bassin versant de Saf-Saf 
4.1 Introduction
4.2 Caractéristiques Générales de la Ressource en Eau
4.2.1 Les Potentialités de l’Eau
4.2.1.1 Les Eaux de Surfaces
4.2.1.2 Les Eaux Souterraines
4.2.1.3 Les Eaux non Conventionnelles
4.2.2 La Qualité de l’Eau
4.2.2.1 Faciès chimiques
4.2.2.2 Évolutions des Paramètres Physicochimiques des Eaux de la Nappe libre
4.3 Les Usagers de l’Eau
4.3.1 La Population
4.3.2 L’Industrie
4.3.3 L’Agriculture
4.3.4 L’État des Eaux Usées et Déchets
4.3.5 La Vulnérabilité des aquifères étudiés
4.4 La Description des Variables (Indicateurs)
4.5 Les Statistiques Descriptives des Variables Dépendantes et Indépendantes
Chapitre 5 Les Outils et le Plan d’Analyse 
5.1 Le Plan d’Analyse
5.2 Les Outils d’Analyse
5.2.1 Les Réseaux de Neurones Artificiels (ANN)
5.2.2 Les Matrice de Corrélation
5.2.3 Les Techniques d’Exploration Multivariée
5.2.4 L’Évaluation du Risque à la Santé Humaine
Chapitre 6 Analyses de Données : Résultats et Discussion
6.1 L’Analyse par les RNA et la Comparaison avec les Avis des Experts
6.1.1 Les variables de la Force motrice (Driving force)
6.1.2 Les variables de Pression
6.1.3 Les variables de l’État de la Qualité de l’Eau (State)
6.1.4 Les variables d’Impact
6.1.5 Les variables de Réponse
6.2 Les Matrices de Corrélation
6.2.1 Les variables Forces motrices
6.2.2 Les variables de Pression
6.2.3 Les variables de l’état de la qualité de l’eau (State)
6.2.4 Les variables d’Impact
6.2.5 Les variables de Réponse
6.3 L’Analyse en Composantes Principales (ACP)
6.3.1 Les variables forces motrices D
6.3.2 Les variables de Pression
6.3.3 Les variables de l’état de la qualité de l’eau de surface (State)
6.3.4 Les variables d’Impact
6.3.5 Les variables de Réponse
6.4 L’Analyse des Facteurs (AF)
6.4.1 Les variables Forces motrices (Driving force)
6.4.2 Les variables de Pression
6.4.3 Les variables de l’état de la qualité de l’eau de surface (State)
6.4.4 Les variables d’Impact
6.4.5 Les variables de Réponse
6.5 L’Evaluation du Risque sur la Santé Humaine
Conclusion Générale & Recommandations 
Références Bibliographiques 

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