DISTRIBUTION ET EVOLUTION DE LA POPULATION DE PHACOCHERES (Phacochoerus africanus)

DISTRIBUTION ET EVOLUTION DE LA POPULATION DE PHACOCHERES (Phacochoerus africanus)

PRESENTATION DU PARC NATIONAL DE DIAWLING

Création et objectifs du PND : Le PND est un établissement public créé le 14 janvier 1991 par décret N° 91-005 grâce à la coopération entre le gouvernement de Mauritanie, l’UICN, le ministère Néerlandais de coopération et du développement et le Fond Français pour l’Environnement Mondial (FFEM). Il est placé sous la tutelle du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD). Le site officiel du PND est www.pnd.mr. Il est classé comme zone humide d’importance internationale (site Ramsar) en août 1994. Le PND est créé dans le but de contrer les effets négatifs du barrage de Diama sur la productivité des écosystèmes du Bas delta. Aujourd’hui la vocation de ce parc est de concilier la conservation et l’utilisation durable des ressources naturelles de l’écosystème du Bas-delta Mauritanien et le développement socio-économique des collectivités locales. Il s’inscrit donc dans une vision systémique de la gestion des zones humides où les activités des populations locales ne sont pas considérées comme des entraves à la conservation de la nature mais plutôt comme les garants d’une bonne gestion de l’écosystème.

Localisation et situation géographique du PND

Le Parc National du Diawling se situe à l’extrême Sud-ouest de la Mauritanie à 204 km de Nouakchott la capitale. Il est entre 16° 05′ et 16° 35′ de latitude Nord, et 16° 20′ et 16° 30′ de longitude Ouest. Il est situé sur la rive droite du fleuve Sénégal à 25 km au nord du Saint Louis du Sénégal. Administrativement il fait partie de la commune de Ndiago, qui constitue le plus grand village de la zone et qui relève de la Moughataa (département) de Keur Macéne, dans la Wilaya (région) du Trarza (figure 1).  Figure 1 : Localisation du site d’étude (EIE., 2010) Le PND est constitué d’une zone protégée de 16000 ha et d’une zone périphérique de 56000 ha. La zone périphérique n’a pas de statut de protection particulière mais elle est incluse dans les programmes du parc. Tous les deux font désormais partie intégrante d’une unité écologique plus vaste, la Reserve de Biosphère Transfrontalière du Delta du fleuve Sénégal (RBTFS), couvrant une superficie totale de 641768 ha (dont 454860 ha au Sénégal et 186908 ha en Mauritanie). Cette réserve est créée en 2005 par les gouvernements Mauritanien et Sénégalais en vue d’une gestion concertée des ressources naturelles existantes dans la zone. 5 Le Parc est constitué du Nord au Sud, par le bassin de Diawling/Tichilit, le bassin du Bell, et une partie de la retenue d’eau de Diama (le bassin du Gambar). L’ensemble s’inscrit entre la dune côtière au Nord-Ouest, les dunes de Birette et de Ziré ainsi que la digue les reliant, à l’Ouest et les rives du fleuve Sénégal à l’Est (figure 2). Figure 2 : Carte synoptique du PND et sa zone périphérique (SIG PND).

Climat du PND

Deux indications majeures résument les données climatiques du PND et sa zone périphérique : son appartenance à la zone sahélienne et la proximité de l’océan. La première est synonyme de pluviométrie faible et irrégulière et la seconde se traduit par des températures modérées et une humidité relativement forte (EIE., 2010). 6 Pluviométrie : On distingue deux saisons dans l’année : la saison de pluie ou l’hivernage qui s’étend de juillet a mi-octobre, et une saison sèche s’étendant sur tout le reste de l’année. La moyenne pluviométrique annuelle enregistrée à Bouhajra (siège de la conservation du PND) au cours des 11 dernières années est de 243,50 mm/an avec un maximum de 556,3 mm enregistré en 2010 et un minimum de 163 mm enregistré en 2011 (Figure 3). En 2012 la pluviométrie au niveau de Bouhajra est repartie sur 15 jours. Elle est plus importante que celle de 2011 avec une différence de 68 mm. Les précipitations annuelles, jadis très importantes, ont connu durant les décennies soixantedix et quatre-vingt une régression continue. Le Bas delta a subi de plein fouet le déficit pluviométrique qui a affecté l’ensemble des pays de la sous-région. En plus de cette diminution constatée, les précipitations connaissent une très grande irrégularité interannuelle. C’est ce qui a engendré des années excédentaires et déficitaires probablement à l’origine des crises écologiques récurrentes (EIE., 2010). Cette diminution progressive globale de la pluviométrie pourrait être mise en corrélation avec le réchauffement planétaire (Duvail., 2003 in André & Chenaval., 2007). Désormais la saison des pluies du Bas delta se résume à quelques orages violents et localisés entre mi-aout et mi-septembre. C’est pourquoi il faut relativiser le rôle des pluies car la biodiversité du Bas-delta dépend principalement de la crue du fleuve Sénégal. (Tolba., 2001 ; Hamerlynck & Duvail., 2003). Figure 3 : Variations de la pluviométrie annuelle, (en mm) de 2002 à 2012 à Bouhajra.  pluviométrie annuelle 7 Température et vent: Les températures de l’air, généralement très élevées, sont caractérisées par une large fluctuation entre le jour et la nuit. Ces fluctuations sont d’autant plus importantes au fur et à mesure que l’on rentre dans le continent. C’est ainsi que la température moyenne varie de 26°C à proximité du littoral, à 30°C dans le continent (Hamerlynck., 1997). Les températures minimales sont généralement enregistrées pendant les mois de décembre et de janvier, alors que les maximales sont enregistrées pendant les mois de mai et de juin. Le PND se trouve dans la zone d’influence des alizés. Cependant, la position de la zone entre l’océan Atlantique à l’ouest et le continent à l’est est à l’origine de nuances climatiques importantes. C’est ainsi que pendant la saison sèche, le delta est sous régime essentiellement imposé par l’alizé continental et l’harmattan, avec des vitesses comprises entre 8 et 14 m/s. Au cours de la saison des pluies, le vent de mousson souffle sur l’ensemble du delta avec des vents ouest et sud-ouest qui circulent à faibles vitesses 3 à 5 m/s. On note une intensification des vents pendant la période de 1980 à 1990 (Michel et al., 1993 in Soulé & Touré., 2012). Ces vents, qui soufflent généralement pendant 260 jours de l’année, ont un effet considérable de dessèchement du sol ce qui favorise l’arrachement et le transport des particules (Loyer., 1989). Evaporation et humidité de l’air : L’évapotranspiration potentielle (ETP) dans le Bas delta est à 2400 mm, le déficit hydrique est très élevé pendant la saison sèche avec une demande évaporatoire qui varie de 6 à 7 mm/j (Loyer., 1989). Cependant, l’humidité de l’air est généralement très élevée et dépasse 90% pendant l’hivernage (mois de juillet et août) du fait de la proximité de l’océan et de la fréquence des rosées matinales.

BIOLOGIE DES PHACOCHERES

Historique et classification : Le premier phacochère a été décrit en 1766 par Buffon sur la base d’une observation d’un individu vivant provenant de la colonie du Cap en Afrique du Sud. Il a reçu son nom scientifique seulement en 1788 par Johann Friedrich Gmelin, naturaliste et chimiste allemand. Aujourd’hui le genre Phacochoerus est divisé en deux espèces et six sous espèces: Le Phacochoerus africanus ou le phacochère commun qui compte quatre sous espèces, africanus (sous espèces concernée par notre étude), aeliani, massaicus, et sundevallii. Et le Phacochère aethiopicus ou le phacochère du désert qui compte deux sous espèces, aethiopicus, et delamerei. (Kingdon., 2001 in André & Chenaval., 2007). Ils appartiennent tous à la famille des Suidae, qui s’est différenciée il y a trente millions d’années de la subordination du Suina. C’est un mammifère de l’ordre des Artiodactyles. Classification de la sous espèce africanus (Gmelin., 1788) : Règne : Animal, Super-embranchement : Cordés, Embranchement : Vertébrés, Classe : Mammifères, Sous-classe : Thériens, Infra-classe : Euthériens, Ordre : Artiodactyles, Famille : Suidae, Genre : Phacochoerus, Espèce : africanus, Nom binomial : Phacochoerus africanus. 9  Description : Le Phacochoèrus africanus a une taille comprise entre 55 et 85 centimètres et sa longueur de la tête à la queue varie de 140 à 200 centimètres. Les mâles pèsent entre 65 et 140 kilogrammes et les femelles entre 50 et 75 kilogrammes (Saint-Andrieux., 2008). La queue du phacochère mesure entre 13 et 30 centimètres (Radke., 1990 in André & Chenaval., 2007). Le phacochère se caractérise par un corps ramassé, une énorme tête (1/5 du poids total), une paire de canines supérieur très saillante et une paire prononcée de défense surtout chez le mâle (Poda., 1995 ; André & Chenaval., 2007 ; Saint-Andrieux., 2008). Les défenses tendent à former un demi-cercle (Poda., 1995). Ces défenses permettent une protection contre les impacts frontaux lors des combats entre les mâles et représentent donc un argument de taille pour affirmer la dominance. Le phacochère a un pelage rare et hérissé. L’adulte est presque glabre. La peau souvent plissée est de couleur grisâtre ou noir. Il porte une crinière érectile du front au dos. La base du museau est très élargie par les racines des défenses (Annexes 4 et 5).  Comportement social : Les phacochères s’organisent en petits groupes. En général l’élément de base est la femelle avec ses marcassins (Annexe 6). Cependant, il peut y avoir l’union des plusieurs mères, et certains jeunes de l’année précédente. Les jeunes non matures sexuellement peuvent se réunir également en groupes de célibataires. Les mâles adultes sont le plus souvent solitaires. Les structures des groupes sont fortement dépendantes des conditions saisonnières et du cycle de reproduction. La taille moyenne des groupes varie dans différentes études du fait des différents facteurs biotiques et abiotiques (Rodger., 1984). Les phacochères restent fidèles toute leur vie à une zone (Fraedrich., 1965 ; Cumming., 1975 ; Maçon., 1987 in André & Chenaval., 2007) et ne font aucune migration saisonnière, comme beaucoup d’autres animaux africains à sabot. Les femelles semblent être plus sédentaires que les mâles (Somers et al., l994 in André & Chenaval., 2007). La taille des domaines vitaux des phacochères est très différente selon les régions et le sexe. Selon les études elle varie de 20 à 500 ha (SaintAndrieux., 2008). Ainsi selon celle de Radké., 1990 in André & Chenaval., 2007, elle est de 305 ha pour les femelles et de 483 ha pour les mâles dans le Massai Mara et en Afrique du sud, elle est seulement de 26 ha pour les femelles et de 22 ha pour les mâles.

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I. 1. PRESENTATION DU PARC NATIONAL DU DIAWLING
I. 1. 1. Création et objectifs du PND
I. 1. 2. Localisation et situation géographique du PND
I. 1. 2. Climat du PND
I. 2. BIOLOGIE DES PHACOCHERE
CHAPITRE II : MATERIELS ET METHODE
II. 1. MATERIELS
II. 2. METHODE
II. 2. 1. Choix de la méthodologie IKA
II. 2. 2. Dénombrement par véhicule
II. 2. 2. 1. Tronçons de comptage
II. 2. 2. 2. Circuit de comptage
II. 2. 2. 3. Créneaux horaires d’observations
II. 2. 2. 4. Traitement des données
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSIONS
III. 1. RESULTATS
III. 1. 1. DISTRIBUTION DE LA POPULATION DE PHACOCHERES
III. 1. 1. 1. Nombre d’individus observés et IKA par tronçon
III.1 .1. 2. Nombre d’individus observés par jour de relevé
III. 1. 2. EVOLUTION DE LA POPULATION DE PHACOCHERES
III. 1. 2. 1. Répartition par catégorie de phacochères
III. 1. 2. 2. Taille moyenne de portées
III. 1. 2. 3. Evolution moyenne annuelle de l’IKA 2009-2013
III. 2. DISCUSSION

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