ÉCONOMIE ET TERRITOIRE EN MACEDOINE SOUS DOMINATION ROMAINE

ÉCONOMIE ET TERRITOIRE EN MACEDOINE
SOUS DOMINATION ROMAINE

LES ETUDES SUR LA MACEDOINE : ENTRE ATTRAIT DES GRANDEURS ET INVESTIGATIONS ARCHEOLOGIQUES TARDIVES

À l’instar d’autres hauts-lieux de l’Antiquité, la Macédoine est une région qui, pour l’histoire dont elle a été la scène et pour les grandeurs qu’elle recèle, suscite l’intérêt depuis le XVIe s., notamment celui des savants d’Occident d’abord, puis celui des historiens et des archéologues29. Pourtant, la Macédoine tient une place souvent marginale au sein de l’historiographie de la Grèce ancienne, même si les choses tendent à évoluer. Il suffit d’ouvrir les manuels et les synthèses propres aux différents domaines d’étude de la Grèce classique, hellénistique ou encore romaine, pour s’apercevoir que le nombre de pages consacrées à cette ancienne puissance est souvent restreint, tandis que les études de cas et les documents empruntés à son territoire y apparaissent rares. S’il serait toutefois faux de dire que les travaux la concernant font exception, la position historiographique de cette région par rapport au monde grec antique en général est doublement paradoxale30, cela en raison de son histoire d’une part et, d’autre part, de l’intérêt pourtant vif et ancien qui lui est porté. a – L’exploration des antiquités macédoniennes jusqu’à la découverte des tombes royales de Vergína en 1977 À l’instar d’un grand nombre de régions recelant des vestiges anciens, les antiquités de Macédoine ont fait l’objet de descriptions et d’explorations archéologiques dès le début de l’époque moderne au moins. On peut distinguer quatre temps dans l’exploration des antiquités de la région avant la découverte des tombes de Vergína (Aigéai [b05]), chacune de ces étapes résultant à la fois de l’évolution des dynamiques scientifiques des XVIIIe , XIXe et XXe s. et de l’histoire contemporaine de la région. Le premier temps est celui des antiquaires : savants, naturalistes, missionnaires, physiciens ou voyageurs, qui, depuis le XVIe s. et jusqu’au début du XIXe s., poussés par le  renouveau de l’intérêt porté aux antiquités durant la Renaissance et soutenu par les Lumières, ont traversé la Macédoine et ont commencé à en dénombrer les vestiges. Il y a parmi eux P. Lucas par exemple31, qui, arrivant de Constantinople, traverse la Macédoine et décrit rapidement les ruines antiques de Philippes et Thessalonique32. Le deuxième temps est celui des recensements plus systématiques et des premières missions archéologiques au XIXe s. 33, temps qui s’inscrit dans le développement progressif de l’archéologie comme discipline scientifique. Ces recensements et missions sont d’abord réalisés par des diplomates, ou d’autres hommes, qui, par la longue durée de leurs séjours dans la région, ont la possibilité de réaliser un travail plus exhaustif que leurs prédécesseurs. On peut citer E.-M. Cousinérie34, F. Pouqueville35 ou encore W. M Leake36. Mais surtout, le XIXe s. est l’époque des premières missions archéologiques entreprises par des universitaires ou quelques-uns des membres des écoles étrangères en Grèce37, à l’instar de A. Delacoulonche38, L. Heuzey39 ou P. Perdrizet40. À cette époque, la Macédoine est encore sous domination ottomane tandis que la partie méridionale de la Grèce est libre depuis 1830 et dotée d’un Service Archéologique. Aussi, au XIXe s., la recherche archéologique en Macédoine, comme dans d’autre zones du monde grec et balkanique d’ailleurs, est-elle très largement dominée par les « Occidentaux41». Mais, malgré l’investissement de ces scientifiques étrangers, cette région souffre dès lors, en raison de sa libération plus tardive de la domination ottomane, d’un certain retard par rapport à la Grèce méridionale s’agissant de l’exploration archéologique de ses terres. Le troisième temps débute alors avec l’ouverture du Service Archéologique dans le nord de la Grèce à la suite de la libération de cette partie du pays, en 191242. À partir de cette date, des archéologues grecs investissent les recherches menées en Macédoine43, pendant que les « Occidentaux » poursuivent et multiplient les travaux initiés précédemment44. C’est à cette époque que la majorité des investigations archéologiques des grands sites (Pella [b54], Dion [p06], Miéza [b43], Aigéai [b05], etc.45) est entreprise et que les vestiges d’une grande partie de la Macédoine commencent à être systématiquement enregistrés46. Malheureusement, l’élan des entreprises archéologiques qui se déploie à partir de 1912 est à maintes reprises interrompu et perturbé par les événements qui marquent la 1re moitié du XXe s. : Guerres balkaniques dont la Macédoine est l’un des terrains d’affrontements, Guerres mondiales et Guerre civile. Enfin, le quatrième temps est celui de la reprise des activités à partir des années 1950, après les bouleversements traversés par le pays47. L’exploration des principaux sites et le recensement des vestiges se poursuivent dans toute la Macédoine, orchestrés par le Service Archéologique et l’Université de Thessalonique48, tandis que les fouilles étrangères continuent (Philippes, Thasos et Olynthe49), lesquelles demeurent cependant rares dans cette région. C’est dans ce contexte que les tombes royales de Vergína (Aigéai [b05]) sont découvertes en 1977 et, bien que les recherches conduites avant cette date aient déjà révélé la richesse des vestiges classiques et hellénistiques en Macédoine, cette découverte donne une impulsion nouvelle à l’archéologie de la région

 Le développement de l’archéologie macédonienne au lendemain de la découverte des tombes royales de Vergína

Il est évident que la découverte de ces tombes correspond à une époque où l’archéologie macédonienne adopte un visage nouveau. Et, l’exploration du vaste tumulus contenant plusieurs sépultures (la tombe dite « de Persephone », la tombe dite « de Philippe » et la tombe dite « du prince ») et appartenant à la nécropole royale macédonienne50 a une grande importance certes, mais d’ordre essentiellement symbolique. Car, ce n’est sans doute pas la seule découverte de ces tombes royales de Vergína (Aigéai [b05]) qui a provoqué le renouveau de l’archéologie en Macédoine, celui-ci participe aussi d’un mouvement plus global du développement de l’archéologie dans les années 1970, notamment impulsé par la « New Archaeology ». Mais, il est indubitable que cette découverte est venue soutenir et motiver l’élan nouveau qui marqua la fin des années 1970 et le début des années 198051. En effet, dès 1968, c’est-à-dire avant la mise au jour de ces tombes, l’Institut des Études Balkaniques de Thessalonique avait pris l’initiative de fonder un symposium, consacré au passé de cette région, qui perdure encore aujourd’hui : « Ancient Macedonia », rassemblant tous les quatre à six ans, certes principalement d’abord des historiens et des philologues, mais aussi quelques archéologues. Par ailleurs, pendant les mêmes années 1970, progressivement dans un premier temps puis de façon décisive après 1977, les fouilles préventives et programmées se multiplièrent dans la région52. Parallèlement, le Centre de Recherche des Antiquités Grecques et Romaine (KERA) consacré aux périphéries du monde grec et, de fait, à la Macédoine voit le jour en 1979, conduisant à la publication, à partir de 1985, de plusieurs volumes portant sur cette région dans la série Μελετήµατα. En 1987, le regain d’intérêt pour l’archéologie de la Macédoine aboutit enfin à la création de l’Αρχαιολογικό Έργο στη Μακεδονία και Θράκη (AEMTh), où sont présentées les résultats des fouilles archéologiques annuelles. Ainsi, l’intérêt extrêmement vif porté à l’archéologie en Macédoine engendre une activité de terrain importante et fournit des données toujours plus nombreuses. Toutefois, malgré l’accélération de ces dernières décennies, les publications systématiques archéologiques concernant les sites aussi bien que le mobilier demeurent rares53 et, quand elles existent, celles-ci se concentrent principalement sur les vestiges des centres urbains et de l’élite macédonienne54. Les informations relatives à la majorité des découvertes annuelles, surtout lorsqu’il s’agit des restes d’installations modestes découvertes lors de travaux préventifs, sont ainsi principalement, sinon exclusivement, divulguées par le biais de rapports de fouilles succincts qui paraissent en général dans l’AEMTh ou l’Αρχαιολογικόν Δελτίον (AD). C’est à dire que les données archéologiques, par nature lacunaires, ne se voient en outre exposées que partiellement. Du même coup, l’archéologie macédonienne est dominée par une littérature en langue grecque moderne. Enfin, malgré le dynamisme des investigations programmées et le grand nombre de fouilles préventives consécutives à l’aménagement et à la multiplication des axes routiers ou à des travaux de constructions publiques et privées qui révèlent par endroits des installations rurales, l’archéologie continue de se concentrer principalement sur les centres urbains et, à l’inverse des travaux réalisés dans le sud de la Grèce55, elle omet de multiplier les approches permettant une meilleure connaissance du territoire dans son ensemble, comme le souligne E. M. Anson : Macedonia still awaits the intensive fied surveys, those meticulous examinations of land surfaces, which should provide more information regarding the ancient Macedonian countryside56. Finalement, la Macédoine apparaît comme une région livrant une documentation archéologique extrêmement riche et variée en raison des nombreuses fouilles programmées et préventives conduites sur ce territoire ; en revanche, l’accès à ces sources reste malgré tout problématique du fait de l’état des publications

Table des matières

SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
TABLES DES FIGURES
ABREVIATIONS ET NORMES EDITORIALES
INTRODUCTION.
PREMIERE PARTIE – SOURCES ET METHODE
Chapitre I – L’état des études macédoniennes et la question des sources.
Chapitre II – L’apport de l’archéologie préventive
Chapitre III – Classification et critères de comparaison des « structures » et des établissements : la nécessité de considérer les « structures » dans leurs environnements
Conclusion
DEUXIEME PARTIE – OCCUPATION DU TERRITOIRE ET ORGANISATION ECONOMIQUE
Chapitre IV – Implantation humaine et dynamique territoriale en Macédoine : aperçu des régions de Bottiée, de Piérie et d’Éordée
Chapitre V – Les « structures » de la production et des échanges : de l’autoconsommation au marché
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES

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