ÉTUDE DES FACTEURS ASSOCIÉS À L’UTILISATION DES MÉTHODES DE CONTRACEPTION MODERNES CHEZ LES FEMMES AGEES DE 15 À 49

ÉTUDE DES FACTEURS ASSOCIÉS À L’UTILISATION DES
MÉTHODES DE CONTRACEPTION MODERNES CHEZ LES
FEMMES AGEES DE 15 À 49

ETAT DES CONNAISSANCES 

La planification familiale est l’information, les moyens et les méthodes qui permettent aux individus de décider librement de la dimension de leur famille et l’échelonnement des naissances. Cela comprend un large éventail de contraceptifs – notamment la pilule, les implants, les dispositifs intra-utérins, les procédures chirurgicales qui limitent la fertilité et les méthodes barrières telles que les préservatifs – ainsi que des méthodes non invasives telles que la méthode du calendrier et l’abstinence. La planification familiale comprend également des informations sur la grossesse volontaire, ainsi que sur le traitement de l’infertilité. Les contraceptifs servent à prévenir les grossesses non désirées, à réduire le nombre d’avortements et à diminuer l’incidence de mortalité et d’invalidité dues aux complications liées à la grossesse et à l’accouchement. Si toutes les femmes n’ayant pas accès aux contraceptifs pouvaient bénéficier de méthodes modernes, on éviterait 36 millions d’avortements et 70 000 décès maternels. En 2017, les contraceptifs fournis par l’UNFPA : – Ont été distribués à 27 millions de personnes, – Ont évité 13,5 millions de grossesses non désirées, – Ont évité 32000 décès maternels, – Ont permis d’économiser 819 millions de dollars en soins de santé. Les régions où les besoins en moyens de contraception modernes sont les plus importants (l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud) connaîtraient des retombées particulièrement positives en matière de santé et de bien-être si ces besoins étaient satisfaits[6]. Les facteurs qui influencent la pratique contraceptive sont multiformes et difficiles. Plusieurs études ont montré que la connaissance et l’utilisation de la contraception de la plupart des femmes est associée à des facteurs sociodémographiques, socioculturels, socioéconomiques, source d’information et de planification familiale [7]. Au Niger l’étude nationale d’évaluation d’indicateurs socioéconomiques et démographiques (ENISED) de février 2016 a notifié que 13,4% femmes de 15 à 49 ans utilisent une méthode contraceptive pour éviter une grossesse à un moment donné. méthode contraceptive moderne est utilisée par 12,1% des femmes en âge de procréer. Ces méthodes modernes sont beaucoup plus utilisées par les femmes de 20-39 ans. La pratique de contraception apparait comme un phénomène urbain, la prévalence contraceptive est nettement plus élevée en milieu urbain qu’en milieu rural pour l’ensemble des méthodes (23,5% contre11%)[8]. Des études faites au Sénégal et au Nigéria révèlent que les femmes en âge de procréer qui ont un pouvoir de décision, un niveau d’études secondaires ou supérieures, des connaissances sur la contraception moderne, une activité génératrice de revenus, une satisfaction sur la qualité des prestations de la contraception, celles résidant en milieu urbain, sont plus enclines à utiliser les méthodes contraceptives modernes . Une autre étude réalisée en Ethiopie révélait que le désir d’avoir plus d’enfants, l’approbation du mari, la discussion entre le couple sur les questions de planification, de même que le revenu mensuel du ménage et le nombre d’enfants vivants étaient significativement associés à l’utilisation des méthodes contraceptives modernes [7]. Très peu d’études sur le rôle du mari dans l’utilisation des méthodes contraceptives modernes ont été menées. Nous pensons que les maris pourraient jouer un rôle important dans l’utilisation des contraceptifs modernes. Quelques études ont montré que les programmes de santé reproductive sont susceptibles d’être plus efficaces pour les femmes lorsque les hommes y participent activement et qu’une désapprobation du mari conduit à la réduction de l’utilisation des contraceptifs, mais les maris ne sont généralement pas inclus dans la recherche sur l’utilisation de la contraception .

Limites de l’étude

Comme toute étude, la nôtre présente comporte également des limites. L’enquête s’est déroulée dans vingt cinq (25) villages et quartiers sur les cinq cent cinquante neuf(559) que compte le District sanitaire de Boboye, les informations concernant les hommes étaient demandées aux femmes. Nos ressources étaient limitées pour cette étude. Cependant, cette étude présente des atouts tels que : – La taille de l’échantillon : 301 ; – L’homogénéité de la population sur le plan socio démographique, ce qui nous permet de réduire significativement les facteurs de confusion ; – Estimation de la prévalence de l’utilisation des méthodes contraceptives modernes dans le district sanitaire de Boboye ; – Identification des facteurs associés à l’utilisation des méthodes contraceptives modernes chez les FAR dans le district sanitaire de Boboye. Les résultats que nous avons trouvés peuvent être généralisés au district sanitaire de Boboye. – Résultats atteints Au terme de cette étude qui concernait 301 femmes en âge de reproduction dans le district sanitaire de Boboye, l’utilisation des méthodes contraceptive modernes représentait 21%. Le fait d’avoir des discussions avec le mari, le milieu de résidence, la rupture des produits contraceptifs et l’âge des femmes avaient un lien significatif sur l’utilisation d’une méthode contraceptive moderne. 

La prévalence de la contraception moderne 

La prévalence de l’utilisation des méthodes contraceptives modernes dans l’étude restait élevée par rapport à celle nationale qui est de 12,2% mais en deçà de l’objectif national en 2020 qui est de 50%. Ce taux pourrait s’expliquer par le fait que le District sanitaire de Boboye fait partie des districts pilotes en termes d’intervention de santé publique, et plus précisément les efforts des distributeurs à base communautaires des contraceptifs (DBC) , qui vont jusque dans les ménages pour mener des activités de sensibilisation et distribuer les contraceptifs.

 Facteurs personnels 

Dans l’étude il y a lien entre l’âge et l’utilisation des méthodes contraceptives modernes. Ces résultats sont semblables à ceux de S. Pandey qui révélait que l’utilisation des méthodes contraceptives est plus élevée chez les femmes âgées de 31 à 40 ans parceque ces dernières ont plus besoin de limiter la taille de leur famille [21]. L’étude de Rassoly et al. , réalisée en Afghanistan trouvait que la faible utilisation des méthodes contraceptives avait un lien avec le jeune âge [22]. Ainsi l’étude montre que la proportion des femmes d’âge supérieur ou égal à 25 ans qui utilisent les méthodes contraceptives modernes était de 83% et celle des femmes d’âge inférieur à 25 ans utilisant les contraceptifs était de 17%. Les femmes ayant un âge supérieur ou égal à 25 sont 3,14 fois plus enclines à utiliser les méthodes contraceptives modernes que celles ayant moins de 25 ans . Parmi les femmes enquêtées, 63 % sont de l’ethnie Djerma, suivie de l’ethnie Peulh à 34% et 99 % des enquêtés sont de confession musulmane conformément à la configuration ethnique et religieuse de Boboye Les types de contraceptifs les plus utilisées étaient les pilules avec 15% suivis des injectables avec 4%. Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait que les femmes, même en milieu rural, ont la liberté de prendre les contraceptifs oraux en dépit de l’approbation de leur mari. L’accès aux contraceptifs oraux leur étant facile avec la présence des DBC qui les distribue jusque dans les ménages. Et contrairement aux autres formes, les femmes peuvent être plus discrètes en les utilisant parceque ne nécessitant pas d’appui logistique ou financier du mari. Le milieu urbain semble influencer positivement l’utilisation des méthodes contraceptives modernes chez les FAR. Ainsi La proportion des femmes résidant en milieu urbain qui utilisent les contraceptifs était de 30% contre 6% n’ayant pas utilisé et 70% pour celles résidant en milieu rural ayant utilisé contre 94% n’ayant pas utilisé. Les femmes vivant en milieu rural sont 6,91 fois plus à risque de ne pas utiliser les méthodes contraceptives modernes que celles résidant en milieu urbain [3-15,98]. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les femmes vivant en milieu urbain sont mieux éduquées et ont un meilleur accès aux services et méthodes de planification familiale [23]. Dans l’étude, l’utilisation des méthodes contraceptives semble être influencée par le fait d’avoir reçu l’information sur les méthodes contraceptives. La proportion des femmes ayant utilisé la contraception était de 100% parmi celles ayant entendu parler des méthodes contraceptives modernes Les femmes ayant reçu l’information sur les contraceptifs étaient plus enclines à les utiliser, contrairement à Tilahun T. qui rapporte que les connaissances des méthodes contraceptives n’a aucun lien avec leur utilisation . Les principales sources d’information demeurent les structures de santé et les DBC (77,07%). Cela est encourageant quand les agents communautaires font partie des principales sources d’information puisque ces derniers constituent un moyen de toucher les communautés dans leurs concessions. Les individus ayant bénéficié d’une instruction formelle accorderaient une plus grande attention à la santé, seraient plus ouverts à l’innovation et auraient de plus grandes facultés à comprendre les avantages de la planification familiale. Dans l’étude, il n’existe pas de lien entre l’utilisation des méthodes contraceptives modernes et le niveau d’instruction des femmes. La proportion des FAR non instruites ayant utilisé les contraceptifs était de 86% tandis qu’elle était de 10% pour celles ayant un niveau élémentaire et, 4% pour celles ayant le niveau secondaire. Par contre Mohammad H Rasooly a trouvé que le niveau d’éducation est positivement lié à l’utilisation des méthodes contraceptives modernes et que les femmes non instruites ou alphabétisées seraient moins susceptibles de les utiliser que les femmes avec un niveau secondaire ou supérieur [22]. L’étude de Tilahun T. a aussi montré que l’utilisation des méthodes contraceptives modernes serait associée au fait d’être alphabétisé [1]. Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait que 85 % de nos enquêtées sont non instruites. Dans l‘étude, il existe un lien entre l’occupation des femmes et l’utilisation des méthodes contraceptives ( P= 0,02). Par contre l’étude d’Abdurahman Mohammed et al révélait qu’il n’y avait pas de lien entre l’occupation des femmes et l’utilisation des méthodes contraceptives. Ainsi l’étude montre que la proportion des FAR ménagères ayant utilisé les contraceptifs était de 94% tandis qu’elle était de 6% parmi les fonctionnaires ayant utilisé. La discussion entre le couple a un lien avec l’utilisation des méthodes contraceptives par les femmes. En effet les femmes qui ont eu des discussions avec leurs maris étaient plus enclines à utiliser les méthodes contraceptives que celles n’ayant pas eu. Celles n’ayant pas eu de discussion avec leur mari sont 2,02 fois plus exposées au risque de ne pas utiliser les méthodes contraceptives modernes par rapport à celles ayant eu plus de deux discussions. Ce résultat est semblable à beaucoup d’autres .L’étude de Abdurahman Mohammed en Ethiopie révélait que les femmes qui ont des discussions avec leur mari sur les contraceptifs sont plus enclines à les utiliser [7] Notre étude n’a trouvé aucun lien entre le désir d’avoir d’autres enfants et l’utilisation des contraceptifs. Par contre beaucoup d’études révélaient que les femmes désirant avoir d’autres enfants sont moins susceptibles d’utiliser les méthodes contraceptives modernes et que celles ayant un nombre important d’enfants étaient plus enclines à utiliser les contraceptifs que celles ayant un à deux enfants.

Facteurs d’accessibilité 

 Il ressort de l’étude qu’il n’existe aucun lien entre la pratique d’AGR, le revenu de la femme et l’utilisation des contraceptifs. Par contre Mohammed et al. dans une étude réalisée en Ethiopie, trouvaient que le revenu des ménages était significativement lié à l’utilisation des méthodes contraceptives modernes [7]. Le résultat de notre étude pourrait s’expliquer par la gratuité des méthodes contraceptives au Niger. La distance qui sépare les femmes des formations sanitaires et le temps mis n’étaient pas liés à l’utilisation des contraceptifs. Cependant l’étude montre que 44% des FAR utilisant les contraceptifs étaient à plus de 5 km des formations sanitaires et la proportion des femmes mettant 30 à 60 mn pour se rendre aux formations sanitaires était de 19% ; celles des femmes mettant moins de 30 mn était de 54%, celle des femmes mettant plus d’une heure de temps était de 27%. L’accessibilité géographique semble plus dépendre du moyen de locomotion pour atteindre la structure de santé que de la distance. Ce résultat est semblable à ceux de Tilahun qui pense que la proximité des centres de planification familiale n’est pas suffisante pour assurer des besoins en planification satisfaits [1]. 4. Facteurs liés aux structures sanitaires La qualité « objective » des soins ou la perception plus subjective qu’en ont les populations peut motiver ou décourager celles-ci à fréquenter les formations sanitaires. L’utilisation des contraceptifs serait toutefois davantage influencée par la perception qu’ont les femmes de la qualité de l’offre. Les principaux critères d’évaluation de la qualité de l’offre de soins concernent l’accueil (disponibilité des prestataires de soins, temps d’attente, respect et considération de la part des soignants), la prescription et la disponibilité des médicaments. La satisfaction des femmes n’a pas d’influence sur l’utilisation des méthodes contraceptives. L’étude a rapporté que parmi les femmes qui avaient déclaré être satisfaites des services de planification, 86% avaient utilisé les contraceptifs contre 84% qui n’avaient pas utilisé. Par contre l’étude révèle que les femmes ayant connu les ruptures sont 2,01 fois plus enclines à utiliser les méthodes contraceptives que celles qui n’en avaient pas connu. Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait que ces femmes ayant compris l’importance des méthodes contraceptives, même en cas de rupture des contraceptifs dans les formations sanitaires, s’en procurent sur le marché. 5. Facteurs liés aux besoins La raison de l’utilisation des méthodes contraceptives modernes avait un lien avec l’utilisation. Les femmes qui pensent que les contraceptifs sont utilisés comme moyen de limitation des naissances sont 0,09 fois plus à risque de ne pas les utiliser. Ces résultats corroborent ceux de l’étude de Mohammed et al.qui pense que l’espacement des naissances constitue la principale raison d’utilisation des méthodes contraceptives et que Mémoire Dr OUSMANE 31 la motivation des femmes à poursuivre leur objectif d’espacement de naissances pourrait expliquer le niveau élevé d’utilisation des méthodes contraceptives .

Table des matières

LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES
INTRODUCTION
I. ETAT DES CONNAISSANCES
II. CADRE CONCEPTUEL
III. QUESTIONS DE RECHERCHE
IV. INTERET DE LA QUESTION
V. BUT ET OBJECTIFS
1. But
2. Objectif général
3. Objectifs spécifiques
VI. CADRE
VII. METHODOLOGIE
1. TYPE D’ENQUETE
2. POPULATION D’ETUDE
3. METHODE D’ECHANTILLONNAGE
4. METHODE DE RECUEIL DES DONNEES
5. DEFINITION OPERATIONNELLE DES VARIABLES A RECUEILLIR
6. PLAN D’ANALYSE
7. ETHIQUE
VIII. RESULTATS
1. Etude descriptive
1.1. Description des facteurs personnels des enquêtés
1.2. Description des enquêtée on les facteurs d’accessibilité
1.3. Facteurs liés aux structures sanitaires
1.4. Les facteurs liés aux besoins
2. Analyse bivariée
2.1. Utilisation des méthodes contraceptives et les facteurs personnels
2.2. Facteurs d’accessibilité et utilisation des méthodes contraceptives modernes
2.3. Facteurs liés aux structures sanitaires et utilisation des méthodes contraceptives modernes
2.4. Besoins et utilisation des méthodes contraceptives modernes
3. Analyse multivariée : Régression logistique
IX. DISCUSSIONS
X. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES

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