EVALUATION DE LA FONCTION PULMONAIRE CHEZ LES ARTISANS A THIES

EVALUATION DE LA FONCTION PULMONAIRE CHEZ LES ARTISANS A THIES

 LA PEINTURE 

Une peinture (ou un vernis) est une préparation fluide (liquide, pâteuse ou pulvérulente) qui peut s’étaler en couche mince sur toutes sortes de matériaux (appelés subjectiles) pour former après séchage ou réticulation (durcissement), un revêtement mince (film ou feuil), adhérant et résistant, jouant un rôle protecteur et /ou décoratif [49]. Elle s’applique sur les surfaces de produits ou de bâtiments afin de protéger les objets de la corrosion et des salissures ou de générer un attrait esthétique .

Les composants de la peinture

La peinture est composée de divers produits ayant des objectifs variés. Les composants de la peinture sont : les pigments et les diluants (charges), les liants (résines), les solvants ou cosolvants et les additifs. – Les pigments affectent la couleur, la viscosité, la durabilité et les propriétés chimiques de la peinture. Elles constituent les matières pulvérulentes, – Les diluants sont capables de combler les lacunes et d’améliorer les propriétés physiques des revêtements, – Les liants ont principalement pour rôle de faciliter le durcissement ou l’adhésion des revêtements, – Les solvants sont utilisés pour mélanger les composants de la peinture en dissolvant les liants. Les solvants sont regroupés en cinq familles distinctes : les hydrocarbures, les alcools, les éthers de glycol, les esters et les cétones [52].Sur l’ensemble des peintures, celles en solvants sont les plus communes et les plus utilisées. Près de la moitié des peintures employées en milieu industriel sont les solvants, la seconde moitié comprend les peintures en phase aqueuse et les peintures en poudre [53].  Les peintures en phase solvant (peinture à huile) Elles contiennent des solvants organiques (distillat de pétrole type white spirit) indispensables pour la mise en solution (ou en dispersion), et des liants qui les constituent : glycérophtalique, époxy et polyuréthane. En plus des solvants et du liant (résine/durcisseur), comme toutes les peintures, elles sont constituées des pigments, des charges, des additifs [54].  Les peintures en phase aqueuse (peintures à l’eau) Elles contiennent un mélange d’eau et de solvants (entre 60 et 80 % d’eau dans cette partie liquide). À ceux-ci s’ajoutent, les agents de coalescence (hydrodiluables), les agents de neutralisation (hydrodiluables et hydrosolubles), et les agents de conservation en pot (hydrodiluables). Le solvant principal est l’eau mais les éthers de glycol peuvent être utilisés. Si le liant est en émulsion dans ce mélange, il s’agit d’une peinture hydrodiluable (dite également peinture en émulsion) mais si le liant est en solution dans ce mélange, il s’agit d’une peinture hydrosoluble [54].  Les peintures en poudre (poudres de revêtement) Elles ne contiennent pas de solvant, mais des sites actifs qui vont permettre leur durcissement par réticulation qui suit leur application. Elles ont pour caractéristique d’avoir 100 % d’extrait sec [55]. 

Valeur limite d’exposition

Différents pays ont adopté des valeurs limites d’exposition : En France [57], la valeur limite de moyenne d’exposition (VME), qui est la valeur admise pour la moyenne dans le temps des concentrations auxquelles un travailleur est effectivement exposé au cours d’un poste de 8 heures. Aux États-Unis [58], les TLV-TWA indiquent les concentrations sous lesquelles on peut estimer que la presque totalité des ouvriers peut être exposée, jour après jour, sans effet défavorable. Ce sont des valeurs moyennes pondérées pour une durée de travail de 7 ou 8 heures par jour et de 40 heures par semaine.IV. Prévalence liés à la peinture L’activité de peintre en bâtiment n’est pas sans risque car elle expose à de nombreuses substances chimiques. De mauvaises pratiques d’utilisation peuvent avoir de lourdes conséquences sur la santé [54]. Deux méta-analyses publiées en 2010 [17] ont estimé qu’il existait un risque faiblement élevé de cancer du poumon chez les peintres. Différentes études portant sur la mortalité ou l’incidence du cancer du poumon chez les peintres ont mis en évidence un excès modéré. Alors que Ramanakumar et coll. et Tse et coll. en 2011 ont apporté quant à eux des arguments en faveur d’un risque accru de cancer du poumon en lien avec l’exposition aux peintures, au vernis du bois et au plâtre. Le risque avec l’utilisation de peintures glycérophtaliques semble plus élevé que celui lié à l’utilisation de peintures dites à l’eau [17]. 26 Le CIRC avait déjà classé cette activité professionnelle comme cancérogène du groupe1 pour le poumon. Le CIRC n’affirme pas que des composants spécifiques de peintures (tels que le chromate, les HAP, le benzène et d’autres agents) augmentent de manière significative l’incidence ou la mortalité du cancer du poumon. Cependant les cancérogènes potentiels, tels que le chromate hexavalent [59], l’amiante [60], la silice cristallisée [61] et les HAP provenant du goudron de houille [62 – 63] se retrouvent dans la peinture. Actuellement, les oligomères sont les principaux contributeurs à l’exposition aux isocyanates dans le monde. Ces oligomères sont aussi largement utilisées dans l’industrie de la peinture au pistolet. Plusieurs études ont montré une prévalence élevée de symptômes respiratoires chez les travailleurs exposés aux isocyanates aromatiques oligomériques ou chez les peintres au pistolet.

Risques liés à la peinture

L’exposition professionnelle implique principalement l’inhalation de gaz et de vapeurs provenant de composants de peinture (solvants, additifs, poussières de pigment et liants), ainsi que l’absorption cutanée ou l’ingestion [52]. Les risques dus aux pigments, charges, liants et additifs sont les mêmes quelles que soient les peintures. Par contre, les risques dus aux solvants sont plus élevés [66]. Les risques toxicologiques des peintures en solvants sont liés à deux principales voies d’exposition : le contact cutané et l’inhalation. Le risque d’ingestion lié à l’absorption de peinture (déposée sur la peau notamment) est assez faible et peut être facilement minimisé par une hygiène correcte (ne pas boire, ne pas manger sur le lieu de travail, ne pas fumer, se laver les mains après utilisation…). L’exposition aux composants des peintures se fait essentiellement par voie respiratoire (notamment lors de la fabrication, de l’application par pulvérisation, du séchage ou des travaux de finition tels que le ponçage).

Risques liés aux liants (résine et durcisseur)

La majorité des liants ne possède pas de propriétés toxicologiques très sévères. Cependant, cette famille peut être à l’origine de réactions allergiques : irritation, sensibilisation de la peau, des yeux ou des voies respiratoires. Concernant les résines à base de polyuréthannes, les durcisseurs utilisés sont des pré-polymères d’isocyanates. Les diisocyanates sont utilisés comme agents de réticulation dans les produits en polyuréthane (PU) tels que les mousses, les peintures, les laques, les encres, les isolants, les vernis, les modificateurs de caoutchouc et les agents de liaison et de vulcanisation [67]. Les isocyanates sont parmi les causes les plus courantes d’asthme professionnel, d’une pneumopathie d’hypersensibilité et éventuellement d’une altération de la fonction pulmonaire [68]. Les résines époxydiques sont susceptibles de provoquer des dermites eczématiformes. Les résines aminées et phénoliques présentent des risques dus à la présence de formol (aldéhyde formique) résiduel. Ce produit est répertorié comme cancérogène avéré par le CIRC. Les préparations contenant des acrylates (servant de solvants réactifs) ont une action irritante, voire allergisante. Les acrylates et méthacrylates sont répertoriés au sein des maladies professionnelles du régime général, et peuvent provoquer des dermites, des conjonctivites ou des manifestations respiratoires chroniques. Les résines acryliques déjà polymérisés ne présentent pas ces dangers. Les peintures contenant du caoutchouc chloré insuffisamment stabilisé libèrent du chlorure d’hydrogène, un gaz irritant pour les voies respiratoires.

Risques liés aux solvants

L’inhalation de vapeurs de solvants provoque une action narcotique (somnolence, lassitude), des vertiges et des troubles digestifs légers (perte d’appétit, nausées) qui cessent dès que les personnes ne sont plus soumises à l’exposition. 28 Un effet toxique sur le sang peut être causé par les hydrocarbures contenant du benzène résiduel. A plus fortes concentrations, les vapeurs de certains solvants spécifiques peuvent avoir des effets particuliers :  alcool méthylique : troubles oculaires ;  alcool n-butylique : irritation des voies respiratoires ;  méthylglycol : atteinte du système nerveux, effets toxiques sur la reproduction ;  éthylglycol : atteintes pulmonaires, rénales et sanguines, effets toxiques sur la reproduction ;  2-nitropropane : céphalées, vertiges, troubles hépatiques et digestifs ;  toluène : effet reprotoxique suspecté ; isophorone, dichlorométhane : agents cancérogènes suspectés. L’ensemble des solvants organiques peut être à l’origine d’affections telles que le syndrome ébrieux, les irritations des voies respiratoires, les dermites.

Risques liés aux pigments et charges

L’exposition à ces produits est essentiellement présente lors des travaux de finition tels que le ponçage ou le perçage. Les pigments et charges sont susceptibles de provoquer des surcharges pulmonaires (pneumoconioses de surcharge) dont la survenue, liée à l’inhalation des poussières. Ces effets dépendent de leur granulométrie, car le risque est particulièrement important si le diamètre aérodynamique médian est inférieur à 10 μm. D’autres effets généraux peuvent résulter de l’absorption de ces composants dans l’organisme.  Pigments minéraux De nombreux pigments minéraux sont responsables de pathologies particulières dues à la présence de certains éléments métalliques. 29  Les chromates Ils induisent parfois des irritations cutanées et des muqueuses, des allergies cutanées ou respiratoires (dyspnées asthmatiformes). Il faut rappeler que les dérivés hexavalents du chrome peuvent provoquer des cancers bronchopulmonaires qui sont reconnus comme maladies professionnelles dans certaines conditions d’exposition.  Le plomb et les dérivés plombifères Ils sont responsables d’une grave affection touchant de nombreux organes (foie, reins, système nerveux…), le saturnisme. Sa survenue résulte de l’accumulation progressive de faibles doses de plomb dans l’organisme. Ces composés sont également toxiques pour la reproduction (développement et fertilité).  Les composés du cadmium Ils provoquent également une atteinte organique, avec des effets aigus ou chroniques. Les lésions concernent les poumons, le tube digestif, les reins et les os (effet cancérogène avéré pour l’homme dans la classification du CIRC).  Les composés du cobalt Principalement sensibilisants pour la peau et les voies, ils sont par ailleurs classés comme agents pouvant être cancérogènes pour l’homme dans la classification du CIRC.  Pigments organiques Quelques-uns sont responsables d’irritations cutanées et respiratoires. C’est le cas surtout des dérivés azoïques. De plus certaines amines aromatiques peuvent provoquer des tumeurs de la vessie.  Charges Certaines (silice cristalline, talc, kaolin), utilisées comme agents de matité, peuvent induire des pathologies spécifiques. La silice cristalline peut notamment être à l’origine de cancers broncho-pulmonaires reconnus en tant que maladies professionnelles.

Table des matières

 INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
CHAPITRE 1 : LA POUSSIERE DE BOIS
I. Composition chimique du bois
I.1. Etapes de la transformation du bois
I.2. La poussière de bois
I.3. Valeur limite d’exposition professionnelle
II. Effets de la poussière de bois sur la santé
II.1. Atteintes Cutanéo-Muqueuses
II.2. Atteintes ORL
III.3. Atteintes pulmonaires
CHAPITRE 2 : LA PEINTURE
I. Définition
II. Les composants de la peinture
III. Valeur limite d’exposition
IV. Prévalence liés à la peinture
V. Risques liés à la peinture
V.1. Risques liés aux liants
V.2. Risques liés aux solvants
V.3. Risques liés aux pigments et charges
V.4. Risques liés aux additifs et adjuvants
CHAPITRE 3 : PREVENTION
I. Mesures préventives chez les menuisiers
I.1. Prévention primaire
I.2. Prévention secondaire
I.3. Prévention Tertiaire
II. Mesures préventives chez les peintres
II.1. Prévention primaire
II.2. Prévention secondaire technique
II.3. Prévention tertiaire
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. MATERIEL ET METHODE
I.1. Cadre de l’étude
I.2. Type d’étude
I.3. Matériel
I.4. Méthodologie
I.4.1. Population d’étude
I.4.2. Paramètres étudiés
I.5. Analyse statistique
II. RESULTATS
II.1. Données anthropométriques
II.2. Statut tabagique
II.3. Données cardiovasculaires
II.4. Données cliniques
II.4.1. Symptômes ORL
II.4.2. Symptômes pulmonaires
II.4.3. Symptômes ophtalmologiques
II.4.4. Symptômes neurologiques
II.4.5. Symptômes digestifs
II.5. Données spirométriques
II.6. Corrélations entre les paramètres anthropométriques et spirométriques
III. DISCUSSION
III.1. Caractéristiques anthropométriques
III.2. Symptomatologie clinique
III.3. Spirométrie
CONCLUSION
REFERENCES

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