Description des herbiers phanérogames marins
Les herbiers marins sont des végétaux Spermatophytes (ou Spermaphytes) marins. Ce sont des Monocotylédones. En effet, ils possèdent d’une part, des fleurs avec étamines et pistils (Phanérogames), même si celles-ci sont peu colorées et plus ou moins visibles, et d’autre part des graines. Ils se distinguent du groupe des Gymnospermes par leurs fleurs plus évoluées à pistils pourvus de styles et stigmates qui les font appartenir aux Angiospermes. Au sein de ce dernier groupe, ils font partie des Monocotylédones en raison de leur graine à un seul cotylédon les opposant aux Dicotylédones.
L’appareil végétatif des Phanérogames marines est évidemment bien différent de celui des algues et des Cyanobactéries puisqu’il se compose de vraies racines, tiges et feuilles. Ces végétaux sont, pour la plupart, organisés selon le schéma suivant : une tige rampante généralement souterraine (rhizome), terminée par des bouquets (faisceaux) de feuilles linéaires, longues et étroites, avec des nervures parallèles; les rhizomes portent des racines (jusqu’à un mètre de long). Les fleurs, vertes et de petite taille (à l’exception des Thalassia), sont groupées en inflorescences. Contrairement aux macroalgues, dont les morphologies sont très variables, les phanérogames sont toutes bâties selon le même modèle : racines – tiges – feuilles : des racines qui puisent dans le sol l’eau et les nutriments dissous (sels minéraux), des tiges horizontales et/ou verticales (rhizomes), enfouies ou à la surface du sédiment, des feuilles qui assurent la fonction chlorophyllienne.
Ecologie et classification de phanérogames marines
Ecologie : Les herbiers marins sont constitués par des populations d’angiospermes qui ne se développent que dans le milieu marin. Ils constituent un groupe écologique mais ne forment pas un seul groupe taxonomique. En effet, les phanérogames marines se distribuent dans quatre familles de plantes se situant dans le superordre des Alismatiflorae, qui comporte également de nombreuses autres espèces. Trois de ces familles, les Zosteraceae, les Cymodoceaceae et les Posidoniaceae sont constituées uniquement de phanérogames marines. La quatrième famille, les Hydrocharitacae, comprend trois genres d’espèces marines (Thalassia, Enhalus et Halophila), mais 14 autres genres regroupent des espèces d’eau douce. Enfin, d’autres espèces, Ruppia sp. (Ruppiaceae) et Lepilaena marina (Zannichelliaceae) ne sont pas exclusivement marines et ne sont pas reconnues systématiquement parmi les phanérogames marines stricto sensu.
Classification : Les herbiers marins sont des prairies sous-marines qui poussent dans la plupart des mers du globe, en environnement strictement salin. Ils sont composées de plantes à fleurs appartenant à l’une des quatre familles de plantes suivantes : Zosteraceae, Posidoniaceae, Cymodoceaceae et Hydrocharitaceae. Ces Magnoliophytes marines (classe des monocotylédones) sont polyphylétiques et donc, selon le système de classification utilisé, on place ces plantes : soit dans l’ordre des Alismatales, soit dans les ordres des Najadales et des Hydrocharitales.
Actuellement, 68 espèces de phanérogames marines ont été décrites (Larkum et al., 2006). Toutefois, certaines font encore l’objet de recherches génétiques et morphométriques, et beaucoup sont considérées comme conspécifiques. Cette classification est donc susceptible de subir des remaniements, tant dans la taxonomie que dans la nomenclature (Green & Short, 2003). Parmi l’ensemble des espèces de phanérogames exclusivement marines, 19 d’entre elles sont présentes en Outre-mer français, soit 8 genres et 4 familles. Aucune posidonie n’a été recensée.
Causes de destruction des herbiers marins
De par leurs localisations à faible profondeur et en bordure des côtes, les herbiers de Phanérogames marines sont parmi les écosystèmes les plus menacés par l’action de l’homme. Aux perturbations naturelles se rajoutent celles d’origine anthropique.
Causes naturelles : Les phénomènes naturels susceptibles de porter atteinte aux herbiers de Phanérogames marines sont essentiellement les tempêtes, la dégradation par les tempêtes, le broutage et la dessiccation. Les genres Syringodium, Halophilaet Halodule, de par leurs rhizosphères superficielles, sont particulièrement sensibles aux fortes houles engendrées par les ouragans qui les arrachent facilement. Toutefois, ces espèces pionnières recolonisent rapidement les zones dévastées. Au contraire, Thalassiatestudinumpossède une rhizosphère profondément enracinée qui procure une bonne résistance aux herbiers à Thalassia vis-à-vis des ouragans (Bouchon et al. 1991).
Causes Anthropiques:
La destruction physique des herbiers : En bordure de côte, les herbiers des Phanérogames sont souvent sacrifiés au profit de constructions de ports, de marinas et de réalisation de plages artificielles devant les infrastructures hôtelières. Certains hôteliers font draguer les herbiers littoraux dont le contact est considéré comme étant désagréable pour les baigneurs. Dans certaines zones, le piétinement des Phanérogames marines par de trop nombreux baigneurs fait disparaître les herbiers.
La turbidité et l’envasement : Les eaux côtières des îles antillaises subissent une augmentation de leur turbidité et de leur charge en matières minérales liée à la déforestation et à des travaux d’aménagements côtiers mal conçus. L’augmentation de la turbidité se traduit par une diminution de la profondeur de compensation de la photosynthèse des plantes marines et par conséquent par une diminution de l’extension bathymétrique des herbiers. Ce phénomène est amplifié dans les baies abritées et les lagons lorsque, par hypersédimentation, les feuilles de Phanérogames sont recouvertes de vase, bloquant ainsi la photosynthèse.
L’eutrophisation des eaux côtières : Un usage mal maîtrisé des fertilisants agricoles, lié à une mauvaise, voire à une absence d’épuration des eaux usées entraîne une eutrophisation des eaux. Contrairement aux algues qui puisent directement leurs nutriments dans l’eau de mer, les Phanérogames marines sont peu sensibles à l’augmentation du taux de nitrates et de phosphates dans l’eau.Une eutrophisation importante du milieu entraîne un développement exubérant d’algues (souvent algues vertes filamenteuses) au sein des herbiers qui finissent par étouffer les Phanérogames marines.
La surexploitation des ressources : Certaines espèces pêchées dans les herbiers font l’objet d’une surexploitation. Quelques pêcheurs pratiquent la pêche à la senne dans les herbiers afin d’utiliser les jeunes poissons qui y vivent comme appâts, au mépris du rôle de nurserie de cet habitat. Le réchauffement climatique : Les variations des températures de la mer associées au changement climatique global ont été contenues dans la fourchette de tolérance de températures connues pour les espèces de Phanérogames de certains pays. Il est difficile de prévoir quelles seront à terme les incidences du changement climatique sur la phénologie de ces plantes.
La pollution chimique : Ces différents types de perturbations font partie intégrante de la dynamique des écosystèmes marins. Les herbiers marins affichent un degré extrêmement élevé de plasticité phénotypique, s’adaptant rapidement aux variations des conditions de l’environnement. Les herbiers marins sont toutefois en déclin global, avec quelque 30 000 km carrés perdus au cours des dernières décennies. La principale raison de ce déclin est la perturbation occasionnée par l’homme, notamment l’eutrophisation, la destruction mécanique de l’habitat et la surpêche. L’apport excessif de nutriments (azote, phosphore) est directement toxique pour les herbiers, mais plus grave, il stimule la croissance des épiphytes et des algues flottantes macroscopiques et microscopiques. Cela se traduit par une diminution de la quantité de lumière solaire pouvant atteindre les feuilles des plantes, ce qui réduit leur photosynthèse et donc leur production primaire.
Avenir des herbiers
Soumises aux pressions anthropiques, directes ou indirectes, l’avenir des zones côtières dans les prochaines décennies, et par conséquence des herbiers, est incertain et dépend fortement de l’évolution de la population humaine.
La majeure partie des herbiers à phanérogames marines situés sur les côtes des pays en voie de développement font face aujourd’hui aux plus importantes dégradations environnementales et celles-ci ne feront que s’accroître dans le futur. Dans ces régions, les principaux impacts sur les herbiers sont dus aux modifications de l’utilisation du territoire et particulièrement la déforestation et les effets qui lui sont associés (envasement, forts apports en nutriments et en déchets suite au lessivage des sols) (Turner et Schwarz, 2006).
Table des matières
PREMIERE PARTIE : GENERALITE, CONTEXTE, PROBLEMATIQUE, JUSTIFICATION ET METHDOLOGIE
INTRODUCTION
CHAPITRE I : CONTEXTE DU SUJET D’ETUDE
1.1. GENERALITES
1.1.1. Description des phanérogames marines
1.1.2. Distribution et habitat des phanérogames marines
1.1.3. Ecologie et classification des phanérogames marines
1.1.4. Causes de destruction des phanérogames marines
1.1.5. Avenir des phanérogames marines
CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE ET JUSTIFICATION
2.1. COMPREHENSION ET OBJECTIF DU SUJET D’ETUDE
CHAPITRE III : METHODOLOGIE D’ETUDE
3.1. Présentation de la Baie de Ngor
3.2. Localisation du site
3.3. Matériels d’étude
3.4. Méthodes d’étude
3.5. Méthode d’échantillonnage
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUTIONS
CHAPITRE IV : PRESENTATION DES RESULTATS
4.1. Diversité spécifique
4.2. Caractéristique et systématique du Cymodocea nodosa
4.3. Matériel biologique
4.4. Répartition et étendu
4.5. Evolution spatio-temporelle
4.6. Echantillonnage
4.7. Calcul de la biomasse de Cymodocea nodosa
4.8. Calcul de la biomasse moyenne de Cymodocea nodosa
4.9. Graphique d’évolution de la biomasse par mois
CONCLUSION ET RECOMMENDATION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
