Facteurs influençant la croissance des agneaux

Evaluation des performances de croissance de trois races ovines (Oudah, Ara-ara, Balami) élevées en zone pastorale

 Facteurs influençant la croissance des agneaux

 Mécanisme de la croissance

 La croissance des agneaux comme celle des autres espèces animales est essentiellement le résultat d’une combinaison de la croissance musculaire et la croissance osseuse. 

Définition et notions de base

La croissance peut se définir comme l’interaction coordonnée de processus biologiques et ayant pour finalité d’édifier un organisme animal ; elle commence à la fertilisation de l’œuf et se termine avec la réalisation de l’état adulte (WILLEMART et TOUTAIN, 1977). 

Croissance et développement

 La croissance est un phénomène quantitatif conduisant l’individu vers sa taille définitive ; elle se mesure par l’augmentation du poids ou de la taille. Son mécanisme repose sur l’une des trois modalités suivantes : multiplication cellulaire (hyperplasie), augmentation de la taille cellulaire (hypertrophie) et accumulation de substances (accrétion). Le développement (différenciation ou encore maturation) est un phénomène qualitatif ; c’est une mise en place progressive et généralement irréversible des formes et structures qui évoluent vers celles qui caractérisent l’état adulte. Son mécanisme repose sur une transformation et spécialisation cellulaire. 

 Croissances différentielle et relative des tissus 

Les tissus peuvent avoir des rythmes de croissance et de développement différents au cours du temps. La croissance relative concerne les rapports d’une partie avec son tout ; sa dimension est spatiale, contrairement à la croissance globale qui présente une dimension temporelle. L’étude des croissances montre l’existence de discontinuités ; elles correspondent à d’importants changements nutritionnels (naissance, sevrage) (WILLEMART et TOUTAIN, 1977).

Gradients de croissance ou croissance différentielle des régions 

Au cours de la croissance, les régions augmentent de poids, mais à des vitesses sensiblement différentes qui traduisent extérieurement les modélisations de la forme et de l’état de l’animal (JARRIGE, 1988). Chez les ruminants, la croissance de la tête est presqu’achevée à la naissance ; celle du cou est dans la phase de ralentissement alors qu’elle est maximale pour le tronc et encore faible pour le bassin (WILLEMART et TOUTAIN, 1977) 

 Croissance et développement des tissus osseux 

Le squelette conditionne le format de l’animal et donc indirectement sa composition corporelle à un poids donné, sa capacité d’ingestion au moins pour partie et sa durée de vie productive (PASTOUREAU, 1990). Il se compose du tissu osseux, du cartilage de conjugaison (pendant la croissance) et du cartilage articulaire. Selon FROST cité par PASTOUREAU (1990), le tissu osseux est le siège d’un remodelage permanent qui, chez l’adulte, fait suite au modelage osseux qui se déroule jusqu’à la fin de la croissance. Modelage et remodelage coexistent pendant la croissance, alors que chez l’adulte seul le remodelage existe. L’os est une structure dynamique en perpétuel remaniement. Il est continuellement produit par les ostéoblastes, modifié par les ostéocytes et détruit par les ostéoclastes (TOPPETS et al., 2004). II.1.3. Croissance et développement du tissu musculaire Les caractéristiques quantitatives et qualitatives de muscle se mettent en place pendant les phases embryonnaire et néonatale du développement musculaire. La croissance musculaire comporte ainsi une étape embryonnaire et une étape postnatale : La fibre musculaire est une cellule plurinucléée allongée dont la section a une forme polygonale, les noyaux sont localisés à la périphérie de la fibre tandis que le centre est occupé par le système contractile. La membrane plasmique a une structure particulière et comporte notamment une zone de jonction avec les motoneurones, appelée plaque motrice. D’après ROBELIN (1990), la croissance post-natale des muscles est beaucoup plus réduite et est surtout marquée par une synthèse protéique intense et un accroissement du diamètre des fibres. Cette croissance est aussi caractérisée par une évolution limitée du type de fibre. Dans cette croissance post-natale des fibres musculaires, les fibres primaires déjà formées croissent en volume et présentent un diamètre toujours plus important que celui des fibres secondaires nouvellement constituées (RIGOARD et al., 2009). 

Facteurs intrinsèque

 Poids à la naissance L’importance du poids à la naissance est bien connue. VILLETTE et THERIEZ (1981), rapporté par GARBA (1986), étudiant la relation qu’il y a entre le poids à la naissance et la performance de l’agneau, trouvent que les agneaux qui présentent un poids élevé à la naissance sont plus performants pendant la phase d’allaitement. HOUSSIN et BRELURUT (1980) et ADESHOLA-ISHOLA (1986) cités par GARBA (1986) rapportent une corrélation négative entre le poids à la naissance et le taux de mortalité. Ces auteurs constatent que le taux de mortalité augmente lorsque le poids des agneaux diminue. Plusieurs facteurs influencent le poids de l’agneau à la naissance. On peut citer le type génétique, le sexe, le type d’agnelage, le mois et l’année d’agnelage, le niveau alimentaire et l’âge de la mère. Le poids des agneaux à la naissance, est l’un des éléments clés de la survie des agneaux. En effet, les agneaux de poids normal sont capables d’accroître leur production de chaleur pour maintenir leur température corporelle. En revanche les agneaux de faible poids, ont une déperdition 6 calorifique supérieure, et des réserves corporelles réduites. Ce qui ne leur permet pas d’assurer longtemps, les dépenses simultanées de thermorégulation et d’énergie de tétées (BOSC et COURNU, 1977) II.2.2. Sexe de l’animal Les femelles sont presque toujours plus légères que les mâles à la naissance, quelque soit le type génétique auquel elles appartiennent. De nombreux auteurs (TCHAKERIAN, 1979; FALL et al., 1982; et SOW et al., 1986, cité par GARBA, 1986) , rapportent sur plusieurs races, cette différence de poids entre le mâle et la femelle à la naissance. Ainsi FALL et al., (1982) cité par GARBA (1986) notent chez les agneaux Djallonké une supériorité pondérale des mâles sur les femelles à la naissance. Des résultats similaires sont obtenus par HASSANE, (2000) et NAALLAH, (2003) sur les moutons du sahel et MURAYI et al., (1985) sur les moutons à queue grasse longue du Rwanda. PRUDHON et al., (1970) travaillant sur le Mérinos d’Arles expliquent cette différence de poids à la naissance par la précocité des femelles sur les mâles. HASSAN, (2000) et NA-ALLAH et al ., (2004) ont attribué le poids élevé des mâles comparativement aux femelles, à l’effet anabolique des hormones androgènes du mâle comparé à l’effet dépressif des hormones estrogènes chez la femelle. II.2.3. Type de naissance Les agneaux issus des portées doubles, triples, quadruples, qui ont à la naissance un poids faible, auront selon HOUSSIN et BRELURUT (1980) et VILLETTE et THERIEZ (1981), cité par GARBA (1986), une croissance faible pendant l’allaitement et de ce fait, leur poids avant sevrage, sera inférieur à celui des agneaux nés singletons. FALL et al (1982) cité par GARBA (1986), signalent une influence très significative du type d’agnelage sur le poids à la naissance et au sevrage. Les agneaux simples ont tendance à avoir des poids à la naissance plus élevés par rapport aux jumeaux (BOUSSENA et al., 2013). Le mode de naissance des agneaux a aussi un effet hautement significatif sur les performances de croissance des agneaux : les gains moyens quotidiens observés chez les agneaux simples sont supérieurs a ceux des jumeaux de la naissance au sevrage (BOUSSENA et al., 2013). Les agneaux moins vigoureux sont généralement issus des naissances multiples. La mortalité des agneaux est influencée par le mode de naissance. Les taux de mortalité élevés pour les agneaux nés triples et quadruples s’expliquent aussi par les faibles poids à la naissance des agneaux réduisant leur chance de survie (EL FADILI, 2013). II.3. Facteurs extrinsèques II.3.1. Période de naissance FALL et al.,(1982) cité par GARBA (1986) ont observé une influence très significative (P<0,0l) de l’année et du mois de naissance sur les poids à 2 et 4 mois. 7 SOW et TCHAMITCHIAN (1983), travaillant sur les moutons Peulh-peulh et Touabire, rapportent aussi une influence très significative (p<0,01) de la saison et de l’année de naissance sur les poids, de la naissance à 3 mois. WILSON (1985), remarque dans un ranch de groupe Massai au Kenya, que l’influence de la saison ne devient significative (P<0,01) qu’à partir d’un mois d’âge et ceci pendant toute la période d’allaitement 

Age de la mère et rang de naissance

 De nombreuses études ont révélé que le poids au sevrage des agneaux est affectée par l’âge de la brebis (CHIKHI, 2006; KAHTUEI et al., 2008 et ANNETT et al., 2011 cités par MOKHTAR et al., 2013). Les poids avant sevrage des agneaux ont tendance à augmenter avec l’âge des mères. Ils sont faibles chez les agneaux issus des primipares et élevés chez ceux nés des brebis adultes (CHIKHI et al ., 2003a ). Chez les ovins, les brebis multipares ont plus de lait et plus d’habilité maternelle que les primipares. Ainsi, les agneaux des brebis en 3ème et 4ème lactation ont un poids plus élevé au sevrage que leurs contemporains issus de brebis en 1ère lactation (MAVROGENIS et al., 1979; ECONOMIDES, 1980 ; FALL et al., 1982; MURAYI et al., 1985et ADESHOLA-ISHOLA, 1986 cités par GARBA, 1986) 

 Alimentation 

Les exigences en énergie, protéines, minéraux et vitamines dépendent de la qualité du fourrage, de sa disponibilité et des conditions environnementales. Les besoins alimentaires de la brebis augmentent au cours de la gestation, plus particulièrement durant le quatrième et le cinquième mois. Une sous alimentation pendant ces périodes limite le développement placentaire et est associée à une réduction du poids à la naissance (GARDNER et al., 2007). Par ailleurs, les brebis maigres ont un développement mammaire ainsi qu’une production de colostrum et de lait réduits, et un attachement à leurs agneaux plus faible (MELLOR et MURRAY, 1985, DWYER, 2003 et BANCHERO et al., 2006 rapportés par CORBIERE et al., 2012). 70% de la croissance fœtale de l’agneau se produit durant les 6 dernières semaines de gestation, période pendant laquelle la capacité du rumen et la prise alimentaire diminuent. Si les demandes en éléments nutritifs de la brebis ne sont pas comblées, il est possible de voir apparaître la toxémie gravidique, maladie d’agneau jumeau où la survie et la croissance des agneaux seront compromises (webGrobernutrition, 2014). En résumé, plusieurs facteurs peuvent avoir une influence sur la croissance des agneaux avant sevrage. Parmi ces facteurs figures ceux liés à l’animal dont la race et ceux liés aux conditions d’élevage des mères, parmi les quelles figure l’alimentation. Ce sont justement les effets de la race sur la croissance des agneaux, dans un système d’élevage extensif des mères qui font l’objet de la deuxième partie de ce travail.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
Chapitre I : Généralités sur les ovins Oudah, Ara-ara et Balami
I.1 Mouton Oudah
I-2 Mouton Ara-ara
I-3 Mouton Balami
Chapitre II : Facteurs influençant la croissance des agneaux
II.1. Mécanisme de la croissance
II.1.1. Définition et notions de base
II.1.1.1. Croissance et développement
II.1.1.2. Croissances différentielle et relative des tissus
II.1.1.3. Gradients de croissance ou croissance différentielle des régions
II.1.2. Croissance et développement des tissus osseux
II.1.3. Croissance et développement du tissu musculaire
II.2. Facteurs intrinsèques
II.2.1 Poids à la naissance
II.2.2. Sexe de l’animal
II.2.3. Type de naissance
II.3.1. Période de naissance
II.3.2 Age de la mère et rang de naissance
II.3.3. Alimentation
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE .
Chapitre I : Matériel et Méthodes
I.1. Présentation de la zone d’étude .
I.2. Matériel
I.2.I. Animaux.
I.2.2. Matériel physique
I.3.Méthodes .
I.3.1 Acquisition des brebis
VIII
I.3.2 Choix des brebis
I.3.3 Collecte des données
I.3.4. Analyse statistique des résultats
Chapitre II : Résultats et Discussion
II.1. Résultats
II.1.1. Effets des facteurs intrinsèques sur les performances de croissance des agneaux
II.1.1.1. Effets simples
 Sur le poids au sevrage
 Influence du sexe
 Influence du type de naissance
 Influence du rang de naissance
 Sur l’évolution pondérale
II.1.1.2. Interaction des effets
 Interaction sur le poids au sevrage
 Influence du sexe et du type de naissance
 Influence du sexe et du rang de naissance
 Influence du type de naissance et du rang de naissance
 Interaction des effets sur l’évolution pondérale
 Influence du sexe et de l’âge
 Influence du rang de naissance et de l’âge
 Influence du type de naissance et de l’âge
II.1.2. Effets de la race sur les performances de croissance des agneaux
II.1.2.1. Effets simples
 Sur le poids à la naissance
 Sur l’évolution pondérale
 Sur le poids au sevrage
II.1.2.2. Interaction d’effets
 Influence de la race et du sexe
 Sur le poids à la naissance
 Sur le poids au sevrage
 Influence de la race et du rang de naissance sur le poids au sevrage
 Influence de la race et du type de naissance sur le poids au sevrage
II.2. DISCUSSION
II.2.1. Effets de facteurs intrinsèques sur les performances de croissance des agneaux
II.2.1.1. Influence du sexe
II.2.1.2. Influence du type de naissance
II.2.1.3. Influence du rang de naissance
II.2.2. Effets de la race sur les performances de croissance des agneaux
II.2.2.1. Effet sur le poids à la naissance
II.2.2.2. Effets sur le poids au sevrage
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WEBOGRAPHIE .

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