Fondamentaux de la SDRT

Fondamentaux de la SDRT

Cette section a pour but de nous familiariser avec les notions essentielles de la SDRT avant de les definir formellement dans la section suivante. Nous commencerons par presenter la genese de la 1  theorie. Puis nous nous pencherons sur les notions centrales qu’elle met en jeu : la semantique des enonc es, lesrelations du discours et comment ellesforment une structure hierarchique pour determiner la “frontiere droite” du discours. Nous aborderons ensuite la question de la reconnaissance de ces relations, avant de traiter de la construction de la structure et de son interpretation. 

Genese

Historiquement, la SDRT est issue de la semantique dynamique representationnelle etendue  par les observations realisees dans le cadre de l’analyse du discours. Analyse Discursive L’objectif initial des theories de l’analyse discursive [Sinclair et Coulthard, 1975, Stubbs, 1983] (cf. chapitre 1) est l’etude de la macro-structure linguistique du discours et des relations qui lient ses composants. Certains chercheurs se sont particulierement interess es a ces relations [Halliday et Hasan, 1976, Longacre, 1976, Hovy et Maier, 1992]. Dans ce cadre un discours est un modele abstrait, eloign e des preoccupations de la semantique formelle, ou les propositions doivent se regrouper de maniere homogene. Pour etablir cette coherence l’analyse du discours se fonde sur les marqueurs de cohesion comme les phenom enes anaphoriques ou les marqueurs lexicaux. D’un point de vue computationnel, ces observations ont et e mises en œuvre dans les grammaires de discours ([Polanyi et Scha, 1984]) ou dans les travaux de Hobbs utilisant le raisonnement abductif pour inferer les structures discursives [Hobbs, 1985]. La RST (Rhetorical Structure Theory) [Mann et Thompson, 1987], une theorie descriptive a initie un mouvement vers la specification de ces relations et en a etabli une liste ouverte, qu’elle ne considere pas finie. En effet, cette theorie etait initialement concue ¸ pour aider des analystes humains a representer la structure des textes. Elle ne proposait pas non plus de definition formelle pour les relations. Dans les dialogues finalises comme ceux de notre corpus, la structure joue un role ˆ tres important et est a relier, en suivant le travail pionnier de [Grosz et Sidner, 1986], a celle de la tache ˆ sous-jacente. Exception faite de Hobbs et de Marcu pour la RST [Marcu, 1997] qui fournissent des bases formelles solides, les theories present ees dans ce paragraphe restent tres sous-specifi ees sur la maniere de construire les structures observees. Encore plus problematique pour notre objectif est leur indifference relative vis-a-vis du traitement precis des phenom enes semantiques comme la ref erence qui sont tout a fait cruciaux pour representer precis ement les dialogues. La Semantique dynamique La semantique dynamique quelque soit la variante que l’on considere (Discourse Representation Theory [Kamp, 1981, Kamp et Reyle, 1993], Dynamic Predicate Logic [Groenendjik and Stokhof, 1991] ou File Change Semantics [Heim, 1982]) est un developpement important de la semantique formelle de [Montague, 1974]. La grammaire de Montague a pour but d’exprimer la semantique du langage naturel dans le cadre de la theorie des modeles. Dans ce cadre, etablir le sens d’une phrase revient a etablir ses conditions de verit e dans le modele. Cette evaluation est realis ee de maniere compositionnelle en associant a chaque regle de construction syntaxique une regle semantique. Malgre le champ d’etude qu’elle a ouvert la grammaire de Montague et les approches classiques sont par definition limitees a la phrase. De nombreux problemes discursifs, comme l’anaphore interphrastique, la presupposition , la portee des quantificateurs ou la structure temporelle, sont tres difficiles voire impossibles a resoudre dans le cadre des theories semantiques classiques. En ajoutant a la signification statique (declarati ve) de la phrase (i.e ses conditions de verit e) une gestion dynamique (procedurale) (des ref erents du discours en particulier), la DRT et les autres theories participant au tournant dynamique offrent des solutions satisfaisantes a ces questions discursives. Le sens d’une phrase n’est plus une fonction entre mondes possibles et valeurs de verit e, comme dans la semantique classique, mais une relation entre contextes (monde + fonction d’interpretation), plus precis ement entre le contexte initial (ou interpretation du discours dej a construite) et le contexte mis-a-jour par le contenu du nouvel enonc e. Dansle corpus, les ref erences anaphoriquessont legion et le cas du dialogue introduit des problemes differents du cas de textes car la saillance des ref erents est facilement influencee par les locuteurs et leurs objectifs. Cet aspect oblige a modeliser un minimum la structure intentionnelle du discours et les etats mentaux. Comme nous l’avons vu nous considerons ce terrain comme glissant et nous ne convoquerons ces aspects qu’en dernier recours. La semantique dynamique offre un cadre riche pour l’etude du discours mais les phenom enes plus globaux et de l’ordre de la macro-structure etudi es par l’analyse discursive et conversationnelle ne peuvent etre ˆ mis en œuvre de maniere efficace. Plus gen eralement cette approche souffre du fait qu’elle ne peut ref erer aux objets abstraits comme les enonc es eux memes ˆ ou les morceaux de discours. Le discours pour la SDRT, comme pour Hobbs, Polanyi ou la RST, est un ensemble de segments relies par des relations. Les segments sont des enonc es minimaux represent es par des propositions logiques evaluables dans le cadre de la theorie des modeles. Les relations influencent les valeurs de verit e du discours mais restent de nature pragmatique. Une des pierres d’angle de la SDRT est sa capacite a ref erer aux objets abstraits ce qui lui permet par exemple d’integrer naturellement la theorie des actes de langage dans son cadre semantique.

Semantique des enonces

La semantique des enonces en SDRT est fondee sur celle de la DRT. Ce sont des theories repre- sentationnelles car elles posent un niveau intermediaire entre l’analyse syntaxique et l’interpretation semantique : les DRS (Discourse Representation Structures)2 . Les DRS sont des fonctions de mise a jour qui permettent de passer du contexte d’entree au contexte de sortie. Le processus d’interpre- tation d’une phrase se deroule par consequent en deux etapes : on procede a une analyse grammaticale classique a laquelle est couplee la construction de ces DRS. A chaque regle syntaxique correspond une regle de construction representationnelle (exprimee sous forme de structures declenchantes) [Kamp et Reyle, 1993]. 

Relations du discours et segments discursifs

L’utilisation des relations rhetoriques de l’analyse discursive dans des cadres plus formels a et e initiee par [Hobbs, 1979]. Par la suite de nombreux travaux [Hobbs, 1985, Grosz et Sidner, 1986, 2La question de la necessite de ce niveau intermediaire est une question difficile sur laquelle la DRT (et la SDRT) ont tranche pour son integration tandis que Predicate Dynamic Logic le rejette [Groenendjik and Stokhof, 1991].

FONDAMENTAUX DE LA SDRT 

Mann et Thompson, 1987, Webber, 1991, Polanyi, 1988, Asher, 1993] ont suivi cette idee mais ont grandement diverge quant a (i) la nature exacte des segments discursifs, et (ii) celle des relations, (iii) la reconnaissance de ces relations et (iv) la structure hierarchique qu’elles engendrent. Comme le resume [Daver, 1995], le probleme est de definir precis ement les segments discursifs, puis la maniere de les attacher a la structure en construction. Segment discursif A premiere vue, cette notion ne pose pas de difficultes particulieres et est definie comme propose en Def 3.1, mais au dela de cette definition tres generale, la question se complique. Dans notre corpus nous considerons que les segments peuvent être des tours de paroles .

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