Fréquence du Syndrome de Sheehan

Le syndrome de Sheehan est une nécrose ischémique de l’hypophyse antérieure secondaire à un état de choc brutal et/ou prolongé au cours d’une hémorragie de la délivrance, il s’agit d’une complication rare mais potentiellement grave du post-partum, initialement décrit en 1937 par Sheehan [1].Le mécanisme physiopathologique de cette ischémie est mal élucidé, mais on considère actuellement l’hypotension en association avec un vasospasme des artères hypophysaires comme étant à l’origine de ce syndrome [2].

En raison de l’amélioration des soins de santé, en particulier la disponibilité des produits sanguins, le nombre de femmes ayant survécu à l’hémorragie grave du post-partum a augmenté ce qui prédirait une augmentation dans l’incidence de ce syndrome [3]. Notamment dans les pays en voie de développement, où le risque d’hémorragie obstétricale entraînant une hypotension importante est beaucoup plus grand [4].

L’incidence de cette pathologie est sous-estimée car le diagnostic est souvent tardif, effectué plus de dix ans après l’événement obstétrical dans 50 % des cas [5]. Le délai écoulé entre l’accident primitif et le diagnostic du syndrome, peut aller de quelques heures à plusieurs années avec une moyenne entre six et dix ans. Cette variabilité du délai associée à la diversité des tableaux cliniques explique la difficulté diagnostique de cette affection [6].

Sur le plan clinique, après une hémorragie obstétricale avec hypotension et collapsus, le syndrome de Sheehan est marqué par une absence de montée laiteuse, de retour des couches et l’apparition de malaises hypoglycémiques en post partum [6].Il s’agit classiquement d’une insuffisance antéhypophysaire touchant à des degrés variables les axes lactotrope, corticotrope,  thyréotrope, somatotrope et gonadotrope. Peu de cas dans la littérature rapportent l’association à un diabète insipide [7]. Par ailleurs, le déficit est le plus souvent définitif, mais certaines formes de déficits transitoires avec récupération spontanée ont été rapportées [8], voire même quelques cas exceptionnels de grossesse spontanée chez des patientes porteuses d’un authentique Syndrome de Sheehan [9].

Il s’agit d’une étude transversale menée dans le service de réanimation gynécologique, en  collaboration avec les services d’endocrinologie, de biochimie et d’épidémiologie du CHU Mohamed VI de Marrakech, portant sur l’ensemble des femmes ayant été reçues aux urgences gynécologiques pour accouchement, au cours de la période allant de Janvier 2009 à Décembre 2012.

Critères d’inclusion

Nous avons colligé toutes les femmes dont l’événement obstétrical a été marqué par la survenue d’une hémorragie obstétricale grave selon les critères suivants :
➤ Hémoglobine de l’admission ≤ 7 g/dl.
➤ Saignement ≥ 1l (VB), 1.5 (césarienne)
➤ Troubles d’hémostase
➤ Transfusion sanguine
➤ Etat de choc pérennisé (> 30min)
➤ Instabilité hémodynamique
➤ Utilisation de drogues vaso-actives
Toute femme ayant réuni deux de ces critères était incluse.

Critères d’exclusion 

Toute femme enceinte ou qui présente une pathologie endocrinienne ou psychiatrique rendant l’interrogatoire difficile était exclue.

Déroulement de l’étude

Les dossiers du service de réanimation de l’hôpital mère enfant au CHU Mohamed VI ont été exploités afin de retirer les patientes répondant aux critères d’inclusion.

Les données concernant les caractéristiques sociodémographiques, les caractéristiques de l’accouchement et ceux de l’hémorragie ont été notées sur une fiche d’exploitation . Les patientes répondant aux critères d’inclusion et dont on disposait d’un numéro de téléphone ont été contactées et convoquées au service d’endocrinologie de l’Hôpital Ibn Tofail. Les patientes ont bénéficié d’un examen clinique après une anamnèse détaillée relevant les différents signes fonctionnels et physiques d’insuffisance antéhypophysaire notamment : aménorrhée ou irrégularité du cycle, asthénie, agalactie, atrophie des seins, sècheresse de la peau, perte de pilosité axiale ou pubienne , grossesse secondaire, modification de la distribution des graisses, baisse de la libido, troubles psychiques. Des prélèvements ont été réalisés chez toutes les patientes comprenant en plus de la numération formule sanguine, les paramètres de l’ionogramme sanguin notamment la glycémie à jeun, la natrémie et la kaliémie ainsi que l’hypophysogramme (T4,T3,TSH. FSH, LH, Oestardiol. Cortisolémie de 8h, prolactine). Toutes les patientes ont bénéficié d’un test de stimulation de la cortisolémie sous synacthène avec mesure de la cortisolémie après 60 minutes d’injection intramusculaire de 250mg de synacthène.

Traitement des prélèvements hormonaux

Tous les prélèvements ont été recueillis par l’unité d’hormonologie au service de biologie. L’analyse hormonale a été faite par immunoanalyse sur un automate Beckman Coulter Access 2.

➤ Cortisolémie de 8h et après stimulation au Synacthène :
Le test Access Cortisol utilise une technique immunoenzymatique chimioluminescente à particules paramagnétiques pour le dosage du cortisol. Il s’agit d’un test immunoenzymatique de liaison par compétition. Un échantillon est déposé dans un réacteur avec des anticorps (lapin) anti-cortisol, un conjugué cortisol-phosphatase alcaline et des particules paramagnétiques sensibilisées avec des anticorps de capture (chèvre) anti-souris. Les échantillons peuvent être dosés avec précision dans un intervalle analytique défini par la limite inférieure de détection et la valeur du calibrateur le plus fort (approximativement 0,4–60,0 μg/dL [11–1655 nmol/L]).

➤ TSUus :
Le test Access HYPERsensitive hTSH utilise une technique immunoenzymatique chimioluminescente à particules paramagnétiques pour le dosage de la Thyroid Stimulating Hormone (TSH) dans le sérum ou le plasma humain à l’aide des Systèmes d’Immunoanalyse Access. C’est un test immunoenzymatique à deux sites (type “sandwich”). Un échantillon est ajouté dans un récipient à réaction avec un conjugué phosphatase alcaline-anticorps de chèvre anti-TSH, solution tamponnée de protéines, et des particules paramagnétiques sensibilisées avec des anticorps monoclonaux de souris anti-TSH immobilisés. L’intervalle non paramétrique des concentrations en TSH est de 0,34 à 5,60 μIU/mL (mIU/L).

➤ T3 libre:
Le test Access Free T3L utilise une technique immunoenzymatique chimioluminescente à particules paramagnétiques pour le dosage de la triiodothyronine libre. C’est un test immunoenzymatique de liaison par compétition. Un échantillon est ajouté dans une cuvette réactionnelle avec un anticorps monoclonal anti-T3 conjugué à de la phosphatase alcaline. Au cours de l’incubation, la T3 libre présente dans l’échantillon réagit avec l’anticorps anti-T3. Les échantillons peuvent être dosés avec précision dans un intervalle analytique défini par la limite inférieure de détection et la valeur du calibrateur le plus fort (approximativement 0,88–30 pg/mL [1,4–46 pmol/L]).

➤ T4 libre :
Le test Access Free T4 L utilise une technique immunoenzymatique chimioluminescente à particules paramagnétiques pour le dosage de la thyroxine libre. Les échantillons peuvent être dosés avec précision dans un intervalle analytique défini par la limite inférieure de détection et la valeur du calibrateur le plus fort (approximativement 0,25–6,0 ng/dL [3,2–77,2 pmol/L]).

➤ Prolactine :
Le test Access Prolactin utilise une technique immunoenzymatique chimioluminescente à particules paramagnétiques pour le dosage de prolactine (PRL). C’est un test immunoenzymatique simultané en une étape (type “sandwich”). Un échantillon est déposé dans une cupule avec le conjugué (anticorps polyclonaux de chèvre anti-PRL–phosphatase alcaline) et les particules magnétiques sensibilisées par un complexe anticorps monoclonaux de souris antiPRL. Les échantillons peuvent être dosés avec précision dans un intervalle analytique défini par la limite inférieure de détection et la valeur du calibrateur le plus fort (approximativement 0,25– 200 ng/mL [μg/L]).

➤ FSH :
Le test Access hFSH utilise une technique immunoenzymatique chimioluminescente à particules paramagnétiques pour le dosage l’hormone follico-stimulante (FSH). C’ est un test immunoenzymatique séquentiel en deux étapes (type “sandwich”). L’échantillon est déposé dans un réacteur avec les particules magnétiques sensibilisées par des anticorps de chèvre antisouris: complexes anticorps de souris anti-FSH et solution saline tamponnée par du TRIS contenant des protéines. La FSH se fixe sur les anticorps de souris anti-FSH immobilisés sur la phase solide.

Table des matières

Introduction
Patientes et méthodes
I. Critères d’inclusion
II. Critères d’exclusion
III. Déroulement de l’étude
IV. Traitement des prélèvements hormonaux
V. Analyse statistique
VI. Considération éthiques
Résultats
I. Fréquence
II. Caractéristiques sociodémographiques des patientes
1. Age
2. Origine
3. Gestité-Parité
III. Caractères de l’accouchement
1. Lieu d’accouchement
2. Voie d’accouchement
IV. Caractéristiques de l’hémorragie obstétricale
1. Moment de l’hémorragie
2. Critères de gravité
V. Anamnèse
VI. Examen physique
VII. Bilan biologique
Discussion
I. Généralités
II. Historique
III. Rappel
1. Rappel anatomique
2.Rappel physiologique
IV. Physiopathologie
V. Epidémiologie
VI. Tableau clinique
1. Hémorragie obstétricale grave
2. Insuffisance antéhypophysaire
VII. Explorations biologiques
VIII. Exploration radiologique
IX. Diagnostic positif
X. Diagnostic différentiel
XI. Traitement
XII. Recommandations
Limites de l’étude
Conclusion

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